Un AU rafraîchissant pour l'été !

Voilà donc ma nouvelle fic à chapitres. Evidemment, je ne sais pas combien de chapitres elle va durer, ni combien de temps elle va m'occuper (là je pronostique 1,5 mois, donc ça sera forcément 3 fois plus ;D). Evidemment, c'est du M. Donc :

Warning n°1 : noté M car slash et contient des scènes explicites entre messieurs. Interdit aux -16 ans voire 18 et aux homophobes. Vous n'aimez pas, vous ne lisez pas.

Warning n°2 : comme vous le voyez, je m'essaie aux AU. Donc les personnages seront OOC. Du moins un peu : Sherlock et John n'ont pas grandi à la même époque, ils n'ont pas reçu la même éducation et ils n'ont pas été en contact avec le même environnement et les mêmes idées. Donc forcément, ils réagiront un peu différemment. J'ai essayé d'imaginer ce que ça pouvait donner, un Sherlock Holmes pirate qui doit commander une trentaine d'hommes au lieu de les rabaisser continuellement. J'essaie d'ailleurs pas mal de travailler sur son personnage, je me plais à l'imaginer un peu plus farfelu et dévergondé, mais j'avoue que ce n'est pas facile. Bref, à vous de me dire !

Warning n°3 : les personnages ne m'appartiennent pas, ils sont la propriété exclusive d'Arthur Conan Doyle d'une part et de Mark Gatiss et Steven Moffat d'autre part.

Voilà, j'espère que ça va vous plaire. Si c'est le cas, je serais heureuse de recevoir une petite review de votre part ! J'aimerais beaucoup en fait, je ne sais pas si ça marche vraiment les AU. De même si des choses vous paraissent incohérentes, vos impressions, etc.

Bonne lecture ! =)

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Le Bandana et le Fleuret : Chapitre 1

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Le tumulte insupportable sur le pont.

Le chaos général que, par acquis de conscience, il ne reconnaîtrait pas.

La fumée de poudre qui montait et lui piquait les yeux.

La chair brûlée.

Et le sang. Tellement de sang.

Celui de ses hommes.

Le capitaine John Watson aurait dû se rendre à l'évidence quand il avait aperçu ce navire inconnu, puis qu'il avait distingué le Jolly Roger qui flottait tel un présage funeste au sommet du grand mât. Il aurait pu ordonner la fuite tant que le vaisseau ne faisait encore que la taille de son petit doigt au loin.

Mais voilà, l'occasion était trop belle pour la laisser s'envoler.

- Ils sont nombreux, Monsieur.

John Watson jeta un coup d'oeil à son second à sa droite. Lui qui avait la qualité de garder son sang froid en toute circonstance avait ostensiblement pâli malgré la chaleur écrasante des tropiques.

- Sérieusement, lieutenant ? fit le capitaine, ne cachant pas son agacement.

- Monsieur, loin de moi l'idée de remettre en question votre décision, mais peut-être aurions-nous dû...

- Et laisser s'échapper le pirate le plus recherché par la Marine Royale ? Alors que nous avons la chance de lui tomber dessus ? Vous divaguez, lieutenant.

Ce dernier reporta son attention sur la bataille qui faisait rage un peu plus bas, nullement convaincu. Le capitaine pouvait pratiquement lire le message « ce n'est pas pour rien qu'il est le pirate le plus recherché des sept mers » flotter en lettres scintillantes au-dessus de sa tête. Il estima de tels propos insultants et indignes d'un homme presque aussi irréprochable que son second.

- Je ne le fais pas par vénalité ou par quête des honneurs, crut-il bon de rappeler en couvrant l'officier d'un regard noir et insistant. Je le fais par devoir envers l'Angleterre. Envers le Roi. L'Angleterre a droit à la prospérité et à des routes maritimes sécurisées.

- Pardonnez-moi, Monsieur.

- Il est temps que les océans soient débarrassés de cette vermine. Que Sherlock Holmes soit mené au gibet.

Il sourit froidement, comme si le simple fait de prononcer le nom du bandit avait le pouvoir de signer son arrêt de mort.

