Le Vide en ce Monde

I

Génnisi

Note de l'auteur : Voilà donc le premier chapitre de ma quatrième fic ST2009. C'est la suite directe d'Ogmios, donc vous ne serez pas dépaysés. Je me suis essayé à un nouveau type de lemon et à un nouveau genre d'ambiance en ce qui concerne l'intrigue. Dites-moi ce que vous en pensez. Bonne lecture et à très vite!

Disclaimer : Star Trek, ses personnages et son univers ne m'appartiennent pas et je ne touche aucune rémunération pour mes écrits.


Nous naviguions dans l'espace profond. Après deux longues semaines, depuis que nous avions laissé Dror et les autres derrière nous, nous n'avions croisé aucun être vivant. Mais, ce matin, alors que nous venions à peine de nous réveiller, Spock et moi, Nyota me contacta à l'intercom, pour me faire part d'un message en provenance de Starfleet Command. Nous devions nous rendre sur Génnisi, une planète de classe M, récemment colonisée par des humains et qui ne donnait plus de nouvelle depuis deux mois. Apparemment, la fédération tentait de les joindre depuis des semaines, sans succès. Tous leurs appels avaient été reçus, mais toujours aucune réponse. La situation devenait inquiétante, car même si tout allait bien, d'après le dernier rapport, la procédure pour toute nouvelle installation sur un monde inconnu était de faire un compte rendu mensuel durant au moins un an. Or, cela faisait à peine six mois qu'ils étaient implantés. Ce long silence ne présageait rien de bon. Ce n'était pas un cas isolé dans l'histoire de la conquête spatiale, et ça pouvait être dû à tout un tas de choses, allant du dysfonctionnement des communications, à la mort de toute la population pour des causes diverses, comme un virus que l'on n'aurait pas détecté. Dans tous les cas, la seule manière d'en savoir plus était d'aller voir sur place. Et nous étions les plus proches de la zone.

Nous étions donc en route vers notre nouvelle destination et avions encore un jour de voyage devant nous. Spock avait demandé deux heures, pour méditer. Allongé sur un banc, j'étais donc seul dans la baie d'observation. Nous étions en phase nocturne et je scrutais les étoiles, perdu dans mes pensées, en caressant distraitement Léonard le tribble qui ronronnait sur mon ventre. À travers notre lien, je pouvais sentir le calme et l'apaisement de mon compagnon, et cela me détendait grandement. Dans un état de semi-conscience, le bruit de la porte me parvint à peine. Avant même qu'il ne passe le seuil, je devinai l'identité de mon visiteur. Il s'avança silencieusement vers moi et s'assit à son tour, en soulevant délicatement ma tête pour la poser sur ses genoux. Une main alla se perdre dans mes cheveux, me fit soupirer de bien-être.

« Tu as l'air de vraiment aimer cette créature, finalement. Je ne pensais pas que tu t'y attacherais autant, quand j'ai eu l'idée de te l'offrir. » Murmura-t-il.

« Disons que je n'ai jamais eu d'animal de compagnie. Ma mère n'en voulait pas. Il y avait bien ce chien errant qui traînait toujours dans le coin, mais même s'il mangeait ce que je lui donnais, je n'ai jamais réussi à l'approcher. Et toi ? » Lui demandai-je en retour.

« Les Vulcains ne voient pas vraiment l'intérêt de s'attacher à des êtres non-évolués. »

Cela ne m'étonna pas.

« Mais, quand j'étais petit, j'avais un sehlat qui avait appartenu à mon père. »

« Un quoi ? »

« Un sehlat. » Répéta-t-il, en fermant les yeux. « Il s'appelait I-Chaya. »

Une image s'imposa dans mon esprit. Celle d'une bête de taille imposante, quelque part entre l'ours et le chien, au pelage brun et affublée de grandes dents. Elle semblait plus féroce qu'amicale. Mais, aucune peur n'émana de Spock à ce souvenir. Seulement de la tendresse teintée de tristesse et de reconnaissance.

« Que s'est-il passé ? » Demandai-je, doucement.

« J'avais sept ans et il a insisté pour m'accompagner, alors que j'entreprenais le kahs-wan. »

« Qu'est-ce que c'est ? » Le coupai-je, curieux.

« Un test de survie dans le désert de la Forge. C'est le premier rituel traditionnel de la vie d'un Vulcain. J'étais parti plus tôt que prévu et un Le-matya m'a attaqué. I-Chaya a donné sa vie en me sauvant. Sans lui, je serais mort ce jour-là. » Me raconta-t-il.

