BONJOUR. Je suis heureuse de vous présenter le dernier chapitre de cette fic. C'est... un peu comme la révélation. Je sais, j'ai commencé cette histoire il y a presque deux ans. Entre temps, j'ai changé un peu de style d'écriture, j'ai écrit d'autres histoires, et surtout, je n'ai jamais noté clairement ce que j'allais écrire pour ce dernier chapitre. Il est donc évident que ce que j'écris maintenant n'est pas l'exacte idée de départ. J'espère que cette fin vous plaira. Je remercie énormément Barjy02 à qui je dédie ce chapitre, puisqu'elle m'a encouragée tout le long, et que ce sont ses encouragements en PM qui m'ont motivée pour terminer cette histoire maintenant.
Rappel : Le monde de cette fiction est extrêmement semblable à celui d'origine, mais pas tout à fait. Il y a donc des choses qui ne vont pas, qui ne collent pas - mais c'est normal. Tout est pris en compte. Ceci dit, bonne lecture~
REINCARNATION
La première chose qu'il vit, ce fut la salle. C'était une salle normale, banale. Peut-être qu'il était retourné sur Terre. Ou alors le Paradis n'est vraiment pas comme on l'imagine. Un peu trop banal.
Puis il vit quelque chose d'autre – quelqu'un d'autre qui le crispa. Tout sourire, les mains derrière le dos, Chuck s'avança vers lui, tendit une main comme pour le saluer, et lui lança :
– Ah ben toi, c'est sûr que ta mort, on pouvait pas être déçu !
Dean se figea sur place, il ouvrit la bouche mais ses paroles moururent dans sa gorge. Il le pointa du doigt s'il s'était mis à parler, il aurait bégayé. Quelque chose, dans l'atmosphère, avait changé. Il sentait, d'une façon ou d'une autre, qu'il n'était plus dans les phases. Et ça – ça lui ôtait une pression qui l'avait écrasé tellement longtemps qu'il ne s'était pas même rendu compte de sa présence. C'était un soulagement complet par excellence.
Et pourtant, la présence de Chuck – de l'ancien prophète – ne le rassurait pas. Il faisait toujours confiance en ses instincts malgré tout ce qu'il s'était passé. Surtout s'ils lui insufflaient de ne pas faire confiance à quelqu'un.
– Oh, voyons Dean, pourquoi cet air si renfermé ?
Il agissait très différemment du Chuck qu'il avait connu sur Terre. Et il n'aimait pas ce Chuck-là. Pas vraiment.
– Où est Cas ?
Chuck se retint – très mal – de pouffer. La mâchoire de Dean se contracta, son poing se serra.
– Chuck, c'est quoi ce bordel ? Pourquoi je suis là ? Qu'est-ce que je fous là ?!
– Je savais que tu serais en colère, soupira-t-il.
– Chuck, réponds-moi. Maintenant.
Il lui sourit. Il osa lui sourire. Ce fils de pute.
Il se jeta sur lui, le fit basculer d'un habile croche-pied en le saisissant par le col, et brandit son poing en signe de menace imminente. Il lui fallait un rien pour qu'il ne frappe son misérable visage.
– Wow wow, du calme ! couina le prophète.
– Et si tu commençais à m'expliquer tout ce bordel une fois pour toute ?
– De quoi tu parles, Dean ? demanda-t-il sans quitter son poing des yeux.
Le chasseur le fixa, droit dans les yeux. Il se calma légèrement en inspirant lentement.
– C'est toi qui est derrière tout ça, hein ?
– Non.
– Je- Non ? Comment ça, non ?
– Je n'ai absolument rien fait.
Dean plissa les yeux. C'était impossible. Quelqu'un était responsable de tout ça. Et il était certain que Chuck n'était pas blanc comme neige. Il devait avoir quelque à voir avec ce qui lui était arrivé. C'était forcé.
– Te fous pas de moi, je te jure que tu t'en mordrais les doigts.
– Dean, t'es malade ?!