- D'ailleurs, où est-il ? demanda-t-il. Nous ne l'avons même pas aperçu depuis le début de la bataille. » Un petit rire de mépris lui échappa. « Un capitaine qui ne mène pas ses hommes au combat, c'est vraiment le comble de la lâcheté. Typique d'un pirate. ».

- Je partage entièrement votre point de vue.

Sa voix resta en suspens.

- Mais ? interrogea Watson.

- On dit qu'il a l'art de se manifester au moment opportun, et que son apparition est toujours fatale à l'ennemi.

- C'est bien ce que je disais : de la lâcheté.

Il afficha un sourire suffisant, qui s'effaça lentement, lorsqu'il le vit.

Sherlock Holmes. La terreur des sept mers. En chair et en os.

Là, devant lui, sur le pont. Se frayant un passage parmi les combattants qui s'écartaient tout naturellement sur son chemin, comme si une sorte d'aura maléfique flottait autour de lui. C'était peut-être le cas, d'ailleurs. Son allure à elle seule semblait suffire à dissuader tout individu dissident de se mettre en travers de son chemin.

Grand, élancé, majestueux, son port de tête altier n'avait d'égal que l'élégance avec laquelle il se déplaçait. Ses pas étaient ceux des félins, à la fois sûrs et souples, certains de la proie à atteindre. Ses vêtements, bien que relativement soignés, étaient plus contrastés. Il portait un long manteau sombre rehaussé de coutures d'or le long de la boutonnière et des manches, d'où dépassaient les manchettes blanches de sa chemise. Cette dernière, presque négligée, était dénouée jusqu'au tiers de sa poitrine. Ses pantalons, assez larges, étaient maintenus par une épaisse ceinture de cuir et s'enfonçaient dans ses bottes aux bords retournés. Les boucles de ses cheveux constituaient un chaos sans nom à eux seules, nouées par endroits et de longueur variable, tombant parfois jusque sur ses épaules. Elles étaient coiffées d'un tricorne surmonté d'une longue plume qui oscillait au rythme de ses mouvements.

En un mot, l'alliance subtile de la majesté et de la négligence. Jusqu'à présent, John ne pensait pas ce phénomène possible.

Tout comme le fait qu'il se trouvât incapable de détacher les yeux de cet homme-là et de peut-être éprouver une certaine...

Il s'ébroua, se maudissant intérieurement de cette audace. De l'admiration pour un pirate, un égorgeur impitoyable d'honnêtes marins, et puis quoi encore ? Il estima que son égarement constituait une raison supplémentaire de considérer cet homme comme dangereux et par conséquent de l'éliminer.

Le pirate s'immobilisa finalement et sembla enfin le voir. Il s'appuya nonchalamment sur son sabre et se déhancha légèrement, indifférent à la confusion générale autour de lui. Tranquillement, il se mit à fixer le capitaine du navire, le défiant silencieusement de lui faire l'honneur de le rejoindre.

Comme hypnotisé par le regard fardé, Watson fit un pas vers l'escalier.

- N'y allez pas, Monsieur !

La main de son second s'était posée sur son épaule. Il la fixa d'un air froid puis leva les yeux vers l'officier.

- C'est une fine lame et un fourbe de surcroît ! se justifia ce dernier.

- Merci de votre considération, lieutenant, mais je me dois de le neutraliser.

Le capitaine descendit de la passerelle sans attendre de réponse.

Une fois sur le pont, il parvint à établir un lien entre un coup de feu et un bruit sourd dans son dos. Il se retourna. Son second venait de s'effondrer.

- Capitaine John Watson.

La voix grave et profonde couvrait sans effort le tumulte général de là où le pirate se tenait.

Le capitaine lui jeta un regard haineux.

- Ravi de faire votre connaissance, poursuivit le pirate.

Révérence irrévérencieuse. L'individu ne le lâchait pas des yeux.

John serra le poing et prit une profonde inspiration. Garder son calme, avant tout. Sortir de ses gonds allait le conduire à des actions folles et inconsidérées. En un mot, exactement ce que le pirate cherchait.

