Geeky is back !

Bonjour à tous et à toutes, après ces très longs mois d'absence, la suite tant attendue (j'ai le droit de me faire des films) est enfin là !

Pour cette absence, je m'excuse. J'ai été malade au début des vacances et j'ai eu beaucoup de mal à retrouver la passion d'écrire (fatigue et tout le tintoin). La longueur de la fiction a aussi été compliqué, car, pour une fois, la fiction n'est pas terminée (bon, pour le peu qu'il me reste à faire...) mais elle fait pas loin de dix chapitres pour le moment et j'ai dû mal à gérer autant. Mais je tiens le bon bout !

La parution se fera comme d'habitude toutes les semaines. Etant en vacances, je ne garantie pas que le jour sera toujours le même (je suis en câble ethernet là, c'est pour dire...) mais j'espère être toujours là quand même.

Bref, j'espère que la suite vous plaira autant qu'Harold le Banni !

A vos marque ! Prêt !

Lisez !

(Et allons-y pour l'orage qui m'empêche même d'utiliser la box ! o/ Vive les portables !)


Disclaimer :

Rating : T (langage et drame)

Genre : Romance/Hurt Confort/Drama/Suspence

Character : Harold/Astrid/Beurk

World : Film (futur et modifié) / Suite de Harold le Banni


Beurk la Honteuse

Chapitre 1 :

Sa rage.

Sa lame.

Le coup.

Son sourire.

Un hurlement.

La douleur.

Puis le noir.

Lorsqu'il ouvrit les yeux, la première chose qu'il remarqua fut le plafond de bois au-dessus de sa tête. Son cerveau aiguisé par des années de lutte sans fin passa en revu toutes les possibilités : le choix du bois, l'agencement des rondins, l'assemblage de ces derniers, les finitions… En quelques secondes, il sut.

Il ne devait pas être là.

Une respiration à sa droite le fit tressaillir avant que ses yeux ne se posent sur son hôte comme à son habitude, sur le qui-vive. Mais l'identité de la personne la fit malgré lui se détendre.

Astrid.

La Viking qui avait supportée l'homme qu'il était devenu pendant plusieurs semaines mais qui l'avait trouvé. Trouvé lui, le vrai, celui qu'il gardait honteusement au fond de son âme. Le petit garçon qu'il était resté malgré les années de sang et de massacres. Comme Titus, elle l'avait trouvé.

Le visage impassible, il la regarda froncer les sourcils en plissant le nez. Ses yeux papillonnèrent un instant avant de se poser sur le garçon qu'elle pensait encore endormi mais qui là, la regardait parfaitement réveillé, le visage neutre.

« Harold… Murmura-t-elle sous la surprise. T'es réveillé…

- Il semblerait, répondit-il simplement.

- Tu as mal quelque part ? » S'emporta-t-elle.

La jeune femme s'était redressée d'un bond et surplomba le garçon qui tourna la tête en la suivant.

« La poitrine.

- Oui… Tu as pris un coup d'épée, heureusement pas assez profonde pour te tuer mais… ça fait plusieurs jours que tu dors. On a craint le pire un certain temps…

- Astrid, la coupa-t-il. Où. »

Astrid se figea. Même avec plus d'une semaine de sommeil, la tête d'Harold fonctionnait à plein régime. Ce n'était pas une question. Pas vraiment un ordre non plus. Plus une affirmation à confirmer.

Il savait déjà où il était mais voulait l'entendre de sa bouche parce qu'il se doutait que c'était de sa faute.

Ça l'était. C'était de sa faute s'il était ici. Mais elle avait fait un choix. Sa survie avant ses peurs.

Car oui, il avait peur et elle le savait.

« … Beurk. »

Son visage resta de marbre comme toujours mais Astrid savait parfaitement le lire désormais et d'un coup d'œil elle remarqua le léger tic de ses lèvres, le tremblement presque imperceptible de ses yeux, sa déglutition qu'il se forçait à retenir.

Merde. Il paniquait. Silencieusement certes, mais c'était de la panique.

« Tout va bien Harold, se précipita Astrid dans un murmure.

- Tu n'aurais pas dû.

- Il le fallait.

- Tu n'avais pas le droit de faire ça. »

Ça y est, la sentence venait de sonner. Astrid avait ramené Harold dans le village qui l'avait vu naître et l'avait banni dans années après.

Elle avait ramené un Banni au village.

Avec horreur, la blonde vit la respiration calme et silencieusement du garçon commencer à s'accélérer et son visage perdre son masque de neutralité. Elle comprit en un instant la raison pour laquelle Harold interdisait formellement quiconque parler du village. Il ne le détestait pas.

Il en était effrayé.

« Tout va bien, tout va bien Harold ! »

Ses deux paumes sur les joues du jeune homme, le front contre le sien, Astrid lui murmurait ses mots dans l'espoir de le calmer, le rassurer. Il redevenait le petit garçon terrorisé qu'il était autrefois, la blessure que lui avait infligée le village toujours présente. Sa main vint agripper le vêtement de la blonde juste… pour se retenir à quelque chose.

Les deux jeunes gens continuèrent de murmurer les mêmes mots pendant un certain temps, rassurantes pour l'une, de reproches sans volonté pour l'autre.

