Le garçon de
l'autre monde

Résumé : Un soir de retour de mission, l'Auror James Potter fait une découverte pour le moins surprenante : Harry Potter, Maître des Dimensions et son phénix caractériel, Hélios. Alors que la guerre fait rage et que Voldemort semble rechercher un puissant artefact, l'aide d'un Maître des Dimensions ne sera pas de trop. [suite des Maîtres des Dimensions]

Voici qui achève cette petite fanfic. Bonne lecture à tous.

Partie Dernière

I
Bracelet

A l'instant où le regard de Harry se posa sur l'objet que lui montrait Remus, tout devint clair. Il comprit la raison de sa présence dans ce monde, l'intérêt de Voldemort pour des objets anciens et la gravité de la situation. Tout cela, en fait, était désormais d'une évidence aveuglante.

Sur ce, Hélios, qui s'était fait discret ces derniers jours – Merlin seul sait où ce volatile était allé –, apparut et se posa sur les genoux de Lily. La jeune femme n'y prêta guère d'attention, focalisée sur l'artéfact. Evidemment, elle venait d'acquérir une partie des pouvoirs d'un Maître des Dimensions, elle devait donc comprendre de quoi il s'agissait. De quelle abomination il était question.

- Doit-on comprendre à vos airs que vous savez de quoi il s'agit ? fit Dumbledore.

Difficile de dire s'il était curieux ou inquiet. Probablement un peu des deux. Harry déglutit.

- Oui. Je sais ce que c'est.

Presque tremblant, il tendit la main et saisit délicatement l'objet.

- Attention, conseilla Remus, c'est dangereux.

Le voyageur dimensionnel secoua doucement la tête.

- Pas pour moi, souffla-t-il, les yeux fixés sur le morceau de métal.

Il avait triste mine… C'était un crève-cœur.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda Sirius, à voix basse, comme s'il était conscient de la gravité du moment.

A la surprise générale, ce fut Lily qui répondit.

- Un fragment de Bracelet. Une part du Bracelet d'un Maître des Dimensions, murmura-t-elle. Mon Dieu, comment a-t-il pu se briser ?

Hélios émit une note chaude, comme pour rassurer la jeune femme.

- Certainement lors de l'attaque de l'Ecole des Mondes. Le combat a été très rude. Il est très possible qu'un Maître, mortellement blessé, ait tenté de se mettre à l'abri. Son Bracelet n'aura pas réussi à maintenir sa protection pendant la traversée de l'Entre-Monde et aura volé en éclats.

- Mais l'Ecole a été détruite il n'y a pas si longtemps. Or, ce fragment a l'air très ancien, fit remarquer Lily.

- C'est vrai, mais les Maîtres voyagent dans le temps comme dans l'espace. Autrement dit, il est possible que le Bracelet soit arrivé il y a très longtemps. Etant donné que personne ne le cherchait et qu'il avait éclaté en trois morceaux, il n'a pas été remarqué. Les humains de ce monde les ont pris comme objets de cultes. A raison. Il est fort probable que la santé des habitants du village dans lequel nous étions s'explique par la présence de ce fragment. Et cela explique également la modification des flux telluriques. Ils ont été attirés ou créés par la magie du fragment.

- Un simple fragment a autant de pouvoir ? s'enquit Dumbledore.

Harry releva la tête vers lui.

- Vous ne semblez pas comprendre ce qu'est un Bracelet. Le Bracelet d'un Maître des Dimensions n'est pas un bijou quelconque. C'est une part de lui-même. C'est quasiment une part de son âme. Ses pouvoirs transitent par lui. Sa magie aussi. Prendre le Bracelet d'un Maître est quasiment aussi grave que lui prendre la vie, car ils sont intimement liés. Un Maître des Dimensions sans son Bracelet ne serait pas vraiment un Maître. Pas totalement.

- Vous êtes en train de dire, fit le vieux mage, que tous les pouvoirs d'un Maître des Dimensions se trouvent dans son Bracelet ?

- En schématisant, oui. Ce n'est pas vraiment ça – ils transitent dans son Bracelet plutôt – mais inutile de tomber dans les détails. Imaginez que le Bracelet est le lieu de fixation d'une part de l'âme du Maître, laquelle recèle la majorité de ses pouvoirs. C'est pour cela qu'un Bracelet brisé est une horreur. C'est comme si l'âme du porteur avait été déchirée. Nous avons de la chance que la magie des fragments soit restée positive. Elle aurait tout aussi bien pu devenir extrêmement dangereuse. Elle peut toujours le devenir d'ailleurs.

