Tendrement abusé
Rating : M
Paring : Draco Malfoy & Harry Potter
Résumé : Chaque premier vendredi du mois, Potter es saoul. Chaque premier vendredi du mois, je baise Potter. Amoureusement violé, passionnément baisé, tendrement abusé. Ô litanie du corps.
Note de l'auteur : C'est toujours avec un grand plaisir que je vous retrouve pour un nouveau chapitre ! Je ne suis pas très fière de celui-ci mais j'espère qu'à vous, il saura vous plaire. Très bonne lecture.
Tendrement abusé
Chapitre IV – Effroyablement
. . .
Je tente tant bien que mal de nouer le ruban en velours rouge, dérobé au cours d'éducation psycho-magique, autour de la tête d'Harry, pour barrer sa vue, mais c'est sans compter sur la ténacité du brun qui se débat violemment sous mon corps. Il cherche à me donner des coups, en vain, car je lui ai saisie les poignets, puis à me faire descendre de son bassin où j'applique tout mon poids pour le maintenir en place.
Alors que les minutes passent, je sens une sueur froide dévaler mon dos, en roulant sur mes muscles contractés par l'angoisse de perdre tout contrôle. Et si Harry se met à crier ? Mon souffle se bloque et mon rythme cardiaque augmente considérablement. Je pourrais presque sentir mon cœur se démener pour sortir de ma cage thoracique.
Pourquoi me rejette-il de cette manière ?!
Bien sûr ce que je fais est fondamentalement mal et je comprends encore ce qui différencie le bien du mal, mais dans mes gestes je n'étais pas horrible ces soirs-là. Je ne voulais pas de mal à Harry, pas volontairement du moins, car la douleur ne fait pas parti de ce je veux lui laisser.
Malgré ma volonté de fer, la panique monte petit à petit en moi, je perds tous mes repères puisque habituellement Harry est léthargique dans un premier temps, puis s'offre finalement dans le second. Je n'avais donc jamais l'impression de commettre l'impardonnable, même si je reste conscient d'avoir pêché.
Soufflant plus fort, je me penche sur le corps prisonnier en dessous du mien et hésitant, je chuchote des mots que je souhaite réconfortant à son oreille. A peine mon visage proche du sien, je le vois se débattre plus férocement.
« Harry… s'il te plait, ne prends pas peur. »
Du bout du nez, je caresse doucement sa joue, rougit par les larmes qui ont peu à peu commencés à apparaître au coin de ses yeux, et couler lentement le long de son visage, en imprimant des sillons sur leur passage.
« Chut… calme toi… je ne vais pas te faire de mal. Je ne t'en fais jamais. Tu m'aies trop précieux, tu le sais ? »
Je pose délicatement mes lèvres sur son front, en descendant sur la tempe où je dépose un autre baiser, suivit de la joue, puis de sa bouche que j'embrasse désespérément. Cela semble calmer mon prisonnier. Il ne bouge plus et me regarde intensément, tout à coup très attentif. Ce changement me soulage et je reprends confiance en moi. Je l'entoure de mes bras, relève son buste que je ramène contre moi et l'enlace presque amoureusement, enfouissant mon visage dans son cou. J'adore m'y nicher et respirer son odeur.
« Tu vas… continuer… »
A peine un murmure.
Surpris je m'écarte néanmoins un peu pour le regarder et comprendre ce qu'il a essayé de dire. J'ai tout à coup l'impression que le temps se suspend et que certain détail insignifiant comme la couleur de ses yeux que je ne parviens pas à distinguer ou encore la texture de sa peau que je ne me rappelle pas avoir senti me paraisse invraisemblable. Une chose importante m'échappe. Je le sens, j'en suis certain.
« Tu vas continuer encore longtemps ? » Recommence-t-il sur un ton sarcastique cette fois.
Je me relève brusquement, la peur s'insinuant comme le plus mortel des poisons dans mes veines, lorsque je me sens inexplicablement entraver au niveau du bassin. Mes yeux se braquent automatiquement sur ce qui m'empêche de m'éloigner et c'est alors que je réalise avec effroi que mon corps et celui d'Harry sont emboités, sa chaire se mélangeant à la mienne sans distinction aucune. Je pousse un cri d'horreur très vite suivit par son rire. Il a l'air de trouver la situation hilarante.
« Ça ne te plais plus de jouer au tourtereau ? »
« Qu'est-ce qui se passe ?! Arrête ça Harry ! »
« Ce qu'il se passe ? Mais je ne peux pas l'arrêter, voyons… et tu ne veux pas l'arrêter ! Après tout, c'est toi qui es à l'origine de ce qui est en train de se produire. » M'accuse-t-il.
