Mon Gros, Chapitre 3 - Salut Antoine, et merci pour la chanson !

Disclaimer : Salut les Geek appartient à Mathieu Sommet, Minute Papillon à Kriss et What the Cut?! à Antoine Daniel. Cette fanfiction yaoi n'est qu'un divertissement, et je respecte totalement les Youtubers concernés ainsi que leur vie privée. En aucun cas je ne cherche à les insulter, eux ou leurs proches. Si cette fanfiction gêne qui que ce soit, faites-m'en part et elle sera supprimée immédiatement.

Résumé de l'épisode précédent : Alors qu'il cherche quelque chose à faire de sa vie depuis l'arrêt de la Science Infuse, le Prof revoit Prof de Philo, qui lui propose de faire une chaîne YouTube ensemble… Troublé par sa demande, le Prof ne sait que lui répondre ! Par ailleurs, c'est quoi le problème du Hippie de Minute Papillon, à toujours coller celui de SLG ?!

Note : Un peu plus de yaoi dans ce chapitre ! J'espère qu'il vous plaira :)


Encore et toujours, le Prof passait le temps dans son labo avec ses expériences. D'ailleurs en parlant d'expérience, il venait tout juste de terminer celle sur laquelle il travaillait la veille, où il avait été interrompu par la plus jeune personnalité de Kriss. Il agita le sabre laser (car oui, c'était bien l'arme fétiche des Jedi qu'il avait construit) quelques instants, avant de s'en lasser. Il regarda le plafond de son labo d'un air maussade. Mais un tsunami d'interrogations le submergea, pouvant se résumer à : accepter, ou ne pas accepter de laisser tomber Mathieu pour travailler avec Prof de Philo ? Telle était la question.

Le savant secoua la tête à droite puis à gauche. Trop de questions pour trop peu de réponses. Il devait s'occuper afin de penser à autre chose. Il savait pertinemment qu'à un moment donné, il serait obligé d'y réfléchir sérieusement, mais pour l'instant, tout était encore beaucoup trop frais. Il y réfléchirait lorsqu'il aura mis ses émotions de côté, quand il pourra adopter un point de vue objectif à sa situation. En attendant, il devait inventer quelque chose pour s'occuper l'esprit. Pourquoi pas un droïde lama qui cracherait des lasers ? Ou une Pokéball pour capturer Wifi ? A moins qu'il n'essaye de coller une tartine de confiture sur le dos du petit chat, rien que pour voir le résultat ? Il soupira en réalisant la vanité de ses hypothétiques créations. Il n'était pas assez fou pour embêter ce pauvre chat, malgré les crottes semées dans la douche qui embêtaient tout le monde…

Une idée lui vint alors : pourquoi ne pas aller au salon, et voir les autres ? Enfin… Après réflexion, cette idée était plutôt absurde étant donné qu'il n'était plus réellement accepté parmi les Sommet… Entre le Panda qui ne lui cherchait que des noises, la Fille en pleine crise existentielle, le Patron qui n'aimait personne, sans parler de Mathieu qui semblait prendre un malin plaisir à le tourmenter… Quant au Geek, son immaturité et sa bêtise l'empêchait d'avoir une quelconque discussion construite avec lui. Bon, niveau conversation, c'était relativement la même chose avec le Hippie… Non, ce n'était pas pareil avec le Hippie ! Contrairement à tous les autres, c'était avec lui qu'il se sentait le plus à l'aise. C'était le seul qui lui remontait le moral, peut-être même le seul qui tenait à lui ?… Oui, mais il semblait tenir plus encore au deuxième camé, celui issu de Kriss… Une seconde fois, le Prof secoua la tête. Il fallait qu'il arrête avec le Hippie de Kriss ! Il ne lui avait jamais été désagréable, alors pourquoi devenait-il si jaloux de lui du jour au lendemain ?!

