L'amour pour Steve.

Certaines personnes avaient un don pour se faire aimer, et ce grâce à leur propre existence.

Bucky pensait cela de Steve Rogers. Bien qu'il n'en comprenne pas la signification exacte, il savait – il s'en souvenait – qu'il aimait Steve Rogers. Il ne savait pas comment, pourquoi, depuis quand, mais il en était sûr, maintenant. Il lui avait fallut du temps pour se souvenir que ces étranges sentiments étaient de l'amour. Mais Steve était redevenu son ami, son vieil ami de plusieurs années, dans son esprit. Il se rappelait ce que représentait pour lui cet homme qu'il avait dû tuer, à savoir le Steve qu'il aimait, et dont il pouvait avoir entièrement confiance. Ils avaient été si proches depuis leur enfance, si complices, ils avaient tant partagé ensemble que le Soldat de l'Hiver ne pouvait plus le considérer comme un ennemi, mais comme un ami à aimer, à choyer, à retenir.

Alors qu'il n'avait aucun souvenir, pas même celui d'une quelconque appellation – bien qu'il se répétait Bucky inlassablement, car l'homme de sa mission l'avait appelé ainsi – il s'était mis à la recherche de celui-ci. Il l'avait retrouvé facilement, et l'avait observé, de très loin. Les premières fois, il ne s'était rien passé, si bien qu'il se demandait ce qu'il essayait de faire. Mais vint un jour où l'homme, accompagné d'un autre homme noir aux cheveux courts, avait souri. À ce moment précis, il s'était rappelé de son nom : Steve Rogers. De plus, son propre visage s'était, contre son gré, déformé dans un sourire qu'il avait aperçu dans le reflet d'une vitre.

Des mois passèrent, durant lesquels Bucky observait de loin Steve. Peu à peu s'était superposée une autre image de l'homme blond, plus maigre, plus jeune, différente mais qui provenait de la même personne. Intrigué, il s'était rapproché pour le voir de plus près puis il l'avait entendu rire. Steve était au téléphone, sur la terrasse d'un café, et riait pour, de ce qui avait été audible, une histoire de Roombas.(1) À ce son, une myriade de souvenirs l'avaient assailli, où il se revoyait raconter des bêtises pour son ami. À ce son, son état avait drastiquement changé pour un autre qu'il reconnaissait à peine, mais c'était tellement bon qu'il ne pouvait qu'être un sentiment positif. À ce son, il sut qu'il voulait se souvenir de tout concernant Steve.

Et puis, le hasard, la coïncidence, le destin s'en mêla, un jour. Perdu au plus profond de lui-même, perdu au plus profond de ses maigres souvenirs, Bucky n'avait pas remarqué immédiatement son ami. Il avait pu se cacher, par chance, au dernier moment. Il était resté invisible. Mais Steve passa si près de lui, qu'il eût enfin l'occasion de sentir son odeur. Tout à coup la peur le quitta, sans qu'il ait eu conscience de ce sentiment avant. L'inquiétude le quitta, le doute, la solitude, la douleur le quittèrent, et remonta en lui ce souvenir où Steve était venu le sauver des expérimentations du Docteur Zola, où Steve sentait si bon quand il le tirait hors de la base. Il avait alors su qu'il pouvait lui faire confiance. L'odeur capiteuse avait également ramené leurs quelques étreintes, ces fois où ils étaient juste ensemble, comme les amis qu'ils étaient.

Étrangement, après des mois d'observation, Bucky décida de rencontrer l'homme de ses souvenirs. Mu par une volonté inconnue, il irait face à Steve, pour sentir de nouveau l'odeur de ses cheveux, le voir sourire, et peut-être même l'entendre rire. En fait, Bucky ressentait toujours un vide, qu'il devait combler par de nouveaux souvenirs. Steve ne parut pas surpris de voir son précédent adversaire debout, chez lui il se contenta de sourire. Bucky sourit à son tour, car c'était ainsi, et ils se rapprochèrent, Bucky inspira pour s'enivrer de l'odeur, ce qui fit rire Steve. Ce dernier invita son ami à danser. Si celui-ci ne s'attendait pas le moins du monde à une telle invitation, il n'en montra rien, et accepta. Il avait confiance en son ami. Les gestes lui avaient été automatiques, il se souvenait comment on dansait, contrairement à Steve qui lui écrasa le pied, qui s'excusa, qui n'avait pas l'air désolé.

Quand il se figea, le blond manqua de lui rentrer dedans. Mais il n'avait pu faire autrement, car il s'était alors souvenu qu'il n'était pas juste un ami, mais qu'il l'aimait. Cet amour était désormais évident, il le comprenait maintenant, et il lui sembla qu'il s'agissait d'un souvenir si précieux. Quand bien même, Bucky sentait toujours qu'il lui manquait quelque chose. Il sentait un dernier souvenir caché, important. Il sentait que cette fois-ci, Steve ne l'aiderait pas. Mais il ne s'en souvenait pas. Mais il fallait qu'il s'en souvienne. Mais il y a des choses que l'esprit oublie, il y a des choses que le corps n'oubliera jamais. Et ses lèvres viennent se rappeler du goût des lèvres de Steve.

Steve répond à son baiser, et alors Bucky se souvient.


(1) Petit clin d'œil à la fiction de Scifigrl47, traduite par Star Spangled Girl, Somes Things Shouldn't Be A Chore.


Bonjour, bonsoir, pour ce dernier chapitre – hélas !

J'ai pris beaucoup de plaisir à écrire cette toute petite fic, à y mettre autant de sentiments humains que je le pouvais, et j'espère qu'elle vous aura plu, à vous aussi.

Je remercie tous mes lecteurs, je regarde souvent les statistiques, ce qui me rend toute heureuse de voir une vingtaine de visiteurs. Un énorme merci aussi à kuro-nocturna et Remaake, sans vos reviews, je ne sais pas si j'aurais eu le courage d'aller jusqu'au bout.

Je vous dis peut-être à bientôt, pour une nouvelle fiction !

MlleMau.