Suite et fin de « Continuer ». Je vous conseille de relire les deux premiers chapitres, puisque ça fait longtemps que je les ai publié.


Et reconquérir


PDV Bella

Deux jours, il me fallut juste deux jours pour croire Alice et reprendre espoir. Une fois la décision prise de le reconquérir, j'avais mis au point un plan et ça ne m'avait pris que dix minutes.

Mon plan était clair, bien ficelé mais sa réussite ne dépendait que d'Edward. J'aurais du débarquer chez lui, pensant avoir affaire à des clients pour un tournage. Je serais venue avec mes employés et face à eux, Edward n'aurait pas vraiment eu le choix d'au moins me parler. C'était tout ce que je voulais, le voir et lui parler...

Il n'aurait rien pu savoir, mon esprit était sans doute toujours illisible pour lui et l'équipe n'aurait été au courant de rien. C'était sans compter sur ma maladresse légendaire. Sur l'autoroute, juste après avoir quitté Seattle, j'avais provoqué un accident, notre camionnette n'avait pas survécu, un miracle pour mon équipe, j'avais reçu pour ma part deux éclats de verre du pare brise dans le bras gauche et avais du passer la nuit à l'hôpital.

Je décidai de me prendre une semaine de congés bien mérité, j'avais besoin de calme et de temps pour élaborer un nouveau stratagème. La séance de Rosalie et Emmett avait été maintenue, le matin-même, Clarisse m'avait téléphoné et m'avait raconté les désidératas du plus beau couple qu'elle avait jamais vu. Ça c'était finalement bien passé, ma collègue m'avait prévenue qu'un énorme bouquet de fleurs m'avait été offert par Emmett, très déçu de ne pas m'avoir vue.

Trois jours plus tard, n'y tenant plus, je décidai de retourner chez Edward seule. Je commandai un taxi et lui donnai l'adresse que j'avais mis des heures à trouver. Il m'avait fallu payer deux employés de la compagnie d'électricité mais j'y étais parvenue. Au moins, il n'aurait pas pu en vouloir à sa famille, je n'avais demandé de l'aide à personne. Le trajet me couta une petite fortune, j'aurais sans doute pu conduire avec mon bras en écharpe sauf que j'étais trop stressée et aurais pu encore un accident.

Edward ne répondit pas à mes dizaines de coups de sonnettes et à mes suppliques. Finalement la gardienne me houspilla quand je frappais de dépit et de désespoir sur la porte.

« Il a déménagé il y a trois jours... Vous n'êtes pas Bella par hasard ? » me dit-elle en fouillant dans sa poche.

« Oui. »

« Il m'a dit que vous viendriez, voici une lettre pour vous. »

Je déchirai l'enveloppe et en sortis un carton, mes yeux s'embuèrent en reconnaissant son écriture.

- Continue ta vie, tu t'en sors bien. Edward -


Trois ans plus tard

PDV Edward

« Allez ma chérie, pousse plus sur tes jambes. » encouragea Bella.

La gamine devait avoir trois ans, elle était mignonne avec ses longs cheveux noirs et sa peau cuivrée. Je ne voyais aucune ressemblance entre elle et Bella mais leur complicité me décontenançait. Trois ans plus tôt, j'avais de nouveau rejeté mon âme-soeur, j'avais voulu pour elle une vie normale, elle méritait tout ce que je voyais aujourd'hui. Elle rayonnait en jouant avec l'enfant, à sa main gauche, un diamant brillait, la maison devant laquelle trônait une balançoire était neuve et vaste.

« Ton père arrive bientôt, Sarah, on devrait rentrer te nettoyer un peu. » décida Bella.

La petite, Sarah donc, refusa. Dans son esprit d'enfant, elle se voyait s'endormir dans les bras maternels de Bella tandis que son papa, Jacob Black, lui chantait une mélodie indienne. Une voiture se gara peu après et Bella prit dans ses bras l'enfant pour aller à la rencontre de Mike Newton. Je n'y comprenais pas grand chose, c'était bien trop déconcertant.

Mike baisa la joue de Bella et fit de même avec l'enfant, puis partit à l'intérieur. Elles le rejoignirent et tous s'attablèrent. Sarah réclama ensuite du chocolat chaud et Mike l'imita. La façon dont il avait de voir Bella avait changé, il n'y avait plus rien de sexuel ou pervers, mais plutôt tendre et reconnaissant.