Jaloux. Ce mot résonna en lui. C'était donc ça, de la vulgaire jalousie qu'il éprouvait envers la personnalité de Minute Papillon ? Quel idiot il faisait ! Un scientifique comme lui ne pouvait pas avoir de sentiments aussi puérils envers quelqu'un ! C'était aussi ridicule que de penser qu'il était… !

Les joues du Prof rosirent. Il avait failli penser à quelque chose de très gênant. Et surtout de tout à fait improbable. Sa relation avec le Hippie, celui de SLG, n'était que pure amitié. Une belle amitié virile. N'est-ce pas ?…

Les secondes s'écoulèrent silencieusement. Jusqu'à ce que le Prof se lève et court précipitamment en direction du salon.

.

Bad trip.

C'était ni plus ni moins l'état dans lequel se trouvait le Hippie actuellement.

Allongé dans son canapé (entendons-nous : la partie supérieure de son corps affalé sur les coussins et les jambes étendues au sol), le Hippie marmonnait des mots incompréhensibles. Ses lunettes posées de travers sur son nez laissaient apercevoir ses yeux vitreux et injectés de sang : il était bien plus défoncé que d'ordinaire. Sur la table basse près de lui se trouvait non seulement un cendrier rempli de mégots de joints, mais aussi de très nombreux cadavres de bouteilles de bières. A côté du sofa, son chien Capsule de Bière était assis, la queue battant doucement, semblant veiller affectueusement sur son maître pendant ses déboires. En voyant le Prof arriver, le loyal canidé redressa les oreilles et émit un bref jappement, a priori content de voir un nouveau copain.

Voyant cela, le Prof sentit une vive émotion grandir en lui, qu'il identifia aussitôt comme de la colère. Il descendait dans ce bas monde uniquement pour lui, et voilà l'état dans lequel il le retrouvait ?!

- Puis-je savoir ce qu'il t'arrive ? demanda le savant, d'un air plus que pincé.

Après avoir fait quelques mouvements désordonnés avec ses bras, son voisin lui répondit d'une voix pâteuse :

- Tout va bien gros… Tout va bien…

Alors que le Prof émettait un claquement de langue agacé, Capsule se mit à lécher la joue de son maître, comme si lui-même percevait le mensonge dans ses paroles.

- Veille à ne pas trop me raconter de sottises, veux-tu ? J'ai assez de perspicacité pour constater que tu présentes un mal-être inhabituel. Ce qui n'excuse en aucun cas l'état déplorable dans lequel tu t'es mis, je tiens à le signaler.

Les poings sur les hanches, le Prof était campé devant le Hippie, bien décidé à le sortir de cette douloureuse torpeur. Lui qui pourtant ne se préoccupait que très peu des autres, il se sentait mû d'une étrange envie d'aider son confrère, et de le voir sourire à nouveau. N'était-ce pas pour contempler son expression radieuse qu'il était venu auprès de lui ?

Malgré l'état dans lequel se trouvait le camé en cet instant, il dut percevoir toute la détermination du Prof, car après un long soupir, il se décida à parler.

- C'est Antoine gros…

Le Prof leva un sourcil interrogateur.

- Antoine ? Antoine Daniel ?

- Ouaip, gros.

Le Prof ne put s'empêcher d'afficher un air surpris : qu'est-ce que le présentateur de What The Cut?! avait à voir avec le Hippie ?

- Je croyais pourtant que tu adhérais à ses trips avec les quenouilles, les Saintes Patates, Saintes pelles et j'en passe et des meilleures ?

- Clair gros, mais là, il est allé trop loin.

Ce n'était pas étonnant de la part de ce chevelu cinglé, pensa le Prof. Certes, il avait un réel talent pour le reviewing video, mais certaines avaient le don de retourner l'estomac de tous les spectateurs, même de ceux qui fréquentaient assidûment le deep web : en particulier lorsqu'il s'agissait de psychopathes fétichistes de coussins, de fous furieux armés de leur cahier ou de pédophiles laissant libre cours à leur pulsions malsaines sur la toile. Quelles limites avait franchi le boss final de l'Internet cette fois-ci ?

