Bonjour à tous, et oui, encore moi :) Voici un OS cadeau pour Millerva (auteure, entre-autre, de Mieux vaut serpent tard que jamais). J'espère qu'il vous plaira :)


Épouse-moi. Non, jamais !


— Non, non, non, et non !

— Astoria ! Arrête de faire l'enfant gâtée veux-tu, tonna la voix de l'homme aux cheveux grisonnants qui se trouvait devant elle.

— Non, je refuse de l'épouser !

— Mais chérie, c'est pourtant un jeune homme bien de sa personne, renchérit une femme d'un certain âge, et...

— Oh je vous en prie mère, ce n'est pas l'important ! Et puis, je ne l'aime pas, je le déteste même !

— L'amour est une chose qui vient avec le temps Astoria, et ne parle pas à ta mère sur ce ton.

— Mais père... Il est vil, arrogant, détestable, imbu de lui-même et...

— Allons-nous passer toutes nos journées ainsi ? s'exclama le père à bout de patience. Écoute, tu nous as déjà dit tout ça, mais ça ne...

— Et vous ai-je déjà dit qu'il avait essayé de sortir avec Daphné ?! le coupa-t-elle, affichant un air victorieux.

George Greengrass se pinça l'arête du nez, dépité par le comportement d'Astoria qui était bien trop téméraire pour une jeune fille de bonne famille, tandis qu'Olivia Greengrass sembla se rétrécir sur son sofa et déposa même sa broderie ; ce qu'elle ne faisait qu'en de rares occasions.

— Ce n'était qu'une erreur de jeunesse voyons, il n'est pas plus intéressé par ta sœur que par toi, et puis, elle est fiancée à Théodore Nott. Tout ça est de l'histoire ancienne, tu devrais songer plutôt à ton avenir avec lui, il est beau, en parfaite santé, riche, et...

— Permettez-moi de vous dire, mère, que sa richesse n'est plus ce qu'elle était !

— Cela suffit Astoria ! Ne parle pas de choses que tu ignores. Les affaires d'argent ne concernent pas les femmes, sache rester à ta place ! gronda George qui frémissait maintenant d'une colère soutenue.

Vexée, Astoria croisa brusquement les bras sur sa poitrine et leva le nez en l'air, sourcils froncés, pour montrer son mécontentement. Mais pas décidée à le laisser la rabrouer comme si elle n'avait que six ans, elle décida d'asséner le coup de grâce :

— Bien. Si le fait que je ne l'aime pas, qu'il ne s'intéresse pas réellement à moi, qu'il soit arrogant, pleutre et sans le sou ne vous dérange pas, que dites-vous du fait qu'il soit un Mangemort ?!

Un petit cri affolé s'échappa des lèvres de sa mère, qui laissait courir son regard apeuré de sa fille à son mari, pleine d'appréhension, cependant qu'un grondement sourd sortait du plus profond de la gorge de son père dont le visage avait pris une teinte rubiconde.

Même si elle avait essayé de rester figée, un léger tressaillement avait secoué Astoria, qui se dit qu'elle avait peut-être été un peu trop loin…

— File dans ta chambre, et que je ne te revoie plus de la journée ! Tu épouseras Drago Malefoy, que tu le veuilles ou non ! J'ai pris ma décision, et quoi que tu fasses, ça n'y changera rien. Alors je te préviens, je ne veux plus entendre la moindre plainte concernant ce mariage sortir de ta bouche, est-ce clair ?!

Une chape de plomb tomba sur son estomac quand la sentence de son père fut prononcée. Astoria se sentit tellement trahie par ce père qu'elle aimait et respectait, qu'elle n'eut même pas la force de dire quelque chose d'autre. Au lieu de ça, elle se contenta de lui jeter un regard noir, brouillé par les larmes d'injustice et de colère, avant de s'enfuir dans sa chambre en claquant la porte.

Il n'avait rien voulu entendre ni même sa mère ; ce constat lui brisait le cœur, lui tordait les entrailles. Comment pouvaient-ils faire ça à leur fille chérie ?