Sarah, elle, n'aimait pas beaucoup Mike, elle lui en voulait tout en repensant à sa vision d'une famille unie composée de Bella et Jake. Que s'était-il donc passé en trois ans ?

« Je sors ce soir. »

« Tu aurais pu me prévenir avant. » râla Bella.

« Je sais, désolé. »

« Alors viens Sarah, je te ramène chez toi. »

La gamine soupira et suivit Bella qui était déjà au téléphone pour prévenir Jacob du changement de plan.

Ma présence à la réserve et sur le territoire Quileute étant toujours interdite, je décidai d'espionner Mike. Il s'activa dès qu'il fut seul, il ôta son alliance puis fila sous la douche, prenant un soin un peu trop poussé selon moi pour se laver le sexe. Il allait tromper Bella... avec un homme. Je m'éloignai dès qu'il commença à fantasmer sur son « Riley ».

_oOo_

PDV Bella

« Elle dort. » chuchotai-je, quand Jake rentra chez lui ce soir-là.

« Merci mille fois. »

Il alla sur la pointe des pieds ouvrir la porte de la chambre de Sarah et s'extasia. Sa fille, petite merveille, le rendait tellement heureux.

« Tu me revaudras ça. » marmonnai-je en me levant.

« Tu adores ma fille ! »

« Mais pas dormir sur ton canapé pourri ! Tu as pu avancer au moins ? »

Jake avait monté son garage, ça lui demandait beaucoup de temps et Lisa, qu'il avait épousé près de quatre ans plus tôt, n'avait pas supporté ce rythme. Elle était retournée au sein de la tribu, les Makah et avait péri peu après d'un accident de voiture. Sarah n'avait gardé que peu de souvenirs de sa mère, à presque trois ans, elle n'avait pas conscience de ce qu'elle avait perdu, elle ne posait jamais de question sur sa mère.

La mort de Lisa avait confirmé à Jake et la meute qu'il ne s'était pas imprégné d'elle. C'était la seule raison pour laquelle je ne passais pas plus de temps avec Sarah, je me doutais qu'elle me voyait comme une mère mais un jour, une autre femme prendrait cette place et je ne voulais pas compliquer les choses entre elles.

Jake me proposa de dormir chez lui et je déclinai. En rejoignant dans la pénombre ma voiture, je me pris les pieds dans une racine et m'étalai de tout mon long. Je m'étais sans doute foulée la cheville pour la trentième fois de ma vie... Derrière moi, j'entendis mon meilleur ami ricaner, il ne vint pas m'aider, il savait que je l'aurais envoyé promener. Je détestais être maladroite et tomber devant témoins.

Nous avions tiré un trait sur le passé, Jake avait débarqué chez mon père le jour du mariage, il avait suivi Mike la veille et s'était cru le droit de m'annoncer que mon fiancé était gay. J'avais soupiré et lui avais confié que ça n'avait rien de nouveau pour moi. Et nous parlâmes, de tout, je faillis être en retard à l'autel à cause de lui, mais nous avions renoué et pour cela, ce fut une merveilleuse journée.

Mike et moi nous étions revu à Seattle, deux semaines après que je fus allée chez Edward. J'étais alors dans un piteux état, facilement mon ancien camarade de lycée m'avait fait sourire. Il avait beaucoup changé, il vivait toujours à Forks et me proposa de faire la route ensemble la semaine suivante pour que je voie Charlie.

Ce fut à cette occasion qu'il me demanda en mariage, rien que d'y penser, j'en riais encore. Il m'avait avoué son homosexualité et j'avais ri car ça me paraissait incongru. Il m'avait confié sa peur des qu'en-dira-t'on à Forks, j'avais éclaté de rire, cette ville était effectivement friande de scandales et Mike aurait été un sujet de choix. Puis il m'avait fait cette offre : l'épouser et vivre chez lui, au bout de deux ans, je pourrais partir avec une pension confortable et sans trahir son secret. Mon père avait été surpris de me voir arriver avec Mike, surpris et plein d'espoir. Alors j'avais pris ma décision et avait présenté Mike à son père en tant que mon petit ami.

