« The Generation of Miracle », il est impossible pour un Japonais lambda de ne jamais avoir ne serait-ce qu'entendu ce nom qui fait frémir les hauts dirigeants. La véritable identité des membres de cette organisation reste inconnue, ils ont néanmoins été identifiés au nombre de sept. Sept terroristes natifs du Pays du Soleil levant qui en voudraient à son système. Leur champ d'action est aussi divers que leur but inidentifiable. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Qu'est-ce qui les motive ? Tout ce qui touche de près ou de loin à ces hackers de génie constitue un véritable mystère que l'Agence d'investigation de sécurité publique cherche à résoudre depuis plusieurs années. Les informations à leur sujet sont soigneusement filtrées afin de ne pas alerter la population mais la presse ne manque pas de dévoiler chacune de leurs actions au grand jour, quitte à extrapoler ou à leur attribuer nombre de méfaits à tort. Il faut reconnaître que la GoM ne fait pas de demi-mesures.

Selon le peu de renseignements dont le gouvernement dispose, il s'agirait de professionnels isolés dans le domaine de l'informatique que le leader actuel aurait réunis. Leur chef, incontestablement le plus redoutable d'entre eux, celui dont la tête est mise à prix, l'autoproclamé Akashi Seijûrô - pseudonyme factice. Dans la hiérarchie que l'état a tenté de retranscrire, sa place est indiscutable. Akashi est le cerveau, le commanditaire suprême qui possède tous pouvoirs. Sous la condescendance qu'il revêt lorsqu'il communique avec la police, c'est un homme intelligent et manipulateur, celui qu'il faut neutraliser en priorité. À maintes reprises, il a démontré que ses subordonnés obéissent à ses ordres au doigt et à l'œil ainsi que sous-entendu sans modestie que le Japon est sous sa coupelle. Il a un jour poussé la mascarade jusqu'à excuser le comportement intolérable de l'un de ses subalternes. De là est supposé qu'il leur laisse une certaine liberté, ce qui expliquerait pourquoi leurs agissements sont si incohérents. Ils revendiquent chacun à tour de rôle leur appartenance au groupe. Entre leurs procédés contradictoires, leurs probables manigances qu'on ne rallie pas forcément à leurs personnes et les amateurs qui tentent d'usurper leur nom, il est aisé de comprendre la tâche ardue que les traquer constitue.

Seijûrô est le seul qui joint directement les autorités. La totalité des échanges qu'il a initiés a été enregistrée, néanmoins, aucun indice concluant n'a pu être en être tiré. L'AISP a donc tout mis en œuvre pour entrer en contact avec l'un de ses sous-fifres en espérant qu'ils arriveraient à trouver un terrain d'entende et à en faire un allié. Leurs efforts leur ont paru vains et la situation est restée inchangée de longs mois durant.

Un beau jour pourtant, alors qu'ils avaient presque perdu espoir, ils reçurent une réponse…


L'écran géant s'éteignit sans prévenir, rapidement suivi du reste du matériel informatique. Le temps d'une respiration, le groupe électrogène clignota, manqua de plonger la pièce dans le noir complet avant de se stabiliser à nouveau. Les agents rassemblés autour de la table massive se tendirent instinctivement, à l'affut de la moindre explosion, du moindre coup de feu, du moindre signe d'une présence étrangère.

Devant les yeux ébahis des employés de l'Agence d'investigation de sécurité publique qui tendaient l'oreille apparut subitement le logo de la GoM. L'immense G qui avait pris possession de la télévision les narguait tandis que derrière lui grésillait la neige. Il tournait fièrement sur lui-même, changeant successivement de couleur. Il était rouge puis rose, mauve puis bleu foncé, bleu clair puis vert et enfin doré. Ce ne pouvait être un imitateur.

-Quel honneur de pouvoir discuter avec vous aujourd'hui !

