Francis s'était réveillé un bon matin, avec un mal de crâne pas possible.

Il ne pensait pas que son état pourrait être pire.

Seulement une petite nation pas plus haute que trois pommes sauta sur son estomac de bon matin en hurlant : « Maman, j'ai faim ! ».

Le petit parlait un minimum français pour les choses importantes, mais il baragouinait le reste dans un anglais légèrement différent de celui d'Arthur.

Francis le tint à bout de bras pendant un instant, dévisageant le petit bout de chou qui n'avait sans aucun doute un lien de parenté avec lui et Arthur. L'enfant lui faisait légèrement peur parce qu'il avait des ailes d'un bleu fascinant dans le dos et un nez d'une couleur différente de sa peau et légèrement crochu.

Il sentit ensuite quelqu'un tirer sur le drap et il vit brièvement une forme blanche en bas de son lit. Il entendit un « maman » ensuite.

Ok.

Heureusement, Arthur se réveilla, s'occupa des petits et put enfin lui expliquer ce qu'il se passait quand les deux enfants finirent par jouer ensemble.

Il avait perdu la mémoire, ce qui était la contrepartie pour mettre au monde les jumeaux.

Francis n'aurait pas pensé qu'en acceptant l'idée d'Arthur, il y aurait une telle conséquence. Il allait devoir se réhabituer à ses enfants : Alfred et Matthieu.

Son premier combat fut de faire en sorte que les jumeaux l'appellent désormais papa. Ce fut un peu difficile de leur expliquer qu'il était redevenu un « garçon ». Francis n'avait aucun mal à suivre de vue Alfred avec ses ailes bleues, parce qu'il était du genre hyperactif. Quant à Matthieu, bien qu'il soit quasiment tout blanc à cause de la fourrure d'ours qu'il portait sur le dos, il arrivait à passer inaperçu quasiment tous le temps.

Francis ne tarda pas à interroger Arthur sur les particularités de leurs enfants.

De ce qu'il comprit, ils étaient des sortes d'esprits américains.

Alfred avait l'apparence d'un oiseau-tonnerre. Il fallait faire attention avec lui, parce que dès que ses sentiments devenaient exacerbés, il pouvait provoquer un orage, voire une mini-tornade. Il y avait aussi tous ces chocs qu'ils provoquaient dans les corps qu'il touchait. Francis comprit qu'Alfred ne faisait pas de mal volontairement à sa famille proche et avait appris à se contrôler un minimum à force d'avoir été grondé. Il fallait tout de même le prévenir avant de le prendre dans les bras ou le toucher.

Matthieu était un esprit de l'ours blanc. Il avait le pouvoir de se cacher, mais c'est tout ce qu'Arthur avait découvert sur lui, sûrement parce que l'enfant gardait ses aptitudes secrètes.

Francis se souvenait de l'explication d'Arthur sur les anges et les démons. Il en conclut comme Arthur que l'un de leurs enfants était un démon et l'autre un ange.

Matthieu, même s'il était difficile à trouver, jouait souvent avec son frère ou traînait dans les pattes de ses parents. Il était beaucoup plus obéissant qu'Alfred. Francis avait tendance à se dire que c'était lui le petit ange. En plus, la fourrure d'ours qu'il trimballait sur lui était d'un blanc pur. C'était peut-être idiot comme raisonnement, mais ne disait-on pas que les anges avaient des ailes blanches.

Alfred avait toujours tendance à chercher les ennuis, contredisait tout le monde et faisait des bêtises, mais il n'en était pas moins adorable. Enfin, il était adorable quand il ne piquait pas des crises, n'envoyait pas des ondes de choc et ne provoquait pas un orage spectaculaire.

Même s'ils étaient différents, Francis les aimaient tous les deux, Arthur de même. Il savait qu'il devait faire attention à leur éducation, parce qu'ils possédaient des pouvoirs, mais qu'en contrepartie, ils étaient plus vulnérables que d'autres personnes.

Ce qui faisait beaucoup sourire Francis, c'étaient que ses enfants ne se séparaient quasiment jamais. S'ils devaient le faire, ils s'assuraient de rester avec l'un de leurs parents.

Francis se demandait comment leur rendre une apparence normale. Il ne pouvait pas faire de recherche en Europe, tant que ses enfants avaient cet âge et cette apparence. Comme il avait déjà entendu Gilbert parler de ce genre de choses avec enthousiasme, il lui demanda en toute amitié de se renseigner.

Il apprit plus tard que le médaillon que lui avait offert son père pourrait les faire paraître comme les autres enfants.

Francis supplia alors Antonio de lui donner/prêter/louer son médaillon pour l'un de ses enfants. Il aurait pu demander à un autre de ses frères beaucoup moins friands de négociation et de chantage affectif, mais il se trouvait qu'Antonio était le seul de ses frères adultes sur le nouveau continent.

Heureusement, celui-ci demanda seulement en échange de rencontrer les deux petites merveilles.

Matthieu s'était planqué pendant tout le séjour de son oncle chez eux et Alfred avait attaqué son oncle à coup de lumière bleue dès qu'il avait fait un pas dans la maison.

Heureusement, Antonio n'était pas du genre à se vexer pour si peu. Il avait pire qui l'attendait en Espagne.

Alfred finit par accepter Antonio quand celui-ci lui offrit son collier et Matthieu se montra alors à son oncle. Brièvement. Il était quand même venu lui dire bonjour et lui faire un câlin, c'était un grand pas pour le petit Canadien. Antonio lui avait apporté un ours en peluche, ce qui ravit l'enfant.

