CHAPITRE CINQ : LA REPARTITION DU TRIO FANTASTIQUE

McGonagall avait fait son traditionnel discours avant leur entrée dans la Grande Salle. Franchement, après toutes ses années, elle n'en avait pas marre de radoter, toujours à répéter la même chose sur leur future maison, sur l'importance du travail, de la discipline, du fairplay et du respect des règles ? Bon sur ce dernier point Sabius avait pris un petit peu de retard sur ses camarades, mais visiblement personne ne lui en tenait rigueur. Ils étaient tous heureux d'avoir des vêtements de nouveau secs, et lui avait fait malgré tout forte impression dans le bon sens du terme auprès de son père et de McGonagall. Maintenant il ne pouvait plus faire marche arrière, tout le monde allait s'attendre à ce qu'il accomplisse des choses exceptionnelles.

Quand les grandes et lourdes portes de la Grande Salle s'ouvrirent enfin, une vague d'exclamation envahit la pièce alors que les premières années se hâtaient derrière McGonagall. Pour ceux qui avaient déjà entendu parler de l'endroit avec les bougies flottant dans les airs, le faux plafond laissant apparaître le ciel, les quatre grandes tables recouvertes de vaisselles dorées, les nombreuses statues et tapisseries…C'était encore mieux que tout ce qu'ils avaient pu imaginer. Bien sûr leur première arrivée sur les lieux aurait pu être encore plus magique et moins déstabilisante s'il n'y avait pas eu cet immense orage, que l'on ne pouvait pas louper à cause des éclairs transperçant le ciel de temps à autre, du bruit de la pluie sur les grandes fenêtres, tout comme celui du vent soufflant dans les arbres de la forêt interdite qui parvenait jusqu'à leurs oreilles. Mais peu leur importait. Ils étaient tous à Poudlard, enfin ! Et ils allaient passer l'épreuve de la cérémonie de la répartition.

Mais avant ça, il y avait bien évidemment la traditionnelle chanson du Choixpeau magique. D'après ce que Sabius et ses deux amis avaient entendu dire, il avait légèrement changé de registre depuis quelques années. Depuis la fin de la guerre et la chute du Mage Noir en réalité. Si autrefois il avait mis l'accent sur l'importance de l'entraide, de la compassion et de l'amitié, aujourd'hui les temps étaient surs, et les maisons pouvaient de nouveau se livrer les petites « batailles » qu'il y avait toujours eu dans le château, pour la Coupe de Quidditch, pour la Coupe des Quatre Maisons mais aussi de manière générale, pour s'attirer les éloges du plus grand nombre de professeurs. C'était devenu monnaie courante depuis la fin de la guerre. Les générations ayant suivi celle du trio d'or et de tous ceux ayant combattu courageusement les Mangemorts à Poudlard avaient à leur tour envie de prouver leur bravoure, leur puissance et leur intelligence. Et il ne s'agissait plus seulement de gagner des points en répondant correctement à une question posée en classe. Poudlard était devenu un lieu primordial de participation à la création de la Magie elle même, de nombreux sorciers de sixième et septième années principalement travaillant sur la création de sortilèges, contre sorts et potions. Le nombre de nouveaux brevets magiques avaient explosé depuis 1998, comme si tout le monde voulait à son tour contribuer à sa manière au renforcement de la coopération magique et à la sécurité des sorciers.

Si certains élèves paressèrent absorbés par la chanson du Choixpeau, Sabius, lui, n'y prêta pas plus d'importance que cela. En arrivant dans la Grande Salle il avait vu son père qui trônait au centre, dans son magnifique siège doré, et il avait été un peu intimidé. Il était content de ce qui s'était passé juste avant, mais son père avait maintenant une expression très fermé, et le plus dur pour lui était encore à faire, être réparti dans sa maison. Il souhaitait de tout son cœur se retrouver avec Tidus et Asellus, mais au niveau des probabilités, il y avait de forte chance qu'au moins l'un d'entre eux se retrouve éloigné des deux autres. La pire situation étant que chacun se retrouve dans une maison différente. Il repensa alors à ce que sa mère lui avait dit le matin même, sur le fait que le Choixpeau écoutait parfois les demandes des élèves. Il avait de la chance, la répartition se faisait par ordre alphabétique, ses deux amis allaient donc être répartis avant lui.