Astoria était essoufflée de sa course jusqu'à sa chambre, elle manquait d'air, elle se sentait emprisonnée, oppressée par le destin qui avançait sans qu'elle ne puisse y changer quoi que ce soit. Ses yeux vagabondaient sur les murs de sa chambre. Sa chambre de princesse comme disait son père. Les murs étaient roses, couverts des posters de ses chanteuses préférées. À bien y regarder, tout ou presque était de cette couleur. Elle laissa son regard parcourir ses étagères remplies de contes de fées et sa vitrine pleine à craquer de licornes, qu'elle aimait collectionner, avant de tout à coup se sentir stupide. Stupide d'avoir une chambre de gamine alors que bientôt, elle serait une épouse, stupide de n'avoir pas réussi à faire changer d'avis ses parents, à se faire respecter, stupide d'avoir ne serait-ce qu'osé y croire... Prise d'un accès de colère, Astoria se précipita sur ses posters et les arracha violemment, les déchirant avec toute la rage qui sommeillait en elle. Elle jeta les poupées qui recouvraient son lit et envoya valser son livre de chevet, un énième conte qui racontait une histoire d'amour romantique.

Plus elle continuait, et plus elle sentait monter en elle une immense frustration. Aux larmes de peine se mêlèrent des cris de rage, de rancœur, jusqu'à ce que dans un dernier accès de colère, elle détruise ses licornes à l'aide de sa baguette magique.

D'un coup, elle se tut, inerte. De voir les débris des objets qu'elle avait tant aimés, elle se sentit envahie par la douleur et la peine. Elle se laissa glisser sur le sol, où les morceaux de porcelaine étaient éparpillés, et pleura, longtemps.

D'avoir pleuré une bonne partie de la nuit, les yeux d'Astoria étaient rouges et irrités, cerclés de cernes violets, qui se voyaient encore plus sur sa peau diaphane. Si son estomac ne gargouillait pas tant d'avoir sauté le dîner, elle ne se serait pas levée, résolue à ne plus jamais sortir de sa chambre. Hélas, la faim qui la tenaillait mit un terme à ses bonnes résolutions.

L'heure du petit-déjeuner était passée de deux bonnes heures, donc elle ne craignait pas de croiser sa mère ou son père. Malgré ça, elle avançait silencieusement, et sur ses gardes, à travers les longs couloirs de leur demeure.

Dès qu'elle fut certaine d'être seule dans la cuisine, elle se jeta sur sa boîte à cookies favorite. Celle que Nana, leur nurse Cracmol, remplissait rien que pour elle avec des cookies au beurre de cacahuètes.

Sentir le biscuit lui grattouiller le fond de sa gorge était un pur délice ! Il ne lui manquait qu'un verre de lait pour que tout soit vraiment parfait.

Astoria se dirigea vers l'immense frigo rempli de glace éternelle et sortit une carafe de lait, à laquelle elle but directement.

— Ah ! C'est dégoûtant, tu sais bien que mère t'a déjà interdit de faire ça !

Prise en flagrant délit, Astoria sursauta et inonda son visage de lait, ce qui fit rire Daphné aux éclats.

— Regarde ce que j'ai fait par ta faute ! s'exclama Astoria en s'essuyant le visage et en essorant ses cheveux du mieux qu'elle put.

— Bien fait pour toi, tu n'as qu'à pas être un porc !

Les deux sœurs se toisèrent avec animosité, comme quasiment toutes les fois où elles se retrouvaient dans la même pièce...

— Tu nous as offert un bien piètre spectacle hier ! Nott et moi avons entendu les parents hurler jusqu'à l'étage, c'était tellement humiliant !

— Pauvre petite chérie, je vais te plaindre ! Figure-toi que, moi, je ne suis pas une cruche heureuse d'épouser un idiot, alors désolée si j'exprime mes opinions !

Astoria fulmina contre cette sœur qui ne perdait jamais une occasion de la provoquer.

— Nott est loin d'être idiot, répondit Daphné, les joue rougies par la colère de voir qu'une fois de plus, sa sœur cadette se moquait de son fiancé, et Drago non plus, je ne vois pas de quoi tu te plains !

— Bien sûr que tu ne le vois pas ! Toi tu es heureuse de ta condition, mais moi, je veux vivre, faire mes propres choix, mener ma vie comme je l'entends, et pas me contenter d'oublier tout ce que je suis au profit d'une de ces bonnes femmes juste bonne à être une épouse parfaite pour leur mari pompeux, libidineux, et gonflé par un goitre d'autosuffisance et de supériorité !