Quelques jours après, Matthieu, sous une apparence d'enfant ordinaire, se promenait avec un ours en peluche vivant partout avec lui.

Francis et Arthur durent questionner leur enfant, même s'ils auraient préféré ne pas savoir.

Matthieu l'avait fait, parce qu'il pouvait le faire. Il pourrait ainsi avoir sa peau d'ours partout avec lui sans que ce soit bizarre.

Expliquer au pauvre petit qui avait un frère avec des ailes d'oiseau qu'un ours en peluche vivant et parlant est flippant ne fut pas facile.

Matthieu avait apparemment réponse à tout. Son ours en peluche devint un vrai ours miniature. Apparemment, il ne pouvait pas lui enlever la parole, mais il n'avait qu'à se taire avec les étrangers.

Francis et Arthur soupirèrent en se disant qu'ils ne pourraient pas faire mieux. L'ours devint donc comme un animal de compagnie pour Matthieu.

« Summoner », avait marmonné Arthur.

Matthieu avait peut-être le pouvoir d'invoquer des ours. Vivant ou mort ? L'âme de l'animal mis dans une peluche… D'où venait le don de parole ?

Francis frissonna à ce genre de pensée et préféra interdire à Matthew de recommencer.

Et si le démon était celui qui paraissait innocent et qui dissimulait ses pouvoirs ?

Arthur sentit que Francis s'inquiétait. Il lui expliqua que Matthew avait toujours eu une peau d'ours sur lui qui représentait sûrement son pouvoir. Il lui avait juste donné une forme pour prendre vie. Heureusement, il avait fait le choix de prendre un ours en peluche. Cela aurait pu donner des trucs beaucoup plus bizarres comme protecteur… Oui, Arthur se serait vraiment inquiété si Matthew avait choisi par exemple un lapin ou un poulet vivant… Bon, pour l'instant, cette saleté d'ours n'avait fait que chiper dans le garde-manger et laisser traîner ses pattes sales partout.

Pourquoi cette obsession pour savoir lequel était le démon, lequel était l'ange ?

Parce que le démon se ferait attaquer par des croyants.

Un mois plus tard, Francis se blessa gravement avec un couteau de cuisine. Le sang coulait abondamment sur ses doigts, ce qui impressionna ses enfants qui étaient avec lui.

Alfred, rapide comme le vent, fila pour avertir leur père anglais. Par contre, Matthieu toucha son ours pour reprendre sa fourrure, revêtit son apparence normale et il prit la main de son père dans les siennes. Un courant froid et lumineux envahit la pièce.

Francis cligna des yeux et il s'aperçut que sa blessure était guérie.

Matthieu tendit les mains pour lui faire un câlin et il accepta bien évidemment.

Arthur arriva en trombe. Francis lui dit que tout allait bien en lui montrant l'enfant qu'il tenait tout contre lui et qui pleurait presque d'émotion d'avoir pu soigner son papa.

Francis jeta un œil à Alfred, avec ses ailes bleues de sortie, qui était définitivement jaloux. Il lui dit qu'il avait bien fait. Alfred ne pouvait pas savoir que Matthieu en était capable. Il fallait toujours prévenir un adulte. Alfred sourit d'être ainsi complimenté et il parut soulagé. Il y avait tout de même un orage qui s'annonçait, parce qu'il avait eu peur pour son père.

Démon ou ange ? Il faudrait protéger Alfred encore plus que Matthieu. Francis en était certain. Ces orages soudains pouvaient effrayer pas mal de monde. Quant à Matthieu, il suffisait de lui dire de faire attention quand il voulait soigner des personnes. Le reste du temps, il passait assez inaperçu pour ne pas attirer des gens mal attentionnés.

Arthur l'avait compris lui aussi.

Ils devaient faire en sorte de garder à tout prix une main mise sur leur territoire que ce soit l'Angleterre ou la France.


Note : Oui, Angleterre a veillé sur eux autant que possible… Je sais que ça ne colle pas vraiment avec l'Indépendance Américaine, puisque la France s'en est mêlée. Mais je vais trouver une raison possible et probable…. Il y a une, il y a forcément une…

Je voulais quand même parler des deux raisons vivantes qui avaient fait qu'Arthur a abandonné sa vie de malfrat pour clôturer cette fanfiction.

Je reparle d'eux dans Anges et démons Italiens.

Pour répondre à des questions que j'ai eu en reviews : J'ai pris des croyances du continent américain pour trouver les entités spirituelles des deux enfants. L'oiseau tonnerre est une légende très répandue en Amérique. Il y a une hypothèse comme quoi les Condors auraient donné naissance à cette légende. Pour l'apparence d'Alfred, j'avais en tête l'oiseau bleu du logiciel informatique thunder bird.

Pour Matthew, l'esprit de l'ours est une légende répandu au Nord de l'Amérique et au Canada (mais aussi en Russie et dans les Pyrénées... et sûrement dans d'autres régions du globe où vivent des ours...). L'esprit de l'ours est souvent un homme retourné à l'état sauvage. Il y a des légendes où il enlève des jeunes filles et d'autres où il est un homme-médecine, possédant un grand savoir. J'ai choisi l'option 2 pour Matthew pour en faire un ange sur le tard...

Et puis, avouons-le, si Russie découvre la vérité sur le côté démoniaque d'America dans un contexte de guerre froide, ce serait vraiment passionnant. J'écrirai peut-être un truc dans ce genre un jour.