Dix mois plus tard, j'avais épousé Mike, j'avais emménagé chez lui, délaissant mes studios de productions pour me consacrer à l'écriture d'un nouveau roman, moins coquin. Prétendre aimer Mike ne fut pas difficile, personne ne s'étonna de notre retenue, j'étais timide et appréciée par ma discrétion. Mon mari avait repris la gérance du magasin de ses parents et gagnait bien sa vie, moins que moi mais cela restait un secret, il n'avait aucune idée de ce que je faisais chaque mercredi à Seattle. Nous vivions au même endroit et peu à peu notre amitié se développa, pourtant nous ne passions que quelques heures par semaine ensemble.

Mike avait rencontré quelqu'un et je savais que bientôt j'allais demander le divorce. Mike avait changé depuis qu'il était avec Riley, un homme plus âgé que nous et qui avait grandi à Forks. J'avais l'espoir qu'il oserait vivre cet amour au grand jour.

Après une rapide douche, je revêtis un short court et un débardeur et allai au lit. La journée écoulée m'avait bouleversée, comme à chaque fois que j'expérimentais ce que je refusais pourtant d'avoir: une famille. Mon retour à Forks m'avait permis de guérir encore, de découvrir que je voulais un enfant mais pas avec un autre qu'Edward. Ma vie me semblait être dans une impasse, je l'avais accepté même si je gardais encore l'espoir.

Mes nuits étaient propices aux regrets et aux pleurs, pourtant cette nuit, mes larmes ne voulurent pas couler, ce qui me rendit encore plus triste, plus dépitée. Si je n'avais même plus la force de pleurer de désespoir, cela signifiait que j'avais réellement tiré un trait sur lui. Je n'y étais pas préparée, je ne le voulais pas, j'avais peur.

Puis je le sentis.

Il était là.

À ma fenêtre, caché sur le balcon.

Mon cœur eut un raté, une larme de joie s'échappa de mes paupières, mon corps tout entier réagissait déjà à sa proximité. Deux mètres et un mur nous séparaient, rien d'infranchissable, rien qu'il ne pusse franchir.

Il était là.

J'aurais pu me lancer dans un questionnement interne sur les raisons de sa venue, je n'en avais nulle envie.

Il était là.

« Edward... » l'appelai-je doucement.

Aucun bruit, aucun mouvement et pourtant il était là.

« Entre, s'il te plait. »

Toujours aucun signe.

Je me relevai et retins un juron en posant les pied à terre, j'avais oublié ma foulure.

« Aie ! » grommelai-je en priant pour qu'il réagisse.

Si il m'aimait comme Alice l'avait prétendu trois ans plus tôt, il ne resterait pas insensible à ma douleur et il se ferait voir.

« Reste allongée. »

Sa voix résonna dans ma chambre, la porte fenêtre avait été ouverte mais lui était resté dehors.

« Entre, s'il te plait Edward. »

Son ombre passa devant mes yeux, quand je clignai, il était face à moi, à genoux sa main fraiche sur ma cheville.

Il refusa d'abord de me regarder, je ne me vexerais pas ce soir, décidai-je. Il était enfin avec moi, il me fallait agir.

Je passai une main sur sa joue qui tressaillit, son souffle se suspendit plusieurs minutes, il n'avait pas besoin de respirer alors que moi j'étais haletante. Sa peau sous mes doigts, je ne connaissais rien de plus doux et électrisant.

« Merci. » dis-je simplement.

« Tu devrais consulter dès demain. »

« Ça ira. » répondis-je avec désinvolture.

Sa tête se releva et il planta ses iris dorées dans les miennes.

« Non Bella, tu dois aller voir un médecin, ta cheville est enflée. »

Il massa encore quelques minutes, nous ne parlâmes pas, puis il s'écarta et je tendis les mains en vain pour le retenir.

« Mon odeur te gêne-t-elle ? »

« Non... plus du tout. »

Il s'adossa au mur à ma droite et ferma les yeux.

« Oh... c'est... ça n'est pas normal. »

« Quand tu as sauté de cette falaise, Alice t'a cru morte, rien qu'une journée, et moi aussi. »

« Quand tu as appelé... » commençai-je sans savoir si je voulais vraiment des réponses.

« Je voulais parler à ton père, m'assurer que tu allais bien. Bon sang Bella, à quoi tu pensais ? » s'énerva-t-il.

« Je voulais juste m'amuser, ressentir autre chose que de la douleur. Alors... Alice aurait-elle par hasard mentionné que... que je... »

« Oui. » répondit-il, plus du tout en colère.

