Bonjour à tous ! Voici ma première fiction dans le monde de How to Train your Dragon, inspiré de plusieurs autres fictions et du film lui-même. J'ai essayé de mélanger histoire et fantasy, on verra bien ce que cela donnera. Je compte sur vos reviews, bonnes ou mauvaises, il faut toujours des critiques ! :)

Prologue : Sombrevent

Le vent soufflait de nulle part. Hurlant comme issu des fournaises du tartare, Il portait en lui la chaleur d'un creuset ou se préparait une guerre sanglante et dévastatrice. Né au cœur d'une terre rouge, il provenait d'un lieu étrange, à la frontière de la grandeur et de la décadence. Il surgit à l'est, quand des hommes élevés pour tuer entonnèrent d'antiques mélopées. Frénétique, le vent jaillit du Néant tel un tourbillon et se mit à tournoyer, comme à la recherche d'un chemin. Puis il sembla s'arrêter un instant, avant de filer vers l'ouest.

Le jeune chef s'habillait lentement tout en regardant dormir sa compagne, étendu dans le lit qu'ils partageaient encore officieusement, mais plus pour très longtemps. Il fredonnait un air simple, transmis de génération en génération et montrant toute la dévotion qu'il portait à sa future femme. La fourrure qui la protégeait du froid était légèrement retombée sur son corps, dévoilant les prémices de sa poitrine se soulevant lentement au rythme de son souffle endormi. De temps en temps, ses doigts pliaient et la commissures de ses lèvres se plissait, puis s'apaisaient à nouveau. Elle était magnifique, ses cheveux d'un or pâle tombant en de fines mèches sur son visage délicat, ses paupières refermées sur des yeux d'un bleu étincelant qui transperçaient le jeune chef dès qu'il les croisaient. Cette nuit, ainsi que pour de nombreuses autres, elle était à lui, et il remercia les dieux de leur bénédiction alors qu'un profond ronronnement descendait du toit, lui arrachant un nouveau sourire involontaire.

Par la fenêtre souffla un vent étrange, brûlant et glacé à la fois. Il sifflait d'une étrange manière, un chant mauvais et déformé que l'on entendait à peine. Le chef regarda sa compagne frémir sous la caresse de la brise, fronçant les sourcils comme lors d'un cauchemar. Il se précipita vers la fenêtre et bloqua le volet, repoussant au dehors cette étrange et inquiétante brise nocturne. Un moment, le temps sembla suspendu puis, laissant échapper comme un léger râle, le vent s'apaisa et la nuit redevint calme. Le chef acheva de mettre sa prothèse de jambe et sortit vivement alors que la jeune femme retombait dans un sommeil plein d'inquiétude. Au dehors, le jeune homme respira cet air étrange et fronça les sourcils alors qu'une ombre se laissait tomber du toit pour se placer à ses côtés. Grattant distraitement le menton de la créature, le garçon descendit du perron et se dirigea vers la forge du village alors que la nuit était encore noire.

Loin de là, dans un camp lourdement retranché au bord d'un fleuve, un jeune homme travaillait sur une liste, s'efforçant de mettre de côté ses préférences personnelles en choisissant ses hommes pour sa prochaine mission. Il n'aimait pas cette tâche mais s'y appliquait consciencieusement. Soudain le vent fit claquer les volets de la petite fenêtre de sa chambre. Par réflexe, alerté par un sens de danger qu'il avait acquis dans les sombres forêts de l'autre côté du fleuve que son fort gardait, le jeune homme se retrouva à moitié hors de sa chaise, accroupi. Un couteau, comme jailli de sa tunique, apparut dans sa main. Prêt à frapper, il resta là le cœur battant un long moment, son instinct lui susurrant qu'il allait livrer un combat à mort, comme cela lui était déjà arrivé au cours de sa vie tumultueuse.

Ne voyant personne, le jeune homme se détendit légèrement. C'était fini. Il secoua la tête, perplexe. Une étrange inquiétude lui noua l'estomac alors qu'il s'approchait vers la fenêtre. De longues minutes s'écoulèrent tandis qu'il regardait vers le nord, dans la nuit, là ou il savait que se trouvaient de grandes îles gelées et peut-être le seul espoir de salut des siens. Les yeux du jeune se plissèrent pour mieux percer la pénombre, comme si il cherchait un ennemi rôdant dehors. Puis les dernières bouffées de sa rage et de sa peur le quittant lentement, il retourna à son travail. Mais au cœur de la nuit, à plusieurs moments, il se retourna vers la fenêtre.

En virée dans les ruelles d'un village, un groupe de fêtard se frayait un chemin, à la recherche de nouveaux alcools et de joyeux compagnons. Le vent les bouscula et ils s'arrêtèrent un moment, échangeant des regards. L'un d'eux, un guerrier aguerri, reprit sa route puis s'arrêta, réfléchissant à quelque chose. Perdant soudain tout intérêt pour la fête, il souhaita bonne nuit à ses compagnons et rentra vers le campement ou ses hommes dormaient déjà.