Le cours de ses pensées fut interrompu par la voix de son homologue :

- Il a fait… un truc terrible.

- C'est-à-dire ?

- Il s'est… il s'est moqué des bronies, gros !…

Après un moment d'incompréhension, le Prof préféra procéder par ordre : tout d'abord, première nouvelle, le Hippie était un brony. Autrement dit, qu'il suivait avec passion la série animée soi-disant pour petites filles qu'était My Little Pony: Friendship is Magic. Quant au rapport avec Antoine Daniel… Soudain, le dernier épisode du Youtuber aux cheveux diaboliques revint en mémoire au savant : les vidéos des pratiques du pony play compilées avec le générique de la fameuse série My Little Pony, créant un décalage des plus choquants pour le spectateur, plus encore lorsque celui-ci affectionnait cette série.

- Serais-tu en train de dire que tu t'es mis dans cet état uniquement pour ça ?

Pour la première fois depuis leur échange, le Hippie tourna la tête vers le savant. Le mauvais positionnement de ses lunettes mauves lui permit de voir la peine, puis la froide indifférence se teinter peu à peu dans ses iris azur.

- J'crois qu'tu peux pas m'comprendre, gros.

Les paroles du Hippie touchèrent le Prof en plein cœur : il n'était pas venu pour ça, pour le sermonner, ni le juger. Sa colère disparut aussitôt, et c'est beaucoup plus serein qu'il déclara :

- Je ne demande pourtant que cela.

Le Prof s'accroupit devant le canapé, se positionnant à peu près à la même hauteur que le Hippie. Capsule voulut lui faire des léchouilles, mais le savant le repoussa gentiment.

- Explique-moi, reprit le Prof, ses prunelles plongées dans celles de son vis-à-vis. Permets-moi de te comprendre. S'il te plaît.

S'il fut étonné, le Hippie ne le montra pas.

- J'croyais que t'avais la Science Infuse, gros…

- Cela me fait mal de le reconnaître, mais je pense qu'en réalité je ne l'ai jamais eue... Comment peut-on connaître tout sur tout ?

Le Hippie ne s'expliqua pas de suite, semblant chercher ses mots dans son esprit brumeux.

- Boarf, soupira le Hippie. Qu'est-ce que tu veux que je te dise, gros ?… Mettre ensemble du MLP: FiM et du pony play, c'est d'jà moche, mais surtout c'qui m'fait partir en bad trip, c'est qu'on s'moque encore des bronies, alors qu'on est cool gros ! On demande rien à personne, à part vivre notre passion pour les petits poneys tranquillement !…

Ce n'était pas de la colère que le Prof pouvait entendre dans la voix du Hippie. Juste de la tristesse.

- Personne ne nous comprend, gros, à tel point qu'on était traité de cancer sur 4chan, avant que /mlp/ ne soit créé… Tout ce qu'on veut c'est répandre l'amitié, la joie et la paix… Sérieux gros, Antoine il m'a déçu…

Pendant que le Hippie attrapait une bière parmi celles se dressant, encore non bues, au pied du canapé, le Prof réfléchit. Du coin de l'œil, il aperçut son vis-à-vis tendre sa bouteille au gentil canidé à ses côtés, qui se dépêcha de la lui décapsuler avec ses dents - décidément, ce chien portait bien son nom. Le Hippie se mit à boire quelques gorgées, et Capsule lécha avec avidité les gouttes tombées à terre.

- Donc selon toi, Antoine Daniel a voulu sciemment faire de la peine à tous les bronies ?

- … J'sais pas gros… J'pense pas qu'il ait vraiment voulu rendre les gens tristes… C'est pas son genre à Antoine… En plus on n'est pas une petite communauté, nous les bronies…

- Il est vrai que les fans de cette série sont nombreux.

- Ouais, gros… Pourtant Antoine il est intelligent comme gars… Pourquoi il a voulu mettre tous les bronies en colère ? C'est du suicide, gros !…

Le Prof ne put réprimer un sourire : le Hippie commençait à nuancer son point de vue !

