Note : Le truc marrant c'est qu'au premier chapitre j'ai écrit "je comptais faire un OS à la base"... Nan mais j'avais craqué. C'est donc la fin, enfin ! J'en reviens pas que j'ai mis aussi longtemps à écrire ce truc... D'ailleurs je me suis refait les deux films l'autre jour au lieu de bosser et bah j'ai rien inventer Jim est vraiment trop fan de Pike et inversement. Je me suis rendu triste du coup. Désolé.

Du coup je ferais peut-être un épilogue ? Genre un an plus tard avec le discours de Jim... J'ai pas envie d'arrêter d'écrire sur eux :p

Merci à tous ceux qui ont lu, fav, suivi et reviewé. J'vous love.

Bonne lecture, bye !


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Durant l'attaque du QG de Starfleet par le criminel dénommé Khan, l'ancien capitaine et premier officier de l'USS Enterprise Jim Kirk fit preuve d'un professionnalisme et d'un courage exemplaire. Il réagit dans les premières secondes de l'attaque sans laisser la panique prendre le pas sur ses pensées. Il ne se précipita par pour rejoindre et protéger son ami, le commandant Spock, ou son mentor, l'amiral Christopher Pike. Il agit rapidement et efficacement, démontrant ses capacités de gestion des situations de crise en mettant fin à l'attaque et Khan en déroute.

Seulement quand tout fut fini, les lieux sécurisés et l'homme volatilisé, seulement là s'autorisa-t-il à s'inquiéter pour ses supérieurs, collègues et amis. Seulement là retrouva-t-il le commandant Spock et l'amiral Pike.

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Tout s'était passé très vite et Jim se souvenait à peine de la scène. C'était toujours comme ça dans ce genre de moment : le danger pompait de l'adrénaline dans ses veines et il ne pensait plus, se contentait d'agir et de réagir, mut par un instinct de survie et de protection qui le faisait se jeter dans la bataille et se battre de toutes ses forces. Il avait émergé quand l'avion de Khan s'était écrasé au pied de la tour et avait pris conscience du chaos de la pièce, des dégâts et des victimes de l'attaque. Il avait était perdu un instant, entre le besoin d'apporter son aide aux blessés et un autre, plus pressant, qu'il n'avait pas pu identifier tout de suite.

Un instant, du coin de l'œil, alors que les bailles pleuvaient, il avait vu…

Il s'était précipité à la recherche de Spock et Pike, saisit d'une peur très différente, qui était tout l'inverse de celle qui l'avait alimenté quelques instants plus tôt, qui avait rendu ses mouvements lents, ses pensées incohérentes. Il devait juste les trouver, il devait…

Pike gisait mort les yeux grand ouverts près de Spock quand Jim posa finalement les yeux sur eux.

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Évidemment, les funérailles avaient lieu en grande pompe. Pike était le plus haut gradé à avoir trouvé la mort dans l'attaque, avec sept autres membres de Starfleet. La cérémonie se devait d'être grandiloquente, tant pour honorer les morts que pour marquer le coup qui avait été porté à l'institution. Tout Starfleet était présent, en uniforme de cérémonie. On avait mis les drapeaux en berne, les cours à l'académie avaient été annulés pour la journée, et on avait attendu quelques jours pour que les opérateurs de la station orbitale de lancement descendent sur la terre ferme pour être présent, ainsi que les familles des victimes. Chacun affichait une mine de profond chagrin, l'ambiance était lourde et solennelle, le silence étouffant.

Pike aurait détesté cela.

Jim souffrait en silence les discours et hommages d'une ribambelle de haut gradés de Starfleet. Chacun parlait de la grandeur de ceux qui les avaient quittés et de l'horreur de leur trépas, et Jim n'avait pas le courage d'y prêter attention. On lui avait proposé de prendre la parole car l'amiral avait peu de famille encore vivante, mais il avait refusé sans un instant d'hésitation.

Si les funérailles avaient été privées, il l'aurait fait. Il serait monté sur l'estrade devant une petite assemblée de proches de l'homme, de gens qui l'avaient connu, et il aurait pu leur parler de celui qui était venu le sortir d'un bar minable et qui lui avait proposé de se joindre à la flotte alors qu'il avait des serviettes en papier rouges de sang dans les narines. Il leur aurait parlé de l'homme qui était resté avec lui le jour de la commémoration de la mort de son père, qui avait tout fait pour le soutenir et l'aider dans tous les aspects de sa vie, qui l'avait poussé à se dépasser, à vouloir être le meilleur, à vouloir le rendre fier.

Mais là, devant une foule d'inconnu, il n'avait rien à dire. Leur douleur n'était pas la sienne, elle était commune et partagée, diffuse ou spécifique à l'une ou l'autre des victimes de Khan, et à ceux-là il n'avait rien à dire. Sa douleur était trop personnelle, trop profonde. Ça aurait été indécent.

Bones était debout à sa droite, Spock, droit et rigide comme une barre de métal à sa gauche. Il se tenait proche mais ne le touchait pas, et cela aussi le faisait souffrir. Ils étaient en froid avant tout cela, et n'avait pas exactement eut l'occasion d'en rediscuter depuis, même si Spock était resté à ses côtés, silencieux mais bien présent.