Un tonnerre d'applaudissement retentit à l'intérieur de la Grande Salle une fois la chanson terminée. Juste après, McGonagall déroula un long parchemin et prit le Choixpeau dans sa main gauche.

-Quand j'appellerai votre nom, vous viendrez vous asseoir sur ce tabouret, et vous placerez le Choixpeau sur votre tête. Nicolas Anderson.

Un petit garçon très maigre, avec de grandes dents s'approcha pour s'installer sur le tabouret, mais Sabius n'y prêta pas non plus attention. Il était en train d'observer la table des professeurs.

-Hey ! Regardez ! lança-t-il en bousculant légèrement ses deux acolytes. Bill est à la table des professeurs !

-Où ça ?

-Là-bas ! Entre Hagrid et Bibine.

-POUFSOUFFLE ! s'écria le Choixpeau.

-Trop bien ! Qu'est ce qu'il va enseigner à ton avis ?

-Je ne sais pas, répondit Sabius en scrutant la table, pour savoir qui était absent.

-Mark Benson, lança McGonagall.

-On dirait que tous les profs sont là non ? demanda Asellus.

-Non ! s'exclama Sabius. Il manque le Professeur Dockland. Celui qui enseignait la Défense Contre les Forces du Mal.

-Il est parti à la retraite ?

-Aucune idée. Mon père ne m'a rien dit.

-Le cours va être trop génial si c'est avec Bill ! Avec papa et maman on est allé chez ses parents la semaine dernière. Je savais qu'il ne voulait plus travailler avec les gobelins mais il ne savait pas trop quoi faire.

-GRYFFONDOR !

-C'est génial que ton père lui ait proposé le poste Sabius !

-Oui je suis d'accord.

-Asellus Black.

Des chuchotements s'élevèrent, à la fois chez les premières années et chez les autres élèves. Le principal intéressé, lui par contre, ne bougea pas de sa place, toujours à regarder Bill Weasley avec intérêt.

-Asellus !

-Hein quoi ?

-C'est à toi !

-Oups !

Il s'avança finalement en lançant un regard désolé à McGonagall avant de s'asseoir sur le tabouret et heureusement, il ne vit pas Rogue lever les yeux au ciel. Déjà qu'il savait bien que le père de son ami ne l'aimait pas beaucoup.

-À ton avis où est ce qu'il va être envoyé ? demanda Tidus.

-Aucune idée. Il y a beaucoup de gens à Serpentard dans sa famille, mais je ne pense pas que ça convienne à son caractère. Moi je le vois plus à Gryffondor.

-Les deux maisons où je suis presque sûr de ne pas me retrouver.

-Pourquoi tu dis ça ?

-Je ne suis pas aussi courageux que mes parents tu sais. Et Serpentard…ben…je vois pas trop ce que j'y ferais sincèrement.

Le Choixpeau n'avait toujours rien dit, il semblait hésiter. Mais il y avait au moins une chose positive, dans les chuchotements qui avaient suivi l'appel de McGonagall, les deux garçons n'avaient entendu absolument personne se moquer du prénom de leur ami. Ils avaient juste parlé rapidement de Sirius, de son enfermement à Azkaban à son Ordre de Merlin Deuxième Classe reçu suite à la guerre.

-Tiens tiens ! Un Black ! s'exclama le Choixpeau.

-Oui M'sieur, lança Asellus, pas déstabilisé le moins du monde.

-Tu es l'héritier d'une ancienne famille, puissante et influente.

-Oui M'sieur.

-Je ne t'espérais plus tu sais. Il semblerait que les amis du père du célèbre Harry Potter aient mis plus de temps que celui-ci à former leur descendance.

-Oui M…

-Chut ! Je n'ai pas besoin que tu répondes à chacune de mes affirmations avec cette pointe d'arrogance que je détecte dans ta voix.

-Je…je ne suis pas arrogant.

-Oh si tu l'es. Et tu es très calculateur, voire même manipulateur. Tu cherches toujours à arriver à tes fins.

-Comme tout le monde.

-Tu me fais beaucoup penser à ton oncle Regulus.

-Non c'est faux ! Je ne suis pas comme lui.

-Ah vraiment ? On t'a parlé de lui ?

-Oui !

-Mais moi je ne me contente pas de ce que les gens me disent. Les gens mentent. Je vois au plus profond de chaque sorcier et sorcière, j'explore vos esprits comme bon me semble et moi je te dis, que tu lui ressembles.

-Alors vous allez m'envoyer à Serpentard ?

