Non, je n'abandonnerai aucune de mes fics.

Oui, ça prendra sûrement un temps fou pour toutes les terminer.

Merci, à tous ceux qui lisent ce chapitre et mes fics.

Je vous aime, à tous ceux qui en ont besoin ;)

Bonne lecture, à tous !


Titre : Pain In The Neck

Chapitre : Let's play spookie house

Couple : Drarry évidemment ! Et Ron/Hermione pour le moment, il y aura peut-être d'autres pairings mais je n'en parle pas tout de suite et j'hésite encore pour quelques-uns.

Rating: M pour la suite.

Résumé : Si tu te trouves en face d'un vampire vulnérable, assoiffé et beau comme un dieu qui te demande de l'aide… enfuis-toi ! Si seulement Draco Malfoy avait écouté ce conseil…Draco voit sa petite vie tranquille bouleversée le jour où il se retrouve devant le sexy vampire Harry Potter, empoisonné à demi nu sur le sol de sa cuisine. Surtout que maintenant Potter lui demande asile le temps qu'il découvre celui qui le veut définitivement mort. Impérieux, moqueur et ensorceleur, ce Potter n'a pas l'air de comprendre la différence entre « hébergeur » et « serviteur ». Mais Draco a besoin d'argent, c'est ainsi qu'il se voit briser de plus en plus de règles…en particulier celles sur la nudité et l'horizontalité avec les dangereux vampires bruns sauvages. UA, VampHarry, Draco POV, Humour/Romance et Lemon.

Disclaimer : Les personnages d'Harry Potter appartiennent à J.K Rowling et l'univers m'est venu à l'esprit en lisant The Care and Feeding of Stray Vampires de Molly Harper.

Warnings : C'est un UA (Univers Alternatif). Vampire fic, Humour, Romance, Draco POV.


Chapitre 6 : Let's play spookie house.

Cinquième règle quand on héberge un vampire non-domestiqué : Tu aimes tes petites habitudes ? Ton train-train quotidien, ton confort personnel ? Eh bien maintenant, tu as un vampire. Oublie-les.


Harry et moi tombâmes dans un cercle vicieux. Maintenant que ses nausées avaient finalement décidé de le laisser tranquille (et de sauver ma santé mentale par la même occasion), sa guérison lui prenait toute son énergie. Pauvre chéri, pas assez de dynamisme pour me faire chier, j'en avais le cœur brisé. Harry passait donc son temps à dormir, se réveiller seulement pour se nourrir, puis repartir dans sa suite de luxe pour pioncer. Et rebelote. Après la séance vomissement et flirt, je n'avais pas le cœur de le renvoyer à la cave. Il restait donc dans la chambre d'ami.

La distance gênée que je gardais entre nous semblait l'avoir forcé à adopter une attitude narquoise mais polie. Il ne faisait pas de commentaires douteux, mais il n'était pas non plus la camaraderie personnifiée (en même temps Harry Potter, une personne charmante ?« Faut pas pousser mémé dans les orties » comme dirait Blaise). Je ne pouvais m'empêcher de penser que nous avions perdu pied dans notre entente cordiale. Les choses étaient un peu trop ambiguës pour n'être qu'une simple relation « employé-employeur » ou « amis-ennemis qui se rendent service moyennant une somme d'argent »… c'était bizarre. En même temps, avons-nous jamais été normaux ?

Mon téléphone de remplacement arriva le lendemain, annoncé par un lourd coup contre la porte d'entrée. Abelforth, notre facteur, était passé maître dans l'art de la livraison rapide afin de terminer son travail le plus tôt possible pour enfin pouvoir s'adonner à sa vraie passion : la peinture. Il semblait penser que l'étiquette « Fragile » était une demande de duel. Pour l'instant le score était de Abelforth (Team A):47, Draco/Blaise (Team D.B): 0. Mais nous ne perdions pas espoir. Blaise avait avancé l'idée de dresser un chien pour mordre les fesses des hommes en uniforme bleu. Bien sûr ça posait quelques problèmes de distinction… C'était en discussion mais l'option n'était pas écartée.

Sauf que j'aime pas trop les chiens. J'suis plutôt chat. Ou fouine. Ou serpent…

Hors sujet. Revenons à nos moutons.

J'ouvris donc la porte pour récupérer mon précieux trésor quand des inégalités dans le sol attirèrent mon attention. Je baissais les yeux et vis deux empreintes de chaussures (et qui allait me nettoyer cette boue ? hein ?) juste sous la fenêtre du porche. Je me tournais pour regarder sous la fenêtre opposée à la porte, et vis deux autres jeux d'empreintes.

Abelforth aurait-il essayé de voir si on était à la maison pour nous livrer en mains propres ? Non, ce n'était pas son style. Il n'avait jamais fait autre chose que jeter les colis puis partir en courant vers sa prochaine livraison.