– Réponds clairement ! Juste- explique-moi !
– D'abord, tu me lâches.
Dean serra les dents. Il se regardèrent l'un l'autre, comme s'ils essayaient de déceler quelque chose de caché sans le trouver. Il relâcha finalement sa poigne et s'éloigna lentement. Mais Chuck savait parfaitement bien qu'il finirait dans la même position en deux mouvements sans problème si Dean n'appréciait pas ce qu'il disait.
– Les phases, c'est pas moi. (Il réajusta son col, eut l'air de reprendre contenance – ou de tenter, puis s'éclaircit la voix.) Les phases, reprit-il cette fois en plantant ses yeux dans ceux de Dean, c'est toi.
Dean était hors de lui. Toute sa colère, toute sa haine, il voulait la relâcher, il voulait la déverser sur Chuck. Pourtant, il appréciait Chuck sur Terre. Il l'avait vraiment apprécié. Il était maladroit, assez peu débrouillard et plutôt perdu au début – enfin, de son point de vue – mais il l'avait apprécié.
Mais aujourd'hui, il n'avait qu'une seule envie : le frapper. Et ce qu'il lui annonça ne lui donna pas moins envie de le faire. Il dût prendre sur lui et serrer les poings un peu plus pour se contrôler avant de demander :
– De quoi tu parles ?
– Quand quelqu'un meurt, sa mort se passe comme il se l'imaginait. Je... suppose que tu as l'esprit un peu tordu, mais indirectement, c'est toi qui a voulu ces épreuves. Tu les as demandées. Certains marchent dans un tunnel et trouvent cet endroit en suivant la lumière au bout, d'autres y arrivent de suite, d'autres encore n'y parviennent jamais... En vérité, on peut encore dire que tu as eu de la chance, puisque aujourd'hui, tu es là...
– TU TE FOUS ENCORE DE MA GUEULE, hurla Dean.
Chuck leva immédiatement les mains, comme pour se protéger, comme s'il était un dompteur face à une bête féroce, sauvage qui se rebellait dangereusement.
– Je te jure que c'est vrai.
– Menteur, cracha-t-il. (Il s'avança d'un pas, Chuck recula aussitôt. Il s'immobilisa.) Prouve-le, finit-il finalement par dire.
– Okay, okay. Premièrement, tu dois me croire : tu n'es plus dans les épreuves. C'est fini. Mais je suis sûr que tu le sais – que tu le sens. Ensuite, je- je n'ai pas vraiment de preuves. Tu n'as que ma parole.
– Foutaises. Où est Cas ? Et Death ? Bobby ? Sam ? Je veux les voir.
– Dean-
– Putain, si t'es même pas capable de répondre, pourquoi t'es là ?! Je comprends pas. Je vois pas. C'est quoi, le but ? Pour quoi est-ce que j'ai dû subir tout ça ?
– Death fait son travail, tu es mort, il ne reviendra pas. Bobby va bien. Il est... il va bien. Sam est toujours vivant. Il est sur Terre. On lui refuse ta résurrection, mais on s'arrange pour lui faciliter un peu la vie pour qu'il lâche prise et prenne son indépendance. Et Castiel, il... il est pas loin.
– T'es toujours pas clair. Où est Bobby ? Et Castiel ?
Chuck eut un profond soupir.
– Tu sais que rien n'est jamais simple avec toi ?
Si Dean avait été d'humeur, il aurait souri.
– Tu sais que Castiel est ton ange gardien, n'est-ce pas ?
– Pardon ?
– Allons, c'est évident. Ce n'est pas un hasard si on a demandé qu'il te sorte des Enfers. Lui-même ne le savait pas au début. Il a dû le comprendre avec le temps – aucun ange ne sait quel est l'humain qu'il doit protéger, il faut laisser le choix au temps.
– Et c'est quoi le rapport avec tout ça ?