« Je suis désolée, ça ne devait être que pour moi. Je voulais juste évacuer ma frustration. Et puis tout s'est emballé. »

« Tu es heureuse, c'est le plus important. »

« Je ne le suis pas, ou plutôt, je ne l'étais pas jusqu'à ce que tu reviennes. »

« Je... je voulais voir par moi-même comment tu allais. »

« Je te l'ai dit il y a neuf ans, rien n'a changé pour moi. »

« Tu dois avancer, continuer ta vie. »

« C'est ce que j'ai fait, j'aurais pu finir dans un asile, j'étais si dépressive après ton départ. Mais je me suis relevée seule. »

« Tu es la personne la plus forte que je connaisse. »

« Et la plus seule aussi. »

« Je pense en connaître un rayon sur la solitude. »

« Vraiment ? Tu as un secret que tu ne peux pas confier, un secret qui te dévore et que tu chéris malgré tout ? Tu aimes quelqu'un au-delà de tout, même s'il est loin et a trahi ses promesses ? Un amour que tout le monde t'a conseillé d'oublier, un amour qui te consume encore après des années de solitude, un amour qui t'interdit d'aimer une autre personne ? Tu n'as aucune idée de ce que je vis depuis ton départ, Edward. »

Je guettais sa respiration, inutile car il n'avait pas besoin de respirer, mais il le faisait par habitude, du moins avant. Mon odeur était-elle trop tentante pour lui ?

« Tu aurais du oublier, c'est ce qu'il se passe pour les humains... »

« Tu as sous-estimé mon amour. Je peux comprendre pourquoi pourtant, depuis que tu es vampire, tu entends les pensées de tous ceux qui t'entourent. Tu pensais que je ferais comme n'importe qui, que j'oublierais, que je pourrais aimer à nouveau. »

« C'est ce que je veux encore, Bella. »

« J'espère que tu aimeras être déçu. »

Il m'avait dit cela quand je lui avais demandé d'expliquer comment il avait réussi à me sauver du van de Tyler Crowley, au lycée. Il s'était entêté, je m'étais vexée et quand j'avais appris la vérité et la nécessité pour lui de ne pas être percé à jour.

« Si tu te donnais les moyens... » commença-t-il.

« Tu n'as pas à me dire quoi faire. J'ai fait du mieux que j'ai pu pour me lever le matin avec entrain et me coucher sans pleurer ! »

« Je sais... mais tu dois m'oublier. »

« Je pense que c'est impossible, je n'ai jamais essayé. »

« Pourquoi ? »

« Pourquoi pas ? Tu es la personne que j'aime le plus, celle que je respecte le plus, que j'admire et ... »

« Tu es mariée... mais pas à la bonne personne. »

« Tu es jaloux ? » le narguai-je.

« Il est gay. »

Donc il savait déjà.

« Je sais, ça nous a arrangé de nous marier pour les apparences. Mon père désespérait de me voir avec un garçon et lui n'assume pas son homosexualité. »

« Tu ne peux pas rester avec lui. » statua-t-il durement.

Mike avait le don de le mettre en colère quand nous étions au lycée, les choses n'avaient apparemment pas beaucoup changé.

« Je le sais... Il y a quelque chose de plus important à discuter. »

« Tel que ? »

« Vas-tu continuer à nous rendre malheureux ? »

Toujours aucune réaction de sa part, pas même un mouvement.

« Parce que je sais que tu l'es aussi, continuai-je. Alice me l'a dit, elle ne m'aurait pas menti. Je suis prête à pardonner tes mensonges et ton départ mais à condition que tu me transformes. »

« Tu n'es pas sérieu... »

« Si, très. J'ai vingt six ans et toi dix-sept, je pense qu'il est largement le temps. J'ai essayé de continuer, moi. Tu t'es contenté de vivre seul, tu as rendu malheureuse toute ta famille. Alors il faut que tu répares tes erreurs, maintenant. »

Il me regarda enfin, je fus alarmée par cette souffrance dans ses yeux.

« Je veux être avec toi Bella mais je ne peux pas te condamner à cette vie. »

« Si tu ne le fais pas, je demanderais à quelqu'un d'autre, n'importe qui et tu sais que je le ferais. »

En vérité, je n'avais aucun vampire sous la main. Alice m'écrivait parfois sans donner de détails et aucun moyen pour la contacter.

« Ne me fais pas ça. » plaida-t-il, faisant encore un peu plus tomber le masque.

