Chapitre 2

Ikki avait la fâcheuse habitude d'écouter aux portes. C'était d'ailleurs un de ses défauts et sa mère ne cessait de lui faire des remontrances à ce sujet. Mais le garçon était têtu. Sa mère venait d'être enterrée et il avait senti un malaise lorsque les personnes importantes du village les avaient regardés lui et son petit frère.

Quelque chose se tramait. Il était orphelin aujourd'hui. Il était logé de manière temporaire chez une vieille dame du village que sa mère aidait régulièrement dans ses tâches ménagères. Car sa maman avait un grand cœur. La petite grand-mère était aidée dans sa tâche par sa nièce : Satine.

La jeune Satine était une adolescente de quinze ans, très gentille. Ikki l'appréciait.

Le jour où il sut qu'ils voulaient le séparer du seul être qui lui restait, il avait décidé d'échafauder un plan d'évasion, loin, très loin du village et de la tombe de leur mère. Il avait hésité à prendre cette décision. Mais il n'avait pas besoin de se rendre sur sa tombe tous les jours, le souvenir encore vivace de sa génitrice serait un souvenir doux à l'image de la femme et de la maman qu'elle était. Jamais il ne l'oublierait même loin d'elle. Elle pouvait compter sur lui pour que son plus jeune fils, qu'elle avait à peine serrée dans ses bras à sa naissance ait lui aussi un souvenir indélébile d'elle.

Il avait entrevu, malgré la façon dont il il avait été conçu, qu'elle l'aurait inondé d'affection comme elle l'avait fait avec lui-même. Alors qu'elle lui caressait le visage en signe d'adieu, il avait lu dans son ultime regard qu'elle faisait de lui le protecteur du nouveau-né.

Il s'était ce jour là, juré qu'il en prendrait le plus grand soin, qu'il s'acquiterait même son rôle du mieux qu'il le pourrait. C'était un serment tacite, mais profondément sincère, échangé dans leur regard ce jour là. Un hommage post mortem à la première femme de sa vie.

Zephirine s'était quelques minutes plus tard, éteinte. Une place au Paradis lui était sans aucun doute réservée. Il n'en doutait pas. Elle était devenue une étoile dans le firmament. Leur étoile protectrice à lui et à Shun.

Il n'avait pu, en ce jour funeste qui resterait à jamais gravé dans sa mémoire d'enfant, tenir le nouveau né dans ses bras. Et cela avait grandement énervé Ikki. Ce dernier avait été emporté dans une pièce adjacente en pleurs, comme s'il devinait qu'il n'allait plus jamais être tenu dans les bras maternels et rassurants comme tout autre enfant.

Le contact fût bref, mais il avait eu lieu. L'odeur suave et douce de sa maman, il s'en souviendrait, même inconsciemment. Et cela rassurait Ikki.

Deux jours plus tard, il assistait, défait, aux funérailles douloureuses de sa maman. Peu de personnes étaient venues. Il faut dire qu'au village, une partie des habitants avait osé répandre une fausse rumeur accusant la jeune femme d'avoir cherché ce qui lui était arrivé. Cela, Ikki ne pouvait pas le supporter. C'était la toute première fois qu'il avait ressenti en lui cette force endormie, réveillée par sa rage et l'injustice qu'il ressentait face à la cruauté humaine.

Ikki s'affola lorsque ce matin là, le lendemain du funeste jour, il retrouva le berceau de son frère vide.

« Shun ? SHUUUN ? »

« Ikki ? Mais ça ne va pas mon garçon !? »

« Où est mon petit frère ? Dîtes-moi tout de suite où il est ! »

« Ikki, mon garçon... » La vieille dame s'avança pour le serrer dans ses bras, mais Ikki la repoussa violemment.

« Lâchez-moi ! je vous déteste tous vous m'entendez ! TOUS ! »

« Ikki, attends Ikki ! » Satine qui avait entendu la scène accourut.

Mais le jeune garçon s'enfuyait déjà, cherchant affolé l'endroit dans lequel pouvait être le bébé. Son regard s'étendit sur la place du village. Réfléchir, il devait réfléchir. Puis de petits cris attirèrent son attention. Dans la rue principale jouxtant la place, le carrosse des Heinstein était là, sombre comme la nuit, les deux chevaux maintenant noirs partirent au galop sans aucun doute en direction du château.