Soudain j'entends un bourdonnement gigantesque à faire trembler les murs se diriger droit sur notre emplacement. Il me parvient même des bruits de vitre qui explose ainsi que des tableaux se fracassant au sol.
« Qu'est-ce que c'est ?! Par pitié Harry, laisse-moi partir ! »
« TU N'AS PAS EU DE PITIE, TOI, TOUTES CES FOIS OU TU M'AS VIOLE ! »
« Ce… ce n'est pas vrai… »
« Ce n'est pas vrai ! Ce n'est pas vrai ! Ce n'est pas vrai ! » Je répète en une litanie inutile.
Les secousses provoquées par le bourdonnement sont de plus en plus proche, bientôt elles nous font trembler tous les deux et j'aperçois Harry ricaner tandis que je cherche à nous séparer l'un de l'autre, mais nous ne sommes déjà plus dissociables. Je sais simplement d'instinct que je suis à l'intérieur de lui.
En alerte, mes yeux ne savent plus où regarder, où se poser, j'ai l'impression de devenir fou. La pression est trop forte. A présent, et de façon très ironique, c'est moi qui suis là à me débattre pour échapper à l'emprise d'Harry qui ne cesse de m'attirer à lui alors que je souhaite sortir de cet enfer. Il commence même à faire bouger nos bassin imbriqués, créant d'horrible frictions qui malgré moi me procure du plaisir par petite onde de choc.
« Même dans les pires circonstances tu continues à aimer ça. Tu es affreux Malfoy. Tu es un violeur. Tu es laid et repoussant. Tu es dégoûtant. Un violeur. Un violeur. Un violeur. »
« NON ! »
« Tu es répugnant ! Violeur ! »
« JE FAISAIS L'AMOUR ! »
Tout autour de moi semble ne plus avoir de limite, ni de contours, tout finit par se mélanger comme Harry et moi, et vient enfin le néant, le trou noir. Tout est noir mais je continue de crier ce qui pour moi semblait être une évidence.
« Je lui faisais l'amour ! »
Draco
Un bruit, une sensation étrange, une petite lueur bientôt trop vive.
Draco
Le bourdonnement s'atténue et très vite un mot résonne bien plus fort que tous les autres sons.
« Draco ! »
Je sursaute violemment et m'empresse d'ouvrir les yeux sur la réalité. La réalité. Il n'y a d'abord que les traits du visage inquiet de Blaise qui se dessinent mais au fur et à mesure que ma vision s'éclaircit, les lits, les tapis et ornement des murs finissent par devenir visible et terminé le tableau réconfortant qu'est notre chambre.
« Ne me refait plus jamais un coup comme ça… »
Je garde le silence, troublé.
Ce rêve semblait si réel… jamais auparavant je n'avais laissé les images fugaces de mes rêveries autant empiéter sur mon inconscient. Je ne suis plus assez maitre de moi-même, mon esprit n'est plus assez fermés, ce qui me laisse vulnérable.
« Désolé pour ça… »
Blaise lève l'une de ses mains et l'agite en l'air, comme pour chasser un insecte invisible.
« Au moins tu auras le mérite d'être en avance en cours. » Je relance sur le ton de la plaisanterie.
« Rien que ça… surtout qu'il nous reste encore deux bonnes heures avant de se faire réveiller par Arthebelle. »
« Ce fantôme va me rendre dingue, Blaise. »
« Dis-toi que tu nous a évité les cris de cette hystérique »
« Vu sous cet angle… tu me dois même une fière chandelle. »
« On n'ira pas jusque-là Drake. »
Un sourire étire légèrement le coin de mes lèvres, tandis que mon regard est attiré par une tâche sombre sur le mur, derrière Blaise. Plus je la regarde et plus je me sens happé par mes démons intérieur à l'origine de ce rêve troublant. Sans m'en rendre compte, je grimace malgré moi en revoyant ces images horribles.
« Tu es certain d'aller bien ? »
Je crois bien avoir sursauté à sa question, mais je tente de le cacher et d'ancrer mon regard dans le sien, en cherchant à paraître naturel au possible.
« Si ta question a pour but de te rassurer sur mon état, elle est mal tournée. On ne peut pas aller bien avec toute cette merde autour de nous. Mais je garde la tête sur les épaules. Je compte bien en finir avec Poudlard cette année-ci et partir reconstruire mon nom. »
« Tu réponds à côté. Le tout c'est de savoir si tu as encore la tête hors de l'eau. »
« Je suis bon nageur. » Je conclus.
Je ne veux pas m'épancher sur ce terrain avec Blaise. Il le comprend et retourne à son lit, non sans me jeter un dernier coup d'œil.
Nous sommes deux poutres superposées sur lesquelles pèsent d'importantes charges. Aucun de nous ne doit faiblir car l'un entrainera l'autre dans sa chute. Mère disait bien « pour survivre, il faut sauver les apparences ». Coûte que coûte.