Je tentais d'ignorer le mauvais pressentiment qui me fit frissonner. C'était ridicule. Je devenais inutilement paranoïaque. J'avais de nouveau mon téléphone, 75% de ma vie était redevenue « normale », tout allait bien ! Secouant la tête pour m'éclaircir les idées, je rentrais et refermais la porte dans un « clac » définitif. Je mis tout de suite mon portable à charger dans ma chambre. A peine allumé, il se mit à sonner. Avant que je n'ai pu ne serait-ce que mettre le téléphone à mon oreille, j'entendis :

-Putain de bordel à chiotte mais t'étais où espèce d'albinos peroxydé ? J'étais mort d'inquiétude !

-Blaise ?

-Non, la mère Noël ! T'étais sensé m'appeler y'a des jours de ça ! Cria-t-il dans mon oreille. Impossible de te joindre sur ton portable, j'appelle la maison et je tombe sur le répondeur, tu l'as fait exprès pour aggraver mon ulcère c'est ça ? Continua-t-il alors que j'écartais le téléphone de mon oreille ensanglantée et baissais doucement le volume. Tu vas bien ? Oh mon Dieu, il ne t'a pas mordu, si ?

-N…

-Ne me dis pas que si tu n'as pas répondu c'est parce que ta bouche était trop occupée à sucer sa q…

-Blaise ! Le coupai-je, scandalisé. Tu délires, rien de tout ça ! Je vais bien, il ne m'a pas mordu et on n'a pas…j'ai pas... rah mais il ne s'est rien passé espèce de pervers !

-Oh. (Le fumier eu le toupet de sembler déçu.) Pas de singe hurleur version 2.0 alors ?

-Non, soupirais-je en levant les yeux au ciel.

-Pourquoi tu ne m'as pas appelé alors ? Demanda-t-il avec colère.

-Je suis désolé, tout est un peu parti en vrille ici, et je viens tout juste de me faire livrer mon portable.

-Le score? demanda tout de suite Blaise.

-47-0, j'ai même pas eu le temps de faire semblant de le confondre avec mes plantes et l'arroser.

-Pfff il est fort, mais nous vaincrons.

Je ris. Il me manquait cet imbécile.

-Bon, quand est-ce que je peux rentrer ? J'en ai marre de Pieds-Qui-Puent et j'ai rencontré quelqu'un à la fac, je veux me mettre en chasse à temps complet.

-Pauvre gars, murmurais-je.

-Hey ! Je vais lui faire connaître le Nirvana ! On devrait me remercier en m'érigeant un culte, s'indigna-t-il à l'autre bout de la ligne.

Je levais les yeux au ciel.

-Alors ?

Je réfléchis un instant.

-Mardi ça devrait aller. Parle-moi de ce gars que tu as rencontré, il est comment ?

Blaise souffla.

-Ne pense pas pour une seconde que tu vas me faire croire que tout est normal en me parlant de ce canon que je vais choper en deux temps, trois mouvements du cul ! Impossible de me faire oublier ce vampire blessé au corps d'Adonis que tu « remets sur pied ». Si tu veux mon avis tu devrais plutôt le mettre à genoux. Devant toi. Pendant que tu as le pantalon aux chevilles pour qu'il te…

-Blaise !

-Il se souvient de mon nom ! Donc la frustration n'attaque pas la mémoire, intéressant.

Je grognai, sentant une migraine montrer le bout de son nez.

-Hey, je veux juste mettre les choses au clair, Mr Grognon. J'suis content pour toi si t'es heureux dans ton célibat et tout, mais quitte à rentrer, j'aimerai le faire au son du B.U.B de ta chambre.

- Le B.U.B ?

- le Bruit Universel de la Bais…

-Sacrebleu Blaise mais où tu vas chercher tout ça ? Criai-je.

Blaise gloussa comme une gourgandine à l'autre bout de la ligne.

-T'es jaloux parce que j'ai plus de vocab' que toi, Monseigneur l'écrivain.

-A mardi, tête de cul. J't'aime, soupirai-je.

-J't'aime aussi blanco !

Je raccrochai, le sourire aux lèvres.


Je fus surpris de voir Harry assis au bar de la cuisine. Son ordinateur portable était ouvert devant lui et il avait éparpillé des dossiers tout autour de lui. Quel foutoir. Mais je suis sûr que ce bordel avait un sens pour lui. Probablement.

J'eu l'envie indescriptible de me jeter sur les feuilles pour les mettre en désordre. Je me demande comment il réagirait ? J'aurais peut-être le droit à une punition…

Je me mis une claque. Harry leva les yeux vers moi et haussa les sourcils.

-Moustique, dis-je en haussant une épaule.

Il me regarda comme si j'étais fou. Quel toupet.

Sa peau était pâle mais sans la pâleur cireuse de ces derniers jours. Ses yeux verts étaient clairs et lumineux. Il portait un jean et un tee-shirt avec un lion rugissant sur le devant. Le tee-shirt lui collait si bien aux pectoraux qu'on aurait pu le considérer comme un accessoire de porno. Il sirotait du sang qu'il avait versé dans un mug que Blaise m'avait offert l'an passé. Il était blanc avec en écriture noire : « Yet, despite the look on my face, you're still talking ». J'adorais ce mug. Je l'utilisais tout le temps.

Et oui, vous pouvez absolument y voir un message caché.