– C'est que j'étais supposé tout t'expliquer en détail, mais tu es tellement méfiant qu'il est impossible de te faire comprendre quoique se soit. Donc, on va faire plus simple. Et puis, j'ai pas que ça à faire non plus.
– Qu'est-ce que tu-
Mais avant qu'il n'ait le temps de réagir, Chuck sourit, et tout disparut.
Il se retrouva dans un motel, assis sur un lit. Il se retourna vivement Sam n'était pas là. Par contre, quelqu'un d'autre était présent dans la pièce.
Castiel.
Dean se jeta sur lui.
– Cas ! Cas, putain, c'est toi !
Il y avait comme de la joie et du soulagement dans ses paroles. Castiel lui adressa un pauvre sourire, mais c'était bien Castiel, c'était lui, c'était Castiel, c'était Cas. Il le sentait simplement.
– Dean...
C'était tellement agréable de l'entendre à nouveau. Il avait presque envie de l'étreindre. Il avait envie de l'étreindre. Il glissa sa main de son épaule à son bras et se rapprocha. L'ange suivit le mouvement et ils s'étreignirent. C'était doux, c'était bon. Dean faillit soupirer d'aise. C'était familier.
– Tu étais là pour de vrai, pas vrai ? C'était toi, dans les phases. Tu étais là.
Castiel ne répondit rien, mais Dean savait, et il savait. Il avait été là, tout le temps. Le papillon, il savait que c'était lui. Les petites lumières dans l'obscurité, l'espoir, c'était Castiel. Tout ce temps.
– Cas, je fais quoi ici ? Et toi ?
Castiel fit alors ce qu'il faisait toujours il planta son regard dans celui de Dean, et Dean s'y perdit comme il le faisait toujours. Et comme toujours, c'était enivrant.
– Dean, écoute-moi. Je n'étais pas censé me trouver là. Avant, c'était Raphaël, Lucifer, Michael et Gabriel qui s'occupaient de ça ce sont les Archanges, ils étaient supposés s'occuper de juger les âmes et de les rép-
– Attends attends, bredouilla Dean, juger les âmes ? C'est quoi ça encore ?
Il soupira.
– Je savais que Chuck ne te dirait. Depuis... nos erreurs, c'est un peu n'importe quoi, mais il y a... toujours la « pesée » de l'âme. C'est ce qui va se passer – c'est ce qu'il s'est passé. Toutes tes épreuves, elles n'étaient pas réelles. Sauf la dernière. La dernière était obligatoire. Tu devais obligatoirement, comme tout le monde, affronter... ton existence. Ta vie. Ton expérience. Ton vécu.
– Okay, c'est bien gentil tout ça, mais t'es en train de me dire... que c'est le moment où je vais apprendre que je vais retourner en Enfer, c'est ça ?
Le visage de Castiel se crispa, son expression s'emplit de tristesse.
– Non, Dean. Je ne ferai jamais ça. Je ne pourrai jamais faire ça.
– Ah oui ahah, rit-il amèrement. Ça serait bien drôle que celui qui m'en ait sorti m'y ramène... mais logique, aussi.
– Je ne ferai jamais ça, répéta Castiel fermement.
Et la manière dont il disait ça démontrait bien qu'il le pensait – le sous-entendu était bien trop fort pour ne pas être entendu. Il s'était déjà rebellé pour lui, il n'hésiterait pas à nouveaux. Après tout, ils étaient bien... amis ? Non ?
– Cas, tu vas bien ? dit-il après un moment.
– Je vais bien, Dean, répondit-il.
– Cas, reprit le chasseur, qu'est-ce qu'on fait là ? Qu'est-ce que tu fais là ?
Il ne l'aurait avoué pour rien au monde, mais il y avait bien une pointe d'inquiétude, et de peur dans le ton qu'il avait employé.
– Je suis là pour te juger, Dean.
– C'est une blague ?
– Non.
– Tu me connais mieux que quiconque, presque mieux que mon propre frère, Cas.
– Ils ont dit que tu n'accepterais jamais qu'un inconnu te juge.