Il y eut un silence qui s'étira avant que Dumbledore ne reprenne la parole.

- Alors il faut récupérer les fragments que possède Voldemort au plus vite.

Harry approuva de la tête tout en refermant sa main sur la partie de Bracelet qu'il tenait encore.

- Cela me semble impératif.

oo0oo

Etant reconnu comme le sorcier le plus puissant de Grande-Bretagne, Albus n'était pas préparé à entrer en contact de plein fouet avec des personnes pour qui ses pouvoirs apparaissaient comme moyens. Pourtant, alors que Terry Star, ce Maître des Dimensions, expliquait ce qu'était le fragment, le directeur de Poudlard comprit qu'il avait face à lui une personne recelant une puissance qui le dépassait complètement. S'il en avait encore douté, la séance de « guérison » de Mlle Evans avait fait disparaître tous ses doutes.

Il jeta un coup d'œil à la femme rousse. Difficile d'imaginer ce que cette moldue venait de devenir. Ni Maître des Dimensions, ni moldue, elle était un nouvel être. Et rien ne passionnait plus Albus que les nouveautés quelles qu'elles soient. Il s'étonnait qu'après plus de cent ans de vie, le monde lui réserve encore des surprises. Et quelles surprises ! Le monde magique était définitivement fantastique. Evidemment, il avait ses défauts. D'ailleurs l'un d'eux était actuellement le sujet de la conversation.

- C'est bien beau de dire qu'il faut récupérer ces fragments, mais ils sont entre les mains de Voldemort, intervenait Sirius. Comment voulez-vous vous y prendre ? On va le voir et on lui demande poliment de nous les donner ?

- Solution à méditer, approuva Terry.

- Tu es cinglé ! diagnostiqua le jeune Black.

- Cela m'a déjà été signalé, répliqua le Maître des Dimensions sans s'émouvoir.

- Sirius a raison, pourtant, fit Severus. Comment veux-tu faire une chose pareille ?

- Quoi ? Voler quelque chose à Voldemort ?

Le jeune homme d'un autre monde eut un petit rire.

- Ce ne serait pas la première fois. C'est une sorte de… spécialité, chez moi.

- Tu es en train de nous dire que tu as des tendances cleptomanes et que nous avons intérêt à planquer les choses auxquelles nous tenons ? s'enquit une voix ironique.

Tous les regards convergèrent vers Lily Evans qui regardait Terry avec un sourire en coin.

- Hein ? Non ! Ça n'a rien à voir, s'insurgea le concerné avec un air proprement outré. Arrête de te moquer de moi, toi !

- Moi ?

La jeune femme prit un air d'innocence pure.

- Je ne vois pas de quoi tu veux parler.

- C'est ça, marmonna Terry entre ses dents. Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d'alu…

Les sorciers échangèrent un regard inquiet alors que la moldue-qui-n'en-était-plus-vraiment-une éclatait de rire. Ces deux-là étaient vaguement inquiétants. Qu'est-ce qu'une marmotte venait faire dans cette histoire ?

Là-dessus, parce que la situation n'était pas encore suffisamment burlesque, le phénix Hélios sembla se réveiller et décider qu'il était temps que l'on s'occupe un peu de lui. Cet oiseau était vraiment un phénomène. Alors qu'il harcelait Terry et se faisait bichonner par Mlle Evans, Albus songea qu'il avait bien de la chance que Fumseck ait un caractère aussi calme.

II
Voldemort

Harry Potter était positivement furieux. Alors qu'il regardait une nouvelle fois le fragment de Bracelet, tout son être se rebellait contre cette situation, son injustice. Son propre Bracelet semblait vibrer d'indignation. Harry serra les dents. Il était un Maître des Dimensions. Plus qu'il ne l'avait jamais été. Les cours du professeur Williams – cet apprentissage qui lui avait permis d'apprendre ce qu'étaient les Maîtres – et les enseignements de la Magie elle-même – ce qu'il avait fait pour soigner Lily l'avait énormément rapproché d'Elle – trouvaient enfin écho en lui. Il comprenait ce qu'il était.