J'étais désolé pour lui, mais Spock parlait rarement de son enfance, je préférai donc garder le silence et ne pas le mettre mal à l'aise en m'apitoyant. À la place, j'attrapai sa main et embrassai ses doigts.

« Allons nous coucher. » Dis-je, en me redressant. « Attends-moi dans tes quartiers, le temps de remette Léonard dans sa cage. »

Il hocha simplement la tête en se levant. Nous sortîmes de la pièce calmement.

L'ambiance feutrée et la chaleur des quartiers de Spock m'accueillirent, alors que la porte s'ouvrait sur mon passage. L'odeur de l'encens qui l'aidait à méditer flottait encore dans l'air. Cette chambre était ce qui se rapprochait le plus d'une maison pour moi. Du moins, pour les cinq années à venir. C'était notre havre de paix, un endroit où je pouvais tomber mon masque de Capitaine sans faille. Je me laissais couler dans les bras de mon compagnon et il m'acceptait comme j'étais. Avec mes peurs et mes blessures. Se fondre dans l'autre, comme si nous n'étions qu'un seul être, voilà ce que je venais chercher dans ce lit. La compréhension totale, alors qu'il m'enlevait, un à un, mes vêtements. L'absence de jugement, alors qu'il caressait mon corps nu, du sien, dans la semi-obscurité. Mes soupirs se mêlèrent aux siens, tandis qu'il s'insinuait en moi, lentement. La brûlure de sa peau attisa mon désir, la morsure de ses dents dans mon cou me fit frissonner. L'ardeur de ses coups de reins, la force de sa main sur mon membre, me firent crier sans retenue. Mes jambes enserrèrent fortement sa taille, mes ongles s'enfoncèrent dans son dos. Il m'observa, avec ses yeux noircis par le plaisir, perdre pied et onduler mes hanches pour accompagner ses mouvements. Il me prit avec plus de fougue, alors qu'il était proche de la délivrance, resserra sa prise sur mon érection, me précipitant dans les abîmes de l'orgasme, en se cambrant contre moi, alors qu'il venait entre mes reins, mon nom sur ses lèvres. Cette manière presque sauvage, qu'il avait, de me posséder, j'en avais besoin pour pouvoir respirer librement quand j'étais sur la passerelle et que les 400 membres d'équipage de ce vaisseau mettaient leur vie entre mes mains. Sans lui, je ne serais que l'ombre du Capitaine que j'essayais d'être, aujourd'hui. Il était mon ancre, mon roc et je l'aimais de toutes mes forces pour ça. Ses bras me gardèrent contre son torse puissant et ses jambes se mêlèrent aux miennes, alors que le sommeil nous emportait.

Le lendemain, c'est une passerelle en pleine effervescence qui nous accueillit, au début de notre quart. Sulu était en train de nous mettre en orbite autour de Génnisi, alors que Nyota semblait osciller entre frustration et inquiétude. Elle m'apprit qu'elle tentait de contacter la planète depuis plus d'une heure, sans succès.

« Je suis sûr que ce n'est pas votre faute. » Dis-je sincèrement, pour la rassurer, en prenant place dans mon fauteuil. « Après tout, c'est pour ça que nous sommes ici. »

La sphère, riche en océans et parsemée de continents, tournait tranquillement sur elle-même, sur l'écran principal. Sa beauté et son apparente quiétude me firent comprendre pourquoi ces gens n'avaient pas hésité à venir vivre ici. Notre mission était de s'assurer que tout allait bien et je me surpris à prier pour que ce soit le cas, avant de décider de descendre moi-même, accompagné de Spock et de deux gardes de la sécurité. J'en informai mon pilote et me levai de mon siège, en faisant un signe à mon compagnon. Il me suivit dans le tubolift, direction la salle de téléportation.

Nous nous matérialisâmes dans une rue étrangement déserte, alors qu'elle semblait être l'avenue principale de la ville nouvellement construite. Les magasins étaient ouverts, comme si leurs propriétaires allaient revenir dans un instant. Des restes de déjeuners pourrissaient dans leurs assiettes, sur la terrasse d'un restaurant, les chaises n'avaient pas été repoussées sous les tables. Un PADD était abandonné sur un banc. Spock s'en empara et prit quelques secondes pour parcourir le texte des yeux. D'un regard interrogateur, je l'incitai à me faire part de sa découverte.