C'est comme ça que Gothi les trouva lorsqu'elle vient leur apporter leurs repas. Son visage ne trahit aucune surprise à la vue du garçon réveillé. Sans doute les avait-elle entendus. Toujours aussi silencieuse, elle marcha jusqu'à la table de chevet où elle déposa les deux coupelles avant de se tourner vers les deux jeunes gens. Astrid s'était redressée mais garder le minimum de distance avec Harold, sachant qu'elle était à la seule à pouvoir le calmer. Le Banni lui, en gardait un maximum avec l'ancêtre de son village et détournait les yeux sur le mur.

Gothi échangea un regard avec Astrid qui répondit d'un hochement de tête.

« Il faudrait changer tes bandages… »

Deux yeux verts se fixèrent sur les siens, cherchant visiblement où était l'arnaque et Astrid soupira.

« Juste tes bandages Harold.

- Vous allez avoir des problèmes si vous m'aidez.

- Nous sommes assez grandes pour prendre nos décisions.

- Vous n'avez pas le droit d'aider un Banni.

- Nous aidons l'homme qui a sauvé notre chef. Maintenant laisse-nous nous occuper de tes bandages. »

Le visage redevenu neutre, Harold resta un moment interdit avant de se décider à bouger et usa de ses bras pour se redresser.

« C'est bon je vais te redresser ! » Se précipita Astrid.

Mais un geste l'interrompit et le jeune homme finit de s'assoir, non sans grimacer de douleur, pour présenter un torse enrubanné dans le tissu rougeâtre.

Astrid soupira devant tant de bêtise mais ce ne fut pas le cas de Gothi qui attrapa son bâton et frappa le crâne d'Harold qui cria de surprise.

« Que- ! »

Mais le visage noir de l'ancêtre lui fit ravaler ses injures et malgré lui, le jeune homme rentra la tête dans ses épaules puis sans un mot, se laissa manipuler par les deux femmes. Ses yeux se posèrent sur sa poitrine.

Une importante cicatrice barrait son torse désormais, du bas de sa clavicule gauche jusqu'au bas de ses côtes droites. Un peu plus à gauche et son cœur en mourrait. Un peu plus profondément et c'était ses poumons. En hauteur, son cou.

En somme, seules ses côtes semblaient avoir réellement souffert durant l'opération mais dans l'ensemble, il était chanceux.

Si on pouvait appeler le fait d'avoir été soigné par son village natal de la chance.

« Tout va bien Harold ? »

D'un simple hochement de tête, le susnommé répondit à Astrid qui lui apporta son repas. Au moins, il pouvait encore manger seul.

« Tes côtes sont un peu endommagées mais Gothi dit que tu récupères très bien, reprit la blonde. Il te faut encore quelques semaines de repos et tu seras comme neuf.

- Avec une jolie cicatrice en prime. »

La jeune Viking sourit et Harold ne put s'empêcher de faire de même malgré la présence de la vielle femme dans la pièce. Celle-ci lui jeta un dernier coup d'œil avant de sortir de la pièce, laissant les deux jeunes gens seuls.

Après quelques secondes, Harold s'arracha la question qui lui traînait dans la tête depuis son réveil, sa cuillère à quelques centimètres de sa bouche. Un simple mot.

« Alvin ?

- Mort, répondit-elle. Par surprise. »

Conversation close. Pas besoin de beaucoup plus.

Alvin le Traître était mort.

Ils mangèrent en silence, l'un comme l'autre ne sachant par où commencer une nouvelle discussion qui au meilleur des cas, durerait autant que la précédente. Du moins c'était ce que pensait Astrid. Les mèches de ses cheveux masquant une grande partie de son visage, elle était incapable de le lire à l'instant.

Parce que comprendre Harold, signifiait lire son visage, le décrypter, remarquer le moindre détail qu'il cherchait pourtant à dissimuler. Il était très fort à ce jeu là, mais Astrid soupçonna la présence de Titus auprès de lui de lui avoir fait baisser sa garde.

La pensée du petit blond qui suivait Harold où qu'il aille assombrit l'humeur de la jeune femme. Titus devait posséder les mêmes sentiments pour l'auburn qu'elle, son monde tournait autour de lui et il était mort pour lui.

Et obnubilée par la recherche d'Harold, elle n'avait même pas pensé à Titus lors de l'opération de sauvetage. Jamais elle n'avait pensé à lui. Il était mort tout seul sans avoir pu le revoir une seule fois.

« Ce n'est pas ta faute. »

La voix d'Harold la fit sursauter. Astrid releva son visage vers celui du Banni qui avait posé son couvert sur ses genoux et l'observer silencieusement. Depuis combien de temps l'observait-il ?

« De quoi tu parles ? » Sourit-elle.

Elle venait inconsciemment d'utiliser la même technique que le petit blond : le faux sourire. Celui qui parvenait à masquer – à moitié seulement, il fallait l'avouer – l'amertume qu'il entretenait vis-à-vis de la Viking, ou plutôt, son village.

« Tu pensais à Titus. »

Astrid se figea et son sourire s'évanouit alors qu'elle plongea son regard dans celui du blessé devant elle.

« Comment tu sais que je pensais à lui ?

- De la même façon que tu lis en moi, j'ai appris à le faire. Comment pouvais-je te faire sortir de tes gongs sinon ? »

Il sourit légèrement mais Astrid baissa la tête en réponse, son assiette totalement délaissée cette fois.