Et il savait ce qu'il devait faire. Le Voldemort de ce monde n'aurait jamais dû se lancer dans la chasse aux fragments. Car, s'il ne l'avait pas fait, Harry aurait pu le laisser en paix, estimant qu'il ne lui revenait pas de faire ingérence dans la destiné de ce monde. Après tout, les Maîtres des Dimensions n'étaient pas censés, sauf Appel, interférer avec ce qui se passait dans les différents univers. Leur rôle était simplement de s'assurer qu'ils coexistent en harmonie. Il n'y avait pas eu d'Appel – personne n'avait requis auprès de la Magie l'intervention des Maîtres – c'était une certitude. Bien que les circonstances de la venue de Harry soient encore assez obscures.

Toujours était-il que le jeune homme avait pris sa décision. Non seulement il allait reprendre les fragments à Voldemort, mais en plus ce mage noir allait en prendre pour son grade. Sans savoir exactement pourquoi, Harry sentait que le Mage noir n'était pas un réel danger pour lui. Bon, d'accord, il était puissant. Personne ne disait le contraire. Le battre ne serait pas une promenade de santé. Mais ce ne serait pas non plus aussi difficile qu'avec les autres Voldemort… Sans trop savoir d'où lui venait cette certitude, Harry le savait.

Ainsi donc, une conclusion s'imposait.

- Nous allons attaquer Voldemort.

Tous les regards se braquèrent sur lui. Cela faisait un moment qu'il n'avait pas parlé, laissant les autres discuter de la marche à suivre pour reprendre les fragments à leur ennemi. Mais l'heure n'était plus aux subtilités. Un assaut frontal était leur meilleure chance. Drago aurait hurlé s'il avait eu connaissance de ce plan – un plan éminemment gryffondorien. Finalement, une année à Serpentard n'avait pas complètement changé Harry. Il eut un sourire en coin.

- Euh

Sirius parut hésiter.

- Est-ce que ça va, Terry ? s'enquit-il.

- Maintenant que tu le dis, je suis en manque de café. Pourrais-je en avoir un ?

La demande sembla troubler son entourage. Ne comprenaient-ils pas l'importance d'un bon café ? Définitivement, il n'était pas aidé. Enfin, il faudrait s'y faire, malheureusement… Il soupira. Il était définitivement incompris.

oo0oo

Sirius n'était pas certain de parfaitement comprendre ce qui se passait. La jolie Lily et Harry – ou Terry, il avait du mal à savoir comment appeler le jeune homme – étaient en pleine discussion à propos de Magie Propre et de Bracelets. Autant dire que cela relevait d'un total charabia pour l'Auror. Il reporta son attention sur Maugrey qui briefait les Aurors.

Le plan était simple en théorie. Il s'agissait de faire croire à Voldemort que le fragment de Bracelet en possession de l'Ordre allait être mis à l'abri au manoir Potter. Ils savaient depuis un moment qu'il y avait un espion parmi les Aurors. Il y avait trois suspects. Les trois avaient évidemment été conviés au briefing organisant le transfert de l'objet. Rien de très élaboré, mais Harry avait estimé que cela suffirait. Même s'il soupçonnait le piège, Vous-Savez-Qui ne pourrait, selon le garçon de l'autre dimension, résister à la tentation. Il avait l'air de bien connaitre le mage noir. Dumbledore avait approuvé.

Le manoir Potter avait été choisi en raison de son emplacement : quasiment suspendu à flan de falaise, au milieu de kilomètres de lande vide de toute présence humaine. Si une bataille y éclatait, il y avait peu de chance qu'elle fasse des victimes civiles. Qui plus est, il ne paraissait pas incohérent que le manoir fût utilisé comme cachette pour le fragment : comme toutes les demeures ancestrales de grandes familles, il disposait de protections assez puissantes.

Les membres de l'Ordre du Phénix prendraient ensuite place autour du Manoir pour attendre le mage noir. Cette partie du plan, évidemment, n'avait pas été dévoilées aux suspects : ils n'étaient informés que de la protection assurée par des Aurors, au nombre de trois, qui se relaieraient dans le manoir – discrétion oblige.

Des éclats de voix tirèrent l'animagus de ses pensées. Lily affichait un air furieux.

- Je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas venir ! protestait-elle.

- Mademoiselle, grogna Maugrey. Ceci n'est pas la place d'une civile.

- Je ne suis plus une simple civile : je vous serais utile. Je suis aussi puissante que certains d'entre vous.