La voix déformée résonna dans toute la salle de réunion, se répercutant sur les murs pour se réverbérer jusqu'au haut plafond. Le silence se fit. Personne n'osait prendre la parole et endosser par la même occasion la responsabilité des événements à venir. Des regards en biais furent échangés de tous côtés.

-Eh bien eh bien, quel accueil que celui que vous me réservez ! Si je ne suis pas désiré, je n'ai plus qu'à m'en aller…

-Attendez !

Une jeune femme de petite taille se leva de son siège et plaqua ses mains à plat sur le meuble imposant comme pour se donner une certaine prestance. Les traits juvéniles qu'encadraient ses cheveux caramel coupés courts trahissaient sa jeunesse. Dans ses iris chocolat brillait néanmoins la détermination. Cette chance qui se présentait à eux était inespérée, ils ne pouvaient se permettre de la laisser filer aussi facilement. Elle prenait le risque de jouer la porte-parole.

-Mademoiselle Aida, quelle heureuse surprise. Si je m'attendais à ce que vous vous dévouiez. J'aurais plutôt vu à votre place l'un des doyens, probablement considéré plus apte à représenter les participants de ce meeting. Soit, je suis enchanté de vous rencontrer.

Des murmures parcoururent l'assemblée. Les caméras de surveillance avaient donc été piratées elles aussi.

-Qui êtes-vous ?

Un son rappelant vaguement celui d'un rire leur parvint.

-Vous allez droit au but. J'aime ça.

Le symbole de la GoM vira au vert.

-Vous me connaissez certainement sous le nom de Midorima Shintarô. J'ai cru comprendre que vous étiez intéressés par une rencontre.

Le ton monta parmi les participants à la réunion. L'homme qui venait de les contacter n'était autre que le second de l'organisation. Celui pour qui, selon les dires, le cryptage n'avait aucun secret et auquel aucun code, aucun mot de passe ne résistait. Celui dont on prétendait qu'il ne manquait jamais sa cible.

-Exact. Votre source ne vous a pas menti.

La demoiselle faisait preuve d'un sang froid sans égal, il était indéniable qu'elle évoluait dans le milieu depuis sa plus tendre enfance et avait déjà été confrontée à semblable situation. Dans ce qu'elle avançait ne transperçait ni doute, ni hésitation, ni incertitude. Son professionnalisme était admirable.

-Mon informateur est toujours fiable.

Un ange passa lors duquel aucun des partis ne reprit la parole, tous deux attendaient que l'autre poursuivre. L'ambiance était électrique, il planait dans l'air un parfum de confrontation. Depuis le temps que la brune attendait de rencontrer l'un de ces pirates ! Le moment était enfin arrivé, et il se taisait. C'était insupportable. Aida Riko, rattrapée par l'impatience caractéristique de la jeunesse parla la première, perdant ce duel muet.

-Je suppose que vous savez déjà quelles sont nos intentions. Mais vous, qu'attendez-vous de nous ?

Le hacker prit plaisir à faire planer le suspens, irritant un peu plus son interlocutrice, avant de répondre d'une intonation sans appel. Il insista bien sur chaque syllabe, se délectant de la myriade d'expressions indistinctes qui défilèrent sur le visage de la novice.

-Rien que vous ne puissiez m'offrir. Je tenais à m'en assurer personnellement.

-Que-

-Je vous remercie de votre collaboration. Bonne fin de journée.

La communication fut interrompue aussi brusquement qu'elle avait débuté et les différentes données de l'AISP réapparurent sur les multiples écrans comme si de rien n'était. L'apparition de ce personnage singulier semblait n'avoir jamais eu lieu.

L'agente, seule à être debout, resta coite, la bouche entrouverte, frustrée au plus haut point. Son regard se durcit et elle serra les dents. Cette espèce de terroriste aux manières pompeuses venait de la ridiculiser.

Assis à côté d'elle, Junpei Hyûga, qui prédisait que ces foudres l'atteindraient, se saisit de l'une de ses mains et la pressa dans l'espoir de calmer la demoiselle.