« Je n'ai même pas pensé à lui. Pas une seule fois. Je n'ai pensé qu'à toi, qu'à te récupérer. Jamais je n'ai inclus Titus dans le plan.

- Titus a suivit mes ordres. Détruire la forteresse de l'intérieur pendant que vous attaquiez les côtes. C'était mon plan. A ton avis, qui Titus aurait écouté ?

- … Toi.

- C'était son choix. Il n'a pas pu en faire beaucoup dans sa vie. Autorise-lui celui là. »

Astrid acquiesça lentement. Il avait raison. Titus avait fait son choix, c'était sa décision.

Il avait déjà décidé de mourir pour Harold bien avant qu'elle ne le rencontre.

« Astrid, héla doucement le jeune homme. Qu'avez-vous fait de lui ? »

La blonde prit son temps avant de répondre, les yeux dans le vague. Enfin elle prit la parole.

« J'ai demandé à ce qu'ils aient des funérailles décents, lui et tes esclaves. Je… Je ne sais pas si c'est ce qu'ils auraient voulu mais… je n'avais pas trop d'idée…

- Tu as bien fait. »

La Viking raccrocha timidement le regard de l'auburn qui sourit doucement.

« Titus m'a dit un jour que ses dieux l'avaient abandonné. Et que peut-être les miens seraient plus attentifs à lui. »

Astrid sourit. Elle l'avait à peine connu mais ces mots lui ressembleraient tellement qu'elle ne pouvait s'empêcher de sourire. La Viking priait les dieux pour qu'il eût sa place à la table d'Odin.

« J'espère qu'il aura eu plus de chance avec eux que moi en tout cas. »

La mine d'Harold s'était assombrie et la Hofferson déglutit. Evidement. Combien de fois y avait-elle pensé elle aussi ?

Aucun des dieux qu'ils priaient n'avait entendu la voix du petit garçon terrorisé sur la galère.

Et elle doutait que le retour du jeune homme soit à mettre sur le compte de la bonne fortune des dieux.

Elle doutait encore plus qu'en parler encore ravirait Harold.

Mais elle n'eut pas le temps d'y songer plus que ça. Au bout de la pièce, on toqua à la porte.

« Gothi ? »

L'appel d'Astrid resta sans réponse mais la porte s'ouvrit lentement, découvrant petit à petit une imposante silhouette à la lumière du jour. La blonde retint immédiatement son souffle et jeta un regard affolé à Harold qui s'était figé, les yeux à la fois écarquillés et éteints.

Stoick Haddock venait d'entrer dans la pièce.

Ce dernier s'avança lentement de quelques pas, entre la porte et le lit d'Harold, comme s'il ne savait pas encore s'il devait vraiment entrer ou sortir. Il se balança un instant sur ses pieds, gêné de ce silence qui s'était installé à son arrivé et finit par inspirer profondément avant de rompre le calme provisoire.

« J'ai… entendu par Gothi que tu étais réveillé… »

Astrid fixa son regard sur Harold et déglutit.

Elle n'arrivait pas à déchiffrer ce regard, ce visage. La Viking ne comprit qu'une seule chose à travers les sentiments entremêlés qu'elle voyait chez le garçon : il allait bientôt craquer.

Elle reporta à toute vitesse son attention sur le père du jeune homme et tenta de le dissuader de continuer mais il ne l'observait pas. Il se contentait de regarder son fils qui avait grandit sans lui, à cause de lui, totalement différent de ce qu'il était autrefois.

Avec horreur, Astrid revint sur Harold qui avait entrouvert les lèvres.

Il n'était pas loin, il fallait qu'elle fasse quelque chose.

« S'il vous plaît Chef, ce n'est pas le moment… » Supplia-elle dans un murmure.

Malheureusement, Stoick resta là, à attendre que le garçon fasse un geste, dise un mot, un signe, n'importe quoi.

« Vas-t-en. »

Ca n'avait été qu'un souffle, presque inaudible mais même la respiration accélérée par l'anxiété d'Astrid ne parvint pas à le masquer.

Merde, c'était parti.

« Pars. »

Un ton plus haut, les doigts d'Harold commencèrent à froisser les draps sous lesquels il reposait et la blonde commença à paniquer.

« Vas-t-en…

- Harold s'il te plaît, fit d'une voix blanche le Chef des Hooligans. Il faut qu'on parle. »

Oh par Odin il partait du très mauvais pied. L'auburn n'allait pas aimer, pas du tout.

Astrid risqua un coup d'œil.

Oh par Thor il n'aimait pas du tout.

Toutes les émotions qui passaient auparavant sur son visage avaient déserté pour la dominance d'une seule qu'Astrid n'avait jamais vu mais qu'elle pouvait reconnaître entre mille.

La rage.

« Parler ? »

La Viking se sentit littéralement blêmir à ses paroles et commença à trembler devant la colère qui émanait d'Harold. Stoick lui, eut le bon gout de reculer d'un pas.

« Je n'ai absolument rien à te dire, vas-t-en. »

Sa voix était encore calme mais transpirait de colère refoulée et Astrid ne s'avait pas du tout combien de temps encore il pourrait se contenir.

« Harold s'il te plaît, tenta son père.

- Vas-t-en.

- Il faut qu'on discute !

- Casse-toi.

- Harold !

- Dégage.