Sirius avait du mal à y croire mais il avait vu la guérison de la jeune femme, aussi préférait-il ne pas s'avancer. Harry, d'ailleurs, ne corrigea pas. Il semblait hésitant sur le parti à prendre. James, lui, ne tergiversa pas.

- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, Lily.

Sirius ne fut pas surpris : il avait bien vu qu'il se passait quelque chose entre ces deux-là. Cornedrue avait manifestement un monstrueux coup de cœur pour la moldue – qui n'en était plus une, d'ailleurs. Qu'était-elle, maintenant ? Point à rechercher.

- Je ne vois pas pourquoi ! s'insurgea-t-elle.

- Parce que tu n'es pas entraînée, plaida James. Tu viens juste d'acquérir tes pouvoirs, nom d'une chouette ! Tu risques de mourir.

Il y avait plus d'inquiétude que de raison dans sa voix, nota Sirius. Pourtant, il n'avait pas tort.

- Je pense que James est dans le vrai, intervint Dumbledore. Tu n'es pas prête, Lily. Il te faudra de l'entrainement avant de maîtriser pleinement tes pouvoirs. Or, une mission de protection de ce type – où nous risquons d'essuyer une attaque – n'est pas l'entrainement idéal.

Evidemment, pas question de dire que cette mission comporterait une attaque – cela serait nécessairement le cas – pour ne pas trahir le plan établi. Mais la rousse le savait dans la mesure où elle était dans la confidence. Étrangement, Harry ne fit pas de commentaire. Tout juste marmonna-t-il, alors que le plan débutait, quelque chose ressemblant à « les chiens font pas des chats ». Allez savoir ce que cela signifiait.

oo0oo

Le plan de Harry était d'une simplicité éblouissante. Du moins, c'est ce qu'il estimait. Personne n'ayant dit – ou oser dire – le contraire, il considérait cela comme une certitude. Ce qui, il devait bien l'admettre, l'amusait beaucoup. Car il était parfaitement conscient que Drago aurait frôlé la crise cardiaque en le découvrant. Cela ne le rendait que plus brillant.

Persuadé que le fragment de Bracelet avait été transféré au manoir Potter, Voldemort attaqua comme prévu. Harry décida alors qu'il était temps de cesser de s'auto-congratuler (même si cela avait été fortement amusant) pour se concentrer sur ses adversaires. Le mage noir, évidemment, n'était pas venu seul. A croire qu'il ne pouvait pas sortir sans être accompagné d'un fan-club dûment constitué. Ce comportement avait un coté pathétique qui arracha un sourire sans joie à Harry. Tom Jedusor avait-il à ce point besoin de reconnaissance ?

Toujours était-il que la question n'était pas là, statua-t-il alors que le groupe d'encagoulés arrivait dans la zone précise de l'embuscade tendue par les Aurors. Harry prit garde à ne pas bouger. Si les suppositions de Dumbledore étaient bonnes – et il y avait de fortes chances qu'elles le soient – il y avait des traites parmi les Aurors. Aussi Voldemort devait-il s'attendre à se heurter à de la résistance. Le connaissant – ou plutôt connaissant ses doubles – le Maître des Dimensions ne doutait pas qu'il est compris qu'un piège lui était tendu. Mais cela importait peu : outre l'Ordre du Phénix qui était sur place, tous les Aurors de Grande-Bretagne étaient sur le qui-vive, prêts à intervenir en quelques instants.

Lorsque Voldemort entra dans sa ligne de mire, Harry passa immédiatement à l'attaque, conscient que le reste de l'Ordre le suivrait.

« Ô Poséidon, maître des océans,

Soulève les mers maintenant ! » ordonna-t-il.

A la surprise générale, une vague particulièrement puissante passa soudainement par-dessus la falaise – pourtant haute d'une dizaine de mètres – et vint s'engouffrer tout droit sur le groupe de sorciers noirs, emportant tous ceux qui n'avaient pas été assez rapides pour se protéger. Harry songea furtivement que la magie antique était un instrument merveilleux.

Sans plus attendre, il s'avança vers Voldemort qui, est-il nécessaire de le préciser ?, avait échappé à la vague.

- Encore toi ? cracha le mage noir en reconnaissant le jeune homme.

- Et oui. Je sentais que je te manquais.

- Ton impertinence te perdra, jeune homme.

- D'autres me l'ont dit et je suis toujours là, Tom. Il va falloir trouver mieux.

- Avada Kedavra ! s'exclama sans sommation le mage noir.