« SHUUUUN, NON ! RENDEZ-LE MOI ! »

Ses cris déchirèrent pour la seconde fois en l'espace de neuf mois la place du village. Mais là, il s'écroula de désespoir. Ses sanglots ne s'arrêtèrent plus. Il ne pouvait pas perdre les deux derniers êtres de sa famille en si peu de temps, non. Alors, il se releva, serrant les dents et le poing de rage. Cette dernière était intense, réelle et elle augmentait de seconde en seconde. Les gens du village qui assistaient à la scène, crurent un instant apercevoir une aura couleur feu envelopper son corps. Elle fut brève, mais elle était bien là.

Satine, en pleurs arriva à la hauteur de Ikki. Elle s'agenouilla, le prit pas les épaules et doucement elle entama un dialogue qui elle l'éspèrait allait le calmer un peu. De sa voix douce elle lui dit.

« Ikki, viens avec moi. Eloignons-nous un peu. J'aimerais te parler de quelque chose. »

Ikki savait que Satine n'était pas remplie de mauvaise volonté. Comme lui, elle était un peu à part dans ce village. Alors, il la suivit.

« Ikki, écoute-moi. Le Seigneur Heinstein a été voire Monsieur Charby et lui a réclamé ton petit frè en est le père. De plus il a menacé de mener le village à la ruine et à la désolation s'il refusait.»

« Quoi ? Je vais le.. »

« Ikki, écoute-moi. Nous pouvons récupérer le bébé. La nuit prochaine. »

Il ne rêvait pas. Satine avait un plan. L'un et l'autre devaient rester discrets. Ils se retrouvèrent le soir même, afin d'échafauder tout ceci. Shun ne pouvait pas vivre avec un père violent. Peu importait pour Ikki qu'il ait son sang. Il n'était pas un enfant de l'amour. Puis en tant que petit être fragile, il n'avait surtout rien demander. Ikki lui devait une autre vie que celle qui l'attendait au château.

Satine était comme lui, une enfant orpheline. Ce que Ikki venait de vivre, elle l'avait elle aussi vécu il y a quelques années. Elle savait ainsi sa souffrance.

À la nuit tombée, ils se retrouvèrent derrière l'épicerie, vêtus de leurs capes sombres pour se fondre dans la nuit noire. Ils avaient décidé de passer par le petit sentier plutôt que la grande route. Le chemin était plus tortueux et plus long mais ils avaient nettement moins de risques de se faire remarquer.

Pendant les trois heures qu'ils grimpèrent, ils furent un instant silencieux, un autre à tenter de prévoir de quelle manière cela pourrait tourner. Ils n'auraient droit qu'à une seule chance, ils le savaient. Il ne fallait pas louper le coche. Ikki avait rempli son sac à dos de victuailles, de vêtements de rechange, d'eau et il comptait partir vers l'est ensuite. Il était bien conscient qu'un enfant de huit ans avec un bébé dans les bras ne passeraient pas inaperçus, de ce fait il avait décidé de se camoufler durant tout le temps que durerait le voyage.

Pour nourrir Shun, Satine avait vidé une bonne partie du lait en poudre stocké chez sa grand-mère et avait fourni un biberon à Ikki. Le lait serait froid, mais c'était déjà ça. Le périple s'annonçait compliqué voire impossible si Ikki arrivait à s'échapper avec son petit frère.

Lorsque Pandora se réveilla ce jour fatidique, elle était allongée dans l'herbe devant le temple dont la porte était encore grande ouverte. Depuis ce jour, l'enfant qu'elle avait été n'existait plus. Comme sa mère, elle était morte en quelque sorte.

Elle était revenue dans le château, le regard vide d'émotions. Elle savait qu'elle allait avoir un petit frère, dont le rôle s'annonçait important dans l'avenir. Deux Dieux lui avaient intimé l'ordre qu'une fois qu'il serait né, elle devrait aller le chercher et en prendre le plus grand soin.