- Vous m'en voyez de même, Monsieur Sherlock Holmes, dit-il en s'avançant à grands pas vers lui et en dégainant.

Il s'arrêta à moins de deux mètres de lui et, se mettant en garde, attendit que son adversaire prenne l'initiative.

Mais ce dernier, prenant le temps de le détailler de la tête aux pieds, ne semblait guère pressé d'engager le combat. Il finit par relever le nez et son regard brilla. L'espace d'un instant seulement, puisque ses yeux se rétrécirent et il prit un air à la fois surpris et vexé.

- Je vous imaginais plus grand, lâcha-t-il en fronçant le nez.

- Pardon ? fit l'officier, pas sûr d'avoir bien saisi.

- Apparemment, votre taille est un sujet tabou. Dans le cas contraire, j'en aurais certainement eu vent par des mauvaises langues ou des personnes tout à fait droites. Mais voilà, vous êtes un officier bien trop respecté pour que l'on se permette de...

Là, c'en était trop. Piqué au vif, Watson s'était sans le vouloir précipité sur lui.

Le pirate para le coup sans difficulté et afficha un sourire supérieur, visiblement satisfait de la réaction de son adversaire. Ce qui redoubla l'agacement de ce dernier. Agacement contre ce pirate qui se prenait pour ce qu'il n'était pas, agacement contre lui-même, si prompt à céder à ses pulsions.

L'officier fit son possible pour se ressaisir et se concentrer non pas sur l'air condescendant de son adversaire mais sur ses coups.

- Pondichéry ou Négapatam ? dit soudain celui-ci.

Les yeux de Watson s'arrondirent. Qu'était-ce cette nouvelle ruse ?

- Je vous demande pardon ?

- Là où vous avez combattu, c'était à Pondichéry ou à Négapatam ? fit-il, apparemment agacé d'avoir à préciser.

Cette fois, John Watson resta prudent et ne baissa pas sa garde. Son premier réflexe fut de demander « comment... ? », mais il était hors de question qu'il se rabaisse une seconde fois. Il s'en tint au :

- Quel intérêt ?

- Simple curiosité. J'aime connaître mes adversaires, c'est tout. C'est un trait de caractère prédominant chez moi.

- Alors laissez-moi vous affirmer que ce n'est pas cette information qui vous permettra de me battre, trancha l'officier.

Il se concentra sur le jeu de son adversaire en ignorant son air faussement outré.

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John Watson put alors constater que les ont-dits ne mentaient point au sujet du capitaine. La manière avec laquelle Sherlock Holmes esquivait les assauts pourtant droits de l'officier, celle avec laquelle il attaquait et le faisait regretter d'avoir quelque peu négligé son entraînement ces derniers temps n'avaient rien d'équivoque. Alors les autres choses qu'on racontait sur lui étaient-elles vraies ? Egorgeait-il vraiment tous les survivants des navires vaincus ? Envoyait-il leur tête aux familles éplorées restées à terre ? Utilisait-il le reste de leurs dépouilles pour des pratiques obscures et douteuses dans la pénombre de sa cabine ?

Pour le bien de son équipage, Watson estima qu'il n'avait pas besoin de le savoir. D'ailleurs, il ne le saurait pas, c'était une certitude : il comptait bien ramener ses hommes en un seul morceau à terre. Et ce, quoi qu'il en coûte.

En attendant, il s'agissait de contrôler ce pirate prétentieux. Car prétentieux il était, à parer et à attaquer en faisant mine de ne pas fournir le moindre effort, tantôt observant simplement les mouvements de son adversaire, tantôt lui lançant des oeillades provocantes. Peut-être était-ce du bluff, peut-être était-ce destiné à déstabiliser le capitaine en lui donnant l'impression que ses efforts étaient totalement inutiles. Dans ce cas, le pirate cachait bien son jeu.

- Victoire reluisante, n'est-ce pas ? lança-t-il soudain d'un ton narquois. Aaah ces Frenchies, des durs à cuir l'air de rien. Et susceptibles, de surcroît.