– Vrai. Mais ce n'est pas le contraire, normalement ? On doit avoir un point de vu neutre. Et qui sont le « ils » ?
– Mes frères, murmura Castiel. Leur argument principal a été mon attachement envers toi. La vérité est que, personne ne voulait de ton cas. Tu as... eu une existence trop mouvementée. Trop compliquée.
– Je comprends pas, c'est pas simple pourtant ? J'ai été mauvais, je vais en Enfer. J'ai été gentil, je vais au Paradis.
– Ce n'est pas une question de ça Dean. Rien n'est blanc ou noir.
– Arrête de tourner autour du pot. Dis-moi.
– Il y a actuellement quatre choix qui s'imposent.
– Je n'en vois que deux.
– Dean, l'interrompit Castiel pour lui rappeler qu'il devait lui laisser la parole s'il voulait obtenir des informations. Tu as le Paradis, tu as l'Enfer. Mais tu as aussi l'entre deux. Trop de négatif te précipite radicalement en Enfer. Tu n'as pas ça. Tu n'iras pas en Enfer.
Les épaules de Dean se relâchèrent et, même s'il avait prévu de faire du tapage et de se battre pour ne plus jamais retourner en Enfer – il n'y retournerait pas – il se rendit compte à quel point il avait été tendu, à quel point il craignait ce retour.
Castiel posa sa mains sur son épaule en signe de réconfort.
– Tu n'iras pas au Paradis non plus, continua-t-il, puis il prit un moment de pose avant de reprendre. Du moins, pas en tant qu'humain.
– Quoi ?
– On en vient à deux solutions, les solutions sur lesquelles tu es bloqué. Tu as deux chois qui s'offrent à toi, et... et je n'ai pas le droit de t'influencer dans ton choix. C'est ta décision. Sache que si je possède toute l'envie du monde à vouloir t'aider, je ne peux pas.
Il avait les yeux humides.
– Cas, qu'est-ce qu'il se passe ?
– La première, tu... deviens un ange.
Si Dean avait encore été vivant, il se serait étouffé.
– Pardon ? Je crois que j'ai mal entendu.
– Non, déclara Castiel.
– Devenir un ange ? C'est possible ?
– Oui.
– Tu... Tu étais un être humain avant d'être un ange ?
– Non, j'ai toujours été un ange. Je suis né comme ça. Il y en a peu, mais certains anges ont été humains. Ils sont moins puissants que les autres, et sont automatiquement désignés pour être les anges gardiens d'humains sur Terre. C'est... vu comme une tâche ingrate. La plupart du temps. J'ai été ton ange gardien, mais c'était un honneur, vu ton importance.
Il avait appuyé sur le mot honneur plus qu'il ne l'aurait dû. Mais Dean se concentrait encore trop sur les informations qu'il venait de recevoir pour se retenir de se laisser aller dans un fou rire – c'était juste hilarant. Lui ? Un ange ? Un ange gardien ? La bonne blague. Il serait capable de relancer l'Apocalypse d'une manière ou d'une autre.
– C'est une plaisanterie, hein, Cas ?
– L'autre option est de retenter ta chance sur Terre. Tu te renaîs, as une nouvelle famille, tu te crées une nouvelle identité, une nouvelle vie, une nouvelle... chance.
Dean se tut l'espace de quelques secondes.
– Tu... Tu es... vraiment sérieux ?
– Je suis sérieux, Dean.
– Ce... truc de se réincarner, c'est vrai ?
– Oui.
– Mais... mais et Sam ? Et Sam ?
Il ne répondit pas, cette fois-ci.
– Je ne peux pas laisser Sam.
Il ne répondit toujours pas.
– Je ne peux pas me réincarner, conclut Dean. Je peux pas, je peux pas laisser Sammy derrière, l'abandonner comme ça.
– Dean, tu es mort. Sam est vivant.