-Je sens maintenant dans ta voix, non plus de l'arrogance, mais bien de l'inquiétude. La maison Serpentard a de nombreuses qualités tu sais.

-Je ne veux pas y aller. S'il vous plait !

-Je n'avais pas prévu de t'y envoyer de toute façon. Tu ressembles beaucoup à Regulus oui. Et Serpentard ne lui a pas vraiment réussi. Alors…

-Alors ?

-GRYFFONDOR !

Tous les élèves à la table en question se levèrent particulièrement enthousiastes en applaudissant chaleureusement le nouveau venu dans leur maison. Sabius et Tidus aussi avaient beaucoup applaudis leur ami. Ils savaient très bien que de toutes les maisons, c'était à Gryffondor que Asellus avait toujours rêvé d'être envoyé depuis qu'il connaissait l'existence de Poudlard. Et vu le temps que le Choixpeau avait pris pour lui, il y avait dû avoir un grand débat entre les deux. Sabius était très curieux de savoir ce qu'ils avaient bien pu se dire, il se promit de le demander à Asellus dès qu'il en aurait l'occasion.

Quand arriva le tour de Tidus, ses jambes tremblèrent tellement qu'il faillit tomber en montant les quelques marches qui le séparaient du tabouret. Heureusement il s'était reprit à temps et rien de tout cela ne s'était produit. Ca aurait été, pour le coup, la honte assurée. Surtout que comme pour Asellus, c'était bien son nom de famille et pas son prénom, qui avait fait naître de nombreux chuchotements dans l'assemblée.

-Tidus Lupin, dit simplement le Choixpeau. Tu étais le deuxième que j'attendais impatiemment cette année.

-Ah bon ?

-J'ai hâte de voir ce que tu vas faire.

-Mais je n'ai rien d'extraordinaire.

-L'extraordinaire nait toujours de l'ordinaire. Un jour, tu prouveras ta valeur. En tout cas avec toi aucune hésitation mon garçon. Cela va peut-être te surprendre mais…SERDAIGLE !

En effet Tidus était surpris, tout comme ses deux amis. Mais finalement il était ravi. Il ne s'était jamais attendu à être envoyé à Gryffondor, et il avait eu énormément de peine à voir que Asellus avait été envoyé là-bas, mais au fond de lui il savait que Serdaigle était la maison qui lui convenait le mieux. Tout ce qu'il espérait maintenant, c'était que Sabius soit envoyé là lui aussi. La déception pouvait se lire sur le visage d'Asellus, mais il tenta malgré tout de sourire et applaudit son ami comme tous les autres élèves.

Sabius était content pour Tidus aussi. Il avait toujours imaginé son ami à Serdaigle, pouvant contempler comme bon lui semblait un ciel étoilé (même si ce n'était pas de vraies étoiles, cela lui plairait certainement) depuis la Salle Commune, comme il adorait le faire. Il était aussi très sérieux, travailleur et intelligent. Il allait vraiment se plaire et s'épanouir à Serdaigle.

-Sabius Rogue !

Ca y est c'était son tour. Et comme pour ses deux amis, tout le monde commença à chuchoter et marmonner dans la salle. Il avait l'impression que l'écho était beaucoup plus fort pour lui cette fois, mais c'était peut-être juste une impression. À moins que ce soit vraiment le cas, après tout l'arrivée du fils du directeur était un événement ! Sabius ne souriait plus maintenant, alors qu'il grimpait à son tour les quelques marches. Il croisa le regard de son père, qui avait toujours un visage impassible mais Sabius décela un léger sourire. Il avait été très furtif, imperceptible pour les gens autour mais lui l'avait vu, et il savait que c'était pour l'encourager. McGonagall lui sourit également avant de lui apposer le Choixpeau sur la tête, d'un sourire un peu plus franc.

-Ahhh. Te voilà enfin, Sabius Rogue. J'avais grande hâte de te rencontrer.

-Pourquoi ? Je ne suis personne encore.

-Je suis uniquement posé sur la tête de jeunes sorciers et sorcières de 11 ans Sabius. Tous ceux que je rencontre ne sont encore personne quand je les rencontre, sauf quelques rares exceptions. Ce qui m'intéresse ce n'est pas qui vous êtes quand je vous rencontre, mais qui vous allez devenir.

-Vous savez ce que les élèves vont devenir ?

-Je peux en tout cas le deviner, le supposer en voyant ce que vous avez dans la tête.