Cette fois-ci, Harry n'évita pas le sort. Il le reçut en pleine poitrine et encaissa tout en se félicitant d'avoir pris une aspirine avant de partir en mission. Avec un peu de chance, cela lui épargnerait le mal de tête gigantesque qui suivait immanquablement ce genre de sortilège. Prenant sur lui pour ne pas grimacer – cela faisait tout de même un mal de chien ! – Harry reprit.

- Comme je viens de te le dire, il va falloir trouver mieux, Tom. Stupefix !

Evidemment, le mage noir, tout à sa stupeur de voir son adversaire survivre au sortilège de mort, n'eut pas la présence d'esprit de parer le sort. Malheureusement, un de ses fidèles fut plus réactif et le poussa violemment sur le coté, lui permettant d'échapper à la stupéfixion. Reprenant ses esprits, Voldemort ignora royalement son serviteur pour répliquer. S'en suivi un échange de sorts aussi féroce que soutenu entre les deux ennemis. Harry eut vaguement conscience de l'intervention des membres de l'Ordre autour de lui, mais n'y prêta pas plus d'attention, tout entier tourné vers son combat. Les mangemorts, en effet, n'hésitaient pas à l'attaquer de toute part pour aider leur maître, ce qui forçait le jeune Maître des Dimensions à demeurer extrêmement concentré sur son entourage le plus proche.

Malgré tout, le brun sentit peu à peu le harcèlement des encagoulés diminuer, preuve de l'action efficace de l'Ordre du Phénix. Les partisans de Voldemort semblaient dépassés et Harry vit dans le regard du mage noir que celui-ci commençait à franchement redouter l'issue du combat. A raison.

Mais comme l'animal prit au piège à tendance à mordre pour défendre sa vie, Voldemort n'avait pas dit son dernier mot. Avec un peu plus de recul, Harry admettrait qu'il aurait dû le voir venir. Mais à cet instant, il fut horrifié de voir son adversaire brandir les deux fragments de Bracelet en sa possession. Le brun eut vaguement le souvenir d'avoir crier dans le vain dessein d'empêcher ce fou d'agir. Rien n'y fit, évidemment.

Lord Voldemort, du haut de toute sa démence, déchaîna la puissance des fragments.

III
Maître des Dimensions

Lily avait toujours été une personne obéissante, respectueuse des lois et des autorités qu'elle jugeait légitime. Aussi était-ce une première pour elle de désobéir de la sorte. Evidemment, comme tout un chacun, elle protestait parfois et agissait comme elle l'entendait, mais jamais pour quelque chose d'aussi important. En même temps, devait-elle convenir, elle n'avait jamais participé à quelque chose d'aussi important.

Toujours était-il que Lily, donc, avait allègrement désobéi aux ordres des sorciers et se trouvait donc en plein milieu d'un champ de bataille avec la vague impression d'avoir commis une légère erreur. Manifestement, les belligérants disposaient d'une gamme de sortilèges aux effets assez variés et souvent passablement dangereux. Et la rousse n'était pas certaine de pouvoir maîtriser sa propre magie. Peut-être, envisagea-t-elle alors, aurais-je dû écouter James et le professeur Dumbledore.

Elle en était là de ses réflexions lorsqu'un Mangemort sembla la remarquer. Il pointa sa baguette sur elle et cria un mot en latin – pourquoi le sort était-il en latin, exactement ? – sur un ton clairement agressif. Par pur réflexe, Lily plaça ses mains ouvertes devant son visage. Et aussitôt un mur de glace jaillit du sol pour la protéger. Le sort s'y écrasa sans causer la moindre égratignure à la façade nouvellement dressée. La moldue qui n'en était plus une eut un cri de joie. Ceci était sa magie !

D'un mouvement encore un peu hésitant, elle baissa sa main, paume vers le sol, en se concentrant sur la glace. Le mur se renfonça immédiatement dans le sol. Lily croisa alors le regard ahuri de son adversaire. Très satisfaite d'elle-même, elle lui offrit un sourire éblouissant. Et claqua des doigts.