Midorima ferma les yeux et retira son casque, les paupières frémissantes. Ses sourcils froncés marquaient son front d'une raie du lion. Et dans sa tête, une petite voix lui intimait de rester zen, bien qu'avec toute la volonté du monde, cette dernière ne suffirait pas à l'empêcher de commettre un massacre. Le rôle qu'il avait eu à jouer était assez compliqué sans qu'un empoté ne vienne détruire ses efforts et, entre autres, ruiner sa si solide couverture. À cause de lui, il avait dû couper court à cette mission capitale.

Dans son dos, à travers l'entrebâillement de la porte, dépassait une touffe ébène maintenue en arrière par un bandeau coloré. La peau pâle du jeune homme à qui elle appartenait luisait dans le bureau plongé dans l'obscurité, teintée de points de couleur par endroits dû aux lumières des innombrables appareils électroniques.

-Alors, alors, c'était comment ? Tu sais que tu parlais bizarrement ? J'ai eu peur quand je t'ai entendu rire ! C'était flippant ! Et pas crédible, c'était pistant que tu te forçais. Tu semblais beaucoup trop coincé si tu veux mon avis…

Shintarô ferma son poing et enfonça ses ongles dans sa peau. Zen, lui répétait cette part de sa conscience qu'il avait envie de réduire en bouillie. Zen, c'était un crétin, ce n'était pas sa faute.

-Shin-chan ?

Ce fut le surnom détestable de trop, le vert se redressa, faisant tomber sa chaise à terre dans un immense fracas. Il fit volte-face et tua son colocataire à coup de mitraillette oculaire. Ledit colocataire, dans un éclair de lucidité, comprit qu'il n'en avait plus pour longtemps à vivre. Lorsque le cyber pirate avança d'un pas, il recula prudemment. Ce manège dura jusqu'à ce qu'il rencontre le mur, sans aucune échappatoire. Pris au piège, il ne put que se retrouver emprisonné sous l'imposante corpulence du plus grand. Une telle proximité lui procura un agréable frisson qui remonta le long de sa colonne vertébrale, sensation qui s'intensifia lorsqu'il sentit le souffle chaud de Midorima au creux de son oreille. Ses yeux bleu acier s'écarquillèrent.

-Takao, qu'est-ce que je t'ai déjà dit ?

Le dénommé Takao éprouva soudain quelques difficultés à respirer. Ceci ajouté à son cerveau qui se bloquait bizarrement sur une idée fixe, à savoir le torse de l'autre contre le sien et ses bras qui lui barraient le passage, il n'était pas en état de répondre. Même le fait d'avoir été appelé aussi durement par son nom ne réussissait plus à le faire réagir.

-Hum… Ahah… Bonne question…

La consternation se lisait à présent sur le visage de Shintarô, chassant mine de rien la colère qui avait précédemment pointé le bout de son nez. Les yeux mi-clos, il posa son front contre celui de son coloc définitivement insupportable et éternellement stupide.

-Kizunari, ne t'introduit pas dans on bureau, encore moins quand je travaille.

Sans laisser le temps au brun de répondre, il posa un chaste baiser sur ses lèvres.

-S'il te plaît.


À environ cinquante kilomètres de là, dans la préfecture de Kanagawa, au dernier étage d'un immeuble au loyer peu abordable, un blondinet faisait les cinq-cents pas dans son gigantesque salon. Téléphone en main, il ne cessait de souffler, de râler et de pester tandis que ses appels le redirigeaient inlassablement vers la messagerie de celui qui ne répondait pas. Il tournait en rond autour de la superbe table basse, passait devant la baie vitrée sans admirer le centre-ville revêtu de son manteau nocturne et piétinait sans vergogne le tapis à minous d'une propreté irréprochable.

-Satané Midorimacchi ! Il était censé me dire comment s'était déroulée l'opération.