Astoria se tut, essoufflée par sa tirade, et de nouveau triste comme les pierres.

— Tu ne peux pas comprendre, reprit-elle plus bas, comme désespérée, j'ai toujours voulu faire quelque chose de ma vie, exister par moi-même, et pas être simplement amenée à faire des brunchs et des lunchs avec tout un tas de vipères...

— Pfff, tu as toujours été une rêveuse, et ça en devient carrément ridicule. Nous sommes destinées à jouer ce rôle, rien d'autre, et le plus gratifiant pour une épouse, c'est d'être une épouse parfaite, dévouée à son mari, qui fait sa fierté lors des soirées mondaines, et qui le soutient dans les moments difficiles. Il n'y a rien d'autre qui compte en dehors de ça !

— Et que fais-tu de ta propre fierté ? Qui te soutiendra dans les moments difficiles ? Pourquoi est-ce que rien ne dit que le mari aussi doit être parfait ?

— Tu es révoltante, persifla sa sœur avant de partir en trombe de la cuisine, comme si les propos de sa sœur étaient contagieux.

Ayant perdu l'appétit, Astoria se réfugia de nouveau dans sa chambre. Elle ne descendit pas pour le déjeuner, et lorsque son estomac se fit de nouveau entendre, elle se maudit de ne pas avoir pensé à emporter une boîte de cookies dans sa chambre.

Le soir, lorsque sa mère vint la prier de descendre dîner avec eux, une fois encore, elle refusa d'obéir, même si elle mourrait de faim. Peu de temps après, de nouveaux coups furent frappés à sa porte. Astoria s'apprêtait à renvoyer sa mère, comme la fois précédente, mais elle fut surprise de voir émerger de derrière la porte le visage de son père à la place. Il n'était plus venu dans sa chambre depuis des années, depuis qu'elle n'était plus en âge d'écouter des histoires le soir, et d'être bordée.

— Père ? Que faites-vous ici ?

Astoria craignait qu'il ne vienne lui ordonner de dîner, mais elle comprit que ça ne serait pas le cas en voyant son air soucieux.

— Je ne me rappelais plus à quel point cette chambre était rose ma princesse, dit son père en éludant sa question. Puis-je m'asseoir ? demanda-t-il en pointant le pied du lit avec le menton.

— Heu... Bien sûr, répondit piteusement Astoria qui se sentit soudain coupable de la façon dont elle lui avait parlé la veille.

Le lit s'affaissa d'un coup lorsque son père, imposant, prit place au pied, et Astoria, qui avait un peu glissé, se redressa. Elle vit la nostalgie s'imprimer dans ses traits lorsqu'il fit le tour de la pièce, et rougit d'embarras lorsqu'il fixa son regard sur sa corbeille pleine des restes de posters et des débris de licornes, qui, pour la plupart, lui avaient été offertes par lui lors des retours de ses nombreux voyages.

— Je pensais que tu les aimais, fit-il d'une voix peinée, pour tout commentaire.

Astoria ne savait plus où se mettre ; elle se sentit vraiment fautive, ingrate, et indigne de lui, comme le répétait souvent sa sœur. Elle avait toujours eu le plus grand respect et la plus grande affection pour ce père qui pouvait certes se montrer bourru de temps à autre, mais qui était toujours juste, aimant et attentionné envers ses filles et sa femme. Cependant, l'enjeu pour elle était plus grand que tout ça, elle ne voulait pas céder, alors elle prit son courage à deux mains et se lança :

— J'aime les licornes, en effet. Mais Lui, non ! Pitié père, ne m'obligez pas à l'épouser ! Je n'ai que dix-sept ans, et je n'ai rien fait de ma vie. Pourquoi ne pas attendre ? Après tout, Daphné a dix-neuf ans, et elle est tout juste fiancée.

— Tu sais très bien que la guerre ne permettait pas d'engager des fiançailles. Avec toutes les personnes qui disparaissaient ou se faisaient tuer, à quoi bon fiancer ta sœur si c'était pour qu'elle perde ses fiancés les uns après les autres. Écoute, reprit-il, les épaules voûtées comme si le poids des ans venait soudain de le frapper, avec ta mère, nous en avons discuté...

Astoria releva les yeux qu'elle gardait jusqu'alors baissés sur ses doigts, qui étaient en train de triturer les draps de soie, et redressa un peu le buste, écoutant fébrilement ce que son père s'apprêtait à dire.