-Qu'avez vous pensé de lui quand on vous a posé sur la tête de Tom Jedusor ?

-Tu poses beaucoup de questions dis donc. Tu es curieux, comme ton père.

-Est ce que c'est parce que mon père est le directeur que vous vouliez me rencontrer ? Ou parce qu'il a fait toutes ces choses incroyables ?

-Les deux. Car les deux auront un impact sur ta vie, sur ton développement, sur ta scolarité !

-Qu'est ce que vous voyez alors pour moi ?

-Tu es un esprit complexe Sabius. Des jeunes comme toi, il y en a de plus en plus depuis quelques temps.

-Des jeunes comme moi ?

-Qui pourraient appartenir à toutes les maisons. Même si deux maisons particulièrement semblent te convenir davantage. Comme ton père tu es malin et rusé, je suis presque sûr que tu arriveras toujours à obtenir ce que tu veux. Mais tu ne manques pas non plus de noblesse et de courage. Tu as aussi prouvé ton allégeance et ta loyauté envers tes amis, que tu n'as pas hésité à aider, tout comme de parfaits étrangers. Tu as fais passé leur bien être avant le tien, et c'est une qualité rare.

-Alors vous allez juste choisir la qualité qui ressort le plus chez moi ?

-Ce n'est pas aussi simple. Ce n'est pas une question de quantité, mais de qualité. Je vois que tu es aussi très intelligent, très travailleur. Tu as l'impression d'avoir un énorme poids sur les épaules, comme si tu devais prouver plus de choses que les autres.

-Mais c'est vrai !

-Oui je suppose. Mais tu ne devrais pas être aussi exigeant avec toi même pourtant. Tu connaîtras l'échec, tu feras des erreurs. Comme ton père, comme tout le monde.

-Je…je sais bien. Mais je voudrais en faire le moins possible. Je veux qu'il soit fier de moi.

-C'est ce qui importe le plus pour toi ? La fierté dans les yeux de ton père ?

-Oui !

-Et quelle maison à ton avis te permettra de faire grandir cette fierté en lui ? Ah moins que tu ne veuilles faire ton choix par élimination en te demandant quelle maison fera disparaître cette fierté.

-Je veux aller à Serdaigle !

-Vraiment ? Pourquoi ? Parce que tu as peur de reproduire les mêmes erreurs que ton père à Serpentard ? Que tu as peur de le décevoir à Gryffondor ? Ou bien est-ce simplement parce que tu veux être avec ton ami ?

-Non ! Jamais je ne choisirai une maison en fonction de quelqu'un d'autre !

-Alors j'attends ta réponse.

-La loyauté, le courage, et à l'inverse la trahison ou la lâcheté. Ce sont des qualités ou des défauts que beaucoup de gens peuvent avoir, peu importe le groupe dans lequel ils se trouvent. Ceux qui ont participé aux deux guerres l'ont prouvé. Certains qu'on prenait pour des perdants ont montré ces qualités, et d'autre que l'on pensait être des amis ont trahi leurs proches.

-Ce sont donc des qualités auxquelles tu donnes moins d'importance. Mhmh...oui, exact, ma première pensée se confirme, tu n'es définitivement pas un lion.

-Alors je pense que ce qui pourra le plus conditionner ma réussite, ce sera mon côté travailleur, ou mon côté rusé. C'est ce qui me caractérise le plus, même si je suis loyal envers mes amis. Tout le monde est loyal en quelque sorte, en ce qu'il pense être juste.

-Mhmh Serdaigle ou Serpentard n'est ce pas ? Je suis bien ton raisonnement, je le comprends et je l'approuve. Ces deux maisons étaient d'ailleurs les deux que j'avais envisagé pour toi car tu ne sembles vraiment pas patient. Au contraire même, il semblerait que tu ais hâte de faire tes preuves. En tout cas, tu es extrêmement mûre et perspicace pour ton âge. Dans ce cas ce sera…

Sabius ferma les yeux, bien que ça ne soit pas vraiment utile. Le Choixpeau avait fait son choix, soit il retrouverait Tidus, soit il se retrouverait seul dans l'ancienne maison de son père. Dans les deux cas il était persuadé qu'il pourrait s'épanouir durant sa scolarité. Même s'il avait une préférence quand même pour l'une des deux maisons.

-SERDAIGLE !