Le pendentif en forme d'étoile, portant l'inscription Yours ever était destiné au nouveau né. C'est son père qui était actuellement en sa possession. Le géniteur qui fût possédé par le Dieu des Enfers le temps de l'acte, n'était plus qu'un être sans âme depuis qu'il avait déterré l'objet des années plus tôt. Hadès, avait aspiré son âme, profitant et bernant la femme et la fille de l'homme sans le moindre remords.

Jusqu'à ce jour du neuf septembre qui devait voire naître le corps qui lui servirait de réceptacle, lors de la future bataille contre Athéna. Tout était écrit dans les astres. La femme qu'il avait décidé d'engrosser par la force, avait elle aussi été choisie. D'abord elle était belle, ensuite, elle avait une personnalité très généreuse. Elle faisait partie des gens les plus purs de son époque. Et le Dieu, était très selectif sur les critières qu'il s'imposait dans ces cas là.

Il en était de même pour monsieur Heinstein qui était un homme d'une bonté sans faille, prenant soin de ses villageois. Le château magnifique dont la silhouette élégante surplombait la forêt noire et le village était le reflet de son âme.

Mais cela n'avait pas duré. Un jour que ce dernier avait décidé d'effectuer des travaux dans le grand jardin, les ouvriers avait découvert un petit coffret en bois. Il était scellé. L'ayant laissé plusieurs semaines dans sa bibliothèque et l'ayant un peu oublié, il retomba dessus alors qu'il recherchait un document familial. Il réussit à l'ouvrir, libérant ainsi le premier sésame qui permit à Hadès d'entamer sa résurrection. Par ce biais, il envoûta pour commencer l'homme dont le comportement se modifia au fil des mois et des années. D'un seigneur adoré, il devint craint.

Une fois le maître des lieux totalement sous son emprise maléfique, il attendit sagement le jour propice à la conception de l'être qu'il souhaitait le plus pur possible, et avec les bonnes personnes triées par lui-même. Il s'offrait en cadeau un bébé, petit humain fragile né d'un acte odieux totalement dirigé par lui. Hadès ne reculait devant rien.

Par sa faute, deux familles étaient décimées et liées dans un avenir qui s'annonçait plutôt sombre. Mais Hadès n'avait heureusement pas tout prévu. Pas une seule seconde il ne s'était douté que le fils ainé de Zephirine, morte en couche, pouvait être doté d'une aura qui lui venait de son étoile protectrice et ferait de lui un futur puissant chevalier. Un homme de main de la déesse contre laquelle il s'apprêtait à combattre.

Le plan d'Hadès semblait donc vasciller malgré tout.

Ikki et Satine virent l'imposant mur droit devant. Ils arrivaient ainsi, près de quatre heures après leur départ.

« Je connais un endroit du mur qui est fissuré. C'est par là, suis-moi ! »

Ikki suivit son amie. Il croyait fermement en la réussite de leur opération. Récupérer son petit frère, le protéger était sa priorité. En longeant l'enceinte extérieure, il leva la tête, apercevant le haut d'une tour, côté est. Le ciel était noir, au loin, ils entendaient un orage approcher. Le vent se mit doucement à se lever, annonçant l'arrivée imminente de la pluie.

Pour se faire le plus discret possible, ils s'étaient recouvert d'un grand tissu de couleur noir, qu'ils avaient percé à trois endroits. Le premier pour passer leurs têtes et les deux autres leur bras. Ikki fut sorti de ses pensées par Satine :

« Ikki ! Regarde c'est là ! Ça va, ils n'ont pas rebouché le passage. Je passe devant, suis-moi ! »

« Ok ! Allons-y ! »

Des buissons se trouvaient de l'autre côté, ce qui leur permit de se camoufler des gardes présents qui effectuaient leur ronde.

« Tu vois cette porte là-bas... elle mène aux cuisines. À cette heure-ci, il n'y a personne, tout le monde dort. »

« Oui... on va s'amuser à trouver Shun... le château est si grand. »

« Ne t'en fais pas, on a de la marge avant le lever du jour. Une heure et huit minutes du matin. D'ici deux heures, je t'assure Ikki que tu seras déjà loin avec ton frère.»