Kise fit la moue.

-Ça aurait dû être moi à sa place, c'est injuste. Akashi ne me laisse jamais faire mes preuves.

Il savait parfaitement que Midorima avait plus d'expérience, que leur dirigeant lui faisait confiance et avait placé nombre de ses attentes en lui. Il ne doutait pas non plus que le rôle que le vert avait à jouer n'était pas de tout repos et qu'il s'agissait d'une charge importante. Ce dernier ressentait le besoin de porter la responsabilité de tous sur ses épaules, une histoire de dette ou quelque chose de semblable, il paraîtrait. Mais le garçon aux prunelles ambrées se sentait prêt à s'attaquer à des missions de plus grande envergure.

-J'en ai marre de devoir continuellement pirater des informations et en créer des copies parce que je suis le dernier arrivé, je veux de l'action !

Il geignit une fois de plus, reposa le combiné téléphonique et se laissa tomber sur l'imposant sofa beige. Il resta immobile un moment, à observer sans but le lustre luxueux qui pendait au plafond avant de se redresser. Tout en fixant l'écran plasma en face de lui, il appuya sur un bouton discrètement caché sous une sculpture onéreuse. En réponse, les persiennes s'abaissèrent et du matériel informatique hors de prix sortit de nulle part.

Ryôta ria doucement, il aimait bien se prendre pour une sorte de James Bond. Il en avait les moyens grâce à son job de mannequin alors pourquoi s'en priver ? Et dire que les autorités le recherchaient tandis qu'il figurait sur la couverture des magazines les plus en vogue…

Une fenêtre de conversation s'ouvrit et un certain A&M demanda sa permission pour lancer un appel vidéo. Le hacker accepta sans hésiter et bientôt, deux grands yeux framboise s'accaparèrent l'écran et le dévisagèrent.

-Ki-chan ! Comment ça va ?

L'ombre d'un sourire naquit sur son visage.

-Ça pourrait aller mieux. Tu as des nouvelles de Midorimacchi ?

La jeune femme aux longs cheveux rose pencha la tête sur le côté.

-Midorin ne t'a pas appelé ?

Kise fit signe que non, un peu désarçonné. La question de la demoiselle le perturbait. Elle était pourtant leur espionne et informatrice, celle censée tout savoir sans exception.

Une voix lointaine se fit entendre, rompant le fil de ses pensées.

-Oi, Satsu, t'es lourde.

Momoi poussa un cri et atterrit à côté, sur le sol, dévoilant un métis à la chevelure bleu nuit et aux iris d'une teinte identique.

Les dents du blond apparurent, ce pendant que la commissure de ses lèvres s'étirait.

-Aominecchi, je ne t'avais pas vu !

Un grognement lui répondit.

-Dai-chan ! protesta Satsuki en tentant de se relever.

Son charmant ami se contenta d'appuyer sur son crâne afin de la maintenir à terre sans plus de cérémonie. Des menaces se firent entendre mais Daiki ne paraissait pas s'en soucier.

-Dès qu'elle a vu que tu t'étais connecté, elle est devenue folle. Et voulais savoir si Midorima t'avait parlé d'une certaine Aida Riko. Cette meuf est devenue une obsession pour elle, j'ai toujours pas capté pourquoi.

Le pirate informatique au teint basané haussa les épaules, signifiant par-là qu'il n'en aurait rien à faire si la rose n'arrêtait pas de lui rabâcher les oreilles avec. Il s'apprêtait à reprendre la parole lorsque la demoiselle en question qui se débattait telle une furie tourna la situation à son avantage et parvint à se libérer, le faisant chuter à son tour. Ils disparurent tous deux du champ de vision du mannequin au profit d'un bruit de lutte.

Dans le salon blanc cassé raisonna le cri tonitruant du bleu qui vociférait en boucle que cette connasse venait de le mordre.

Les yeux rieurs, Ryôta se remémora la raison pour laquelle il continuait de faire partie de la GoM.