Je m'habituais à avoir une autre personne que Blaise chez moi à une vitesse alarmante. Même si je devais techniquement m'occuper d'Harry, c'était assez sympa de l'avoir ici. J'avais l'impression de sortir de mon isolement et de retrouver un semblant de vie sociale. Etre écrivain était génial, j'avais des tas d'univers dans ma tête, des gens, des pouvoirs, des aventures….mais être tout le temps seul dans la réalité était assez déprimant. Blaise avait ses cours toute la journée, et passait parfois plusieurs nuits d'affilées chez sa conquête du moment. Et vu que tous mes amis venaient de mon travail, je ne les voyais pas souvent à l'improviste. J'aimais l'idée que si ma plomberie explosait ou que des zombies attaquaient, j'aurais quelqu'un qui prendrait mes plans de survie sérieusement.

Blaise ne faisait que se moquer de moi.

Harry continuait de me regarder bizarrement mais ne s'arrêta pas de taper pendant qu'il me murmurait un « bonjour quand même» distrait.

-Oui, bonjour. (Je jetais un coup d'œil au soleil qui se levait.) Tu vas te coucher ?

J'ouvris mon tiroir à thé et sélectionnait un Japan Sancha.

-Dans quelques minutes, répondit-il en étirant ses bras au dessus de sa tête.

Je me fis violence pour ne pas saliver devant la peau musclée que son tee-shirt remonté révélait.

-Comment tu te sens ? Demandai-je en réchauffant un sachet de Groupe A pour lui dans le micro-onde.

-On était d'accord pour ne pas commencer toutes nos conversations avec cette question, soupira-t-il avec une grimace.

-Oui et bien je ne sais pas de quelle autre manière commencer une conversation avec toi. Tout autre sujet nous mène à des insultes ou la menace de vomissement, et « moustique » te fais me regarder comme si j'étais taré.

Ses lèvres tressautèrent et il poussa son ordinateur sur le côté, me donnant son attention exclusive. Je me retins de me tortiller sur place et de me passer la main dans les cheveux pour être sûr d'être bien coiffé.

-Je me sens bien plus fort et suffisamment en forme pour commencer à enquêter. J'ai passé ces dernières heures à feuilleter tes livres et écrire des mails à mes contacts spécialisés en médecine. Je connais un vampire très doué en botanique qui connaîtra peut-être les plantes qui peuvent être dangereuses pour les vampires.

-Tu as des amis médecins ? Des vampires ? C'est pas interdit ça ? Avec tout le sang, les malades affaiblis…jeter un vampire là-dedans…

Il traversa la pièce pendant que je me servais mon breuvage céleste. Avant de répondre il s'appuya au comptoir et me regarda un instant de ses yeux trop verts.

-Il y a des vampires qui étaient médecins dans leur vie humaine. Ils ne pratiquent plus mais continuent de se tenir au courant, leur point de vue a beaucoup de valeur.

-Hm, je vois.

Je me retournais, ma tasse aux lèvres et mes yeux se posèrent sur les dossiers d'Harry. Le cadavre d'une femme me sauta aux yeux, son visage était tellement mutilé qu'il ne semblait même pas appartenir à un humain. Je criai, me reculant vivement contre le comptoir. Harry bougea plus vite que l'éclair, rangeant les photos et retournant vers moi pour me saisir les bras, m'empêchant de m'écrouler. Il posa ma tasse pendant que je fermais les yeux et inspirais profondément. Les mains tremblantes, j'ouvris un tiroir et saisis un paquet de M&M's pour en mettre plusieurs dans ma bouche. Je laissais le doux chocolat me calmer les nerfs, et tentait de ne pas m'étouffer avec ma gorge serrée.

-Q-qu'est-ce qui lui est arrivé ?

-Je suis désolé, me dit-il doucement, je ne voulais pas que tu voies ça.

-Qui était-ce ?

-Une donneuse de sang du nom de Hannah Habot. C'était ma précédente enquête, je cherche des liens.

Je détournais les yeux, m'essuyant la joue. Pauvre fille. Pauvre fille. Personne ne méritait ça. Tellement de cruauté. Quelle horreur.

-Comment est-elle…

Harry se pinça les lèvres.

-Un vampire aimait un peu trop le goût particulier de son sang. Elle a résisté.

J'eus un haut le cœur. Je me penchais à demi, me demandant si j'allais vraiment vomir. Harry m'entoura la taille de ses bras et me caressa doucement le dos. Son odeur et sa présence forte et solide me calmèrent de manière inexplicable.

-Comment un vampire peut-il faire ça ? Haletai-je avec dégoût et rage. Heureusement que tu es différent.

Je sentis Harry se figer. Il se sépara doucement de moi et je me redressais pour le regarder, interrogateur. Son visage était fermé et sérieux.

-Je peux être aussi monstrueux que n'importe quel vampire, Draco. J'ai tué des gens, beaucoup de gens à travers les âges. Les jeunes, les vieux, les riches, les pauvres, les pécheurs et les saints. C'est ce que je suis, Draco. Quel que soit le lien émotionnel que tu développes à mon égard, il faut que cela cesse. Je ne suis pas fait pour toi, et je ne laisserai rien se mettre en travers de ma route.