- Je t'en pris…

- J'ai dit : DEGAGE ! »

Avant qu'Astrid ne puisse réagir, Harold avait attrapé la table de chevet de la main gauche et d'un geste de rage, la lança de toutes ses forces sur le vieux Viking qui esquiva d'un bond sur le côté, choqué.

La blonde sauta sur le garçon. Elle s'assit sur son ventre et retient ses bras par les poignets. Il se débattit en hurlant, de rage, colère, douleur, peine, tout à la fois.

« Harold calme toi ! Cria-t-elle. Tout va bien, calme-toi ! »

Mais rien n'y faisait. Il tournait la tête de gauche à droite, prisonnier de ses propres cauchemars. Dans une grimace, elle lâcha ses poignets pour encadrer son visage et le forcer à la regarder.

A travers ses yeux, elle put contempler l'étendu de ses peurs. Le masque qu'Harold avait mis cinq ans à se forger venait de se briser en quelques secondes par le responsable de son départ en enfer.

Elle ne parvenait plus à voir un seul fragment de cet homme calme, cynique, froid et distant qu'Harold était devenu. Il n'était plus à l'instant que le petit garçon terrorisé que son propre père venait d'envoyer au diable.

Son cœur se serra lorsqu'elle vit les larmes sans doute refreinées depuis des années, tomber en cascade sur ses joues sans qu'il ne puisse les arrêter. Elles dévalèrent les mains d'Astrid qui lentement, rapprocha davantage son visage de celui d'Harold qui avait plongé son regard effrayé dans le sien.

« Tout va bien… Murmura-t-elle, comme à un enfant. Il ne te fera plus rien. Il ne peut plus rien te faire maintenant… Tout va bien… »

Elle ponctua ses derniers mots d'un simple baiser sur ses lèvres. Ce geste sembla réveiller en partie Harold dont les larmes s'arrêtèrent.

Il revenait.

« Plus personne ne peut te faire quoi que ce soit Harold. »

Encore un autre baiser.

« Il ne peut pas te faire d'avantage souffrir qu'il ne l'a fait. Je suis là. »

Un nouveau baiser auquel répondit le jeune homme, les yeux toujours plongés dans ceux d'Astrid. Comme un réflexe.

Elle l'embrassa encore une fois, plus longuement cette fois, rassurée qu'Harold soit revenu à lui. Elle ferma les yeux, il fit de même, le simple contact entre eux deux leur suffisant à les rassurer.

Finalement, c'est l'auburn qui quitta en premier le baiser, lorsqu'il vit que ses mains avaient agrippé avec bien plus de force que nécessaire les bras d'Astrid. Elle le rassura d'un sourire avant de se redresser et jeter un regard inquiet sur la poitrine du garçon.

Aussitôt, la douleur arriva à l'auburn comme un yak en charge et celui-ci se retint d'hurler de douleur. Ses côtes n'avaient visiblement pas aimé le traitement et il subissait les frais de sa folie de toute à l'heure. La plaie s'était rouverte et recommencé à perler des larmes de sang mais Astrid s'en occupa en quelques minutes.

Ils ne prononcèrent plus un mot, tout avait été dit.

Stoick lui, avait déjà disparu depuis longtemps.

oOo

Le Grand Hall à cette heure-ci était presque vide, une grande partie du village en plein travail. Seuls certains, les blessés de la dernière bataille qui en étaient incapable pour le moment et de vieux fatigués.

D'autres encore, ne voulaient juste pas aller travailler, l'humeur loin du beau fixe, une choppe à la main et déjà quelques unes dans le sang. Il devait retaper des armes pourtant, mais non.

Gueulfor ne sursauta même pas lorsqu'une lourde et pleine choppe vient s'échouer sur sa table, son imposant propriétaire la suivant de près, avec encore moins de grâce.

Stoick attendit quelques secondes avant de prendre une grande gorgée de son breuvage alors que son ami lui renvoya un sourire désabusée.

« La choppe des grandes occasions hein…Dois-je en conclure qu'ça c'est mal passé ?

- … Très mal.

- Sans blague… »

Le forgeron prit une gorgée avant de mirer son chef qui regardait dans le sol, le visage anéantie.

« Allez, fit Gueulfor. Laisse-moi deviner, il t'a balancé son assiette à la figure ?

- … Non.

- Oh ? Moi j'l'aurais fait, reprit-il en buvant une gorgée.

- La table de chevet. »

Gueulfor suspendu son geste. Ses yeux interrogatifs se braquèrent sur le Haddock et il baissa lentement sa main pour continuer de regarder son ami.

« … Pardon ?

- … Il m'a balancé la table de chevet de son lit jusqu'à ma tête. »

Stoick avait prononcé ces derniers mots les yeux dans ceux de son vis-à-vis et avala d'une traite le reste de son breuvage.

Gueulfor se contenta de regarder silencieusement son ami qui après avoir fini sa boisson, frappa la table de la choppe. Celle-ci s'envola dans les airs alors que son propriétaire enfouissait son visage dans ses mains.

« Mais qu'est-ce que j'ai fait… Entendit le blond.

- …Banni ton propre fils.

- Tout ça c'est de la faute des dragons, si jamais ils étaient-…

- Ne rejette pas ça sur les dragons ! » Hurla Guelfor.

Le forgeron s'était redressé et toisait furieux son ami.