Quand il entendit enfin la décision du Choixpeau, il fut terriblement soulagé, comme si le poids qu'il avait semblé gardé dans son estomac depuis des semaines c'était envolé d'un coup. Il se rendit alors compte que, même s'il avait davantage focalisé sur les moqueries qu'il aurait pu avoir à cause de son nom, il avait également gardé au fond de lui énormément d'appréhension par rapport à la répartition elle même. Il tenta un rapide coup d'œil vers son père, angoissé à l'idée de ce qu'il allait voir. Mais à sa grande surprise, il lui faisait un petit sourire et l'applaudissait avec contentement. Est ce que c'était du soulagement que Sabius pouvait voir dans ses yeux ? Ca aussi c'était une question qu'il allait devoir poser quand il en aurait l'occasion. Il fut grandement acclamé à la table des Serdaigles, et il vit Tidus lui faire un grand sourire alors qu'il allait s'asseoir à côté de lui. Il avait toujours un peu de peine pour Asellus, mais finalement celui-ci semblait être comme un poisson dans l'eau à la table des Gryffondors. Il avait lui aussi sourit à Sabius en l'applaudissant chaleureusement avant de revenir à sa conversation avec son voisin de table avec qui il semblait s'entendre très bien.

La répartition se termina avec les quelques élèves qui restaient, puis Rogue se leva pour prendre la parole, pour l'habituel discours de début d'année. Sabius était particulièrement impressionné par sa prestance. Tout le monde dans la salle était captivé parce qu'il était en train de dire, alors qu'il ne faisait que leur souhaiter la bienvenue, et énumérer les règles de l'école. Il avait toujours trouvé son père charismatique, même chez eux à la maison, mais dans ces locaux, à cette place de directeur, il était vraiment très intimidant. Rien à voir avec l'homme gêné aux joues légèrement rougissantes qu'il avait surpris le matin même. Il n'y avait qu'une seule personne au monde pour lui faire perdre ses moyens, cette prestance, et c'était la mère de Sabius. Ce soir là c'était un homme totalement différent qu'il avait en face de lui mais Sabius était quand même heureux. Son père s'était montré tout aussi inquiet quant à son bien être tout à l'heure, alors même s'il laissait moins transparaître ses émotions dans ce château, il savait bien que son père l'aimait toujours autant, et que jamais il ne le prendrait de haut.

Il eut ensuite la confirmation de ce qu'il avait avancé quelques minutes auparavant. Bill Weasley était le nouveau professeur de Défense Contre les Forces du Mal, et cette annonce fut chaleureusement accueillie par bon nombre d'étudiants qui connaissaient Bill particulièrement, ou bien de manière générale la famille Weasley. La suite de la soirée se passa dans la bonne humeur à chacune des quatre tables, et une fois le festin terminé, la fatigue pouvait se lire sur le visage de presque tous les élèves. En tout cas, il était certain que toutes les premières années, qui avaient passé une mauvaise nuit la veille, ne rêvaient plus que d'un bon lit bien douillé.

Pour les trois lurons, qui avaient finalement été séparés par le Choixpeau mais qui resteraient liés par leur amitié, comme pour tous les autres élèves, l'arrivée dans leur dortoir fut une véritable libération. Mais les trois amis avaient vécu une double appréhension, et ils étaient maintenant heureux que cette journée soit terminée, et qu'elle ne soit passée aussi bien. Quand il arriva devant son lit, Sabius remarqua qu'il y avait un petit mot posé sur son oreiller. Il ouvrit l'enveloppe et sourit en voyant qui en était l'expéditeur.

Sabius,

Félicitations pour cette répartition. Tu vas faire des merveilles à Serdaigle.

Je suis fier de toi.

Papa.

Il commençait à avoir les larmes aux yeux mais il se reprit rapidement en mettant le petit mot dans sa malle. Personne n'avait remarqué ce qui s'était passé et il ne voulait pas en parler, même avec Tidus. C'était un petit moment de bonheur qu'il voulait garder pour lui. Un petit bruit sec se fit entendre à la fenêtre, et il fut heureux et soulagé de voir son hibou sain et sauf.

-Flamel !

Il lui ouvrit la fenêtre pour qu'il puisse s'abriter et le prit dans ses bras pour le réconforter.

-Je me suis inquiété tu sais ! Après que l'orage ait éclaté j'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose.

Le hibou lui mordit affectueusement l'oreille pour le rassurer, et Sabius lui donna tout de suite quelque chose à manger.

