CARPE DIEM

TOME I

« Vivre les malheurs d'avances, c'est les subir deux fois »

R. Barjavel

PREMIÈRE ANNÉE

...


INTRODUCTION

.

_oOo_

La boutique d'Ollivander était probablement l'endroit le plus élémentaire pour un jeune sorcier, pour s'y rendre. Elle offrait une large gamme de baguette attendant son sorcier ou sa sorcière, toute d'une qualité exceptionnelle et ancestrale. Monsieur Ollivander était connu pour ses fabrications de qualité et de finesse dans le monde entier, et ceux, depuis 382 avant J-C. Il était alors à se demander quel âge pouvait avoir cet homme à l'allure folle et aux cheveux argentés.

La baguette ne se trompait jamais en choisissant son sorcier, et tous sortaient satisfaits de leur nouvel instrument. S'y rendre quelques jours avant d'entamer sa première année de sorcellerie était donc légitime et indispensable. D'autant qu'Ollivander voyait très large dans ses produits et satisfaisait en conséquences toutes les sortes de bourses. Les clients étaient sangs-purs ou sang-mêlé. Qu'importe finalement sa distinction, il ne faisait pas de différence, et cela plaisait à bon nombre de sorciers.

Bon nombre... à l'exception de Monsieur Malfoy, qui hésita longuement avant d'envoyer son unique fils dans cette boutique. Le fait que son fils puisse croiser la route ou simplement partager le même air qu'un sang-de-bourbe lui souleva le cœur. Mais il abdiqua malgré lui, hélas, envoyant alors son jeune fils âgé de seulement douze ans sur le Chemin de Traverse, seul, se débrouillant pour acheter ses fournitures scolaires. Il le savait capable et comptait sur lui pour remettre à sa place quiconque le regarderait de haut. La réputation des Malfoy était connue par tous les sorciers. Plus rien n'était à démontrer, si ce n'était parfaire leur indifférence face aux sorciers de sang-mêlé.

C'étaient des Malfoy. Leur supériorité serait se démarquer des autres sorciers. Monsieur Malfoy insista donc sur le fait qu'il s'achète les plus chers instruments et le plus belle animale qui puisse trouver. Son jeune fils lui avait souri froidement en réponse, l'œil hagard, l'air de s'ennuyer royalement. Il s'en était allé, une cape noire et émeraude volant derrière lui, se mêlant avec indifférence parmi les badauds du monde des sorciers, le menton relevé, les lèvres pincées.

...

La porte de la boutique s'ouvrit dans un tintement argentin, faisant tourner distraitement la tête de la jeune Hermione vers celui qui venait d'entrée. Elle jeta un coup d'œil furtif avant de reprendre ses gestes fait précédemment. Elle devait absolument se concentrer si elle ne voulait pas y passer la journée, et se donnait du cœur à l'ouvrage.

Levant une main assurée et déterminée, Hermione fit mouliner d'un coup sec son poignet tenant une baguette. Celle-ci tressauta légèrement dans sa main avant de faire voler en éclats un vase juché sur le comptoir de la boutique. Hermione soupira une énième fois, reposant la baguette aux côtés des autres.

-Ce n'est pas encore ça. Mais nous allons trouver !

Monsieur Ollivander retourna dans l'arrière-boutique pour revenir une seconde plus tard, déballant de sa fine boite une nouvelle baquette.

-Peut-être celle-ci, dit-il en lui tendant délicatement l'instrument. Elle est en bois de vigne et ventricule de cœur de dragon. Une créature noble digne d'une future grande sorcière.

Hermione sourit à l'homme devant elle, hochant la tête avec entrain. Elle était tout à fait d'accord avec ces paroles. Elle serrait une grande sorcière plus tard. Elle travaillait très dure pour ça !

Levant la baguette, la jeune fille souffla doucement, visualisant son instrument avec attention et précision. Une drôle de chaleur vint alors envahir son corps, et Hermione sourit en faisant un geste sec du poignet. Les parchemins posés sur le comptoir entamèrent une lévitation quelque peu maladroite avant de faire leurs ascensions délicatement, volant en vaguelettes avant de retoucher le bois du meuble. Hermione et Ollivander poussèrent un profond soupire de satisfaction. Une baguette avait enfin choisi sa sorcière.

-Il n'est pas étonnant que cette baguette vous ait choisie, miss Granger. Le ventricule de cœur de dragon n'est destiné qu'à une poignée de sorciers puissants au cœur sage. Votre destin est tracé, miss.