« On peut leur reprocher tous les maux de la Terre mais le bannissement d'Harold c'est toi et seulement toi !

- Mais si les dragons n'avaient pas été là jamais je n'aurais eu à faire ça !

- Il a fait une erreur ! On en a tous fait !

- C'était l'erreur de trop !

- C'ETAIT TON FILS ! »

Stoick ravala les ses paroles. Il regardait ébahis son ami qui s'agitait furieux devant lui, attirant à lui tous les regards du Grand Hall.

« C'était un gosse à qui tu n'as pas pardonné de n'être pas comme toi. C'était un gosse fragile et désireux de se faire accepter que tu as banni. Mais la personne qui a sauvée Astrid, le village et ta propre vie n'est pas un gosse qui veut faire plaisir à son père. C'est un homme qui pourrait te tuer. Tu as banni Harold. Pour lui, tu n'es plus son père. Ironique non ? C'est pourtant lui qui devrait détourner les yeux, pas toi. »

Gueulfor planta là son ami après avoir jeté sa choppe contre le mur et sortie de la salle de sa démarche clopin-clopant. Stoick demeura ahuris encore quelques secondes avant que sa tête ne retombe lentement sur ses mains en poing sur la table.

Certains courageux restés présent durant l'affrontement, jurèrent avoir entendu des sanglots venant de leur chef.

oOo

Comme à son habitude, Harold attendit avant d'ouvrir les yeux. Les sons, les odeurs, le tissu sur sa peau, étaient autant d'information qui permettait au garçon de savoir où, quand, quoi, comment, avant même que toute autre personne ne sache qu'il était réveillé.

Il ne savait même plus depuis combien de temps il faisait ça.

Mais cela lui permettait de savoir qu'il était toujours sur le lit de la guérisseuse, que le jour devait à peine s'être levé (le chant des oiseaux était un très bon indicateur) et qu'Astrid était réveillée à sa droite.

Il se retourna lentement, entrouvrant les yeux pour les fixer sur la blonde qui ne bougea pas en le regardant faire.

« Hey, finit-elle par murmurer.

- Hey, répondit-il.

- Tu as faim ?

- Ouais. »

Elle disparut après quelques pas derrière la porte et Harold en profita pour se redresser. Il détestait être traité comme un infirme et visiblement, Astrid l'avait compris. Elle lui laissait à chaque fois quelques minutes en solitaire pour se mettre à l'aise de lui-même.

Enfin, autant à l'aise qu'on pouvait l'être avec une plaie de la taille d'un avant bras sur la poitrine.

La porte se rouvrit et la jeune Viking réapparut munit d'une coupelle bien rempli qu'Harold s'empressa d'engloutir silencieusement, après un bref remerciement, sous les yeux attentifs d'Astrid.

Rien ne laissait transparaître qu'il y avait seulement trois jours, Harold avait fait face à son père et qu'il en était résulté une crise de panique comme elle n'en avait jamais vue. Mais après seulement quelques heures, il avait revêtu son masque d'impassibilité et était redevenu le fameux homme froid et cynique qui avait sauvé le village.

Enfin pour les autres.

Astrid elle pouvait percevoir la différence. De simples gestes, des yeux qui dérivent, un léger tremblement. Il avait eu du mal à se reprendre après la confrontation mais aujourd'hui, il semblait l'avoir digéré.

Et ça avait simplement pris trois jours. Astrid ne savait pas si elle devait en être heureuse ou effrayée.

Surprenant un Harold perdu dans ses pensées, la blonde leva la main pour la passer dans les cheveux sales et emmêlés du garçon. Elle sourit.

« Tu pues la mort. Laves-toi. »

Malgré lui, l'ancien gladiateur ne put réprimer un petit rire. Du pur Astrid.

oOo

Il leur fallu plusieurs minutes pour redresser Harold qui se relevait après presque deux semaines d'immobilisation. Outre ses muscles qui demandaient grâce, c'était surtout sa poitrine qui ne supportait pas encore le moindre étirement.

Astrid avait visiblement anticipé la réponse d'Harold et la cheminé chauffait une immense marmite d'eau chaude que la vielle Gothi surveillait d'un œil distrait. Lorsqu'elle vit les deux jeunes gens entrer, elle hocha la tête vers la blonde, un simple regard pour le garçon, elle sortit sans bruit.

« Je m'occupe de tout, ne bouge pas. »

Harold regarda Astrid s'afférer près de la marmite et après avoir enfilé d'épais gants, la trainer jusqu'à la baignoire et y verser l'intégralité de l'eau bouillante. La vapeur s'éleva et la chaleur qui commença à se diffuser s'occupa de détendre un peu le garçon qui tenait sa poitrine d'une main.

« Ça devrait te changer de l'eau glacée, sourit la Viking.

- Elle avait le mérite de me réveiller. » Répliqua le jeune homme sur le même ton.

Un petit rire s'échappa des lèvres de la Hooligan et elle se retourna pour attraper quelques ustensiles un peu plus loin. Lorsqu'elle se retourna, la blonde marqua un temps d'arrêt devant l'auburn.

« Et bien ? Tu plonges ?

- … Le principe d'intimité ne te dit rien ?

- Je doute que la pudeur veuille encore dire quelque chose pour toi et rassure-toi, j'ai déjà vu pire.

- Rustik se lave toujours de la même manière ?