– Je vais l'oublier ! Je vais tout oublier, pas vrai ? Je vais oublier toute ma vie, tout ce que je sais ! Je vais l'oublier, je vais t'oublier, je vais perdre ce que je chéris le plus : mes souvenirs ! Ils me hantent, ils me tuent Cas, mais ils sont là aussi pour me rappeler qui je suis ! Il en est hors-de-question.
– Dean, tu aurais une vie normale. Et surtout, tu ne regretteras rien.
– Dans quel camps t'es, Cas ?
– Il n'y a pas de camps !
– Bien sûr. Je ne vois pas l'intérêt de « retenter ma chance ».
Castiel se mit à s'agiter, devenait nerveux, et Dean n'était pas habitué à ça. Vraiment pas. Ça le rendit nerveux aussi. Castiel, il était toujours celui qui le ramenait à la raison, celui qui était calme, c'était juste, Cas. Si Cas allait mal, c'était que la situation était vraiment importante. Et Dean ne voulait pas y croire.
– Je te comprends pas. Si je reste, je serai avec toi. Je pourrais aider Sam.
– Tu es sûr ? demanda l'ange. Réfléchis. Tu devras obéir. J'ai beau ne pas obéir, il y a un moment où il faut le faire, il faut retourner se ressourcer au paradis et là, il n'y a plus d'échappatoire. Et Dean, tu ne te plieras jamais à ce qu'ils veulent. Tu n'es pas comme eux, tu n'es pas comme nous.
– Qu'est-ce que tu dis, Cas ? Tu n'es pas comme eux.
Castiel grimaça.
– Quoi, qu'est-ce qu'il y a ?
– Je veux t'influencer.
– Donne-moi ton avis !
– Je ne peux pas !
– Pourquoi ?! Tu es libre !
– Non !
– Bien sûr que si !
Dean se prit la tête entre les mains. Pourquoi fallait-il toujours qu'il y ait un problème ? Pourquoi fallait-il évidemment que Castiel s'oppose à lui... ? … Et puis il réalisa. Il lui cachait quelque chose. Il y avait une raison, derrière tout ça, pour laquelle il ne voulait pas prendre parti. Castiel, c'était un membre de la Team Free Will. Il ne se soumettait plus aux règles. Il craignait juste quelque chose – il avait peur de quelque chose.
– Dis-moi.
Il avait la tête légèrement baissée, comme s'il regardait le sol. Dean la releva en mettant son index sous son menton il croisa son regard une nouvelle fois. Il se rapprocha à peine, et l'embrassa.
Il sentit Castiel se figer, et il dût s'avouer à lui-même qu'il se surprenait. Les lèvres de Castiel, elles n'étaient pas comme il se l'était imaginé – parce qu'il n'avait jamais su se les imaginer. Il n'était pas déçu. C'était rien de plus qu'un sentiment de bien-être qui l'empli de haut en bas, et maintenant, il avait envie – il avait besoin de s'installer à côté de son ange, de se coller à lui, de se lover contre lui.
Après ça, Castiel esquissa un petit sourire, puis lâcha, d'une voix rauque, un petit :
– Après ça, j'ai encore moins envie de te dire quoique se soit.
Dean sourit. D'un véritable sourire. Un sourire sincère, qui n'était plus apparu depuis... depuis vraiment, bien trop longtemps. Bien trop longtemps. Et depuis bien trop longtemps, il réalisa enfin à quel point il trouvait Castiel parfait, à quel point il trouvait Castiel imparfait et à quel point il l'aimait. Comme lui, Castiel avait fait face à sa famille, il avait pris les devants, il avait ses choix, ses erreurs. Être né au Paradis ne rendait pas pour autant meilleur. Castiel n'était vraiment pas parfait, et pourtant, à ses yeux, ça le rendait parfait. Paradoxal, n'est-ce pas ?
– S'il te plait, dis-moi.
Il vola à Sam ses yeux de chiots battus, et il sembla que ça marchait plutôt bien. Bien que le visage de Castiel semblait se déscomposer bien qu'il sentit que cela lui demandait un immense effort, il se sentit heureux – il savait qu'il allait lui dire.