Avant qu'ils n'aient pu comprendre ce qui lui arrivait, le mangemort se retrouva complètement enchâssé dans la glace. Le cœur de Lily battait à tout rompre dans sa poitrine. Elle sentait sa magie vibrer en elle. Une magie qui lui permettait de maîtriser les éléments – et en l'espèce de transformer en glace l'eau qui stagnait sur le sol du champ de bataille. Très motivée, la rousse entra réellement dans le combat.

oo0oo

A l'autre bout du champ de bataille, James se battait avec un certain désespoir. Il devait gagner. Il en avait parfaitement conscience. Ceci était le combat final – il fallait se rendre à l'évidence même si cette notion lui paraissait un peu trop sortie d'un livre – et l'Ordre du Phénix devait le gagner. Harry était, à n'en pas douter, leur atout majeur : il occupait efficacement Voldemort, laissant le champ libre à l'Ordre. James prenait garde à se tenir à l'écart des deux combattants pour éviter d'être victime d'un de leurs sorts : les deux hommes maniaient une magie extrêmement puissante.

Il lança trois sorts, bondit sur le coté pour en éviter un autre. Il dérapa, glissant sur le sol détrempé par la vague déchainée par Harry au début du combat. Il lui fallut quelques instants pour se redresser. Trop de temps. Trois mangemorts l'avaient pris en tenaille et le visèrent avec des sorts plus ou moins mortels. James se voyait déjà mort lorsqu'il réalisa qu'une rafale de vent particulièrement puissante venait de mettre ses trois adversaires à terre.

- James ! s'exclama une voix féminine.

Quelle ne fut pas la surprise de l'appelé de découvrir une Lily échevelée se précipitant vers lui.

- Tu vas bien ? s'enquit-elle avec inquiétude.

L'espace d'un instant, le brun s'apprêta à l'invectiver au sujet de sa présence – ne lui avait-on pas intimé l'ordre de rester à l'abri ? – mais les mots de colère du sorcier ne franchirent pas ses lèvres. Que dire, en effet, alors que la jeune femme venait à l'instant de lui sauver la vie ? Car elle était, c'était une certitude, à l'origine de l'opportune rafale de vent.

- Il faudra que nous ayons une petite conversation, lorsque cela sera fini, dit-il simplement.

Lily eut un sourire en coin avant de bloquer deux nouveaux encagoulés dans la glace.

oo0oo

Les fragments de Bracelet brillaient furieusement, émettant une magie agressive. Harry sentit son propre Bracelet réagir. Autour d'eux, les combats semblaient avoir perdu en férocité et le voyageur dimensionnel vit, à la limite de son champ de vision, plusieurs membres de l'Ordre s'approcher de lui. Il ressentit un vague soulagement de les voir en vie mais n'y accorda pas plus d'attention : pour le moment, il devait trouver au plus vite comment stopper Voldemort.

Or… il n'avait pas d'idée. Comment faire cesser une magie pervertie mais qui avait appartenu à un Maître des Dimensions ? Par les mondes, elle n'aurait même pas dû exister. Maudissant les êtres – quels qu'ils soient – à l'origine de la destruction de l'Ecole des Mondes, le jeune homme tenta de se concentrer sur les puissances en présence dans l'espoir fou de pouvoir entrer en contact avec cette magie et peut-être de parvenir à la calmer. Cela faisait beaucoup de conditionnel…

Il commençait à réussir à frôler le pourtour de cette puissance, lorsqu'il sentit une force immense le traverser de toute part. Une énergie aussi caressante qu'impérieuse l'envahit, l'entoura. Il ne comprit qu'après quelques secondes ce qui arrivait. Ceci – faute de véritable mot pour l'exprimer – était la Magie. Elle était tout à la fois une puissance incommensurable, une autorité irrésistible, une bienveillance sans limite.

Malgré lui, il ferma les yeux, s'en remettant à cette force qu'il ressentait pour la première fois avec une telle plénitude. Il était à son service – tel était le rôle des Maîtres des Dimensions – et Elle était à ses cotés. Rouvrant les yeux, il prit conscience que les fragments faisaient parties de la magie particulière offerte aux Maîtres. En les activant, Voldemort s'était soumis à la magie de cet Ordre. Magie qu'il maîtrisait bien mal, là où Harry était le Premier Maître.

L'espace d'un instant, le jeune homme demeura interdit, se demandant d'où lui venait ce titre. Le Premier Maître des Dimensions n'était autre, comme le lui avait appris le professeur Williams, que le chef de l'Ordre. Harry réalisa alors que cette fonction lui avait été décernée par la Magie Elle-même. Dans un second temps, il réalisa que cela revenait à être simplement être le chef de Drago… Son ami n'allait pas apprécier lorsqu'il apprendrait la nouvelle.