- Comment avez-vous su ? maugréa finalement le capitaine blond, emporté la curiosité.

- Alors, me le direz-vous ? C'était Pondichéry ou Négapatam ?

Le pirate avait raison. Ces deux batailles avaient été un vrai fiasco pour l'Angleterre. Non pas qu'elles aient débouché sur une victoire écrasante de la France. Elles avaient juste été une perte inutile d'énergie et d'hommes. Un véritable non-sens. Quelque chose qui n'avait pas lieu d'exister dans le monde militaire.

Aussi Watson s'obstina-t-il dans son silence.

Holmes ne sembla pas s'en formaliser.

- Je dois admettre que votre escrime est plutôt satisfaisante. Ce n'est pas le cas chez tous les officiers de votre grade, voire plus haut placés... » La voix du pirate, cette fois, était doucereuse et enjôlante.

Flatteries. Mais le capitaine ne se laisserait pas embobiner.

- Vous vous attendiez à quoi ? fit Watson entre ses dents. Que je vienne vous menacer avec une épée en bois ?

- Pour être franc, je ne m'attendais pas à ce que cela m'en apprenne autant sur vous. Vous êtes transparent, capitaine John Watson, vous ne pouvez pas savoir à quel point c'en est affligeant, dit-il avec un rire méprisant.

- Ah oui ?

Distraction. Faire semblant d'accrocher, quand même.

- Vos coups, légèrement lents mais sûrs et francs, montrent une nature réfléchie, quoique un peu impulsive, que vous vous efforcez de dissimuler sous ces mouvements un peu superflus (il désigna de la tête le poignet légèrement tordu du capitaine – ça avait toujours été son défaut à l'escrime). En outre, vous n'essayez pas d'atteindre mes parties vitales, donc vous avez un minimum de scrupules, voire un sens aigu de la justice. Vous voulez me capturer et non me régler mon compte sur place, bien que cela soit ce que je mérite, vous ne trouvez pas ?

Watson fronça les sourcils, évitant de justesse un coup porté à son flanc. Quelle sorte de pirate était-ce donc là ? Un beau parleur ? Un bluffeur ? Un génie ?

En tout cas, il s'était laissé distraire.

- Vos mouvements me confirment également un détail plus pratique que j'avais noté quand vous avez dégainé, plus récent, et non des moindres.

Vif comme l'éclair, le pirate pivota et donna un puissant cou de coude dans l'épaule gauche du capitaine.

Ce dernier, pris au dépourvu, hurla de douleur et recula, plié en deux.

- Une blessure de guerre récente, reçue à Pondichéry ou à Négapatam, dit fièrement le pirate en se redressant. J'ai eu le hasard de mettre la main sur de nombreux brouillons de rapports et de correspondance trouvés sur des navires dont j'ai pris le contrôle. Deux d'entre eux mentionnaient deux lieutenants blessés à l'épaule gauche à deux endroits différents, Pondichéry ou Négapatam, sans indiquer leur nom. Le temps qui s'est écoulé jusqu'à maintenant est le délai nécessaire pour qu'un individu comme vous, issu de la noblesse de robe comme en témoigne ce restant d'expressions familières, accède au grade de capitaine. Un vrai parcours du combattant, n'est-ce pas ?

Le pirate s'approcha de Watson qui se tenait maladroitement l'épaule et soufflait comme un bœuf, à la fois de douleur et de colère.

- Cette blessure, c'est votre talon d'Achille, dit-il en se penchant vers lui et en révélant un sourire étonnamment complet pour un individu de sa condition. (Il eut un mouvement de tête évasif, comme pour atténuer ses propres propos.) Ça, et votre trop-plein de scrupules, évidemment.

Il prit un air désolé :

- J'ai bien peur que cela ne joue pas en votre faveur à l'avenir... et, je dirais, surtout pas aujourd'hui.

Le regard du pirate se fit lointain, comme s'il fixait un point derrière son adversaire. Soudain, il hocha la tête d'un coup brusque, avant de se détourner tranquillement et de lancer :

- Ce fut un plaisir, capitaine John Watson.

Et ce fut le trou noir.