« Ne ME fais pas ça Edward ! Je n'ai pas envie de te forcer la main, je veux que tu me choisisses, pas que tu me cèdes. »

Je descendis de mon lit et me plantai face à lui, les poings sur les hanches.

« Tu ne sais pas ce que c'est d'être vampire, d'avoir envie de tuer à chaque instant, de perdre son âme. »

« Tu y arrives, pourquoi pas moi ? »

« Je suis certain que tu y arriverais. »

« Mais tu préfères me regarder de loin, souffrir, vieillir seule puis mourir ? Tout ça pour soulager ta conscience ? » répliquai-je sarcastiquement.

« Ça n'est pas comme ça. »

« Je n'ai pas d'autres façons de voir les choses. Transforme-moi. »

« Non Bella. »

« Dis-moi que tu m'aimes au moins. »

« Pourquoi ? »

Il s'échappa et atterrit à l'autre bout de ma chambre.

« Si je sais que tu m'aimes, je pourrais plaider en ta faveur auprès des Volturis. »

Il me scruta effaré puis énervé.

« Je refuse, n'y vas pas. »

« Je ne vais plus te le demander, transforme-moi ou bien je pars en Italie. »

« Ils n'attendent que ça ! Carlisle a un clan trop grand et puissant, tu leur donnerais une occasion en or de se débarrasser de ma famille. »

« Alors je ne dirais rien. » soupirai-je.

Je ne voulais pas causer de problèmes à la famille Cullen mais si j'y allais sans que personne ne le sache, je ne dirais que le minimum et...

« Aro a le don de connaître toutes les pensées d'une personne rien qu'en la touchant une seconde. » m'apprit-il, sans lire dans mes pensées, il me connaissait bien.

« Tu es si frustrant. »

« Reste humaine, s'il te plait. »

« Non. »

« Bella, ne vas jamais en Italie, les Volturis sont très dangereux. Ils pourraient tuer toute ta famille et la mienne en un claquement de doigt. »

Nous restâmes silencieux encore un long moment. Plus aucun bruit ne vint perturber nos sinistres retrouvailles. Moi qui avait si souvent rêvé de mots d'amour, de baisers fiévreux, de caresses inédites, d'une nouvelle vie, je n'avais que des mots graves, des soupirs agacés et le froid dans son regard.

« Pourquoi tu ne viens pas à côté de moi ? »

Il s'assit par terre, les jambes pliées, la tête entre ses bras, posés sur ses genoux.

« Je ne peux pas. » grogna-t-il, frustré.

« Ou tu ne veux pas. »

« Je n'en ai pas le droit. »

« C'est tellement stupide ! Tu as passé tellement de nuits à mes côtés, sur mon lit. Je me suis endormie sur toi, sur ton corps, sous tes lèvres. »

J'avais glissé au sol et me tenais face à lui, à genoux. Il commença à trembler et se tassa dans le coin de ma chambre.

« Tu me tues Edward, par ton absence. »

« Ne sois pas si catégorique. »

« Je comprends ce que tu veux faire mais tu as tort, ça ne marche pas. Je sais ce que je pourrais avoir, une famille, des enfants, une vie simple et confortable. Mais je ne veux rien de tout ça sans toi, j'en suis sûre. Je suis égoïste peut-être, mais je tournerai le dos à ma famille et mes amis pour m'enfuir avec toi, pour devenir comme toi. Peu m'importe de ne plus les revoir, tu es le plus important pour moi. »

Il se releva, comme aux aguets. J'entendis une voiture se garer et quelqu'un jurer.

« Bella ! Tu vas bien ?! » s'alarmait Jake depuis le rez-de-chaussée.

« Oui. » répondis-je calmement.

« Je sais qu'il est avec toi, je veux que tu me rejoignes maintenant. »

« Tu ne pars pas ? » demandai-je à Edward.

Il me fit non de la tête et je descendis rejoindre Jacob. Nous n'avions jamais plus évoqué mon vampire, il n'avait rien oublié et j'en savais plus désormais sur leur statut d'ennemi naturel.

« Rentre chez toi, tout va bien. » lui assurai-je.

« Il s'est approché de ma fille ! »

« Impossible, je l'aurais... »

« Tu sais parfaitement qu'il peut agir sans être remarqué. Dis-lui de quitter la région sur le champ. »

« Il est venu me voir Jake, c'est tout. Il n'est pas dangereux. »

« Bella, ne retombe pas dans ses bras, tu te souviens de ce qu'il t'a fait en partant ?! Tu étais presque morte et lui... »

« Stop, Jake, rentre chez toi. » lui ordonnai-je.

