Première sur FanFiction, "j'me lance". Avec un peu d'élan, j'suis encore un peu hésitante. L'histoire sera... plutôt... courte (euh, je crois), je ne peux pas prévoir le rythme, mais je pense que partir sur un chapitre par semaine me parait être un bon compromis (*attend les tomates* Non... ? bon. Merci).

Classé M pour quelques lemons, et le côté peut-être un peu "dur" (non, pas de jeux de mots...)(*Harlem, tu sors*) de certains chapitres. Du Ace x Law, donc !

J'suis dispo pour toutes remarques, réclamations, SAV... alors n'hésitez pas :)

Sur ce... Enjoy it !

Tous les personnages et l'Univers OnePiece appartiennent à notre éminent Oda-sensei !


« Picture yourself in a boat on a river,
With tangerine trees and marmalade skies.
Somebody calls you, you answer quite slowly :
A girl with kaleidoscope eyes. »

The Beatles

*Quelque part, sur l'Interstate 40, désert des Mojave*

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Trafalgar Law laissa son regard errer sur les falaises sang et ocres qui l'entouraient, seul horizon possible depuis ce qui lui paraissait être une éternité.

Il faisait chaud, beaucoup trop chaud dans sa vieille DB6 donc la seule concession moderne installée était un lecteur à prise numérique pour son iPod, qui crachait «Lucy in the Sky with Diamonds » des Beatles depuis quelques minutes.

Il s'appuya un peu plus contre son siège en cuir, se laissant bercer par la musique et le rythme monotone de sa conduite sur la grande route poussiéreuse, qui le laissaient seul avec ses pensées et ses interrogations. Law jeta un regard dans le rétroviseur, contemplant son sac de sport jeté sur la banquette arrière, son perfecto qu'il avait retiré à cause de la chaleur étouffante et sa guitare. La vision de cette dernière lui arracha un mince sourire, avant qu'il ne reporte son attention sur la route.

Il n'avait pas joué depuis une éternité et le manque le démangeait, mais il n'avait pas le temps de s'arrêter pour ça. Pour le moment, il avait plus urgent à faire. Trouver un point plus stable que sa voiture en guise d'hôtel, prendre une douche…

« … je tuerais pour une putain de douche. »

… s'acheter de quoi remplir son estomac. Et des cigarettes.

« … faut que j'arrête de penser à ça ou je vais attaquer le volant avec les dents. »

Le désert semblait s'étendre toujours plus loin, et il commençait à sérieusement se demander si cet enfer avait une fin. Des cailloux, des cailloux et… ah, des cailloux.

Il ne se plaignait pas. Pas vraiment, en tout cas. Il râlait pour la forme, comme d'habitude. Être loin de tout était tout ce qu'il cherchait depuis…

« … depuis le jour où t'as merdé ? » soupira sa conscience dans un coin de sa tête.

Depuis le jour où une de ses décisions, si anodine soit-elle, avait fichu toute sa vie en l'air.

Ses pensées amères le rattrapaient, et avec elles les souvenirs et les regrets qui y étaient liés. Le désert et l'insignifiance de sa présence le renvoyaient à sa propre impuissance, celle qu'il avait longuement éprouvée, avant que la rage et le dégoût ne prennent le pas sur le reste.

Cette impuissance, reflet des sentiments contradictoires qui se disputaient en lui. Il lui était souvent arrivé de vouloir disparaître, rester un tout petit point dans l'Univers, perdu au milieu du néant et s'y perdre lui-même... mais surtout, perdre cette atroce sensation de vide et de mal-être qui le collait comme une seconde peau.

Et pourtant, il voulait vivre. Plus qu'il l'avait toujours voulu.

Il eut plus que jamais envie de fumer ; s'arrêter, s'allonger sur son capot, sous la chaleur torride et allumer une cigarette, un geste banal, mécanique, qui ne demanderait pas d'efforts à son cerveau tourmenté par ce qui s'y cachait.
Tout était bon pour s'occuper l'esprit et les mains.

Un détail attira son regard, beaucoup plus loin sur la route. Quelque chose qui détonait sur le paysage caillouteux qui l'entourait depuis des heures. Quelque chose d'infime et qui pourtant, par sa seule présence, rompait l'accent monocorde de sa conduite.

Il ralentit l'allure, alors qu'une silhouette se précisait, sur la droite, marchant à reculons en tendant le bras ; une intuition soudaine lui ordonna de s'arrêter et son corps réagit en conséquence, écrasant la pédale de frein.

Un jeune homme de son âge, planté sur le bas-côté sableux.

Enfin, de son âge… c'était difficile d'en juger, avec toute cette poussière qui s'était accumulée sur lui.

Law fut saisi par le noir abyssal de ses prunelles, si sombres qu'on ne distinguait pas sa pupille. Son regard était étrange, et il ne tarda pas à comprendre d'où lui venait cette impression : pour avoir eu les mêmes, il reconnut les traces de larmes séchées sur ses joues, sillons dans la cendre qui le maculait, sous les mèches cheveux poussiéreux échappés de l'élastique qui les retenait.

Il portait une vieille paire de Chuck Taylor fatiguées par la marche, un bermuda sombre et une chemise qui avait connu des jours meilleurs. Malgré toute cette crasse, les perles rouges de son collier brillaient intensément dans le soleil.

C'était ça, qui avait attiré son attention plus que le reste. L'éclat rougeoyant de son collier.

Le moteur ronronnait doucement, alors que ni l'un, ni l'autre n'échangeait un mot. Une minute comme cent auraient pu passer, aucun des deux ne semblait décider à piper mot. Law, parce qu'il était trop surpris de croiser quelqu'un seul sur cette route, et son inconnu, parce qu'il ne devait pas s'attendre à ça.

- … monte, murmura Law en désignant le siège passager d'un signe de tête.

L'inconnu s'engouffra à côté de lui, son sac serré contre son torse, mais s'obstina à garder le silence. Law en était trop adepte lui-même pour se sentir le courage de lui reprocher quoi que ce soit. Il redémarra et la voiture reprit son chemin sur la route désertique.

La nuit commençait à tomber quand Law se décida à parler, près de six heures plus tard ; l'inconnu n'avait pas bronché de tout l'après-midi, fixant le paysage défilant à sa fenêtre, sans émettre le moindre commentaire. Non pas que ça dérangeait Law, mais il commençait à vraiment se poser des questions.

- … tu vas quelque part en particulier… ? murmura-t-il.

Le jeune homme garda le silence, obstinément tourné vers la fenêtre. Law lui jeta un coup d'œil et se rendit compte qu'il dormait profondément, lové sur lui-même, ses bras serrés autour de son sac. De nouvelles larmes avaient fait leur chemin sur ses joues couvertes de poussière. Law soupira et continua sa route, jusqu'à ce que la nuit ne tombe, glaciale et impitoyable.

Éreinté, il se gara sur le bas-côté en essayant de ne pas faire de cahots, coupa le moteur et serra le frein à main ; prudent, il rangea ses clés tout au fond de sa poche et bascula légèrement son siège en arrière, récupérant son cuir pour le poser sur lui.

Son passager était toujours recroquevillé, la tête appuyée contre la vitre, serrant son bagage comme s'il était tout ce qu'il possédait.

Law ferma les yeux, croisa ses pieds sur le tableau de bord et se laissa porter par le sommeil, épuisé et rêvant d'un hôtel où enfin passer une nuit paisible.
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En espérant vous avoir avec moi pour la suite du voyage...