Je me redressais, piqué au vif. Alors c'est comme ça. Vraisemblablement, mon aide ne voulait rien dire pour lui. Le lien que je pensais avoir formé avec lui, le temps passé ensemble, nos échanges… tout cela ne faisait même pas de nous des amis. Je n'étais apparemment rien de plus qu'un outil fort déplaisant pour lui, ma seule qualité était d'être son bouclier ambulant si les choses tournaient mal pour Harry Potter. Un dégoût de pure mortification me saisit les sens. J'étais si seul que je m'étais tourné vers un vampire indifférent pour compagnie. Summum du pathétisme.

Je me raclais la gorge et serrais les dents, redressant fièrement la tête. Je vis que ses mains entouraient toujours mes poignets pour me rassurer. Doucement, je me détachais et les posais dans mon dos, sur le comptoir.

-Ne laisse pas Blaise voir ça, ok ? Cache les dossiers dans un endroit qu'il n'ira pas fouiner.

-Ca sera fait, dit-il refroidit par mon ton glacial et formel. J'ai peur d'avoir encore besoin de ton assistance, ajouta-t-il d'une voix si calme qu'elle paraissait robotique.

-Comment ça ?

-Je n'ai pas toutes les informations dont j'ai besoin ici. J'ai attrapé ce que j'ai pu à notre sortie mais j'ai besoin que tu retournes chez moi pour prendre d'autres dossiers.

Mes sourcils se froncèrent.

-J'ai déjà trop de choses à faire aujourd'hui. Avec ta présence ici j'ai pris du retard dans mon emploi du temps, il faut vraiment que j'aille discuter de mon bouquin avec ma maison d'édition.

Il baissa son regard à mon niveau. J'te jure, la seule chose qui aurait pu rendre sa position encore plus proche de mon fantasme de patron bon-à-baiser c'est une chemise et une cravate défaite. Je secouai la tête, espérant me débarrasser de mon cerveau traitre et ses émotions inutiles.

-Je pense que je te paye suffisamment pour demander ta complète attention pendant une semaine. Que cette attention soit à la maison ou ailleurs.

-Je sais pas si tu te rends compte, mais ce genre de référence me donne l'air … loin d'être vertueux.

-Peu de prostitués sont payés 25.000 livres par semaine pour leur service, dit-il en roulant des yeux.

-Clairement, t'as jamais été à Las Vegas, rétorquai-je.

Il me jeta un regard méprisant que j'ignorai allégrement.

-Pourquoi tu ne peux pas y aller tout seul, comme un grand ? Dis-je en exagérant mon ton pour faire comme si je parlais à un petit garçon pas très courageux.

-Parce que je préférai ne pas prendre feu ? Cracha-t-il. La maison est probablement surveillée, et je ne veux pas être repéré. Si toi tu vas à l'intérieur, tu peux trouver une bonne excuse, dis que tu as perdu quelque chose dans la maison pendant que tu y déposais mes dossiers, et que tu en as urgemment besoin.

-J'aime pas ça, grommelai-je.

-Moi non plus. S'il y avait un autre moyen, je me jetterai dessus.

Nous nous fixâmes, dans une impasse. Ce n'était pas une requête terriblement déraisonnable… sauf si sa maison était en effet surveillée et que je me retrouvais en prison pour vampire (ce qui serait nettement moins drôle que nos confortables et sécurisées prisons pour humain). Mais refuser voudrait dire semer la pagaille dans l'enquête d'Harry et ainsi rallonger son séjour ici. Même s'il n'était pas un invité cauchemardesque, je voulais qu'il parte. Je voulais retrouver ma vie calme, prédictible, post-Harry, avec mes délais à respecter, ma routine, et un manque total de tension sexuelle. Je voulais être la personne normale, qui ne prend pas de risque et qui n'est pas la cible de vomis que j'étais autrefois.

Je soufflai profondément, ébouriffant une mèche de cheveux platine qui m'était tombée devant les yeux.

-Combien de temps il nous reste avant que tu doives retourner te coucher ?

Il ferma les yeux, comme s'il vérifiait quelque gauge interne.

-Environ 20 minutes avant que je ne me sente fatigué. Avec ma force habituelle je peux rester éveillé durant la journée, mais pas dans mon état actuel.

-Toute la journée ? Demandai-je avec surprise. Je croyais que c'était impossible pour un vampire ?

-Ça demande de l'âge et de l'entrainement. Et pour les plus jeunes, un taux très élevé de caféine. Mais honnêtement, sauf si c'est une vraie urgence, il n'y a pas vraiment d'utilité à de telles pratiques.

-J'irai chez toi cette après-midi, après que tu aies eu quelque temps pour te reposer. Je te parlerai au téléphone tout le temps, comme ça si j'arrive pas à trouver les dossiers, tu pourras me guider…et aussi j'aurais pas à rentrer ici pour que tu me chiales dans les oreilles que j'ai oublié tes pantoufles en lapin rose.

Les lèvres d'Harry tressaillirent.

-Elles sont rouges et dorées et en forme de lion, pas de lapin, en réalité.