C'est ce qu'indiquait la grande horloge. Ikki acquieça avec un signe de tête. Il ne pensait pas que Satine, qu'il connaissait finalement peu était aussi baroudeuse. Elle semblait connaître le château.

Par chance, une petite fenêtre adjacente à la cuisine était entrouverte. Elle fît monter Ikki sur ses épaules afin qu'il vérifie en premier lieu que la voie était libre, ce qui était le cas. Alors il grimpa sur le parapet, se faufila par l'ouverture qui heureusement était assez grande pour lui et retomba sur une petite table de l'autre côté. Il alla ouvrir alors à sa compagne. C'est ainsi qu'ils firent leurs premiers pas dans une forteresse cossue, baignée aujourd'hui par le mal.

Ikki entrebailla la porte de la cuisine pour jeter un œil en dehors de la pièce. Tout était calme et le couloir était sombre. Personne à l'horizon. Avec précaution, ils se dirigèrent vers la droite. La double porte semblait indiquer que de l'autre côté se trouvait le luxe surdimensionné du château. Sans bruit, il cliqueta le loquet et son regard tenta de percer l'obscurité du bâtiment. Encore un autre couloir. Pour qui ne connaissait pas l'endroit, cela pouvait s'avérer être un piège. Il allait falloir être très prudent.

La liberté loin de ce village maudit n'était plus très loin.

Pandora se réveilla tout à coup, la respiration haletante et l'esprit désorienté. Il lui semblait avoir entendu un bruit au rez-de-chaussée. Elle ne savait plus trop si cela faisait partie de son rêve ou non.

Son père avait ramené cet après-midi là son fils, le présentant à Pandora comme étant son petit frère qu'elle devait chérir et protéger. Ce qu'il était réellement à moitié, le nourrison possédant une partie du sang qui était le sien. L'autre moitié étant le même que celui d'Ikki par sa mère, décédée suite à l'accouchement il y a quelques jours seulement.

Il lui avait été expliqué qu'une cérémonie aurait lieu le lendemain pour faire du nourrisson l'héritier légitime du royaume et des terres l'environnant. Elle savait depuis l'arrivée de ce dernier, qu'elle ne serait que l'éternelle seconde aux yeux de son père. Bien qu'elle fut l'aînée de la depuis des temps immémoriaux, les filles étaient obligatoirement et sans vergogne écartées des affaires familiales comme si ces dernières n'étaient aucunement capables d'appréhender avec succès de telles responsabilités.

Neuf mois avaient passé depuis sa découverte dans le parc du domaine. Elle y avait libéré deux dieux de ses mains d'enfant. Ceux-là avaient entamé sur elle un lavage de cerveau. Mais ce qu'ils ne savaient pas, c'est qu'une partie ancienne d'elle n'était qu'endormie et non pas disparue. Peut-être était-ce du à la croix offerte par sa mère dont elle ne se séparait jamais qui avait fait office de bouclier et empêchant son embrigadement total.

Elle se leva de son lit, ses petits pieds glissaient sur le sol propre, sans bruit. Il lui semblait ressentir des présences dans l'enceinte même du château. Dont une, qui lui rappelait vaguement quelque chose. Elle tourna la poignée de sa porte et l'entrouvrit en silence, tendant l'oreille. La chambre de son petit frère n'était pas très loin. Elle entendit une seconde fois, en bas, comme un frottement et des chuchotements. Si la forteresse était immense, le moindre bruit exposé au silence nocturne pouvait se propager dans les long couloirs du château.

Elle entama sa marche dans le couloir et se dirigea vers la chambre de son petit frère. L'intuition qui l'habitait lui dictait que ce dernier était peut-être en danger. La porte était entrouverte, aussi, elle entra dans la chambre et observa avec délicatesse le nouveau-né.

- « Il est si petit... »

Un second bruit, discret mais bien réel confirma ses doutes. Quelqu'un se trouvait en bas. Alors, dans la nuit encore noire elle entreprit de descendre au niveau inférieur. Elle se posta à l'angle d'un mur. C'est ici qu'elle vit cette ombre se faufiler dans les escaliers. L'intrus montait les marches. Elle entendit une voix féminine puis celle d'un garçon qui semblait jeune. Ils étaient donc deux.