Hermione sourit de toutes ses dents tandis qu'Ollivander emballait sa baguette avant de le lui tendre. Elle le remercia et lui versa la somme demandée. Son premier achat – le plus important de tous – était enfin achevé ! Elle avait hâte de finir et de retourner dans le monde moldu montrer tout son matériel à ses parents. Ils seraient probablement très fiers d'elle !

Après avoir remercié Ollivander, la jeune Hermione se retourna rapidement pour sortir, mais se heurta contre le dos de l'enfant qui était entrée un peu plus tôt. Se reculant, elle s'excusa doucement. Le garçon qu'elle venait de bousculer se retrouva vers elle, braquant des yeux las sur elle. Hermione resta immobile de longues secondes, en admiration.

Le garçon était un peu plus grand qu'elle, aux cheveux si blonds qu'ils en devenaient blancs, au nez aquilin et aux yeux gris perle. Son visage pâle renforçait la pâleur de ses cheveux plaqués impeccablement en arrière et il possédait des fossettes légèrement rosies. Tout de noir vêtu, accompagnée d'une cape virant au vert émeraude, il se tenait bien droit, le menton relevé et le regard impassible. Un de ces sourcils s'arquait de manière prononcée, marquant l'inquisition du garçon.

Hermione fut subjuguée par sa beauté et bafouilla des mots inintelligibles en le contournant doucement. Le rouge lui monta aux joues violemment avant qu'elle ne détale de la boutique, laissant derrière elle le garçon blond.

Un peu plus tard, quand la jeune fille entra dans une boutique de vêtements avec deux paquets en main, Hermione stoppa sa course brutalement, bouche bée. Le garçon de tout à l'heure se trouvait devant elle, juché sur une petite estrade, observant son reflet dans le miroir. Le regard du blond croisa le sien et il sourit imperceptiblement. Juste un étirement de lèvres.

Hermione baissa les yeux et se dirigea vers l'estrade opposée à la sienne, posant ses paquets à côté d'elle avant qu'une femme ne vienne pour lui trouver un uniforme convenable. La jeune Hermione n'était pas spécialement riche, mais ses parents lui avaient laissé beaucoup d'argent pour ses achats. Pas vraiment vaniteuse, elle s'était pourtant décidée pour une tenue plus élaborée et plus coûteuse. Le seul excès de la journée.

Elle avait fêté ses douze ans il y a un mois et depuis, elle commençait légèrement à s'intéresser à la mode, optant vite une allure un peu plus féminine et abandonnant l'apparence asexuée que beaucoup de parents choisissaient en habillant leurs enfants chéris. Elle voulait donc un uniforme digne d'intérêt.

-Ta baguette était un excellent choix, dit le garçon en se tournant vers elle, apparaissant avec l'uniforme universel de Poudlard ; un pantalon noir sur un blazer gris accompagnée d'une chemise blanche et d'une cravate noire. Tu seras quelqu'un de très puissant, sans nul doute.

-Merci, rougissait-elle en le regardant via le miroir de sa propre estrade. Mais c'est la baguette qui choisit son sorcier, crût-elle bon de rajouter.

Le garçon sourit en resserrant le nœud de sa cravate.

-C'est vrai, mais elle ne se trompe jamais. Ma baguette est en bois d'Aubépine et ventricule de cœur de dragon... les esprits se rencontrent.

Hermione se retourna vers lui, arquant un sourcil et croisant les bras sur sa poitrine. Le sourire du garçon n'était finalement que de l'arrogance.

-Ma baguette m'a trouvé du premier coup, continua-t-il en se remettant face au miroir. Mais ce n'est pas une surprise, avec le prénom que je porte. Draco Malfoy, précise-t-il en faisant une œillade.

-Dragon, en latin, dit-elle automatiquement. Ou grand serpent...

-Ma famille a toujours élu domicile à Serpentard, se vanta-t-il en usant d'une voix traînante. L'identité d'une personne résume bien ce qu'il ait. Et toi, comme tu t'appelles ?

-Hermione Granger. Mes parents l'on choisit dans une pièce de théâtre très célèbre. Ils adorent l'art et sont très cultivés.

-Hum... Granger... jamais entendu parler, dit-il en reniflant. Ma foi, tu es sans doute issu d'une puissante famille. Je l'ai très vite remarqué à la boutique d'Ollivander.

