« Aujourd'hui, mardi 1 juillet 2015, cela fait exactement 6 mois que Georges Morel a été élu président de la France. Pendant ces 6 mois, la situation économique de notre cher pays s'est fortement améliorée. Le taux de chômage est devenu très bas et les progrès de la médecine s'enchaînent. Nous avons rencontré M. Giraud, l'actuel Premier Ministre, pour lui poser quelques questions quant aux prochaines actions importantes du gouvernement. Il a déclaré, je cite, vouloir financer les grandes universités, reloger plus de 1000 sans abris à Paris et renforcer la sécurité dans les quartiers à risques. Programme très acclamé par... »
Mathieu éteignit sa télévision. Le jeune homme n'en pouvait plus, d'entendre parler du nouveau président toute la sainte journée. Certes, ce dernier faisait du bon boulot, et ? C'était son job après tout. Le petit brun, qui était jusque là affalé sur son canapé, se leva. Il s'étira un peu avant de se diriger vers sa cuisine. Il leva les yeux vers la fenêtre : le temps était gris. Il sourit : voilà une chose que le président Morel ne pouvait améliorer !
Le podcasteur consulta sa montre : il était 19h32. Son meilleur ami Antoine devait arriver dans une bonne demi heure. Les deux compères avaient prévu de se retrouver pour discuter d'un projet qui leur tenait à cœur : une collaboration. En effet, Antoine et Mathieu étaient, en plus d'être amis, collègues : ils travaillaient tout deux sur la plate-forme YouTube, ils étaient ce qu'on appelait des podcasteurs. Ils avaient déjà travaillé ensemble une fois, et depuis, ils ne pensaient qu'à une chose : recommencer.
Mathieu se mit en tête de ne pas commander de pizzas, ce soir. Il décida donc de cuisiner lui même, malgré le fait que, selon lui, c'était une idée exécrable. Il chercha un long moment un plat qu'il serait capable de concocter, avant de se rabattre sur des pâtes achetées il y a peu durant un voyage en Italie. Alors que la nourriture cuisait, il fit rapidement une sauce que sa mère avait l'habitude de cuisiner. Il ouvrit une boite de champignons, qu'il mélangea à la sauce. Quand les pâtes furent prêtes, il versa sa mixture dans la casserole. Bon, manque plus qu'Antoine.
Ce dernier ne tarda pas : en effet, trois coups de sonnettes résonnèrent dans l'appartement. Pas de doute, c'était lui. Mathieu alla ouvrir la porte. Il se retrouva nez à nez avec un Antoine souriant et jovial. Le plus petit fit entrer son ami dans son appartement. Ils échangèrent quelques banalités et blagues dans une bonne humeur habituelle. Tout deux aimaient beaucoup passer du temps avec l'autre. Ils se considéraient comme des frères, et quelqu'un qui ne les connaissait pas aurait cru qu'ils partageaient bel et bien le même sang.
Les deux jeunes s'installèrent sur le canapé, leurs assiettes posées sur la table basse. Une bière à la main, ils refaisaient le monde, comme à leur habitude. Leur sujet du moment était la crise économique qui frappait la Chine, qui était, à leurs yeux, plutôt un mauvais signe.
« Notre grand, beau et MAGNIFIQUE président devrait rapidement intervenir, lui qui a sauvé héroïquement notre cher pays ! S'exclama Mathieu, non sans une pointe d'ironie. »
Antoine se mit à rire. Mathieu continua sur sa lancée.
« Sérieux mec, tu trouves pas que ça a des relents de propagande tout ça ? On en bouffe h24, des « VIVE LE PRESIDENT » !
- T'as pas tord. On se croirait limite en Allemagne nazie.
- HEIL MOREL ! enchéritMathieu en imitant le célèbre salut d'Hitler, ce qui eut le don de faire exploser Antoine. »
Rapidement, la conversation dévia vers un sujet autrement plus intéressant : leurs projets youtubiens. En terminant leurs assiettes, les deux jeunes hommes mirent au point les derniers détails de leur collaboration. Les prochaines semaines risquaient d'êtres harassantes, vu la quantité et la qualité de travail prévu. Mais les deux garçons s'en moquaient, car ce travail leur plaisait énormément.
Ils passèrent la soirée devant l'ordinateur de Mathieu, à écrire, rire, boire, rire encore, boire, écrire. Quand ils sentirent qu'ils n'étaient plus aptes à travailler à cause de la quantité d'alcool qui coulait dans leurs veines, ils fermèrent l'ordinateur portable et décidèrent de dormir. Antoine, trop saoul pour conduire, s'affala dans le canapé de son hôte, trouvant le sommeil aussi tôt. Le propriétaire des lieux alla se coucher dans son lit douillet. Ses paupières ne tardèrent pas à se fermer, et il s'endormit, un sourire béat gravé sur les lèvres.
Mathieu se réveilla comme une fleur. Cependant, quelques secondes seulement après avoir émergé, un détail le frappa : il n'était plus dans son lit. Son matelas avait été remplacé par un sol dur et froid. Le jeune homme tenta d'ouvrir les yeux, mais une puissante lumière l'aveugla. Où était il ? Il avait froid, et... Un peu peur, il devait se l'avouer.
Il tenta à nouveau d'ouvrir ses yeux. Cette fois ci, la lumière était moins aveuglante. Sa rétine mit quelques secondes avant de s'adapter à ce flot lumineux. Il perçut d'abord des ombres. Puis des formes. Puis, tout lui apparu de manière nette.
Il était allongé dans une pièce sans fenêtres. Le sol était blanc. Les murs étaient blancs. Le plafond était blanc. Une porte blanche lui faisait face. Il se leva et remarqua qu'il n'était pas seul dans la pièce. Il entreprit de compter ses voisins : huit. Plus lui même, cela faisait neuf.
Il sentit quelque chose de froid sur son poignet droit. Il tourna la tête et découvrit qu'il était enchaîné. Une vague de panique le submergea, mais il tenta de garder son calme. Il releva la tête et découvrit une autre personne, non des moindres, qu'il n'avait pas encore remarquée : Antoine.
Il n'eut pas le temps de se réjouir. Une voix féminine sortie de nul part résonna dans la pièce.
« Bonjour. Bienvenue, groupe HT12. »