- « Ikki... »

Elle venait tout à coup de se rendre compte qu'elle connaissait ce jeune garçon. Elle l'aurait reconnu entre mille. Que venait-il donc faire dans ce château ? Elle décida de les suivre, elle les prendrait ainsi devant le fait accompli.

« Satine, il est par là... allons-y. »

Ikki chuchotait... ne se doutant pas qu'ils étaient suivis. Il monta, son instinct et son intuition lui dictant dans le sombre labyrinthe des couloirs, l'endroit où son petit frère se trouvait. C'est ainsi qu'il arriva assez vite sur le pas de la porte.

Sur la pointe des pieds, il s'avança vers le petit lit à barreaux, recouvert d'un voile gris légèrement transparent. Le nourisson dormait à poings fermés, ne se doutant pas qu'ici allait se jouer son destin. Ce dernier dépendant de ceux qui l'y mèneraient.

Ikki tendit les bras, lorsque Satine poussa un hurlement de douleur derrière lui.

Le jeune garçon fit demi-tour, il distingua une ombre derrière le corps maintenant au sol de la jeune fille. Il reconnut cette silhouette frêle de celle qu'il avait aidé il y a près de neuf mois, avant que son père ose poser les mains sur sa mère, dernier pilier sur lequel il pouvait se reposer. Aujourd'hui, elle n'était plus que souvenirs. Seul, un bébé innocent le liait à elle aujourd'hui.

« Que comptes-tu faire comme ça ? » lui demanda sur un ton sec la jeune fille aux cheveux noirs.

« Satine ! »

Il serra les dents et les poings. Il fut rassuré lorsque sa coéquipière se releva doucement.

« Ne bouge pas, toi ! » Hurla Pandora.

Violemment, son pied écrasa le dos de Satine qui retomba.

« Si tu touches au bébé, je tu ton amie. Je ne le répéterai pas deux fois. »

Prise au piège, le regard de l'adolescente fixait Ikki, se demandant si ce dernier allait choisir son frère au détriment de sa vie.

« Laisse la ! Je m'éloigne du berceau, tu vois. », il recula de trois pas afin qu'elle juge de sa bonne foi.

C'est alors que, contre toute attente, Satine se releva d'un coup sec, entraînant son ennemie au visage sinistre et blafard dans le couloir.

« Emmène ton frère Ikki, prends-le et sauve toi ! »

« Satine ! », il hésitait.

« Fonce ! », lui ordonna t-elle.

Alors, il prit précipitamment le bébé, enveloppé dans sa couverture et passa la porte au pas de course.

Les deux jeunes filles, pendant ce temps se battaient férocement. S'arrachant les cheveux, déchirant les vêtements de l'autre. Leurs cris résonnèrent dans le château tout entier.

Le futur chevalier du phénix, malgré son envie de faire demi-tour afin d'aider sa comparse, continua de courir. Il fit le chemin inverse de tout à l'heure, ne songeant qu'à protéger le seul lien qu'il lui restait après la tragédie qui venait de le frapper.

Il entendit alors un bruit sourd, puis un silence inquiétant s'installa. Devant lui, la lourde porte lui permettant de sortir enfin à l'air libre n'était plus qu'à quelques mètres.

Après avoir effectué une petite centaine de mètres, son regard attendri se posa sur Shun, qui gémit doucement. Il s'agenouilla, déposa le bébé dans le creu d'un arbre, à l'abri des regards, camouflé par un buisson.

« Ne t'inquiète pas, je reviens te chercher petit frère. »

Puis, il se précipita à nouveau dans le château des Heinstein, sa silhouette s'enfonçant dans la pénombre jusqu'à disparaître totalement. Il allait aider Satine qui venait de lui permettre de se sauver et de mettre le nourrisson en lieu sûr.

Ikki n'était pas de ceux qui abandonnent leurs amis.

Le vacarme engendré par les deux jeunes gens avaient réveillé la forteresse toute entière, les gardes arrivèrent au pas de course, déterminés à punir les fautifs.