- Peut-être parce que ce n'était pas son intention ?

- Bah… Ouais mais alors, pourquoi il a passé cette musique sur ces vidéos ? 'Fin… C'est vrai que…

- Hum ?…

- Bah, heu… Comment dire gros… A partir du moment où il a passé des vidéos de pony play… Ça semblait un peu évident qu'il se mette à parler des petits poneys…

- Effectivement, aujourd'hui, dès qu'on mentionne le mot "poney", on ne peut s'empêcher de faire le rapprochement avec My Little Pony: Friendship is Magic. Et ça, c'est grâce au succès de la série…

Un silence assez long interrompit la réflexion du Hippie. Ce dernier replaça correctement ses lunettes sur son nez, les yeux de nouveau rivés au plafond. Sa main alla se poser sur le crâne du Prof, faisant sursauter celui-ci : il ne s'attendait pas à ce contact ! Gêné, il sentit les doigts du camé s'entremêler dans ses cheveux… Pourquoi le touchait-il ainsi ? Comment devait-il comprendre ce geste ?

- Hey, t'as le poil vachement doux, Capsule !

- … Je ne suis pas Capsule.

- Oh ! Sorry, gros !

A son nom, le chien poussa un bref aboiement, et la main de son maître vint lui caresser la tête, quittant celle du savant.

- En fait, p'tet bien qu'Antoine a pas voulu se moquer des bronies… P'tet qu'il a fait ça… juste parce que la situation s'y prêtait…

- C'est aussi ce que j'aurais tendance à penser.

Alors que sa bière était à peine entamée, il la reposa au pied du canapé. Il se redressa laborieusement, adoptant alors la position assise. Il fixa un moment le visage du Prof, toujours accroupi devant lui, avant de lui tendre la main. Son vis-à-vis la lui prit, se laissant guider : il comprit que le Hippie voulait qu'il s'asseye à ses côtés.

- Comment t'as fait ça, gros ?

- Pardon ?

- Comment t'as fait, pour me faire changer d'avis comme ça ?

Se sentant flatté, les joues du Prof rosirent. Néanmoins c'est sur un ton un peu hautain qu'il répondit :

- Vois-tu c'est très simple, je n'ai fait qu'appliquer les enseignements de Socrate, en utilisant la maïeutique !

- … Gné ?

- L'art de faire accoucher les esprits, si tu préfères.

- Hein ?! J'ai la tête enceinte gros ?!

- Heu…

- Je vais accoucher par la tête, comme Zeus pour Athéna ?!

- Attends…

- Mais c'est qui le père ?!

- STOP ! Veux-tu bien t'arrêter un moment et me laisser t'expliquer ?

- M'expliquer quoi, gros ? Que c'est toi qui m'as fait un enfant dans la tête ?

De gêne, le Prof donna un léger coup de poing dans l'épaule du Hippie.

- Mais arrête un peu ! s'exclama-t-il en rougissant. Ce n'est qu'une métaphore. Je voulais dire par là que je t'ai fait réfléchir par toi-même.

- Ah ouais… Mais à propos de quoi déjà, gros ?

Le regard ahuri du Hippie rencontra celui désabusé du Prof. Il s'écoula de longues secondes avant que l'écologiste ne se souvienne de leur très récente conversation.

- Ah oui ! Antoine ! Les poneys ! Les bronies ! Ouais gros, j'me souviens…

Le Prof soupira de lassitude, mais il ne put s'empêcher de rendre le sourire que le Hippie lui offrait.

- Merci, gros.

- De rien, remercie plutôt Socrate. S'il avait été là, Prof de Philo aurait été fier de moi ! Enfin…

L'exercice de maïeutique lui avait fait penser à son ami philosophe, et le dilemme auquel il faisait face lui revint brutalement en mémoire. Se prenant la tête entre les mains, il se maudit d'y avoir de nouveau pensé alors qu'il avait finalement réussi à l'oublier un court instant…

- Eh gros… Tu vas vraiment t'en aller ?