- … Malheureusement. »

Il ricana. Rustik était un indécrottable idiot apparemment.

En haussant les épaules, Harold entreprit de retirer son bas, un sourire aux lèvres lorsqu'il vit la blonde se retourner le rouge aux joues.

Qui était pudique ?

Le plus silencieusement possible, il entra dans la baignoire, réprimant les grimaces qui auraient interpellées Astrid qui devait de toute façon s'en douter.

Le confort depuis trop longtemps délaissé de l'eau chaude s'insinua dans le garçon qui soupira de contentement. Depuis combien de temps n'avait-il pas pris de bain déjà ? Le dernier devait remonter aux thermes de l'Arène, il y avait de ça près de deux ans sans doute.

« Ça va mieux ? »

Harold rouvrit les yeux pour voir Astrid, assise sur le bord de la baignoire, les manches remontées jusqu'aux coudes.

« Tu n'imagines pas quel bien ça fait…

- On va enlever tes bandages, ça fera du bien à ta blessure d'être nettoyée.

- Bien. »

Il replia ses jambes pour se redresser un peu, non sans grimacer, juste assez pour ne pas dévoiler ''la zone''. Astrid passa ses bras autour du torse du jeune homme et commença à retirer précautionneusement les bandes blanches. La plaie apparut à l'air libre.

Elle guérissait proprement du point de vue d'Astrid. Il lui faudrait encore un peu de temps, mais déjà les chairs s'étaient refermées pour la plus grande partie et elle avait arrêté de saigner depuis deux-trois jours. Il ne restait plus de la blessure initiale qu'un large trait rougeâtre sur sa poitrine et sans doute quelques côtes encore en reconstruction. Somme toute, le garçon récupérait encore mieux qu'elle ne l'avait espéré.

Elle le regarda replonger dans l'eau chaude, un sifflement aux lèvres lorsque son torse y passa, les chairs à vifs.

« Ça va ? Demanda-t-elle une moue compatissante sur le visage.

- Mieux que jamais… » Réussit-il à siffler sous la douleur.

Il fallut plusieurs minutes à la douleur pour s'amenuiser mais enfin, ses traits s'adoucir et le garçon put laisser tomber sa tête sur le bord de la baignoire et soupirer une nouvelle fois.

Par les dieux que c'était bon… Difficile au début mais délicieusement bon.

Le garçon sentit une main sur sa tête et il leva les yeux pour voir la jeune Viking tripoter ses cheveux doucement. Un simple regard lui suffit pour se faire comprendre et Harold plongea docilement la tête sous l'eau, les deux mains d'Astrid lui les frottant énergiquement. Quelques secondes plus tard, le jeune homme revint à la surface, les cheveux en masse devant les yeux mais la blonde vient à sa rescousse et les mit en arrière. Un tissu épais dans la main, la Viking entreprit de lui laver les bras, le dos et avec une douceur sans fin, le torse malmené. Chacun savait qu'il aurait été impossible au garçon d'en faire de même dans son état actuel. Mais lorsque la main d'Astrid commença à descendre un peu plus, Harold lui attrapa le bras sans la regarder.

« Ne tente pas trop le diable Astrid. » Sourit-il.

La blonde rougit à la remarque et frappa le crâne du garçon qui rit encore un peu plus. Elle se retourna pour s'assoir à nouveau sur le rebord de la baignoire et croisa les bras en regardant un Harold largement détendu dans l'eau chaude.

Et pourtant elle pouvait le voir. Ses doigts doucement repliés, son genou hors de l'eau, un bras le long du bord.

Il était près à sauter de la baignoire au moindre signal. Harold était pire qu'un animal traqué.

Le regard de la blonde se porta sur ce fameux bras et l'important tatouage qui ornait la majeure partie du membre. Jamais elle ne s'était attardée dessus du temps de sa détention sur l'Île des Bannis mais depuis qu'ils étaient revenus sur Beurk, elle n'avait fait que l'observer durant son sommeil. Elle savait son bras gauche l'exacte copie du droit, en miroir de celui-ci mais les arabesques noires restaient un mystère entier pour la blonde. Elle ne voyait rien – si quelque chose il y avait à voir – parmi les formes qui s'entremêlaient et se rejoignaient sur ses bras et qui prenaient une partie de ses mains en otage.

Elle voulait savoir.

« Tes bras, commença-t-elle, qu'est-ce que ça signifie ?

- Tu veux parler du tatouage ?

- Oui.

- Tu ne le vois pas hein ? »

Le sourire mutin d'Harold qui la regardait du coin de l'œil la fit froncer les sourcils.

« Parce que je suis sensée voir quelque chose ?

- Titus est doué pour montrer les choses sans que tu ne les voies hein ?

- C'est Titus qui a fait ça ?

- Tous sans exception. Il était doué.

- Je ne lui connaissais pas une telle âme d'artiste.

- Je devais être le seul au courant. Dans son travail, ça n'était pas très utile. »

Astrid baissa les yeux. Elle connaissait dans les grandes lignes le « travail » qu'effectuait Titus dans l'Arène mais elle se sentait toujours mal à l'aise avec l'idée que le petit blond n'avait d'innocent que la figure.

« Alors ça signifie quoi ? » Fit-elle pour changer de sujet.

La Viking ouvrit de grands yeux lorsque le jeune homme partit dans un petit rire et un sourire narquois.