Chassant ces pensées parasites – non sans s'être promis de tenter de trouver un moyen pour échapper à ce nouveau titre – Harry se focalisa sur Voldemort. Il tendit la main vers lui et libéra sa magie, appelant ainsi les fragments. Ceux-ci se mirent à vibrer furieusement dans les mains du mage noir qui poussa un cri de rage, sentant leur puissance lui échapper. Loin de se laisser déconcentrer, Harry se focalisa encore plus sur ses cibles. Autour de lui, il sentait encore la Magie bourdonner.

Soudainement, les fragments furent dans la main tendue du brun. Voldemort rugit, manifestement hors de lui, mais le jeune homme ne lui laissa pas le temps de réagir.

« Ô Thémis, qui à la divine justice doit pourvoir,

Que ton verdict soit rendu sans surseoir, » récita-t-il.

Et la Magie appliqua la condamnation.

IV
La croisée de chemin

Sans avoir le contact du Maître Star ou Lily Evans avec la magie, Albus Dumbledore comprit, en entendant les paroles du jeune homme, que Tom Jedusor allait devoir faire face à ses torts. La suite lui donna raison.

Une lueur bleuté commença entourer le mage noir ouvrit la bouche, comme pour parler. Albus vit la stupéfaction dans les yeux de son ancien élève avant que la lumière devienne si aveuglante qu'il ne puisse la soutenir et détourne les yeux. Lorsqu'enfin, après quelques secondes qui semblèrent une éternité, elle décrut, Lord Voldemort avait disparu, ne laissant derrière lui qu'une cape sombre.

Le Maître Terry Star demeurait debout sur le champ de bataille, victorieux. Albus le regarda un instant avant de réaliser quelque chose d'essentiel : le garçon ne tenait plus dans sa main des fragments mais un superbe Bracelet, complet et brillant. Ainsi, telle était la puissance des Maîtres des Dimensions ? Une partie du vieux mage considéra qu'une telle force n'aurait jamais dû exister. Mais lorsqu'il vit Terry Star se retourner et sourire à Lily Evans et à James Potter qui s'approchaient de lui, il chassa cette idée.

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Maugrey s'estimait satisfait. L'autre idiot noir était mort, la plupart de ses stupides adeptes arrêtés et les pertes parmi les Aurors et l'Ordre avaient été très limités compte tenu des circonstances. Une victoire dont il pouvait se féliciter, somme toute. Certes, il n'avait pas vraiment compris ce qui s'était passé en pratique, mais parfois connaitre la solution était suffisant. Tout ce charabia magique était pour les civils : les soldats, eux, connaissaient les ordres, la mission et devaient tout mettre en œuvre pour parvenir à remplir les deux. Telle était sa conception du monde.

D'autres, n'avaient pas sa rigueur. Aussi avait-il était décidé la tenue d'une conférence de presse dans laquelle l'affaire serait expliquée en détail. Star avait bien tenté d'y échapper, mais son phénix n'avait pas semblé avoir le même point-de-vue et l'avait empêché de s'éclipser. Lily Evans et Black en riaient encore.

- Professeur Dumbledore, demanda une journaliste irlandaise, nous dites que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom est mort. Pouvez-vous nous donner plus de précisions ?

- Il me semble que le Maître des Dimensions Terry Star est le mieux placé pour répondre à cette question.

Maugrey observa le garçon monter sur l'estrade de la conférence de presse comme un condamné marchant vers l'échafaud et songea que, même s'il venait d'un autre monde, le brun était plus censé que la plupart de ses connaissances.

- Il n'y a pas grand-chose à dire sur la mort de Voldemort, commença Star sans tenir compte des murmures et autres frissons provoqués par l'entente de ce nom. Il a été jugé par la Magie et Elle a appliqué son verdict. Voldemort est non seulement mort mais sa magie elle-même a été retirée afin que ce qu'il a contaminé soit assaini.

La puissance qui émanait du Maître des Dimensions avait provoqué un profond silence que seule sa voix paraissait parvenir à troubler. Maugrey réalisa que l'assistance – lui comprit – était pendue aux lèvres du jeune homme, consciente de l'importance de ce qui allait être dit.