-Tu m'observais ? S'exclama-t-elle avec surprise.

-J'ai senti ta force quand la baguette t'a choisi. Difficile de l'ignorer, à dire vrai. Une étrange chaleur m'a littéralement enveloppé. Ça provenait de toi. Je suis rarement impressionné, mais... tu m'as impressionné. Chose inhabituelle, chez les Malfoy.

-Merci, souffla-t-elle sans savoir quoi ajouter à cela.

La propriétaire de la boutique revint à ce moment-là et lui tendit un tas de vêtements. En un tour de baguette, la femme vêtit la jeune fille de la tête aux pieds, faisant disparaître sa tenue de moldu. Hermione fit abstraction du fait que Draco continuait à l'observer, et s'admira dans le miroir

Son uniforme était des mêmes couleurs que Draco. Son blazer gris recouvrait une fine chemise cintrée et sa taille était recouverte d'une jupe plissée noir, lui arrivant sous les genoux. Se tournant et se retournant, Hermione fit la grimace.

-Un problème, miss ?

-Il faudrait peut-être raccourcir la jupe, supposa-t-elle en relevant le pan de tissu jusqu'au-dessus du genou. Je ne suis pas une spécialiste de la mode, mais je pense que ce serait mieux.

D'un coup de poignet, Hermione sourit en voyant la longueur de sa jupe raccourcir jusqu'à cinq centimètres au-dessus du genou. La satisfaction ornait son visage et la femme semblait tout aussi ravie du résultat.

-Choix judicieux, informa Draco de sa voix traînante.

Hermione comprit que c'était dans sa nature et que sa voix traduisait un certain statut. Il était issu d'une famille riche sans nul doute.

-Je trouve aussi, approuva-t-elle en lui adressant un sourire complice.

Draco lui répondit avant de signaler à la femme qu'il avait fini et qu'il prenait deux uniformes. Hermione l'imita rapidement avant de payer et sortir de la boutique, heureuse de ses achats.

Draco la suivit de près et la jeune fille se mit à rougir davantage quand elle jeta un coup d'œil vers lui. Il avait un petit sourire en coin vraiment adorable. C'était la première fois que la jeune Hermione trouvait un garçon charmant... un sorcier, qui plus est. Elle n'avait pas vraiment eu l'occasion d'en rencontrer, depuis la réception de la lettre assurant son inscription à l'école Poudlard.

-C'est aussi là que je m'arrête, informa-t-elle en voyant le jeune Draco avancer vers la boutique où elle désirait aller.

-Super ! Dit-il avec un brin d'enthousiasme feint. Tu me donneras ton avis sur le choix de mon animal.

-Seulement si j'ai le tient, répliqua-t-elle en souriant sincèrement.

Draco étira un petit sourire, l'air un peu troublé. Hermione entra dans la boutique où se trouvaient des dizaines d'espèces d'animaux et fit un geste de la main pour que Draco la suive. Ce dernier hésita une seconde, regardant derrière son épaule avant d'entrer à son tour. Il semblait étrange, voire étonné, mais Hermione porta vite son dévolu sur les animaux pour s'en soucier.

Des chauves-souris ornaient des trépieds fixés au plafond et aux murs. Des chouettes de toutes races reposaient dans de belles cages argentées. Des reptiles sillonnaient des bacs en verre. Des chats ondulaient entre diverses fioles posées sur les meubles.

Hermione et Draco admirèrent la boutique animalière avec fascination, les yeux oscillant chacun dans une direction différente.

La jeune Hermione s'approcha d'un chat persan à la robe rousse. Ce dernier semblait extrêmement jeune, visualisant dans les quatre mois. Hermione poussa un cri attendri en caressant la boule de poils sous l'œil amusé du vendeur.

-Un coup de cœur, miss ?

-Oh, il est trop mignon, s'écria-t-elle en roucoulant dans le ventre du petit chat, frottant ses oreilles et caressant le bas du menton. Je veux celui-ci !

-Ne voulez-vous pas prendre le temps de regarder mes autres compagnons, miss ? Demanda le vendeur en soulevant un sourcil.

-Oh non ! Souffla-t-elle en relevant les yeux. Je suis certaine de mon choix. Peut-être que c'est comme les baguettes... ils nous choisissent. Draco ? Tu ne le trouves pas trop mignon, ce petit chat ? Insista-t-elle en hélant le jeune garçon.