Cette impression d'avoir trouvé une seconde famille.


Allongé de tout son soûl sur son canapé à moitié défoncé, Murasakibara lorgnait désespérément la porte d'entrée de son habitation. À ses pieds, le sol recouvert de taches suspectes était jonché de papiers et de paquets divers : sucettes, chips, biscuits, bonbons, et même un emballage de cornet de glace. Ses placards étaient vides, son frigo tout autant, et le géant mourrait de faim.

La scène, repeinte par l'aube, ressemblait à la représentation d'un champ de bataille réalisée en hommage aux valeureux combattants y ayant rendu leur dernier souffle. Il ne subsistait aucun survivant, Atsushi était venu, il avait vu et avait tout englouti.

La cavalerie de réapprovisionnement était néanmoins en route mais elle tardait à arriver. C'était à croire qu'elle enchaînait les contretemps. L'estomac du mauve s'impatientait et manifestait son mécontentement par des gargouillements sonores. Cela faisait plusieurs heures déjà que le NEET avait commandé de quoi survivre sur un site de livraison en ligne. Les aiguilles de l'horloge avaient défilé sous ses yeux violacés empli de lassitude, minute après minute, au point que le son que provoquait chaque seconde qui s'écoulait rendait l'affamé totalement fou. Tellement cinglé qu'il avait envisagé la possibilité de sortir de chez lui de son plein grès, exploit qu'il n'avait plus réalisé depuis des lustres. Heureusement, la lucidité lui était revenue à temps.

Il possédait tout ce dont il avait besoin et grâce aux nouvelles technologies, si quelque chose lui faisait défaut, il pouvait y remédier sans tarder. L'argent que sa participation au sein de la GoM lui apportait lui garantissait la stabilité.

La sonnette retentit dans la maisonnée. Murasakibara propulsa d'un bond son corps disproportionné sur ses longues jambes, bâilla sans retenue et partit récupérer sa nourriture.

Il ne demandait ni plus ni moins que de quoi satisfaire sa gourmandise.


Kuroko papillonna des yeux avant de les ouvrir avec peine. Aussitôt, sa rétine fut brûlée par une vive lumière. Il poussa une plainte étouffée et se réfugia de plus belle sous la couette, tel un escargot dans sa coquille, chez lui, à l'abri, au chaud. À ce geste, ses membres endoloris se rappelèrent à lui et la réalité lui revint à l'esprit.

Il n'était ni chez lui ni à l'abri.

-Debout.

On lui soutira l'édredon sans compassion.

Et il n'était plus au chaud.

Une brise mordante s'engouffra dans la pièce et attaqua sans vergogne son corps que sa nudité exposait. Il se recroquevilla sur lui-même, tremblotant. Si cette fenêtre pouvait seulement se refermer ! Il n'avait pas assez dormi, il était fatigué, il avait besoin de se reposer encore un peu.

-Je t'ai donné un ordre, Tetsuya, trancha cette voix qu'il reconnaîtrait entre mille.

Il s'obligea à relever la tête. Ce qui l'assaillit en premier fut le soleil, boule de feu éblouissante dont il tenta d'encaisser la luminosité, et qui fit place par la suite à une silhouette plus sombre. Cette dernière prit la forme d'un jeune homme de son âge, à peine plus grand que lui, mais dont le maintien trahissait son appartenance à une tout autre catégorie sociale. Kuroko ne distinguait pas ses traits à cause du contre-jour, mais il pouvait deviner son regard bicolore posé sur lui. Ses yeux, sanglant pour l'un, doré pour l'autre, qui le prenaient le haut sans qu'il ne puisse y changer quoi que ce soit. Ses mèches rouges qui masquaient son regard dérangeant jusqu'à ce qu'il ne les coupe. Et son visage impassible que rien ne déroutait.

Cet être inatteignable séparé par des années-lumière chimériques.