-Je suis désolé tu ne peux pas rester ici. Mais par contre j'aimerais bien que tu amènes quelque chose à Papa. Une lettre pour Maman, comme ça tu n'auras pas besoin de faire le voyage par ce temps. D'accord ?

Flamel hulula visiblement heureux d'apprendre la nouvelle, et il attendit que Sabius écrive sa réponse à son père, et la lettre pour sa mère.

-Sabius tu viens ! Il faut qu'on descende dans la Salle Commune pour récupérer nos emplois du temps.

-J'arrive tout de suite.

Il termina ses messages et les accrocha à la patte de Flamel.

-Est ce que ça ira ensuite pour aller à la volière ?

Le hibou acquiesça et s'envola aussitôt. Sabius descendit ensuite pour rejoindre les autres, et finalement certains dont lui et Tidus restèrent un peu plus longtemps à discuter avec d'autres élèves.

-Ca ne te fait pas trop de peine quand même qu'Asellus ne soit pas avec nous ? demanda Sabius alors qu'ils étaient remontés dans leur dortoir.

-Si bien sûr, répondit Tidus. Ca aurait été génial qu'on se retrouve tous les trois dans la même maison. Mais j'étais presque sûr qu'il serait envoyé à Gryffondor et pas moi. Et…Et je suis content que tu sois là avec moi.

-Moi aussi, répondit Sabius en souriant.

-Je ne me fais pas de souci pour lui. Vu son caractère et son physique, il va rapidement se lier d'amitié avec les autres garçons de sa maison, et charmer la majorité des filles.

-Oui je pense aussi !

-Et puis de toute façon on le voit demain. Regarde ! Notre premier cours demain matin c'est le Cours de Vol sur balais de Bibine. Et on l'a en commun avec les Gryffondor.

-Oh non ! Vols sur balais ? La poisse ! C'est le seul cours que je redoute et on commence par ça.

-Pourquoi tu le redoutes autant ? Au moins tu pourras apprendre les bases correctement.

-Tu sais bien que je suis nul sur un balai. Je ne suis génétiquement pas disposé à voler sur ces engins, lança Sabius un peu abattu.

-Ouais mais si tu arrives à voler sans comme ton père, tu auras trop la classe !

-Laisse tomber si ça arrive un jour, ce sera longtemps, très longtemps après la fin de mes études.

Ils auraient pu continuer à discuter comme ça longtemps, toute la nuit même, pour parler de leurs premières impressions et de leurs attentes à propos de cette année scolaire qui commençait. Mais ils furent plus raisonnables et allèrent se coucher peu de temps après les autres garçons dans leur dortoir. Ils devaient être en forme pour leur premier jour de cours, et surtout pour le cours de Flitwick juste après celui de Bibine. Déjà parce qu'ils étaient tous les deux d'accord sur le fait que le Cours de Sortilèges était celui à absolument maîtriser à la perfection, et également parce que c'était le cours de leur Directeur de Maison. Ils voulaient vraiment qu'il soit fier d'eux dès le début. Cette année, c'est Serdaigle qui allait gagner la Coupe !

Finalement, la répartition et de manière générale cette rentrée ne s'était pas trop mal passée. Ils avaient eu tord d'angoisser pendant aussi longtemps à propos de ce que les élèves allaient penser d'eux, et surtout de leur prénom. Daphnée étant également à Serdaigle, elle avait un peu discuté avec eux dans la Salle Commune avant de monter dormir, et elle comme d'autres s'étaient intéressés à Tidus et Sabius, et dans le bon sens du terme. On avait demandé à Tidus d'effectuer plusieurs transformation de son visage et de ses cheveux, la plupart des élèves, même d'années supérieures étant impressionnés puisqu'ils n'avaient jamais vu de métamorphomage jusque là. Et le petit exploit de Sabius dans le Hall d'entrée avant la répartition avait déjà fait le tour de l'école, si bien que quelques élèves étaient même venus lui serrer la main pour le féliciter. Quant à Asellus, Tidus avait raison. Il était bien le digne fils de son père et avait déjà attiré l'attention sur lui dès la première soirée passée au château.