Draco s'approcha lentement d'elle et se pencha pour mieux observer la petite créature dans les bras de la jeune fille. Hermione attendit son avis, serrant le chat tout contre elle.

-C'est un bon choix, approuva-t-il avec désinvolture. Tu es hyperactive et le félin est un bon moyen de s'apaiser, je pense.

Hermione ne put qu'éprouver encore plus d'affection pour ce garçon. Il était peut-être un peu froid en apparence, légèrement hautain, mais il était aussi très intelligent et Hermione le voyait à sa façon qu'il avait de s'exprimer. Il était autant cultivé qu'elle et elle adorait ça.

-Et toi, as-tu trouvé l'animal te représentant au mieux ?

Elle ne le connaissait pas, mais quand Draco se dirigea vers le bac des reptiles, la jeune Hermione ne s'en étonna pas. Sa froideur et son regard glacial correspondaient parfaitement aux sang-froid.

-Les serpents ne sont pas admis à l'école Poudlard, expliqua Draco d'un ton morne et légèrement triste. C'est dommage... ça aurait été parfait ! Alors je jette mon dévolu sur ce hibou grand-duc. Il est vraiment magnifique.

Hermione opina du chef, totalement conquise. L'animal en question était marbré de crèmes et de bruns et possédait de magnifiques yeux orange. Elle pouvait paraître effrayante par bien des aspects, mais la jeune Hermione trouva ce rapace particulièrement attirant. Le regard expressif de l'animal contrastait de manière intensive avec celui de Draco, qui était inexpressif.

-Prends-le, dit-elle avec aplomb. Il est somptueux.

-C'est aussi mon avis, dit Draco en regardant le hibou avec joie. Je paye ces deux créatures !

-Non, s'écria la jeune Hermione. Tu ne peux pas faire ça. Que diront tes parents ?!

-Je peux le faire, répliqua froidement Draco en la lorgnant. Et je vais le faire.

-Pourquoi tu fais ça ?

Draco la regarda sans comprendre, visiblement décontenancé par sa question. Hermione secoua la tête mais il l'ignora.

-Tu es la seule à m'avoir parlé, aujourd'hui, finit-il par dire, presque avec réticence, serrant les dents comme si l'aveu était difficile.

-Pourquoi ? S'étonna-t-elle.

-Malfoy... ça fait fuir en général. Tu ne l'as pas fait.

-Oh...

Elle n'ajouta rien d'autre, acceptant de mauvaise grâce le cadeau qu'il lui faisait.

...

Jusqu'au jour de la rentrée, la jeune Hermione pensa sans cesse à ce Draco Malfoy. À ce petit garçon de son âge, qui pourtant, ne riait pas, ne souriait pas, et ne semblait pas non plus connaître le mot «sociabilité». Il lui était apparu beau, charmant, froid, distant. Puis rapidement troublé, étonné et presque gentil. Hermione s'était alors interrogée sur ces dernières paroles, avant qu'il ne disparaisse de sa vie. «Malfoy, ça fait fuir en général». Elle avait alors étudié la question, faisant de longues et assidues recherches sur la famille Malfoy.

Ce qu'elle avait trouvé, sur cette incroyable famille de sorciers, n'était rien, par rapport à ce qu'elle éprouvait pour le jeune Draco. Fils unique de la famille, il devait représenter un sang-pur irréprochable. Hermione compris alors son attitude et espérait le revoir à Poudlard.

Si personne n'osait l'approcher, elle ferait le premier pas.

...

Le jour de la rentrée, Hermione chercha ardemment une chevelure blonde parmi les centaines d'enfants présents au bord du quai. Elle ne croisa que des têtes brunes, rousses ou blondes foncées.

Montant dans le train, elle passa devant une cabine où se trouvaient deux garçons recouverts d'une montagne de bonbons sorciers. L'un était brun à lunettes, l'autre était roux et parsemé de taches de rousseur. Hermione soupira devant le comportement glouton de ces deux-là et continua son chemin, observant minutieusement toutes les cabines du train.

Arrivée vers la fin de l'engin, la jeune Hermione trouva une cabine vide et se désola à la prendre, déçut de ne pas avoir trouvé le garçon. S'asseyant sur la banquette, elle sortit sa baguette de sa botte et l'examina attentivement, louchant légèrement pour mieux la voir.