Je l'étudiais un instant pour savoir s'il était sérieux. Il avait son poker face bien en place mais je voyais ses yeux briller d'amusement contenu. Je levai les yeux au ciel.

-Est-ce que tu vas vraiment te réveiller ou tu es le genre stéréotype mâle du « Oh bébé, j'ai pas dû l'entendre sonner » ? Demandai-je en fronçant les sourcils.

-Si j'ai bien compris ton Olivier-Napoléon a le sommeil lourd ? Me demanda-t-il en ricanant.

C'était sympa de le voir souriant de gaité plutôt que de mépris pour une fois, même si c'était pour se moquer de moi.

-Il y a du sang dans le frigo, tu as mon numéro, je serai rentré avant que tu ne te réveilles ce soir. Je t'appellerai quand je serai chez toi.

Le coin de sa bouche se haussa, révélant le début de ses fossettes.

-Essai de ne pas trébucher sur quelqu'un aujourd'hui.

-Je te merdouille, murmurai-je en sortant.


Vers 16h, je me garais devant la maison vide de Potter. Je l'appelai en priant pour qu'il ne me réponde pas, j'avais eu un mauvais pressentiment durant toute l'après-midi, même quand j'étais avec la collègue humaine d'Hermione. Mais évidemment, la chance me faisait toujours un doigt d'honneur et ce cher vampire décrocha au bout de la seconde sonnerie, avec plus ou moins de cohérence.

Silencieusement articulant des insultes, je mis mon écouteur dans mon oreille gauche et descendis de la voiture.

Il baya presque toutes les trois seconds pendant que j'ouvrai la porte. La maison était sombre, les protections-soleil descendues et je ne trouvais pas que les relever ou allumer les lumières soit une bonne idée. Je me figeai, clignant rapidement des yeux pour les laisser s'habituer au noir.

-Potter ? Murmurai-je dans la petite partie adéquate de mes écouteurs. Tu es toujours réveillé ?

-A peine, marmonna-t-il. Pourquoi tu chuchotes ?

-Je sais pas, dis-je en laissant ma voix remonter à sa hauteur normal. Où est-ce que je dois chercher ?

-Mon bureau, dit-il, en haut des escaliers, première porte à droite. La boite sur le bureau.

-Sérieux, tu laisses vraiment des dossiers importants tranquille sur ton bureau à la portée de tous? Demandai-je en montant les escaliers.

-Non, c'est ma boite-leurre, je veux juste savoir s'ils l'ont prise.

-Ta tête est un endroit sombre et terrifiant, murmurai-je en tournant.

Je rentrai dans son bureau et lâchai un sifflement. La pièce était sens dessus-dessous, les tiroirs étaient par terre, les meubles complètement vides. Je fus surpris qu'ils aient laissé la lampe sur le bureau.

-Ils ont pris ta boite-leurre.

Il ricana.

-Il y avait quoi dedans ?

-J'ai recopié à la main environ une année de lettres de fans du magazine Playboy en sténo.

-Beurk, frissonnai-je. Tu es un géni démoniaque.

-En Serbe, ajouta-t-il avec une voix fière et juste un peu trop joyeuse, le temps qu'ils comprennent ce qu'ils ont dans les mains…

-Ils vont penser que tu as des hobbies très particuliers, complétai-je. Je suis à la fois inquiet et impressionné. Où sont tes vrais dossiers ?

Je pus l'entendre changer de position dans son lit, le bruissement des draps me faisant frissonner. Ça conjura des images d'Harry nu et à peine couvert par des draps froissés, ce qui n'était absolument pas bon pour mes pouvoirs de ruse et de concentration. Il se racla la gorge, comme s'il pouvait sentir mes pensées indécentes à son égard à travers la connexion du téléphone.

-Placard de la chambre, boite marquée « Reçu, 2009 ».

-Les vampires ne gardent jamais de reçu.

-Alors ça devrait être facile pour toi à trouver, rétorqua-t-il.

En sortant du bureau j'entendis un étrange bruissement venant du rez-de-chaussée, puis un très léger « boum ». Je me figeai.

-Draco ? Ta respiration a changé, qu'est-ce qu'il se passe ?

-Chh, murmurai-je, les oreilles grandes ouvertes.

-C'est quoi le problème ? demanda-t-il, sa voix soudainement brusque.

La maison était silencieuse. Quand je n'entendis rien, je secouai la tête et me mis à avancer vers la chambre.

-Rien, j'ai cru avoir entendu quelque chose en bas.

-Va-t'en, commanda-t-il d'une voix forte et tranchante. Sors de la maison immédiatement.

Je me figeai pour tendre l'oreille une fois de plus, me demandant ce qui était arrivé à la règle « pas de lien émotionnel » et au fait de m'utiliser comme bouclier humain si nécessaire.

-Non c'est bon, c'était rien.

-T'es sûr ?

-Ouaip, répondis-je, m'approchant du placard. J'ai juste dû avoir une poussée de paranoïa. J'ai pas trop l'habitude de rentrer illégalement dans les maisons vois-tu.

-Si tu sens que quelque chose ne va pas, si ton instinct primitif de proie te fait savoir quelque chose, je veux que tu sortes immédiatement, Draco.