— …et nous pensons que tu dois lui laisser sa chance.

Comme tous ses espoirs, son sourire retomba et son dos se courba de nouveau. Rien n'avait changé. Lui laisser sa chance voulait bien dire « faire en sorte de l'accepter comme mari, et donc, de l'épouser ».

— Cependant, reprit son père d'une voix plus forte, si au bout d'un mois tu n'as pas changé d'avis, alors nous accepterons ta décision. Tu pourras toi-même décider quand, et qui, tu épouseras.

Astoria faillit ne pas en croire ses oreilles, mais lorsqu'elle vit le sourire bienveillant que son père lui adressait, elle lui sauta au cou, comme lorsqu'elle était plus jeune et qu'il lui offrait une merveilleuse licorne.

— Merci, merci, merci, père !

— Je t'aime ma princesse, je ne souhaite que ton bonheur. Et je pense sincèrement qu'avec le fils Malefoy tu pourrais être heureuse. Donc je veux que tu me promettes de réellement lui laisser sa chance, et de tout faire pour être sûre de ne pas avoir à le regretter plus tard. Tu me le promets ? l'interrogea-t-il d'une voix plus ferme.

Astoria riva ses yeux aux siens et réfléchit sérieusement à cette condition, avant de le promettre à son père.

George embrassa sa fille sur le front avant de sortir de la chambre, l'air plus serein, tandis qu'Astoria fit la danse de la victoire sur son lit ! Elle allait lui laisser sa chance, bien sûr, mais elle savait bien qu'en un mois, il n'y avait aucun risque qu'elle ne tombe amoureuse de lui !

oOo

Le dimanche suivant, Drago Malefoy fut convié à prendre le thé chez les Greengrass, afin de faire plus ample connaissance avec Astoria. Cette dernière, contrairement à sa mère et sa sœur, n'était pas du tout excitée comme une puce. Sa mère l'épuisait à courir partout pour que tout soit parfait. « Quelle tenue est-ce que tu vas mettre ? Tu as réfléchi à ta tenue ? Et si tu mettais ta robe d'organdi bleu pastel et tes nœuds marine ? Ou alors la rose en taffetas ? Et si tu mettais la blanche en mousseline ? Astoria ? Astoria ?! Tu m'écoutes ?! »

Ça n'avait été que ça toute la matinée ! Quelle différence cela faisait-il qu'elle mette une robe plutôt qu'une autre ? On lui avait demandé de bien le juger, pas de lui plaire... Lasse d'entendre sa mère lui conseiller toutes ses tenues les unes après les autres, elle ouvrit son armoire et s'empara de la première robe qui lui tomba sous la main. Il s'agissait d'une robe en soie prune. Astoria l'aimait beaucoup, elle était très confortable, contrairement à bon nombre de ses nouvelles tenues qui avaient toutes un corset prêt à l'étouffer au moindre de ses mouvements.

— Tu ne vas tout de même pas mettre cette horreur ? s'exclama sa sœur en passant devant la porte entrebâillée de sa chambre.

— Et pourquoi ça ? demanda Astoria avec agressivité.

— Mais regarde-toi, tu as l'air d'une gamine là-dedans. Ni décolleté avantageux, ni corset, ni même de jupon bouffant ! C'est une robe d'adolescente.

— Eh bien, elle me plaît à moi !

— À toi peut-être, mais certainement pas à Drago. Je suis certaine qu'il aime les choses bien plus distinguées. D'ailleurs, j'ai souvenir qu'il se moquait toujours des filles comme toi, qui n'essayent même pas d'être féminines alors qu'elles ont tout pour l'être !

Piquée au vif, Astoria fonça droit sur sa sœur, qui prit peur, et lui claqua la porte au nez.

Elle retourna se poster devant son immense psyché en bois de rose, et examina son allure générale, ainsi que son visage.

Sa robe suivait avec grâce ses formes, sans trop les dévoiler, et la couleur contrastait merveilleusement avec son teint de porcelaine. Ses cheveux blond doré cascadaient sur ses épaules en toute liberté (sa mère insistait pour qu'elle les attache en chignon, décrétant que les cheveux lâches étaient réservés aux jeunes filles) mais elle adorait les sentir se balancer au creux de ses reins. Ses pommettes étaient rondes et hautes, ses lèvres fines mais pulpeuses, et ses grands yeux bleus illuminaient son visage. Non, elle n'avait pas besoin d'artifice ! Et si elle faisait un peu plus jeune que son âge, eh bien tant pis. Elle n'allait pas se déguiser pour convenir à tout le monde sauf à elle.