Leurs noms de famille étaient tellement célèbres dans le monde des sorciers, qu'ils étaient finalement contents d'avoir des prénoms hors du commun pour pouvoir les effacer un peu et ainsi leur donner la possibilité de faire leur propre place dans ce monde, en sortant de l'ombre de leurs pères (et même de leurs parents de manière générale). Sabius Rogue, Tidus Lupin et Asellus Black allaient eux aussi entrer dans l'histoire, mais pas comme les simples fils de héros de guerre ayant contribué à la chute de Voldemort et à l'arrestation de bon nombre de Mangemorts. Non ! Ils entreraient dans l'histoire pour leurs propres exploits, et ils avaient sept belles longues années devant eux pour créer et forger leur réputation.

oOo

Un peu plus loin dans une autre partie du château, Severus Rogue venait de recevoir le petit mot griffonné par son fils, et également l'enveloppe qui l'accompagnait, à l'intention de sa femme. Il laissa échapper un petit rire en lisant le mot, ce qui ne manqua pas d'attirer l'attention d'Albus Dumbledore, tranquillement installé dans son tableau, comme les autres anciens directeurs.

-Qu'est ce qui vous fait rire comme cela Severus ?

-Mon fils.

Rogue n'ajouta rien, mais voyant le regard appuyé de son prédécesseur, il soupira et poursuivit.

-Je vois que vous êtes toujours aussi curieux Albus.

-Oh je vous en prie Severus, vous savez bien que je m'ennui ici, il faut bien que je trouve des distractions. Alors ?

-Il vient de me donner une lettre pour sa mère.

-Pour sa mère ?

-Oui. Il écrit, je cite : Voilà une lettre pour Maman. Je ne veux pas envoyer Flamel voler par ce temps, il risquerait de se blesser. Et comme je sais que tu vas transplaner pour aller la voir puisque le directeur de l'école a le droit de le faire, tu pourras lui donner.

Dumbledore ne put s'empêcher de rire à son tour, face à la clairvoyance de Sabius.

-Et bien et bien. J'avais seulement dit à Harry que le directeur avait le droit de transplaner hors du château. Je ne savais pas que c'était devenue une information connue de tous.

-Cet idiot de Potter l'a répété à ses amis. Et cette loufoque de Lovegood l'a mit dans le stupide livre qu'elle a publié cet été : Les Mystères de Poudlard.

-Ca fait beaucoup d'adjectifs négatifs dans une même phrase Severus. Faites attention.

Rogue soupira de nouveau en déposant le petit mot de Sabius sur son bureau, et en mettant la lettre pour sa femme dans la poche intérieur de sa veste.

-Qui est Flamel ? demanda ensuite Dumbledore avec un grand sourire.

-Hum…C'est le hibou de mon fils.

-Choix de nom très judicieux. En l'honneur de mon vieil ami je suppose.

-Exact.

-C'est assez marrant quand on y pense. Nicolas adorait les hiboux, c'était même ses animaux préférés. Il avait fait construire une immense volière dans son domaine, et en avait fait apporter près d'une centaine.

-Fascinant.

-Ne soyez pas cynique Severus ! En plus je suppose que c'est vous qui lui avez soufflé ce nom pour me faire plaisir.

-Absolument pas ! Il est allé sur le Chemin de Traverse avec sa mère, et il l'a baptisé comme cela dès qu'ils l'ont acheté. Je n'étais pas au courant. Il a dû lire ce nom dans un de mes livres.

-Et bien votre fils est très intéressant Severus. Il me tarde de faire sa connaissance.

-Et bien pas moi ! Si vous faites sa connaissance, c'est qu'il se sera retrouvé dans ce bureau pour je ne sais quelle bêtise faite avec ses deux copains. Et je souhaite que cela arrive le plus tard possible.

-Donc vous êtes conscient que cela finira par arriver ! lança Dumbledore en riant. Vous êtes toujours aussi clairvoyant.

-Vous m'ennuyez Albus ! Je vous dis que vous n'êtes pas prêt de voir mon fils ! Je veillerai à ce qu'il ne mette pas les pieds dans ce bureau avant un long moment. Maintenant si vous voulez bien m'excuser.

Sans ajouter un mot de plus, il transplana pour aller rejoindre sa femme. Albus Dumbledore, lui, était toujours amusé dans son tableau, et il fit une remarque que Rogue n'entendit bien évidemment pas.

-Mon cher Severus. Si vous pensez sincèrement que ce tableau dans votre bureau est le seul moyen que j'ai de voir les élèves, vous vous fourrez le doigt dans l'œil. Cette année promet d'être riche en émotions. Je ne me suis pas amusé comme cela depuis l'année 1991-1992.

FIN