-Ça va, le rassurai-je en ouvrant la porte du placard.

Vide. Même pas un grain de poussière. Merde.

-Harr…

Une main se colla à ma bouche. Je criai, inspirant une senteur peu plaisante de citron et de muguet qui me piqua le nez. Je fus collé contre un corps solide et inhumainement dur. Les doigts rugueux s'étalèrent contre mes lèvres, le goût de sa peau me donnant envie de vomir. Et, croyez-le ou non, ce malotru avait le toupet de me décoiffer.

-Draco !

J'entendis la voix d'Harry hurler de mes écouteurs, qui pendaient maintenant misérablement de mon épaule.

Je pris une grande inspiration, mais avant que je ne puisse pousser un cri qui aurait rendu une banchee fière, la main se referma sur ma gorge, me coupant l'air.

Mes écouteurs tombèrent à terre, les seuls sons que je pouvais émettre étaient misérables et étouffés. Un bras se colla à mon ventre et me pressa encore plus contre le corps dans mon dos.

-Belle et douce petite chose, susurra une voix râpeuse et glacée.

Je tentais de me dérober mais il ne fit que resserrer son étreinte. Il frotta son entrejambe contre les fesses, me laissant savoir à quel point il aimait jouer avec sa nourriture. Des larmes chaudes de peur et d'humiliation se rassemblèrent au coin de mes yeux.

-Draco ? Harry appela, faible et lointaine. Draco, réponds-moi tout de suite !

Je gémis alors que sa main se resserra autour de ma bouche. J'entendis le son cristallin des crocs descendus, comme une épée qu'on sort de son fourreau. Je sentis les pointes me titiller la peau délicate de mon cou.

-Que fais-tu là, belle petite chose ? Chuchota-t-il, ses lèvres glacées contre ma peau. Tu m'as réveillé, personne n'est sensé être ici.

Sa voix glissa en moi, entrant dans ma tête en la remplissant de cotons. Je me sentis lourd et faible et il me fut soudain impossible d'avoir les idées claires.

-Tu travailles pour lui ? Me demanda la voix. Tu sais où il est ?

-Qu-qui ? Bégayais-je, gémissant quand il me secoua le cou.

-Ne joue pas au plus stupide avec moi, ma beauté.

-Je travaille pour Hermione, murmurai-je. Avec le Ministère, je suis venu pour rendre service à Hermione.

-Avec le Ministère ? Il ricana et sentit mon cou. Tu es inexploité. Personne n'a jamais profité de ton joli cou ?

Je secouais la tête frénétiquement.

Pitié, pitié, pitié, laissez-moi sortir d'ici « inexploité », priai-je. Blaise ne supporterait pas de me perdre. Je n'ai pas encore lu le dernier livre d'Armentrout et je n'ai jamais fait de ski. Et Harry…Harry ne m'a jamais touché…

Sa voix m'emporta, j'eu l'impression de me noyer dans de l'huile, je ne pouvais plus respirer. Je ne pouvais plus penser. Il colla sa bouche à mon oreille et je faillis vomir.

-J'ai tellement faim, et tu es tellement beau, tellement désirable…tu sens si bon. Je pense que je vais te garder avec moi pour profiter de ton corps et te dévorer tout doucement, tu es d'accord ? Après tout, tu es rentré ici sans autorisation.

La sensation de coton se dissipa suffisamment pour que je me rende compte que ça m'était égal qu'il me boive le sang, et même qu'il profite de mon corps. Franchement ce n'était pas une requête si irraisonnable. C'était très malpoli de ne pas lui offrir quelque chose à boire, et s'il voulait pénétrer mon corps, pourquoi pas ? Je penchai mon cou pour lui faciliter l'accès et cambra mes fesses pour les coller contre lui. Il rit et pressa de petits baisers contre mon cou offert avant de percer ma peau de ses crocs.

Un halètement s'échappa de mes poumons. Une douleur, vive, brûlante, comme une fleur qui éclot, me ravagea les sens. Je sentis mon sang couler de mon cou jusqu'à mes vêtements. Il gémit de plaisir, buvant bruyamment. Je frissonnais à la sensation de mon sang quittant rapidement mon corps.

Son plaisir était tel qu'il ne me tenait même plus les bras, se contentant de frotter son sexe gonflé contre mes fesses et de sucer avidement mon sang.

Je ne sais pas comment je réussis, mais mon esprit s'éclaira suffisamment longtemps pour que je me saisisse du spray anti-vampire de ma poche et d'appuyer de toute mes forces en direction de sa tête.

Un hurlement déchira le silence et l'odeur de pop-corn brûlé m'assaillit les sens. Je me précipitais sur les volets anti-soleil et les ouvrais en grand. Le vampire hurla de rage. Je me retournai. Je n'arrivais pas à voir son visage, seulement une forme rouge et enfumée et visiblement très, très en colère. Il bougea si vite que je ne le vis pas. La seconde d'après, mon épaule rentra violement en contact avec le placard. Le plus rapidement possible, je levais le bras et appuyais de nouveau sur le spray. J'entendis une flopée d'injures au milieu de ses hurlements. Je ne vis pas son bras bouger mais je fus propulsé contre la porte ouverte du placard, qui se referma dans un boum tonitruant derrière moi.