Lorsque la sonnette d'entrée retentit, elle sentit une pointe de stress l'envahir, et c'est avec l'entrain de quelqu'un qui se rend à l'échafaud qu'elle descendit les marches des escaliers.

Arrivée presque au bas des marches, Astoria s'arrêta net en entendant la voix de son père :

— Veuillez me suivre Monsieur Malefoy, nous allons d'abord prendre un brandy dans mon bureau.

Elle se pencha un peu pour apercevoir à travers la rambarde des escaliers la chevelure blonde, presque blanche de Drago, qui acceptait gracieusement d'accompagner George. Elle ne se souvenait plus qu'il fût si grand, même à côté de son père qui était pourtant déjà de haute stature. La jeune fille le suivit des yeux quelques instants, jusqu'à ce qu'elle croise son regard. Elle sursauta et recula vivement, se traitant d'idiote. S'il rapportait son comportement à son père, elle aurait droit à un sermon ! Et lui, qu'allait-il penser de son attitude enfantine ? Pas qu'elle veuille lui plaire, mais Astoria avait sa fierté, et elle ne voulait pas être considérée comme une gamine ! Elle se ressaisit rapidement et descendit le peu de marches qu'il restait, pour aller le saluer, maintenant qu'il l'avait vue... Mais arrivée en bas, les deux hommes n'étaient déjà plus là. Elle ne sut pas s'il n'avait rien dit parce qu'il ne voulait pas qu'elle soit réprimandée, ou si c'était parce qu'il se fichait bien de la voir ou non... Avec lui, on ne pouvait pas savoir. Astoria ne le connaissait pas bien pourtant, mais le souvenir qu'elle avait de lui n'était pas très positif, et son avis assez tranché. Elle repensa à l'époque de Poudlard, qu'elle venait tout juste de quitter après y avoir fait sa dernière année. Lorsqu'elle était arrivée en première année, sa sœur était déjà en troisième année, et Astoria la suivait toujours du regard, elle, et sa bande de copains, dont Drago faisait partie. Pour elle, que ça soit Daphné, Pansy, Drago, Théodore ou encore Blaise, ils étaient tous les mêmes ! Ils se plaisaient à marcher dans la cour d'un air conquérant, comme si le château leur appartenait. Et à chaque fois, dans la salle commune des Serpentard, Daphné ne ratait pas une occasion de se moquer d'elle, parce qu'elle « était une pauvre gentille fille sage », et elle s'était même moquée de sa coiffure. Blaise avait alors attrapé une de ses nattes, et Drago la seconde, et ils s'étaient amusés à tirer dessus chacun leur tour, jusqu'à ce qu'elle les menace avec sa baguette, ce qui les avait fait rire aux éclats. Néanmoins, ils étaient partis. Le temps passant, elle s'était fait son propre cercle d'amis, et sa sœur lui avait fichu la paix.

— Astoria, mais que fais-tu donc ! Nous t'attendons sous la verrière, s'exclama sa mère qui venait de surgir de nulle part. Tu ne voudrais pas arriver en retard alors que le jeune Malefoy est déjà dans le bureau de ton père !

— Non mère, je m'en voudrais tellement de le faire attendre, ironisa Astoria d'une voix morne.

— Astoria... Tu sais ce qu'à dit ton père ? lui demanda sa mère en agitant l'index d'une façon menaçante.

— Oui mère, je promets de bien me tenir, répondit-elle en levant les yeux au ciel.

Les deux femmes se rendirent dans la vaste véranda qui se trouvait à l'arrière de la demeure, et donnait sur un immense parc arboré. Daphné était déjà installée, et Astoria aurait préféré qu'elle ne soit pas là. Rencontrer son fiancé était déjà assez stressant, alors le faire sous les yeux attentifs et moqueurs de ça sœur ne l'aiderait pas à se sentir à l'aise. Déjà que la présence de sa mère ne l'enchantait guère...

Peu de temps après, George, accompagné de Drago, arriva.