C'est à ce moment-là qu'elle entendit un petit rire, et, relevant les yeux, elle découvrit Draco devant elle, un sourire espiègle aux coins des lèvres, une cape de sorcier ouverte sur l'uniforme de Poudlard. Ses cheveux plaqués en arrière lui donnaient un air très juvénile et elle rougit, toussotant légèrement.

-Les autres cabines sont prises... je peux m'asseoir ici ? Demanda-t-il en s'asseyant avant qu'elle ne réponde.

-Je n'ai rien dit.

-Ma question n'était que rhétorique. L'arrière du train est destiné aux Serpentards.

-Mais tu ne sais pas encore dans quelle maison...

Draco ricana en levant une main pour la stopper.

-Je vais à Serpentard. Ça ne fait aucun doute ! Et toi, quelle maison choisis-tu ?

-Le choixpeau décide pour nous, pas l'inverse.

-Les sorciers peuvent toutefois supplier pour changer, sourit-il froidement. Imagine un sang-de-bourbe à la maison Serpentard... il suppliera pour sortir de là. Mais bon, ce genre de situation n'arriverait jamais.

-Et pourquoi ?

-Un sang-de-bourbe n'ira jamais dans cette maison ! Dit-il avec rage. Ce serait un terrible blasphème.

-Et... qu'est-ce qu'un... sang-de-bourbe ? Osa-t-elle demander avec une légère pointe d'irritation.

La jeune Hermione détestait être ignorante, pourtant, « sang-de-bourbe » lui était totalement inconnu. Le jeune Draco sembla étonner de sa question et sourit froidement.

-Un sang-de-bourbe est une vile créature issue de deux parents moldus. Deux parents sans pouvoirs magiques. Une abomination, en somme. Déjà que les sang-mêlé sont difficiles à supporter... !

Hermione déglutit, blêmissant légèrement. Elle se racla la gorge pour se reprendre, attrapant ses cheveux pour les rassembler sur un côté.

-Hum... oui, une abomination, admit-elle. Ils ne devraient pas exister.

-Parfaitement d'accords, enrichie Draco en souriant sincèrement, cette fois-ci. Nous les sang-pur, nous nous comprenons.

-Hum... oui. C'est ça, bafouilla Hermione en rougissant.

-Nous avons aussi un autre point en commun… une partie de notre baguette.

-Ollivander a dit que le ventricule de dragon était destiné aux puissants sorciers à la sagesse inégale…

Draco renifla avant de tourner la tête vers la vitre. Il croisa une jambe sur l'autre et tendit ses bras de part et d'autre de la banquette, observant méticuleusement ses ongles.

-Peut-être devrait-il raccrocher, si tu veux mon avis. Je suis très loin d'être sage.

-Peut-être que tu l'ignores, simplement. Tu n'es peut-être pas toi.

Draco la considéra un moment sans dire un seul mot, cette dernière préférant alors regarder le paysage défilé plutôt que son regard profond. Il semblait véritablement perplexe suite à ses propos.

Une heure s'écoula alors dans le silence, chacun assit sur une banquette, se passant une main dans les cheveux, croisant et décroissant les genoux, tousser, éternuer, raclant sa gorge, fermant les yeux quelques minutes.

Ce silence fut perturbé par l'arrivée fracassante d'un garçon à la peau noire et aux dents blanches parfaitement alignées. Un uniforme noir, vert et argent ornait sa personne, lui allant parfaitement bien. L'écusson des Serpentard reposait sur le coin de son blazer. Il resta à l'entrée de la cabine une seconde avant de venir s'asseoir auprès de Draco. Son regard ne dévia pas d'Hermione une seconde. Il leva une main amicale en souriant.

-Moi, c'est Blaise Zabini, dit-il avec entrain. J'entre en deuxième année à Poudlard. Et toi, c'est quoi, ton petit nom ?

-Hermione Granger. C'est ma première année… comme tu peux le voir.

Elle désigna sa tenue sombre que portait tout nouvel élève. Le vert de Blaise l'attirait beaucoup et se dit que le vert était une très belle couleur.

-Je connais ce petit blond peroxydé depuis tout petit, continua le garçon en attrapant Draco par le cou. Il parait inaccessible et complètement incapable de la moindre émotion, mais il est cool… la plupart du temps.

Draco s'écarta violemment de la poigne de son ami en remettant en place sa chevelure.

-Ne parle pas de moi comme si je n'étais pas là, gronda-t-il en lançant un regard assassin à Blaise. Je déteste quand tu fais ça !