Il eut ce regard, le même que neuf ans plus tôt quand je l'avais définitivement préféré Edward.

« Il est mauvais. »

« Il est l'homme que j'aimerais toujours, il n'est pas mauvais, au contraire. »

« Il doit partir. » martela-t-il.

« Il n'est pas dangereux, rentre chez toi. » insistai-je, cette fois-ci en le poussant vers la sortie.

Il obtempéra non sans me répéter qu'Edward était démoniaque et qu'il le tuerait lui-même si il restait dans le coin. Je réalisai que cet équilibre que j'avais cru trouver ne revenant à Forks n'était qu'illusoire. Rien n'avait changé, Jake et moi étions toujours opposés, je mentais aux miens pour ne pas les inquiéter et j'étais plus seule que jamais.

Je me rendis dans la cuisine, sortis un couteau et très vite me tranchai les veines du poignet gauche. Edward fut à mes côtés avant même que la lame ait fini de glisser sur ma peau. Il me retira le couteau et hurla à Jake d'appeler une ambulance. Ce dernier me découvrit avec horreur, le sang s'échappait de mon poignet, il se changea en loup et attaqua mon vampire qui l'esquiva mais ne parvint pas à revenir près de moi. Embry et Call surgirent à leur tour, déjà sous leur forme lupine saccageant l'entrée et démolissant le seuil de la cuisine.

« Elle va mourir ! s'écria Edward. Emmenez-la à l'hôpital ! »

Les loups ne m'accordèrent aucune attention, sans doute trop excités à l'idée de tuer un vampire. Je n'eus aucun mal à me trancher l'autre poignet, l'odeur du sang devint toutefois trop forte pour que je reste debout. Je glissai à terre et observai Edward. Il était acculé dans un coin de la pièce, son regard noirci ne me quittaient pas et me défendaient de me blesser davantage. Les trois loups grognèrent puis se couchèrent pour finalement repartir de chez moi.

« Merci Sam. » dit Edward en me soulevant.

Le chef de la meute se tenait sur le seuil de la cuisine, il n'avait pas l'air agressif. Ses yeux me sondèrent puis jugèrent mes blessures.

« Il y a encore une chance. » murmura mon vampire.

Le loup grogna faiblement, comme pour lui répondre.

« Transforme-moi, Edward. Ne me laisse pas mourir. » le suppliai-je faiblement.

Je m'envolai dans ses bras et il nous amena à vive allure jusqu'au Manoir des Cullen. Ses dents se plantèrent dans mon cou et tout s'effaça autour de moi pour faire place à un brasier.

Épilogue

« Pousse plus fort sur tes jambes, Sarah. »

La petite fille s'envola sur sa balançoire en riant aux éclats. Je la regardai, fascinée et émue. Elle avait six ans désormais et je ne pouvais m'empêcher de regretter ne pas pouvoir lui raconter des histoires, lui préparer son chocolat au lait ou encore l'aider à s'habiller. Une autre faisait tout cela, Jake s'était enfin imprégné et sa famille s'était même agrandie.

Mon « suicide » avait fait couler beaucoup d'encre à Forks, mes parents ne s'en remettaient toujours pas. Quant à mon mari, il avait quitté son commerce et vendu la maison, prétextant que vivre à Forks lui rappelait de trop douloureux souvenirs. Il vivait à San Francisco avec Riley, personne ne le savait.

Entre Edward et moi, tout ne s'était pas fait facilement. Il m'en avait beaucoup voulu de m'être tranchée les veines, je lui avais aussi beaucoup voulu de m'avoir faite attendre neuf ans. Notre amour était parvenu à nous guérir et nous vivions désormais en harmonie, au sein du clan Cullen.


Voilà, c'est fini. Merci à toutes de m'avoir suivie sur cette fic, j'espère qu'elle vous a plu. Je sais que c'est une fic assez sombre mais le plus important c'est qu'ils se retrouvent. Comme souvent, je n'écris pas de longs épilogues, la fin est heureuse finalement ! J'attends vos reviews avec impatience.

La fille de Jake s'appelle toujours Sarah pour moi, en hommage à sa mère décédée.

A bientôt sur d'autres histoires.