On pouvait entendre la peine transparaître dans sa voix.

- Je ne sais pas. Je suis dans l'incertitude la plus totale…

Ils restèrent silencieux un moment - impossible pour eux d'en déterminer la durée, tous deux étant trop absorbés dans leurs pensées pour songer au temps qui s'écoulait.

Ce fut un aboiement de Capsule puis un chant venant du couloir qui tira les deux hommes de leur torpeur. Et qui disait chant, disait…

- Oh non, pas lui… marmonna le Prof.

- Because I'm happyyyyyyyyy !…

- Gros, j'entends encore quelqu'un dans ma tête ! paniqua le Hippie. C'est Athéna qui veut sortir ! Faut appeler Seiya !

- Hum ? Vous parlez de moi ?

Maître Panda, smartphone en main, arriva derrière le canapé où étaient installés le scientifique et le camé. Il passait probablement par là pour aller dans la cuisine. Depuis l'oreillette qu'il avait retirée, le Prof entendait distinctement la musique qui s'en échappait, le faisant grimacer.

- Est-ce une nouvelle forme d'automutilation ? demanda-t-il dédaigneusement.

- De quoi tu parles, le chômeur ? lui répondit l'espèce en voie d'extinction sur le même ton.

- Je te parle de tes écouteurs, animal ignare. Le volume qu'ils émettent est tellement fort que je ne peux qu'apparenter cela à une pratique masochiste…

Au plus grand étonnement du savant, l'expression haineuse de Maître Panda laissa place à un sourire radieux.

- Oh, tu parles de la musique ? J'avoue, j'abuse un peu sur le son, mais ce remix est juste génial !

Pour le prouver, il retira aussitôt les écouteurs de son téléphone, laissant les haut-parleurs chanter librement dans toute la pièce. Le Prof fronça les sourcils : il connaissait cette musique ! Mais impossible de se souvenir où il l'avait entendue ! Et apparemment, il n'était pas le seul dans ce cas.

- Je connais gros ! Je connais, mais je sais plus c'que c'est !

- C'est le remix d'Electro Posé de Happy ! La chanson originale de Pharrell Williams est déjà superbe, mais là ça déchire tout ! Antoine Daniel l'a utilisé pour la fin de son épisode 34 !

La mémoire revint au Prof. Décidément, on parlait beaucoup de WTC?! et de son présentateur aujourd'hui !…

- Ouais gros ! C'est plein d'ondes positives ! Ça me donne envie de danser !

Joignant le geste à la parole, le Hippie se leva, tangua un peu (n'oublions pas ses récents excès de substances plus ou moins licites), puis se mit à gigoter des bras, vaguement en rythme avec la chanson - pouvait-on qualifier cela de danse, ça c'était une autre histoire. Comme en symbiose avec l'humeur de son maître, Capsule sautilla autour du Hippie, aboyant joyeusement. Il trotta dans la pièce, avant d'aller se frotter contre le kigurumi du Panda (allez savoir si c'était la forte odeur du pyjama qui l'attirait…). Attendri, le Maître le grattouilla affectueusement entre les deux oreilles, et se laissa aller lui aussi à quelques pas de danse, autrement plus gracieux que ce que pouvait faire le Hippie.

Quant au Prof, il se demandait si l'heure n'était pas venue pour lui de quitter les lieux : la danse était loin d'être sa spécialité. Le Panda ne faisait plus attention à lui pour le moment, autant en profiter pour disparaître avant qu'une énième querelle entre eux ne débute…

Alors qu'il s'apprêtait à se lever pour partir en catimini, une main tendue vers lui l'en empêcha.

- Tu danses, gros ?

Le savant regarda la main en face de lui, puis le visage du Hippie.

- Ton invitation me touche, mais… Comment dire… Disons que je ne suis pas très à l'aise avec ce genre de « danse » moderne.