« Si tu ne vois pas, c'est que tu n'es pas prête.

- Prête ? Répéta Astrid. Prête pour quoi ?

- A accepter.

- Accepter quoi ? »

Cette fois, la blonde fronçait largement les sourcils. Pas de colère. Elle commençait à avoir l'habitude des sous-entendus et non-dits d'Harold. Mais bien d'incompréhension et de curiosité mêlées.

« … Ce que je suis. »

Et voilà c'était reparti.

Elle ne comprenait rien à nouveau.

oOo

Harold fit preuve d'une maîtrise de lui qu'il ne se connaissait pas lorsqu'Astrid le réveilla tôt ce matin là. D'ordinaire, avant même que ses yeux ne soient vraiment ouverts, il aurait attrapé son poignard et l'aurait plaqué contre la gorge de celui qui le réveillait. Mais de un, il n'avait pas de couteau. De deux, son état ne lui permettait pas ce genre de fantaisie pour le moment. Et de trois, on parlait d'Astrid.

Même si ses yeux ne s'étaient pas encore ouverts, l'odeur de la jeune femme le calma avant même que son instinct ne le pousse à se défendre.

Doucement, il ouvrit les paupières pour découvrir une jeune Viking parée de ses plus beaux atours : hache et manteau de fourrure.

« Tu vas quelque part ? Murmura-t-il à moitié ensommeillé.

- Oui. Je dois aller protéger les pêcheurs qui sortent ce matin. J'ai un peu trop dénigré mon rôle ces derniers temps…

- La grande chasseuse de dragons…

- Eh oui. Je reviens vers midi. Tâche de ne pas trop faire de bêtises en mon absence.

- Qu'est-ce que je peux faire dans mon état ?

- Idiot. »

Ils se sourirent mutuellement. Astrid se dirigea vers la porte tandis qu'Harold ne se redresse sur son séant avant de froncer les sourcils.

« Astrid ? Héla-t-il.

- Harold ? Fit la jeune femme à la porte.

- En parlant de rôle… Je dormais pendant la dernière attaque de dragon ? »

Il la vit se mordre les lèvres et détourner les yeux, soudainement pensive. Le garçon fronça d'avantage encore les sourcils.

« Non, finit-elle par répondre. Mais… ça fait déjà un moment que les dragons ont arrêté de nous attaquer. Depuis l'attaque de l'Île des Traitres, les dragons ont disparu de nos côtes.

- C'est comme ça partout ?

- Non. Les autres villages ont déclaré des attaques mais Beurk… est épargné. Pour le moment. »

Un dernier regard vers Harold et la blonde sortit. Le jeune homme lui, resta le visage interdit sur son lit, les jambes en tailleur.

Il se mura ainsi dans le silence durant de longues minutes avant de laisser un sourire étirer ses lèvres.

Plus d'attaque hein ?

Les yeux d'Harold se rivèrent sur le mince filet de lumière qui traversait deux planches mal soudées sur la porte. Il était encore tôt. Très tôt s'il en croyait la fraicheur mordante qui traversait le plafond. Mais qu'importe, il fallait qu'il sorte.

Après des semaines d'enfermement, il devait sortir. Sinon, il allait tourner chèvre. Vraiment cette fois.

Doucement, il balança ses jambes sur le même côté du lit. Il se leva tranquillement, attentif à la moindre réclamation de ses muscles endoloris. Ses genoux et ses chevilles craquèrent alors qu'il les malmenait et certain de ces muscles se rappelèrent à lui d'une manière plutôt brutale.

Ces bras subirent la même attention, plus précautionneusement cette fois. Il fit attention à ne pas solliciter son torse, une zone considérée pour le moment dangereuse pour son poker face.

Lentement – le plus lentement possible – il bougea ses épaules pour appréhender l'élasticité de la plaie qui s'étalait sur sa poitrine. Une grimace plus tard, il avisa les bandages qui le recouvraient et entreprit de les ôter une à une.

Exercice difficile pour le peu de souplesse qu'il possédait encore et pour la zone d'attache qu'Astrid avait stratégiquement choisie comme la moins facile d'accès pour lui.

Traitresse.

Mais son entêtement eu raison des bandes blanches qui tombèrent à ses pieds alors qu'il observait sa blessure.

Pour ce qu'il en voyait, elle était entièrement refermée. Et la peau rosée tirait vers le blanc sur une bonne partie, signe que la cicatrice était presque entièrement formée. Mais ce n'était pas tant la plaie qui inquiétait le garçon, mais plutôt ses côtes.

Il leva doucement les bras avant d'enchainer une série de mouvements pour mettre à l'épreuve sa cage thoracique. Après quelques exercices, le verdict tomba : pas totalement remises mais s'il ne faisait pas trop d'effort, il ne devrait pas avoir trop de problèmes.

De toute façon, il fallait qu'il sorte d'ici.

Attrapant à la volée le gilet qu'Astrid avait laissé pour lui, délaissant le haut qui frotterait sur sa plaie par la même occasion, Harold ouvrit la porte qui menait à la liberté.

« Salut. »

Le jeune homme baissa les yeux sur le propriétaire du salut froid et méprisant qui l'avait accueilli. Rustik Jorgenson, assis sur le pas de la porte, sa massue à la main. Harold resta un certain temps le visage indifférent avant qu'un sourire narquois prenne place sur ses lèvres.