– Si tu restes, c'est pour l'éternité. Tu seras plus malheureux qu'autre chose.
– Tu as tort.
– Les autres anges te détestent. Tu es méprisé.
Le Winchester savait que ça allait faire mal, mais il devait lui dire. Il fallait qu'il le comprenne.
– Toi aussi, Cas. Tu as tout fait tout seul. Tu t'es rebellé, tu t'es retourné contre eux. Ils te méprisent. Tu es comme... un rénégat.
– Des anges suivent encore les mêmes idées que moi.
– Pas assez pour prétendre que tu puisses leur faire confiance.
– Tu ne comprends pas. Tu as été responsable de l'Apocalypse, et tu es la raison de ce que je suis maintenant. Ils vont encore plus te haïr.
– Cas, j'ai géré ça sur Terre, gérer ça ailleurs ne change pas grand chose.
Il y avait quelque chose qui n'allait définitivement pas. Castiel, malgré ses tentatives de dissuasion, perdait de plus en plus de sa conviction dans ses propos.
– Tu ne veux pas que je me réincarne, souffla Dean.
Castiel se figea, comme si quelqu'un venait de lui transpercer sa grâce.
– C'est ta nouvelle chance. Toute ta vie, tu as rêvé de ça. C'est ce qu'il y a de mieux pour toi.
– Mais qu'est-ce que tu veux, toi ? Qu'est-ce qu'il y a de mieux... pour nous ?
Il avait le cœur qui battait la chamade. Sa raison lui hurler de choisir l'autre option – celle de Castiel, celle de se réincarner. C'était le plus simple, il le savait. Après tout... C'était l'éternité, ou round numéro deux. Mais son cœur ripostait violemment qu'il vallait mieux rester ici – rester avec Cas.
– Cas, c'est moi. Dean. Tu peux tout me dire.
Castiel secoua la tête. Dean fronça les sourcils, et soutint son regard. L'ange ouvrit la bouche, sembla être sur le point de dire quelque chose, puis la referma. Il approcha ses doigts du front de l'humain, puis murmura avant de le toucher :
– Il vaut mieux que tu vois par toi-même.
C'était Castiel. Il était face à... lui ? Ce n'était pas son apparence physique, mais c'était... lui. Cet humain. Il reconnaissait... son âme. C'était son âme. Il était jeune, il approchait de la trentaine, et pourtant, il était là, avec Cas. Au même endroit. Il avait des vêtements d'un temps plus ancien – le siècle précédant ?
Il se rapprocha et réalisa que l'humain – lui – discutait avec l'ange. Son cœur bondit dans sa poitrine – ou du moins c'est ce qu'il crut sentir – lorsqu'il comprit le sens de leurs paroles.
– Je veux me réincarner, disait-il.
Castiel souriait d'un sourire léger, mais Dean le connaissait assez bien pour savoir que, ce sourire, il était faux.
– Tu es sûr de toi ?
L'âme de Dean – son autre lui – hocha la tête en signe d'approbation.
– Je veux aider les autres. Il y a des choses- il y a des monstres là-bas... les gens ont besoin d'être protégés.
Alors, il était aussi un chasseur... ? Castiel ne répondit pas l'autre Dean sourit et disparu petit à petit, jusqu'à ce qu'il ne reste plus aucune trace de sa présence.
Il se sentit brutalement téléporté, et vit que ce n'était pas qu'une impression. Encore la même situation. C'était son âme, et Castiel lui faisait face. Et cette fois encore, il n'avait pas la même apparence. Il trouvait des signes de ressemblances, physiquement, mais ce n'était pas complètement lui – le lui d'aujourd'hui. La même discussion se reproduisait. Castiel parlait à l'autre Dean – l'ancien Dean ? Lui aussi était habillé étrangement, des habits plus vieux encore que ceux que l'autre Dean portait. L'ange, d'un ton aussi neutre que possible, lui expliquait la situation, la même que celle dans laquelle il se trouvait actuellement. Il lui parlait de la réincarnation, et il lui parlait de devenir un gardien, un ange gardien. Et Dean, comme à chaque fois, conservait la même position.