Et surtout, mais ça il ne l'aurait jamais dit avec Maître Panda dans les parages, c'est qu'il ne voulait pas que la peluche vivante se moque de son incompétence dans ce domaine. Mais ça, c'était sans compter sur la ténacité du Hippie !

- Allez, viens gros !

- Mais non ! Il n'en est pas question !

Les deux mains du camé attrapèrent celles du Prof, et il tira de toutes ses forces pour l'arracher du canapé. Inutile de vous préciser qu'en général, un Hippie, ça n'avait pas beaucoup de force.

- Alleeeeeez, groooos !

Attendri de voir son vis-à-vis déployer tant d'efforts pour une absence totale de résultats, le Prof hésita. Le Hippie lui-même se rendait compte de la stérilité de ses actions, mais il gardait un sourire béat aux lèvres. C'est peut-être cet éternel sourire qui décida le Prof : il jeta un regard vers le Panda, qui était occupé à danser et jouer avec Capsule de Bière (qui bougeait étonnamment en rythme pour un canidé) et finalement se leva, ses mains toujours dans celles de l'homme auquel il faisait face. Ce dernier lui offrit un sourire des plus chaleureux : il semblait aux anges.

Toujours sur le son de Happy, le Hippie se mit à gesticuler, le Prof essayant en vain de le suivre. Non, décidément, il n'était pas fait pour ce genre de danse. Même la dernière à la mode (non, pas le twerk, bande de perverses) qu'était le harlem shake ne lui était d'aucune aide.

- Gros, t'es tendu !

- Je suis surtout ridicule… Je ne sais pas danser sur ce genre de choses…

- Qu'est-ce que tu sais danser, gros ?

- Hum… La valse viennoise, par exemple ?

Le Hippie eut un petit rire.

- Tu te moques de moi ? demanda le scientifique, bien qu'il sache pertinemment que l'écologiste n'était pas méchant.

Il le savait, parce que le Hippie avait toujours été le seul à n'avoir jamais fait preuve de méchanceté avec lui.

- Nan gros… C'est juste que danser la valse sur ce son, ça serait bizarre, gros !

- Serait-ce un défi ?

Sans attendre la réponse du Hippie, le savant saisit sa taille de la main droite et entremêla les doigts de sa main gauche à ceux de son partenaire.

Et là, sous les yeux ébahis de Maître Panda, les pas d'expert du Prof se déplacèrent avec grâce et légèreté au rythme de la musique électro. Mais le plus étonnant était sa façon de guider le Hippie, par de douces pressions sur sa taille : bien que totalement néophyte au monde de la valse, et surtout malgré qu'il soit complètement stone, le camé suivait les mouvements et dansait correctement ! Bon, d'accord, il avait plusieurs fois écrasé les pieds du Prof, mais il se laissait guider par son partenaire de danse, virevoltant avec lui. La longue blouse blanche volait dans le dos du savant, le chapeau du Hippie avait manqué à plusieurs reprises de s'envoler tant ils tournaient vite, vite, vite…

Mais la musique s'arrêta. Et la valse des deux hommes avec elle.

Tous deux restèrent ainsi, sans bouger, en face l'un de l'autre. La main du Prof ne voulait pas quitter la taille du Hippie, et pour rien au monde il n'aurait relâché les doigts entremêlés aux siens. Ils étaient si près l'un de l'autre, qu'il pouvait voir au travers des lunettes mauves les yeux brillants de l'écologiste.

- Gros… souffla ce dernier.

La main du Hippie, jusqu'ici posée sur l'épaule du Prof, remonta, légèrement tremblante, le long de la clavicule, puis de la nuque, avant de se poser avec douceur sur la joue du scientifique.

A ce moment-là, le Prof sut ce qui allait se passer. Il le sut, mais ne fit rien pour y échapper. Tout simplement parce qu'à ce moment précis, l'esprit encore grisé par les tours de danse, cela lui semblait être le déroulement logique des choses.