« Une page est restée ouverte sur un quotidien d'information. Il date de soixante-dix jours. En sachant que cela fait deux mois que Starfleet essaye de les contacter, nous pouvons en déduire que l'incident remonte à ce jour-là, précisément. » M'informa-t-il.

« On dirait que les gens ont simplement disparu en l'espace d'une seconde. » Commenta Johnson, en regardant autour de lui.

« Ce n'est pas rassurant. » Ajouta Kumar, un jeune Enseigne d'origine indienne.

« Restons rationnels. Personne ne s'évanouit dans les airs comme ça. Ils doivent s'être réfugiés quelque part. Nous devons trouver des indices. » Ordonnai-je, calmement, en prenant la tête du groupe.

Nous parcourûmes longuement les rues obstinément vides. Le temps, qui était au beau fixe à notre arrivée, vira soudainement. Un brouillard opaque se leva et envahit le boulevard en quelques minutes. Dans un reflexe inconscient, ma main agrippa celle de Spock, juste avant que je ne sois plus capable de voir à un mètre devant moi. Je m'immobilisai, tous mes sens en alerte. Les doigts de mon compagnon se resserrèrent autour des miens et son inquiétude se distilla dans mes veines. Des murmures lointains me parvinrent, ils résonnèrent dans ma tête et je compris que c'était Spock qui les entendait. L'ouïe des Vulcains était plus aiguisée que celle des humains. Ce bourdonnement avait le ton d'une lamentation, comme la rumeur d'une foule désespérée. Une sourde angoisse s'empara de mon être et je la combattis avec force, jusqu'à ce que le smog se dissipe aussi vite qu'il était apparu. La vue me revint et je pus m'assurer que mon compagnon allait bien. Mon cœur consentit à ralentir quand il me rassura d'un regard. Je me tournai vers le jeune hindou, et remarquai l'absence de son camarade.

« Kumar, où est Johnson ? »

« Je n'en sais rien, monsieur. Il était juste à côté de moi et je ne l'ai pas entendu s'éloigner. » Me répondit-il, d'une voix teintée de panique.

« Nous allons le retrouver. » Assurai-je, en essayant d'y croire.

Il était hors de question de partir sans Johnson. Sans être, à proprement parler, un ami, c'était un homme de confiance. Il avait gardé secrète ma relation avec Spock, au tout début, et ne l'avait jamais plus évoqué depuis, même quand c'était devenu officiel. Je ne voulais pas l'abandonner. Mais, après presque une heure de recherches sans croiser âme qui vive, nous dûmes nous rendre à l'évidence. Le redshirt avait disparu avec le reste des habitants. Soudainement, mon compagnon sursauta légèrement et tourna brusquement la tête dans la direction d'une ruelle. Je jurerais avoir vu ses oreilles frémir.

« Qu'est-ce que tu entends que nous ne sommes pas capable de percevoir ? »

« Je ne sais pas vraiment. C'est très confus. »

« Je l'ai perçu, tout à l'heure, à travers notre lien. » Lui précisai-je silencieusement, mal à l'aise à l'idée d'en parler devant Kumar que je connaissais seulement de nom.

« Je sais. » Me répondit-il en pensée. « Ça ressemble à des chuchotements. Mais, impossible d'en distinguer un seul clairement. Comme si des dizaines de personnes parlaient en même temps dans une pièce. »

C'était également l'impression que j'avais eue.

« Jim, je pense qu'il est imprudent de rester plus longtemps ici. Le brouillard risque de revenir et il ne m'a pas semblé très… naturel. »

« Je sais que tu as raison. Mais je n'aime pas l'idée de m'en aller sans Johnson et surtout sans aucune information sur ce qui est arrivé à ces gens. C'est pour ça que nous sommes venus et j'ai l'impression que nous avons de nouveau affaire à quelque chose qui nous dépasse. Le même mauvais pressentiment qui m'avait envahi à notre première visite sur Ogmios me reprend et je n'aime pas ça du tout. »

« Nous devons, avant tout, étudier plus avant cette brume. Quand nous saurons de quoi elle se compose, nous aurons peut-être un début de réponse. » Me suggéra Spock.

« D'accord. Rentrons. » Capitulai-je, en m'emparant de mon communicateur.

Je déclarai Johnson disparu et demandai qu'on nous téléporte à bord. C'est avec un certain soulagement, malgré moi, que je retrouvai les murs de l'Enterprise.