Blaise lança un regard entendu à la jeune Hermione.

-Tu vois ce que je veux dire, dit-il en souriant. Jamais content, le Malfoy.

-Sourire niaisement est inutile, marmonna Draco en croisant les bras. Tu te débrouilles très bien tout seul !

Son air bougon et ses lèvres pincées ne quittèrent plus son visage de tout le trajet, aussi, Hermione se rapprocha de la vitre pour regarder le paysage défilé.

Elle était légèrement anxieuse et perplexe, depuis l'arrivée de Blaise Zabini dans la cabine. Apparemment, il était un ami très proche de Draco et faisait parti de la maison des Serpentard. Elle n'était pas totalement délurée pour comprendre ce que cela sous-entendait.

«L'histoire de Poudlard» était un gros livre très détaillé sur l'école où le train se rendait. Elle y avait appris que quatre maisons composaient les murs de ce château, déterminant ce que l'élève serrait.

Avec la rencontre de Draco, la jeune Hermione s'était donc essentiellement concentrée sur la maison Serpentard, intriguée par le jeune garçon et son attitude frigorifique. Elle y avait découvert des choses bien effrayantes et se demandait bien comment la notion de « sang-de-bourbe » avait bien pu lui échapper. Car il était clair que les verts et argents étaient tous de sang-pur, chose qu'elle n'était absolument pas.

Devait-elle le laisser croire que sa famille était de puissants sorciers comme lui ? Le jeune Draco semblait détester les personnes de sa condition et lui révéler la vérité la terrifiait totalement. Elle s'était un peu attachée à lui et à son côté vulnérable qu'il s'apprêtait à cacher au reste du monde. Gâcher cette amitié pour une histoire de sang lui semblait totalement absurde, alors que dans l'ignorance, Draco et elle pourraient sûrement s'entendre sur bien des sujets. L'idée de garder son identité secrète était donc probablement la meilleure chose à faire, pour le moment.

Restait à savoir où le choixpeau l'emmènerait...

...

Son nom fut le premier à tomber de la bouche de la sorcière – une grande femme à l'air sévère et aux lunettes en demi-lune. La jeune Hermione inspira un grand coup, ignorant le regard de la foule.

-Oh non... très bien, on se détend, souffla-t-elle en avançant doucement sur l'estrade, mordant ses lèvres avec nervosité.

La sorcière intima à Hermione de s'asseoir sur le tabouret, puis lui posa le choixpeau sur la tête avec douceur. La jeune fille se crispa avant même qu'une voix d'outre-tombe survienne dans son esprit. Elle croisa au même moment le regard d'un garçon brun aux yeux verts. Un éclair rouge barrait son front.

-Hum... je vois... tu as d'immenses qualités, jeune fille. Je le vois, dans ta tête. Gryffondor serrait la maison parfaite, pour toi. Cependant... je vois quelque chose en toi... je suis très partagé. Tu es courageuse et forte d'esprit, mais ta détermination et ton ambition gouvernent en maître. Alors, où vais-je te mettre... ?

-Pas à Gryffondor, pas à Gryffondor, murmura-t-elle en litanie, fermant les yeux sous les regards curieux de la salle.

-Serpentard te mettra à l'épreuve, tu sais. Mais tu as d'immenses qualités, je le sens. Ta détermination transcende tout le reste. Tu as une idée derrière la tête, prête à tous les sacrifices pour obtenir ce que tu brûles d'acquérir. Et je le vois, tu y arriveras... Très bien, si tu es sûr de toi... il est préférable de suivre son destin... SERPENTARD !

Le choixpeau cria la maison où elle passera sept ans de sa vie, faisant bondir les verts et argents de leurs bancs. Tous hurlèrent de joie, l'applaudissant quand la jeune Hermione vint les rejoindre, un sourire aux lèvres. Deux garçons s'écartèrent pour lui laisser de la place.

Par la suite, la jeune sorcière regarda défiler les autres enfants, se dispersant dans les quatre maisons, sous les tonnerres d'applaudissements des élèves. L'ambiance était joyeuse, détendue, mais quand la sorcière cria « Harry Potter », tous se turent. Hermione vit même le sorcier à la barbe blanche se redresser légèrement dans son siège, attentif.

Des regards rêveurs ou méfiants suivirent le jeune garçon jusqu'à l'estrade. La jeune Hermione trouva la scène ridicule, compatissant pour le jeune brun.