La bouche du Hippie s'approcha doucement de celle du savant, avant de s'y poser avec délicatesse. Perdu dans un tourbillon d'émotions, le Prof goûta un long moment à cette douce sensation, de ces lèvres contre les siennes. Le corps du Hippie se rapprocha de celui du scientifique, la prise de ce dernier sur sa taille se raffermissant… Les lèvres commencèrent à se mouvoir, le baiser chaste s'enflammant peu à peu. La lèvre inférieure du camé se fit aspirer par la bouche du Prof, qui constata la légère sécheresse desdites lèvres ; leur tendre rugosité ne fit qu'accroître les longs frissons qui parcouraient son épine dorsale. Le Hippie poussa un chaud soupir contre sa bouche, signe que le plaisir était réciproque, puis il laissa sa langue caresser doucement les lèvres de son vis-à-vis. L'invitation fut acceptée aussitôt, et ce fut au tour des deux langues d'entamer un ballet, se laissant aller à une danse lascive l'une contre l'autre, chacune plus avide de délicieuses sensations.

Le baiser s'intensifiait de secondes en secondes, les souffles s'accéléraient, les mains commençaient à explorer le corps brûlant de leur voisin…

- Eh les gamins, fallait m'attendre pour tourner un porno gay !

Le rire gras du Patron fit sursauter les deux hommes. Totalement coupés du monde pendant quelques instants, ils ne l'avaient pas entendu arriver !

C'est alors que le Prof réalisa la situation dans laquelle il se trouvait : son corps trop près de celui du Hippie, ses lèvres trop humides…

Ils venaient d'échanger un baiser.

- Par… pardon ! s'exclama-t-il en s'éloignant du Hippie.

Et le prof s'enfuit, mort de honte, sa blouse claquant dans l'air alors qu'il courait pour se cacher dans son laboratoire.

Le silence planant dans le salon fut à nouveau coupé par la voix rauque du Patron.

- J'crois bien que j'ai interrompu quelque chose, là…

Bien qu'il ait tout à fait conscience d'avoir dérangé les protagonistes, il ne présentait pas la moindre trace de culpabilité. Au contraire, la situation semblait bien l'amuser.

- Dafuk I just see ?… fut tout ce que trouva à dire Maître Panda.

Il regarda le Hippie, resté debout sans bouger, puis en direction du labo, puis à nouveau le Hippie. Il ouvrit la bouche, sembla vouloir dire quelque chose, se ravisa, puis finalement déclara :

- Il me faut un thé au bambou. Trop de trucs chelou aujourd'hui...

- Alors gamin, t'es troublé pour si peu ? Je peux te montrer plein d'autres choses bien plus « chelou »…

- Dégage, pervers.

Les deux personnalités poursuivirent leur conversation sur le chemin de la cuisine.

Capsule revint auprès de son maître, se frottant contre ses jambes. N'obtenant pas de réaction de la part du Hippie, le chien pencha la tête sur le côté et couina doucement. Son maître s'anima enfin, tel un robot : il alla d'abord s'asseoir sur le canapé, puis, dans un geste mécanique, il s'alluma un joint.

Capsule s'assit contre lui, posant sa tête sur ses jambes. Il laissa échapper quelques gémissements, comme en écho au cœur meurtri du Hippie.


Saurez-vous trouver la référence du titre de ce chapitre ? ;)

Réponse à la question du chapitre précédent : la musique sur laquelle dansaient toutes les personnalités de Mathieu et Kriss était bien sur la Danse des Internets de Shindehai ! L'un des chefs d'œuvre du youtubeur le plus chevelu ! (Antoine Daniel c'est de la gnognotte à côté !)

Merci d'avance pour les reviews ;) N'hésitez pas à me donner votre avis, ça me permet de progresser, et c'est susceptible de faire arriver la suite plus vite ! ;D

Encore et toujours, merci à Orixiah pour la correction ! Gros bisous à toi ;)

A bientôt pour le prochain chapitre… Qui sera le dernier !