Cette scène se déroula plusieurs fois sous ses yeux. Il remarqua deux choses : il se réincarnait toujours pour les mêmes raisons, car il finissait toujours pas être un chasseur dans l'autre vie, et il mourrait toujours jeune. Il ne dépassait pas la quarantaine.
Il lâcha un hoquet de surprise en comprenant la situation. Il l'avait déjà compris, mais avait eu peur de le formuler clairement. Il ne voulait pas vraiment comprendre. C'était comme pour regarder la télévision, et de la comprendre sans comprendre. Sans avoir d'après-réfléxion. Sans y repenser.
Ce n'était pas la première fois que Castiel se retrouvait là. Ce n'était pas la première fois que Dean était confronté à ce choix. Mais cette fois-ci, quelque chose avait changé.
C'était la première fois qu'il refusait de se réincarner.
Dean leva les yeux sur Cas.
– Tu ne m'as jamais dit ! s'écria-t-il, plus en colère qu'ému.
– Je n'ai pas le droit de te montrer ça !
– Depuis quand on se préocupe de ce à quoi on a le droit ou pas ?!
– Je ne savais même pas que c'était toi quand je t'ai tiré des Enfers ! Je ne savais pas quoi faire ! C'était la première fois qu'on se rencontrait hors-mort.
– Et... quand je mourrais, je subissais aussi à chaque fois ces étapes ?
Il fit non de la tête.
– Ce n'était pas joli, mais c'est la première fois que tu vis une mort aussi violente. J'imagine que tes existances précédantes n'avaient pas été aussi dure que celle-ci et surtout que... je n'étais jamais intervenu.
– … Je suis désolé, Cas. Je pensais pas... Je savais pas que tu étais là... depuis le début.
Castiel le prit par les épaules, et subitement Dean se sentit comme un enfant auquel on allait lui dicter ses devoirs.
– Dean, il faut que tu fasses ce qui est mieux pour toi.
Mais Dean refusait d'être un enfant obéissant – il avait été un enfant obéissant toute son enfance. Il n'avait pas été libre de faire ce qu'il voulait de sa vie, plié par les contraintes, bousculé par les décisions qui lui tombaient une fois de plus sur la tête sans avertir il veillerait sur son frère, et il ne laisserait plus jamais Castiel tout seul.
Il s'avança, prit la main de l'ange et un innocent sourire fleurit sur ses lèvres. Il déclara alors, d'une voix claire et distincte :
– Je ne me réincarnerais pas.
Castiel rit malgré lui.
– Il t'aura fallu une apocalypse pour ça.
Il l'embrassa une nouvelle fois. Castiel y répondit avec plus d'hardeur que ce à quoi il s'était attendu.
– Tu sais, on nous observe peut-être.
– Et bien qu'il nous observent, j'en ai rien à foutre, ricana Dean. Ils m'ont cherché.
– Et ça ne va pas être simple si tu veux t'occuper de Sam, mais c'est possible. Son ange gardien est mort. Par contre, tu auras le droit à des visites au Paradis des Hommes. Tu pourras revoir Bobby, si tu veux, dit Castiel, car il savait que c'était quelque chose dont Dean se préocupait.
L'ancien chasseur le remercia, puis ils attendirent quelques secondes avant qu'il ne dise enfin :
– Bon, et maintenant, c'est le moment où des ailes me poussent dans le dos ?
Castiel eut un sourire malicieux.
– Maintenant, c'est le moment où tu reçois ta grâce.
Merci d'avoir lu jusqu'ici, en espérant que vous me laisserez une review, positive ou négative - tant qu'on reste poli entre nous ! Je suis prête à entendre vos critiques pour m'améliorer !
Merci encore,
Plume-now