« Eh bien… Je doute qu'Astrid t'ait appelé donc je suppose que tu t'es attribué le rôle de nounou de la matinée tout seul ?

- On peut rien te cacher, siffla le brun.

- Et je suppose aussi que tu ne me laisseras pas sortir tout seul ?

- T'es bon à ce jeu le génie.

- Tu as peur de moi Rustik ?

- Je n'ai peur de rien, surtout pas d'un Banni blessé.

- … C'est bien ce qu'il me semblait. »

Sans un autre mot, Harold referma la porte et se laissa replonger dans le noir de sa chambre.

Ainsi donc, le fils Jorgensen ne l'aimait pas. Pas que l'humeur du néandertale ne l'affecte outre mesure mais l'auburn aurait bien aimé savoir combien ils étaient dans son cas. Juste histoire de savoir s'il devait voler la cuillère qu'il utilisait pour manger en dernier recours.

Donc il ne pouvait pas sortir par la porte. Qu'à cela ne tienne, il tirerait un peu sur sa blessure.

Silencieusement, Harold grimpa les marches qui menaient à l'étage. Là, il avisa la large ouverture qui servait de fenêtre actuellement surmonter d'une toute aussi large planche de bois qui permettait d'occulter la lumière du jour et de permettre au patient – à savoir lui – de se reposer en toute quiétude.

Sauf que s'il ne voyait pas le soleil dans les trois prochaines minutes, c'est Rustik qui allait passer par la fenêtre.

Doucement, il ôta la planche qui recouvrait l'ouverture en évitant le plus possible le moindre bruit qui aurait alerté le chien de garde au pas de la porte. La planche au sol, Harold s'accorda quelques minutes à contempler l'horizon qu'il embrassait d'un sourire.

Enfin. Un ciel. Du soleil. Le froid mordant d'une matinée trop peu avancée. Même de la neige.

Royal.

Chez lui.

Son sourire disparut bien vite.

Non. Il n'était pas chez lui. Il n'était plus chez lui. Beurk avait fini d'être son village il y a de ça cinq ans et rien n'y changerait quoi que ce soit.

L'abruti numéro deux en bas n'était pas son cousin.

Il avait été banni. Il n'avait pas le droit d'être ici. Pas le droit.

Mais il y avait Astrid.

Astrid qui l'avait trouvé. Qui avait su voir à travers son masque et son attitude. Qui savait le vrai du faux à travers lui.

Mais elle ne savait pas tout.

Et Harold ne savais pas comment elle réagirait si elle l'apprenait.

Il secoua la tête. Il n'avait pas envie d'y penser. Pas maintenant.

Le Banni revint sur le cadre en bois qui allait lui permettre de faire le mur. Il sortit une tête pour apercevoir les pieds de sa nounou autoproclamée du jour qui devait sans doute s'être allongée pour l'empêcher de sortir. Harold sourit.

Avec agilité, il sauta sur le cadre et se retourna pour voir le toit. Il ne devrait pas trop avoir de mal à l'atteindre malgré sa condition.

Il parvient à grimper avec le moins de bruit possible jusqu'au haut du toit à quatre pattes, dans le plus grand silence. Enfin sur le plus haut point de la demeure, il put s'arrêter et lever le nez vers le village. A cheval sur le toit, il laissa son regard parcourir toute l'étendu du village.

Comme il s'y attendait, rien n'était plus pareil. Les continuelles attaques de dragons détruisaient toutes les habitations et les Vikings de Beurk, plus bornés qu'eux, continuaient à construire sur ces terres. Encore et toujours. Et pourtant, certaines choses avaient toujours leur place.

Le port était toujours fidèle à son poste, quelques bateaux amarrés. Les enclos étaient à la même place, les piquets détruits au fur et à mesure à peine déplacés. Plus haut dans la montagne il savait que la demeure – la vraie – de Gothi se trouvait perchée sur un rocher. Il ne voyait d'ailleurs pas comment elle faisait le trajet tous les jours pour le soigner, ou pour soigner tout autre malade ou blessé. C'était déjà un mystère auparavant, Harold se doutait que ça allait en rester un.

Et puis dans son dos, il y avait cette maison. Cette maison où un certain petit garçon avait grandit avant de se faire jeter comme un mal propre. Cette maison qui avait accueilli ses larmes silencieuses lorsque son père lui avait dit droit dans les yeux qu'il partait. Que le petit garçon partait.

Il n'avait pas envie de se retourner pour la contempler.

Au lieu de ça, il tourna la tête vers la gauche, à la recherche d'une petite bicoque reconnaissable. Harold passa son regard sur toutes les bâtisses reconnaissables des familles par leurs emblèmes, les ornements avant de s'arrêter sur l'une d'entre elle.

Très différente, pas d'étage comme les autres, moins architecturale, rustique même. Mais malgré tout aussi chaleureuse que dans son souvenir.

La forge.

Silencieusement, Harold le Banni se laissa glisser le long du toit pour atterrir sur ses pieds, loin de l'attention mordante de Rustik sur la porte et marcha d'un pas calme vers son ancien sanctuaire.


En espérant que cela vous ait plu.

Je réponds toujours aux reviews par ailleurs ;)

Bye !

Geek-naval

Edit du 20/08/2014 : chapitre corrigé sous la beta de mon cher Naemos, merci à lui.