- Les sorts lancés, poursuivit Star, les allégeances prononcées, tout a été balayé, offrant ainsi une nouvelle chance à votre monde. J'ose espérer que vous saurez en faire bon usage. J'ose espérer que les Mangemorts capturés aujourd'hui et ceux qui le seront dans l'avenir par les Aurors pourront bénéficier de procès équitables, soucieux du respect des droits de la défense et recherchant plus la vérité que la vengeance. J'ose espérer que les personnes blessées dans leur chair et dans leur cœur pourront trouver la force de pardonner pour continuer à avancer. J'ose espérer que votre société saura reconnaître ses erreurs pour mieux évoluer, car cette guerre ne fut que le reflet de difficultés bien réelles qu'il est de votre devoir de corriger. Enfin, j'ose espérer que vous saurez vous souvenir que rien n'est acquis et que faute de vous montrer digne d'Elle, vous pourriez un jour vous trouver, vous aussi, face au jugement de la Magie. Je vous remercie.

Sans laisser le temps à quiconque de réagir, le jeune homme tourna les talons et s'en fut. La salle demeura longtemps silencieuse, comme pour se remettre de ce qui avait été dit. Puis, le silence éclata et chacun se mit à parler en même temps. Maugrey songea une nouvelle fois qu'il détestait les conférences de presse.

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- Jolie intervention, fit une voix moqueuse en rejoignant Harry dans une salle attenante à celle où se déroulait la conférence de presse. La salle ne s'en est toujours pas remise.

Le brun eut un sourire en coin en voyant Lily s'asseyant dans un fauteuil en face de lui.

- Ce n'était pas ce que j'avais l'intention de dire, mais je suis globalement satisfait.

James, qui accompagnait la rousse, rit.

- Tu viens de mettre un coup de pied dans la fourmilière. Il me tarde de voir ce qui en ressortira.

L'Auror s'assit sur l'accoudoir du fauteuil de Lily sans paraître y penser. Harry se demanda si ces deux-là avaient conscience de l'attirance qu'ils ressentaient l'un pour l'autre et qui se voyait jusque dans leurs magies. Il se garda bien d'en parler.

- Que vas-tu faire, à présent ? demanda la jeune femme alors que Sirius, Remus et Severus entraient à leur tour dans la salle.

- Rentrer chez moi. La raison de ma présence ici était, j'en suis convaincu, de récupérer le Bracelet. Plus rien ne s'oppose à mon retour désormais. Il est donc temps. De plus, je crois savoir à qui je vais remettre ce bijou et la fonction qui va avec…

- Un nouveau Maître des Dimensions ? Je ne sais si je dois me réjouir ou trembler de peur après tes paroles de tout à l'heure, fit Sirius.

Harry sourit.

- Probablement les deux, admit-il.

Sur ce, Hélios – qui avait dû se lasser de son bain de foule parmi les journalistes – se posa sur l'épaule de son Ami.

- On dirait que même Hélios n'a pas supporté l'agitation qui règne à coté, remarqua Remus. On peut dire que tu as provoqué un beau remue-ménage tout à l'heure.

- Puisse-t-il permettre à notre société d'avancer, conclut James.

Ses amis approuvèrent.

- Quoiqu'il en soit, reprit l'Auror, je te souhaite un bon voyage. J'espère que tu reviendras nous voir.

- Pas de doute là-dessus : il va bien falloir que quelqu'un forme Lily à utiliser ses nouveaux pouvoirs.

- Je ne te le fais pas dire.

Les deux Potter se firent alors un devoir d'ignorer royalement les protestations véhémentes de la rousse.

oo0oo

Et voilà qui conclut cette fanfic. J'espère qu'elle vous aura plu. Merci à Karozthor the Necromagus pour avoir corrigé toute cette fanfic !

Pour ceux qui se poseraient la question, le Bracelet sera celui que Harry donne au professeur Williams dans l'épilogue des Maîtres des Dimensions.

Une nouvelle fois, tous mes remerciements aux lecteurs de cette fic qui l'ont reviewer – il est très agréable et encourageant d'avoir un petit mot de votre part – ainsi qu'à ceux qui l'ont placé dans leurs favoris et plus généralement à tous ceux qui l'ont suivies.

Etant manifestement de nouveau inspirée pour écrire, je vous dis certainement à bientôt pour une autre fanfiction.

Eterna

Petite note du Bêta-Reader-Correcteur en chef : Il n'y a pas à dire ma chère Eterna tu es extrêmement douée pour écrire des fics qui nous font vibrer, peut-on espérer une suite dans le passé ou un préquel, après tout le mystère de la destruction de l'école des mondes reste à résoudre...