— Je vous souhaite donc une bonne journée Drago. J'espère que tout se passera au mieux.

— Je vous en suis gréé Monsieur Greengrass, et je ne doute pas qu'elle le soit, puisque je serais en charmante compagnie.

George sourit bien volontiers au compliment et s'inclina pour saluer Drago. Heureusement, son père ne restait pas pour boire le thé avec eux. Ce qui était sans doute aussi bien également pour Drago, qui risquait d'être impressionné de se retrouver au milieu de toute la famille. Après tout, il était censé être là pour lui faire la cour...

Astoria regarda son père tourner le dos et Drago avancer vers elles.

— Madame Greengrass, mes salutations, déclara Drago en se courbant poliment. Daphné, c'est un plaisir, enchaîna-t-il en lui faisant un baisemain, ce qui fit glousser Daphné comme une dinde.

Dans d'autres conditions, Astoria n'aurait pas manqué de se moquer de sa sœur, même si elle devait en être réprimandée, mais là, son cœur s'était trop affolé, ses mains étaient moites, et sa bouche sèche. Elle tenta de calmer ses palpitations en se rappelant que l'enjeu n'était plus du tout le même, rien ne l'obligeait plus à épouser l'homme qui se trouvait devant elle, donc elle n'avait aucune raison de paniquer.

— Miss Greengrass, c'est un plaisir.

Malgré le fait que son regard soit plongé dans celui de Drago, qui était troublant, elle devait bien se l'avouer, elle sentit que toute l'attention était portée sur elle, comme si tout le monde retenait son souffle et qu'elle ne pouvait plus faire marche arrière maintenant.

— Monsieur Malefoy, répondit-elle un peu maladroitement, n'ayant pas trop su comment on salue d'ordinaire un fiancé qu'on n'a pas choisi...

Son visage ne trahissait aucune émotion, donc elle ne sut pas si la formulation lui avait plu ou non, par contre, le visage contrarié de sa mère lui indiqua qu'elle aurait pu faire un effort.

— Asseyez-vous, je vous en prie, intervint rapidement Madame Greengrass pour éviter qu'un malaise n'éclate.

— J'ai un thé au lotus extraordinaire, vous en prendrez bien une tasse ?

— Volontiers, je vous remercie, déclara poliment Drago en s'asseyant.

Olivia Greengrass servit le thé et le biscuit avec toute la grâce et la distinction dont elle faisait toujours preuve, et entama une conversation polie avec Drago, ainsi que Daphné, qui semblait ravie de le revoir. Astoria, elle, ne savait pas quoi dire, elle était dépassée. Pourtant, elle avait toujours tenu des conversations agréables avec les hôtes de ses parents, et ses amis, mais là, le cas était particulier.

Cependant, la situation lui permettait de détailler Drago sans trop de gêne, puisque trop occupé à répondre à sa sœur ou sa mère, il ne faisait pas très attention à elle. Il était assez différent de ce qu'elle se rappelait de lui. Mais il fallait dire qu'elle ne l'avait pas revu depuis près de trois ans, à part dans les journaux, suite à son jugement pour avoir été Mangemort... Ses traits étaient fins, et ses yeux étaient d'un gris magnifique, mais ce qui n'avait pas changé, c'était l'arrogance qui ressortait lorsqu'il parlait !

Drago s'adressait à sa mère avec emphase, comme le voulait l'éducation qu'on lui avait donnée, mais Astoria trouvait ça ennuyeux et presque ridicule. Elle avait envie de modernité, et bien qu'elle ait reçu la même éducation, elle essayait toujours de ne pas paraître trop ampoulée, contrairement à sa sœur, et Drago. D'ailleurs, sa sœur l'appelait toujours « la sauvageonne » à cause de ça, et elle se rendait compte qu'elle faisait parfois honte à ses parents.

— J'aurais voulu rester pour avoir le plaisir de te voir plus longtemps Drago, mais Théodore m'attend. Il m'a d'ailleurs demandé de te saluer pour lui.

— C'est très aimable Daphné, tu le salueras également de ma part. Et ne t'en fais pas, je ne doute pas d'avoir d'autres occasions de nous revoir.

Drago s'était relevé pour la saluer, et Daphné s'était presque jetée à son cou.

Une fois partie, le silence, seulement entrecoupé par les propositions de gâteaux ou de thé d'Olivia, devint vite gênant.