Le vent souffla sur la mer ou un vaisseau filait vers son port d'attache, à l'issue d'une longue patrouille. Le capitaine, un homme solide au visage barré d'une cicatrice qui lui laissait un œil tout blanc, s'immobilisa en sentant le vent le toucher. Il s'apprêtait à donner l'ordre de remonter les voiles lorsqu'un soudain frisson le traversa. Il regarda son second, un homme au visage grêlé. Ils échangèrent un regard puis le vent passa. Le capitaine se tut un moment, envoyant des hommes ramer par un simple de main, et après un moment de silence, donna l'ordre d'allumer quelques torches supplémentaires pour chasser les ténèbres, soudain plus oppressantes.

Plus loin au sud, le vent souffla dans les rues d'une immense ville, créant de furieux tourbillons de poussière qui dansèrent follement sur les pavé cette ville, des hommes venus du monde entier vivaient ensemble, au cœur d'un empire centenaire, pourtant à l'agonie. Dans les arènes de la cité, deux hommes d'origines on ne peut plus différentes s'affrontaient dans un combat de lutte. C'était un combat informel, à la lumière des torches, et les spectateurs invités pariaient gros. Chacun des deux lutteurs avait déjà mordu la poussière une fois et la troisième chute déciderait du vainqueur. Le vent frappa soudain et les adversaires s'arrêtèrent pour regarder autour d'eux. De la poussière vola dans les yeux des spectateurs et des vétérans d'arènes pourtant aguerris ne purent réprimer un frisson. Sans un mot, les deux combattants cessèrent leur lutte et ceux qui avaient pariés reprirent leur mise sans un mot. En silence, la salle commune se vida et les hommes rentrèrent dans leur quartier, l'humeur joyeuse de l'affrontement dispersée dans le vent amer.

Loin au nord de la ville, dans une forêt abattue pour des besoins guerriers, se trouvait un homme en position de méditation. Il avait les jambes croisées, les poignets posés sur les genoux, paume des mains vers le ciel. Ses yeux s'ouvrirent soudain aux premières caresse du vent des ténèbres. Face à lui se tenait le sage du clan, le visage creusé par d'infimes rides. Il observa un moment le guerrier, et sans qu'un moment fut prononcé, il acquiesça silencieusement. Le guerrier se saisit des deux armes posées à ses côtés. Il passa à sa ceinture ses deux épées, la longue et la courte, puis salua simplement et se mit en marche. Sortant de la forêt de souches qui l'entouraient, et face à des milliers d'hommes qui ne semblaient attendre que son signal, il dégaina ses lames et poussa un rugissement vers les cieux. Des milliers d'armes furent tirées, des chevaux hennirent, et des milliers de gorge hurlèrent, reprenant le cri de guerre de leur roi. Puis l'immense colonne de guerriers se mit en marche, poussant et tirant des centaines d'engins de siège construits à partir des bois qu'ils quittaient.

Le vent des ténèbres souffla et atteignit un chemin de crête qui surplombait un lointain vallon, ou se dissimulait une troupe d'hommes. Un bref instant, ils se tournèrent vers le sud, pour identifier la provenance de ce vent étrange qui les troublaient tant, puis ils se remirent à contempler les plaines en contrebas. Les deux plus proches avaient chevauchés longtemps à bride abattue, alertés par le rapport que leur avait fait une patrouille. Sous leurs yeux, une armée se rassemblait sous des bannières de mauvaise augure. Leur chef, un homme de haute taille au cheveux grisonnants, se glissa derrière la crête. « C'est aussi mauvais qu'on le craignait, » souffla-t-il.

L'autre homme, pas aussi grand mais aussi corpulent que lui, gratta sa barbe brune semée de poils gris et s'accroupit à côté de son compagnon. « Bon, au moins on a gagné un an. Cette attaque, on l'attendait pour l'été dernier. On a bien fait de se préparer, parce que cette fois, ils vont venir, c'est sûr. ». Il s'avança vers un grand homme blond qui lui tenait son cheval. « tu viens ? »

L'autre répondit : « non, je pense que je vais rester regarder encore un moment. En regardant combien en arrivent et à quel rythme, je devrais pouvoir déterminer combien d'hommes il va rassembler.

Le chef monta en selle. Le second homme poursuivit : « Quelle importance ? Quand il viendra, ce sera avec toute ses forces.

-C'est sans doute que je n'aime pas les surprises.

-Combien de temps ? » demanda le chef.

-Deux jours, trois au plus, parce qu'après il y aura trop de monde par ici.

-Ils vont sans doute envoyer des patrouilles. Deux jours, pas plus. ». Avec un sourire sardonique, il ajouta : « Tu n'es pas de très bonne compagnie, mais au bout de deux ans, j'ai fini par m'habituer à ta présence. Prends garde à toi. »

L'autre lui fit un sourire plus franc. « C'est à double tranchant. Tu les as assez harcelés ces deux dernières années pour qu'ils aient sacrément envie de te mettre la main dessus. Ça ferait tâche si ils débarquaient sur le fleuve avec ta tête au bout d'une pique. »

Le blond répliqua : « Ça ne risque pas d'arriver. » Son sourire franc contredisait son ton déterminé, que l'autre ne connaissait que trop bien.

« Bien, débrouille-toi juste pour que ce ne soit pas le cas. Maintenant, allons-y. »

La troupe repartit, l'un des cavaliers restant en arrière pour tenir compagnie au gros homme pendant qu'il continuait à faire le guet. Au bout d'une longue minute d'observation, il marmonna doucement : « Alors qu'est-ce que tu nous prépare, cette fois, sale bâtard ? Qu'est-ce que tu va nous envoyer cet été, Attila ? »