Pendant une seconde, une terreur sans nom s'empara de moi quand je me dis qu'il était aussi dans le placard. Je balançais des coups de poings et de pieds désespérés partout autour de moi, mais je ne rencontrais que de l'air.

Quand je me rendis compte de mon erreur, je m'agrippais immédiatement à la poignée, juste à temps pour la sentir vibrer à la tentative affaiblie du vampire de l'ouvrir de l'extérieur. Je mis toute ma force dans ce geste, même si mon épaule me faisait un mal de chien et que j'étais à deux doigts de me pisser dessus sous la peur. Les menaces anatomiquement impossibles qu'il me lançait de l'autre côté de la porte du placard m'aidaient à garder une main de fer sur la poignée. Heureusement que le soleil et le spray l'avaient considérablement affaibli, ou je n'aurai eu aucune chance.

La porte s'arrêta soudainement de trembler et le silence se fit. Je gardais la poignée entre mes doigts livides pendant encore une bonne minute mais la force me quitta et je m'effondrai à terre. Mon dos rencontra un peu trop violement le fond du placard et le choc se répercuta douloureusement dans mon épaule.

La peur, le stress et l'adrénaline me donnèrent envie de vomir. Je me mis la tête entre mes jambes repliées et tentais de reprendre ma respiration, j'espérais vraiment ne pas retapisser le placard d'Harry.

Quoique. Il ne s'était pas gêné, lui. Œil pour œil, vomi pour vomi…

Draco, concentre-toi, me fustigeais-je, tu n'es pas encore sorti d'affaire.

Je contemplais mes options :

Sortir en trombe du placard, hurler Xena-style, et prier pour que le vampire soit complètement affaibli par le soleil ou plié en deux et mort de rire face à ma pathétique tentative de survie.

Résultat probable : Mort ou, au moins, humiliation.

Sortir du placard juste assez longtemps pour choper mon portable par terre, espérant que le vampire ne m'attrape pas au vol, puis appeler la police… et leur expliquer avec beaucoup de délicatesse ce que je fais dans la maison d'un vampire porté disparu.

Résultat probable : Trois à cinq ans d'emprisonnement pour cambriolage. Ce qui serait franchement con pour moi parce que l'orange ne me va pas du tout.

Rester caché dans le placard jusqu'à demain matin.

Résultat probable : Etre tiré hors du placard et vidé dès que le vampire aura repris des forces (sûrement à la tombée de la nuit).

Donc si je comprends bien…c'est entre option 1 et 3.

Allé Draco, courage. La seule mort autorisée est celle qui implique une licorne ou un pissenlit radioactif. Pense à Blaise. Pense à Hermione. Pense à Théo... Pense à Harry.

J'inspirai bruyamment, repliais mes jambes sous moi pour être prêt à faire un bond en avant, tentais de calmer les battements frénétiques de mon cœur et entrouvrais la porte du placard.

Personne.

La seule chose qui défiait le silence était la petite voix d'Harry qui continuait de me hurler dessus au téléphone. Même en danger de mort il reste ronchon et autoritaire celui-là. J'attendis quelques minutes, les sens en éveil, puis me saisis du spray et sortis du placard.

Toujours personne.

Je ne regarderai plus jamais de film d'horreur. J'suis complètement traumatisé.

-Draco ! Harry hurlait encore dans les écouteurs. Réponds-moi !

-Ça va, haletai-je en replaçant l'oreillette. Je vais bien.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

-Je, euh, j'ai juste eu une petite frousse.

Je me dépêchais d'appuyer sur le bouton des volets métallique anti-soleil. Quand la pièce fut baignée d'un halo salvateur, je poussais un soupir. Je ne m'étais même pas rendu compte que j'avais presque arrêté de respirer.

Le vampire n'avais pas pu sortir de la maison, pas en plein jour, mais je ne savais pas dans quelle pièce de la maison il se cachait pour reprendre ses forces. Je n'avais pas beaucoup de temps…mais je n'avais pas beaucoup de courage non plus. Je savais qu'il me fallait sortir de cette pièce mais c'était le seul endroit où je me sentais un tantinet en sécurité.

-J'ai entendu des grognements et tes cris.

-Je vais bien, insistai-je en prenant mon maigre courage à deux mains et en sortant de la chambre pour aller ouvrir les fenêtres de l'étage.

-Ne me mens pas, je t'entends courir et ta voix est terrifiée, insista-t-il. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

-Y'avait quelqu'un dans la maison, mais ça va, répondis-je en courant le plus vite possible dans les escaliers pour me jeter sur la porte d'entrée.

Quand je fus sorti mon cœur fit un bon dans ma poitrine, mais je ne m'arrêtais pas de courir. Je rejoignis ma voiture en quelques secondes et démarrais en trombe, oubliant complètement la ceinture de sécurité. Je n'oubliais pas, cependant, les bonbons que j'avais caché dans la portière. J'en mis deux dans ma bouche et je sentis les larmes me monter aux yeux.

J'étais vivant. Vivant.