De sa démarche féline, Akashi Seijûrô s'approcha de lui, s'arrêtant à sa hauteur. Il le contempla en silence de longues minutes durant sans que le plus petit ne sache si le fait qu'il soutienne ses iris bigarrés lui plaisait ou le dérangeait.

-Tu as fait du bon boulot, hier.

Le roux passa une main dans ses épis bleu ciel et lui caressa affectueusement le sommet du crâne, ce qui s'avérait paradoxal au vu de son manque d'expression. Tetsuya savait néanmoins qu'il le pensait réellement. La veille, au soir, il l'avait récompensé à sa manière. Sa brutalité générale n'était que tendresse, il ne la montrait simplement que de la seule façon qu'il connaissait.

Le leader de la GoM laissa retomber son bras le long de son corps et s'assit sur le grand matelas. Cette chambre dérisoirement spacieuse qui s'harmonisait avec ses yeux avait été la sienne avant qu'il ne déménage ses affaires et ne la lègue à son subalterne. Si elle était remplie de souvenirs datant de l'avant, elle était imprégnée de ceux de l'après. Il ne l'imaginait plus sans l'éclat bleuté qui détonnait parmi le papier peint rougeoyant, le mobilier en bois massif et les chandeliers en or. Le propriétaire des lieux se pencha vers Kuroko pour constater qu'il avait replongé entre les bras de Morphée.

Le garçon était épuisé.

Cela se comprenait, il avait passé plusieurs nuits blanches à travailler sur un projet important et n'avait en contrepartie pas eu droit à une seule nuit de sommeil complète. Mais son talent, cet art de s'infiltrer dans un système sans laisser la moindre preuve de son passage, était irremplaçable. Il était le pilier de leur organisation et Akashi ne pouvait se permettre de lui octroyer du repos. En acceptant sans rechigner de vivre à ses côtés après avoir été arraché à sa famille, il était conscient de ce que cela engendrerait. Il aurait pu pleurer, il aurait pu crier, frapper, tenter de s'enfuir, mais il était resté. Il avait plongé ses prunelles délavées dans les orbes vairons si intimidants de son vis-à-vis et n'avait émis aucun commentaire.

Seijûrô en connaissait la cause. Il savait tout. Il avait deviné les sentiments qu'éprouvait le plus petit à son égard avant qu'il ne les réalise lui-même. Il en profitait et abusait du bleu à l'outrance, sans honte, sans remords. Car pour le dur labeur que celui-ci fournissait, il venait en échange se glisser dans son lit une fois passé le crépuscule.

Il ne se l'avouerait pas, mais l'entièreté des bénéfices lui revenait.

Puisque sous couvert de cette entreprise qu'il avait montée, il avait un prétexte pour aimer.


Je dois avouer que je suis plutôt fière de cet AU. C'est la première fois que j'en rédige un, en fait. Ne me demandez pas d'où m'est venue cette idée, c'est un mystère. Quoi qu'il en soit, elle m'a motivée et je voulais absolument la mettre en scène. La preuve, j'ai fini cet OS en moins de 24 heures, un record pour moi. Le seul problème, c'est que j'aurais dû passer la journée à étudier, à la place, ahaha.

Je crois donc ne plus rien poster avant un sacré moment. ._.

J'espère que vous avez aimé, n'hésitez pas à me laisser vos impression afin de m'encourager à continuer de participer sur ce fandom/site. La plus petite des review peut faire un immense plaisir. Je serais heureuse d'apprendre en quoi un personnage est OOC et de corriger d'horribles fautes d'orthographe.

Cela coule de source mais je ne possède rien du tout à part le scénario et, cette fois, l'univers. Tous les personnages de cette histoire sans exception sont la propriété de Tadatoshi Fujimaki.

Edit : Je vais finalement réfléchir à une suite même si cela n'était pas prévu à la base. Peut-être aurez-vous des nouvelles de Ci-geek la GoM d'ici début juillet... qui sait ?