— Astoria, chérie, nous ne t'avons pas entendue durant le thé, ce n'est pas très poli, fit remarquer sa mère dont le regard insistant était une mise en garde.

— Je suis désolée mère, je ne me sens pas très bien, la chaleur sans doute, mentit Astoria.

D'un claquement sec des doigts, Olivia fit mander qu'on leur apportât du thé glacé, afin de rafraîchir Astoria. Mais les oreilles rougies de sa mère ne la trompèrent pas sur le fait qu'elle allait devoir passer la soirée à écouter ses reproches sur son comportement...

Après quelques minutes d'une conversation banale sur le temps, entretenue surtout par sa mère, le majordome apporta une carafe de cristal, remplie d'un délicieux thé glacé au citron, suivi par un autre des serviteurs (leurs parents trouvaient plus chic d'avoir des humains à leur service plutôt que des elfes de maison.).

— Madame, quelqu'un désire vous parler.

— Eh bien renvoyez cette personne, vous ne voyez pas que je suis déjà occupée ? dit-elle un peu sèchement.

— Pardonnez-moi d'insister Madame, mais c'est Madame Nott. Elle souhaiterait s'entretenir avec vous au sujet du mariage et...

— Vous ne pouviez pas le dire plus tôt ?

D'un geste vif, elle renvoya le serviteur et reporta son attention sur Drago.

— Je suis terriblement confuse Monsieur Malefoy, mais si Madame Nott est présente, c'est qu'il y a un problème avec l'organisation du mariage, et il est dans si peu de temps que ce serait terrible de ne pas le régler tout de suite.

— Je comprends tout à fait, n'ayez aucune inquiétude Madame. De plus, ça nous permettra de faire plus ample connaissance, répondit Drago en inclinant la tête.

Astoria faillit rire de la mine surprise de sa mère. Est-ce que Drago n'avait pas compris qu'il était gentiment congédié, puisque la bienséance veut que deux jeunes gens du sexe opposé ne restent pas seuls, ou est-ce qu'il s'en fichait ? Ou encore, était-ce une petite vengeance qu'il réservait à sa mère parce qu'elle lui avait préféré Madame Nott ?

— Bon, bien... En effet, c'est une bonne chose, répondit sa mère un peu désorientée, mais ne voulant pas risquer de le vexer davantage. Je vous laisse alors... Je serais dans le petit salon Astoria, si vous avez besoin de quelque chose...

— Je vous remercie mère, je pense que ça ira, fit Astoria avec un sourire espiègle.

Après un dernier regard soucieux en direction de sa fille et de Drago, Olivia partit rejoindre son amie dans le petit salon.

Astoria, qui avait retrouvé sa bonne humeur quelques instants, prit conscience que maintenant, elle était vraiment seule avec Drago, et que c'était à elle de faire la conversation, car lui ne sembla pas vouloir l'y aider puisqu'il s'était plongé dans un silence contemplatif.

Astoria se sentit rougir de cette attention qui la gênait. Après s'être raclé la gorge, elle lui proposa du thé :

— Vous voulez du thé, ou des gâteaux ?

— Je t'en prie, assez avec le thé et les gâteaux, j'ai cru que ta mère allait m'en farcir jusqu'à ce que j'explose ! se plaignit-il en se tenant le ventre. Et laisse tomber le vouvoiement, nous n'avons pas cent ans.

Astoria le regarda avec des yeux ronds, totalement surprise par son changement d'attitude. Comme si Drago savait parfaitement ce qu'elle était en train de penser, il lui expliqua :

— Nous avons eu la même éducation, donc tu le sais autant que moi, les parents aiment ce genre de simulacre, mais entre nous, je n'en vois pas l'intérêt.

— Je pense pareil, répondit Astoria qui sourit timidement.

— Tant mieux, l'espace d'un instant, j'ai eu peur que tu ne partes en courant pour raconter à ta mère que je n'étais pas un gentleman, comme la gentille petite fille sage que tu es, lâcha-t-il, abrupt.

Une fois de plus, Astoria fut étonnée par son changement de ton, mais cette fois-ci, elle en fut nettement moins contente. Tout sourire avait déserté ses traits, et il regardait autour de lui comme s'il trouvait que sa présence était irritante.