Ils allaient le faire fuir, à le fixer ainsi !

Harry Potter s'assit à son tour sur le tabouret, inspirant un bon coup quand le choixpeau commença à se tortiller sur sa tête.

Contrairement à d'autres enfants, Harry était, tout comme elle, un des rares sorciers à mettre autant de temps pour connaître sa maison. Hermione vit même ses lèvres bouger.

Peut-être faisait-il comme elle ! Peut-être demandait-il une autre maison !

-GRYFFONDOR ! Hurla le choixpeau après de longues minutes pesantes.

Les rouges et ors crièrent quand ils comprirent l'importance de ce choix. Le jeune sorcier – aussi célèbre soit-il – allait partager leur maison. Des hurlements de joie accueillait le jeune garçon.

À sa table, toutefois, de légers grommellements répondirent à cette révélation. Oui, Hermione se rappelait que les deux maisons étaient les pires rivaux de l'école.

Une ironie, quand elle devait se trouver dans l'autre camp, justement.

-Draco Malfoy, appela alors la sorcière à la robe verte, faisant redresser les têtes des Serpentards.

-Le suspense est à son comble ! Railla quelqu'un près d'elle.

Se tournant, elle découvrit Blaise, à cheval sur le banc, les yeux rivés sur son ami, un sourire aux lèvres. Regardant Hermione, il lui fit un clin d'œil.

-Les Malfoy vont à Serpentard depuis toujours. C'est presque une obligation. Bon, il y en a eu un qui a dérogé à la règle, mais pour les autres, c'est inévitable.

-Eh bien, peut-être que Draco fera parti de ce un pour cent ! Les traditions évoluent, tu sais.

Blaise lui sourit sincèrement, semblant surpris par sa répartie. Il se rapprocha considérablement d'elle et l'empoigna par les épaules, la serrant contre lui.

-Toi, je te garde ! Je vais t'adorer, je le sens. Tu es rafraîchissante, pour une sang-pur ! J'aime ça.

-Tu n'as pas l'air coincé non plus, rétorqua-t-elle en se figeant dans ses bras.

-Oh... je suis un peu à part... La froideur des Serpentard... très peu pour moi. Mais, chut ! Ne le dis à personne !

Hermione ria face aux singeries du garçon, se détendant de plus en plus grâce à lui. Elle s'attendait à tout, sauf à ce genre de personnage. Et c'était vraiment rassurant. La peur n'avait plus raison d'être, dorénavant.

-SERPENTARD !

-Et hop ! Dans le mile ! Soupira Blaise en attrapant par la suite son ami pour qu'il se place à leurs côtés. Bienvenue officiellement à la maison, petit !

Draco le fusilla du regard avant de porter son regard sur la jeune Hermione. De l'extérieur, l'échange semblait froid, arrogant. Mais la jeune fille comprit immédiatement à son hochement de tête qu'il était content qu'elle soit là.

Draco ne montrait aucune émotion. Il faudrait qu'elle s'y fasse... du moins, jusqu'à ce qu'elle brise sa carapace.

_oOo_


Bonjour à tous ! Je commence mon introduction dans le monde magnifique de J-K Rowling avec un Dramione. Lisant ces derniers depuis des années, je constate beaucoup d'histoires identiques. Alors je me lance dans cette histoire, afin de changer un peu de registre. Attention, c'est ma première !

Je vais m'amuser à reprendre tous les films de la série, année après année, pour voir ce que ça donnerait si notre trio changeait un peu de camp. J'espère que ça vous plaira...

Je reprends beaucoup d'éléments existants, quand d'autres sont différents. Tout n'est pas fidèle à l'oeuvre, m'autorisant quelques libertés. De toute manière, je n'ai pas encore lu tous les livres (bah oui, je sais, je suis en retard) donc on fera sans.

J'adore Draco quand il était petit. Adorable. Je commence donc cette histoire ainsi, dès leur première année. L'histoire est partie de la fameuse poignée de main entre Harry et Draco. Si Harry avait accepté la poignée de main, l'histoire serait-elle différente ? Donc, on met Harry un peu de côté et on place Hermione sur la sellette. J'espère que vous aimerez !

N'hésitez pas à me laisser vos avis.

Pour la suite des chapitres, je verrai en fonction de mon temps. J'ai deux autres histoires en cours, bien qu'une quasiment finit.

À bientôt !