La fin de la cérémonie approchait et Jim se sentait perdre pied. Quand il essaya d'écouter ce qui se disait sur la grande estrade, il plongea dans un tourbillon de mots de regret, de tristesse et de deuil dont il ne put se sortir qu'en agrippant fermement la main de Spock. Celui-ci ne dit rien mais serra fort, réconfort silencieux qui lui permit de reprendre un peu ses esprits. Ils ne se lâchèrent pas quand les personnes présentes commencèrent à évacuer l'esplanade, ni quand ils sortirent de l'enceinte du QG. Ils se dirigeaient vers son appartement et il était terrifié à l'idée que Spock ne lâche sa main, qu'il ne décide de rentre chez lui et de le laisser seul. Il avait vu McCoy suivre Chekov dans la foule. Il ne voulait pas rester seul, et serrait trop fort la main dans la sienne. Mais Spock ne fit pas mine de vouloir partir et ils se retrouvèrent bien vite chez Jim.

Pendant de longues minutes, ils ne dirent rien. Jim avait toute de même lâché prise, à contre cœur, et ils se tenaient à quelques pas l'un de l'autre, debout au milieu du salon, ce qui était un peu ridicule. Il ne savait pas quoi dire, mais quand Spock voulut parler, il fut soudainement incapable de se retenir.

« Jim, je suis désolé pour…

-Je m'en moque. Je… je te pardonne, ou même pas, c'est que je m'en fiche. Tu as eu raison et je t'en ai voulu parce que je me suis senti trahi, mais ça n'a pas d'importance. Je m'en fiche, vraiment, c'était tellement idiot et maintenant… tu restes là ? Je ne veux pas que tu partes. Tu restes ? »

Il savait qu'il avait l'air désespéré, et qu'il pleurait, les lèvres tremblantes et le visage baigné de larme, qu'il avait l'air d'un enfant. Il n'était pas en état de s'en préoccuper. Il ne voulait pas s'en préoccuper. Il voulait juste que Spock soit là, ne pas être seul, parce que Pike était mort.

Il était mort.

Spock le serra fort et ne le lâcha plus. Jim lui rendait faiblement son étreinte, vidé de toute énergie. Il avait tenu tout ce temps, face à tous ceux qui lui avait présenté leur condoléance, que ce soit par convenance ou parce qu'ils savaient ce que la perte de l'homme représentait pour lui, il était resté droit et digne, impassible. Maintenant il cédait. Spock se contentait de serrer, il ne disait rien, et Jim se contentait de se laisser aller, le front posé sur son épaule.

« Il pensait à toi, avant la fin » dit soudainement Spock. Il parlait tout bas mais pour Jim dont le monde était devenu froid et silencieux, sa voix près de son oreille résonna comme un gong, à la fois menaçant et réconfortant dans la manière qu'elle avait de l'envelopper tout entier.

« Il s'inquiétait de savoir où tu étais et si tu allais bien. Et plus encore, de ce qu'il allait t'arriver, de ton futur et du fait qu'il ne serait plus là pour le voir. Il avait peur mais… il avait de l'espoir aussi. »

Jim fermait les yeux avec force et ses poings était serré sur l'uniforme de Spock pour ne pas trembler. Il restait caché au creux de son cou, bien décidé à ne plus jamais en sortir.

« Il t'aimait beaucoup, Jim. Autant qu'un père pour son fils. Sa mort te fait souffrir et je ne peux rien y faire, mais je suis là. Je suis là pour toi. »

Jim pleura longtemps dans l'étreinte inébranlable de son compagnon.

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Ils allèrent voir l'amiral Marcus. L'homme l'appela « fils » et il serra les dents pour ne rien dire et ne rien laisser paraitre. Dès que possible ils partirent en chasse à bord de l'Enterprise. Jim aurait pu se réjouir d'avoir retrouvé le commandement du vaisseau, mais en vérité il aurait préféré resté premier officier, ou moins, pour le restant de ses jours, si cela signifiait que Pike était toujours vivant, toujours là pour s'occuper de lui. Il avait imaginé brièvement retrouver l'Enterprise en tant que second de l'homme, une idée mort-née, un futur devenu impossible.

Peut-être qu'on le punissait de n'avoir jamais souffert de la mort de son père. Ciel comme cette pensée était absurde. Ce n'était pas à propos de lui, ça n'avait rien à voir avec lui. Pourquoi alors était-ce si douloureux ?

Il ne voulait pas penser à cette mission comme une vengeance personnelle. Il n'était pas le seul à avoir perdu quelqu'un. Khan était un terroriste, la justice devait être rendue. La justice, pas la vengeance. Il avait promis à Pike qu'il ferait mieux, qu'il ne faillirait plus, et l'homme mort ne rendait pas cette promesse moins absolue. Spock était là, ses amis aussi, Bones, Uhura, Sulu, là pour le soutenir envers et contre tout.

Rien ne put l'empêcher pourtant, quand il se retrouva en face de l'homme responsable de ses tourments, de le frapper en espérant le faire disparaitre de la surface de la planète, jusqu'à ce que ses mains saignent et que son contrôle cède. C'était la dernière faiblesse qu'il s'autoriserait. Il avait des responsabilités, et il n'était pas seul.

Tout irait bien. Il faudrait juste réapprendre. Les gens le faisaient tous les jours et il l'avait fait lui-même pendant longtemps. De vivre sans père.