— Je ne suis pas une petite fille sage ! rétorqua Astoria avec véhémence, par contre, je vois que toi, tu es toujours aussi désagréable !

Ce fut au tour de Drago de paraître légèrement stupéfait par l'accès de colère de la jeune fille. Lui qui avait toujours pensé qu'elle ne disait jamais un mot plus haut que l'autre, et qu'elle était inintéressante, comme le prouvait son manque total de conversation... Cependant, le souvenir de la petite fille qui n'avait pas hésité à les menacer de sa baguette lorsqu'ils l'ennuyaient lui revint en mémoire. Peut-être que finalement, il y avait du tempérament derrière cette façade trop lisse...

— Tu m'en vois navré très chère, dit-il d'un ton exagérément mielleux, mais tu comprendras qu'après avoir appris que tu faisais un caprice et qu'il me fallait encore attendre un mois avant d'avoir confirmation de nos fiançailles, m'a légèrement agacé.

— Oh, mais vous m'en voyez désolée mon bon monsieur, répondit Astoria sur le même ton, mais vous comprendrez qu'épouser un crétin ne me tente guère !

Tous deux se regardèrent en chien de faïence sans sourciller. Astoria fulminait, tandis que Drago la considérait différemment. Il n'avait que peu de souvenir de la jeune sœur de Daphné, mais celui qu'il en gardait était celui d'une fille terne et solitaire, et méprisée de sa grande sœur, comportement qu'il avait alors adopté sans y réfléchir. Et rien ne l'enchantait moins que de devoir l'épouser, mais évidemment, il n'était pas en position de faire le difficile...

Cependant, la jeune femme qui lui faisait face était indubitablement différente de ses souvenirs, et il se rappela que contrairement à lui, elle avait le choix de dire non, ce qui ne devait en aucun cas arriver.

— Excuse-moi, je me suis emporté.

Astoria le regarda avec méfiance, ne croyant pas le moins du monde à ses excuses.

— Cette situation me fatigue - et moi donc ! voulut rétorquer Astoria, mais elle s'abstint, préférant l'écouter au lieu de relancer les hostilités - J'aurais voulu que tout soit plus simple, et que ça soit résolu rapidement, c'est tout, dit-il d'un ton plus calme.

— J'aurais préféré que cette situation n'existe pas, comme quoi, on n'a pas toujours ce que l'on veut, renchérit Astoria qui ne put se retenir plus longtemps. Je comprends ton point de vue, dit-elle pour tenter d'apaiser les tensions, mais si je le fais, ce n'est pas seulement pour moi. Tu n'imagines pas épouser et rester avec quelqu'un toute ta vie sans l'avoir choisie, ni l'avoir aimée ? N'est-ce pas ? J'ai promis à mon père de nous laisser une chance, et je compte bien respecter ma parole durant tout ce mois, mais je dois t'avouer que c'est assez mal parti... Alors s'il te plaît, comportons-nous comme des adultes, et voyons ce que ça donne, d'accord ?

Astoria fut satisfaite de ses paroles. Elle lui avait démontré qu'entre eux deux, c'était elle qui était la plus mature, puisque c'était elle qui avait tenté d'arranger les choses. Un point pour elle !

Drago, agréablement surpris par le caractère de la jeune fille, acquiesça d'un signe de tête tout en souriant sincèrement.

— Bien, je pense que j'ai assez abusé de l'hospitalité de tes parents, je vais donc me retirer. M'autorises-tu à venir te rendre visite dimanche prochain ? lui demanda-t-il tout en lui faisant un baisemain.

— Oui, avec plaisir, répondit Astoria pour jouer le jeu.

— Tu m'en vois ravi. Préviens donc ta mère que j'aimerais, la prochaine fois, visiter ce magnifique parc, seul avec toi, rajouta-t-il avec un clin d'œil, qui fit sourire Astoria malgré elle.

La jeune fille ne mettait cependant pas beaucoup d'espoir dans la réussite de leur prochain rendez-vous. Elle prouverait à son père que Malefoy n'était pas digne d'intérêt, comme ça, elle n'aurait pas à s'en vouloir de refuser cette union.


Bonjour tout le monde :) Suite à deux review me reprochant la taille de l'OS, j'ai décidé de le couper en trois parties :) J'espère que vous prendre plus de plaisir à le lire comme ça :)

Gros bisous,

Labulle.