Prends-toi ça dans les dents vampire, Buffy n'a qu'à bien se tenir!

-Comment ça, quelqu'un dans la maison ? Tu es sûr que ça va ?

-Je vais bien.

-Tu n'arrêtes pas de dire ça, mais je ne te crois pas du tout.

Je ne répondis pas. J'avais encore du mal à respirer.

-Draco ?

-Je serais à la maison dans quelques minutes. Je t'expliquerai à ce moment-là mais laisse-moi d'abord me barrer d'ici. Je… je ne peux pas te parler maintenant.

Respire. Concentre-toi. Tu es vivant. Tu t'éloignes. Ne te trompe pas de pédales. Confondre l'accélérateur et les freins ne serait sûrement pas très bien reçu par les autres conducteurs.

-Parle-moi, dit Harry, sa voix comme une caresse dans mon oreille.

-De quoi ?

Je reniflais, m'essuyant délicatement les yeux. Oh non, pas la fontaine…

-N'importe quoi. Il m'est venu à l'esprit que je te fais confiance avec mon existence mais que je ne sais quasiment rien de toi. Quelle est ta couleur préférée ?

-Sérieusement ? Me moquai-je.

-C'est une diversion contre ta crise de panique. Alors, couleur préférée ?

-Vert.

-Quel genre de vert ? Poussa-t-il.

-Le genre qui n'est pas rouge ou jaune.

Je l'entendis sourire.

-Il y a des centaines de déclinaisons de la couleur verte.

-De la couleur de Salazar.

-Salazar ?

-Mon serpent.

-Tu as un serpent ? Demanda-t-il avec étonnement.

-Non.

Silence.

-Draco…, soupira Harry avec exaspération.

Je sentis un coin de ma bouche se relever.

-Il est mort.

-Oh.

-Blaise l'a tué.

-…ah.

-Ouais.

-Je… c'est malheureux…toute mes condoléances. C'est bien que vous…soyez toujours amis après ce…euh…drame.

Ma bouche se dérida encore plus à la voix perdue et bredouillante d'Harry.

-Comment…enfin…que s'est-il passé?

Il essayait de toute évidence de continuer à me faire parler mais était de plus en plus mal à l'aise avec notre conversation.

-Il est mort de vieillesse.

-…

Je ne pus m'en empêcher et laissai un grand sourire me réchauffer mon corps glacé d'effroi. Rien que d'imaginer la tête de Potter je devais me faire violence pour ne pas pouffer.

-Mais…Blaise…

-Aucun rapport, je te fais marcher avec tes questions à la con. Ça t'apprendra à essayer de jouer au support psychologique avec des questions aussi débiles. Couleur préférée (je reniflais), non mais j'te jure…

Je n'entendis rien au bout de la ligne pendant quelques secondes et je me demandais ce qu'Harry faisait. S'il était en train de donner des coups de poings rageurs dans ses oreillers, ou s'il avait lever les yeux si haut qu'ils étaient restés coincés derrière sa tête, ou s'il avait juste balancé son téléphone au travers de la pièce et que j'étais donc maintenant en ligne avec un mur. Allô ? Comment ça va ? Tu veux un petit coup de peinture ?

-Quand est-ce que tu as commencé à vivre avec Blaise ?

Je fus surpris d'entendre sa voix calme à l'autre bout du fil.

-Donc de couleur préférée on passe à statut marital ?

-Ça fait un moment que je voulais te demander mais je n'arrivais pas à trouver le moyen sans paraître inquisiteur. Comment avez-vous atterris tous les deux ? Où sont vos parents ? Continua-t-il.

-Chez eux. On a été déshérités et jetés dehors.

-J'en suis désolé, dit-il avec sincérité, et pour une fois, je le crus. A cause de votre orientation sexuelle ?

-Oui, on vient de vieilles familles d'aristocrates. Ça a été le déshonneur total, si tu ne peux pas concevoir d'enfants pour perpétuer la lignée, alors tu n'as aucune valeur humaine. Pourquoi garder un animal sous son toit ?

-C'est vraiment n'importe quoi, dit-il d'un ton grave. Vous êtes bien mieux sans eux.

Je haussais les épaules mais il ne pouvait pas me voir. Duh.

-J'avais une autre question… pourquoi avoir étudié la botanique pour finir écrivain ?

-Pourquoi pas ? Répliquai-je.

-Tu dois avouer qu'il n'y a pas beaucoup de relation entre ces deux filières. Surtout que les livres que tu écris ne sont même pas sur les plantes.

-Tu as lu mes livres ? Demandai-je avec étonnement.

-Je … non pas encore, mais j'ai lu les résumés et feuilleté quelques pages.

Cette fois-ci je ne pus m'empêcher de rire. Imaginer Harry Potter dans son lit avec un roman de romance/fantasy entre les mains, une tasse de sang fumante sur sa table de chevet et un plaid sur ses jambes fut l'image de trop.

-Tu as un rire magnifique, souffla-t-il en se raclant la gorge.

-Je sais, reniflai-je.

Han Solo, maîtrise ta jalousie.


Dans le prochain chapitre Draco se rendra compte que Harry n'est pas si indifférent que ça...

Love,

Ayase.