J'ai besoin de prendre l'air alors je sors de sous mes draps, attrape un gilet, enfile mes pantoufles et me dirige vers la porte de la chambre. En passant, je fais signe à Blaise que je dois m'éclipser quelques minutes et je constate que ça l'embête en voyant ses sourcils se froncés. Peu importe.
Je sors donc et ne cesse de triturer le ruban de velours dans la poche de mon bas de survêtement. Je le porte toujours sur moi, de peur qu'un autre ne le trouve par mégarde. Mais à présent, j'ai l'envie irrépressible de m'en débarrasser au plus vite. Je réfléchis à la possibilité de le remettre à sa place initial, c'est-à-dire en classe d'éducation psycho-magique mais l'idée qu'on m'y retrouve à cette heure de la nuit, après le couvre-feu, me freine. J'ai déjà assez à faire avec la vielle Macgo qui ne me lâche plus du regard et intervient à chaque fois que le nom Malfoy apparait, autant ne pas me rajouter plus de problème sur le dos et puis je ne saurai expliquer ma présence ici sans parler du ruban.
Une idée me vient. Je pourrai tout simplement l'enterrer à un endroit bien précis où les passages se font rares.
« Le saule cogneur… » Je souffle tout bas.
J'hésite quelques minutes avant de m'y rendre car l'endroit est à découvert, on peut alors très facilement me surprendre entrain d'enfreindre le règlement, et il ne faut pas oublier cet arbre de malheur de plus en plus colérique. De plus je n'ai rien que mes mains pour creuser et retourner la terre car ma baguette est resté dans la chambre. Après réflexion, et même si ma décision est en total contradiction avec ma façon habituelle de procéder, j'agis toujours prudemment, je pars en direction du saule.
La chance n'est vraiment pas de mon côté, je dois plusieurs fois faire de long détour pour éviter les préfets au milieu de leur ronde. Heureusement, j'arrive sans encombre en dehors des murs de l'école. Londubat est certes moins idiot et plus aguerrit qu'avant mais il devrait penser à être plus attentif lors de sa surveillance, au lieu de fixer bêtement un point imaginaire sur le sol.
Une fois sur les lieux, j'évite d'aller trop près du saule cogneur. Je vais plutôt m'accroupir aux côtés des sapins qui me cachent avec leurs branches habillées tout de blanc, des étoffes de l'hiver. Là je trouve une pierre légèrement ovale qui me servira d'outil pour creuser et éviter d'être en contact direct avec les verres de terres qui grouillent sûrement sous cette boue. D'ailleurs j'en vois clairement un tenter de sortir de sous la terre en ondulant pitoyablement. Si j'avais eu ma baguette, je l'aurais fait brûler tant son aspect me répugne. Mais une autre tâche m'incombe.
Cela ne me prendra pas plus d'un bon quart d'heure pour tout accomplir. Lorsque je termine ma sale besogne, je retourne immédiatement dans les cachots mais en chemin quelque chose m'interpelle. La mélodie d'une voix douce et claire suivit d'un petit sifflotement résonne dans les couloirs. Qui d'autre que moi, et encore je ne suis pas là par plaisir, peut se promener quand il est à peine quatre heure du matin ?
Et qu'est-ce que ça peut bien me faire ?
Seulement la curiosité me pousse à suivre la mélodie jusqu'à ce que j'arrive face à l'entrée de la grande salle. Cette idiote qui pousse la chansonnette, car la voix provient sans aucun doute d'une fille, n'a vraiment pas conscience de la chance qu'elle a de ne pas encore avoir été découverte, alors que sa voix fait écho sur plusieurs mettre dans le château. Un poil irrité de constaté que certain manque vraiment de discipline, je fais demi-tour sans me rendre compte que la voix s'est éteinte derrière moi.
« Qui est là ? » S'élève-t-elle à nouveau.
C'est sans mal que je reconnais le timbre particulièrement guilleret de Lovegood. Rien de très surprenant comme situation tout compte fait…
Je sors de l'ombre et m'avance d'un pas nonchalant pour qu'elle puisse m'identifier à son tour.
« Oh… » Dit-elle à voix basse.
Elle parait déçue en me voyant apparaître devant elle. Ça a le don de m'agacer.
« Tu t'attendais à quelqu'un d'autre ? » Je demande un poil agressif.
Comme il faut s'y attendre, elle ne parait pas du tout décontenancé par le ton que j'ai employé et au contraire me sourit malicieusement avant de fermer les yeux. Je crois la voir renifler quelque chose dans l'air puis sans que je ne m'y attende, elle s'exclame.
« Il y a comme un parfum de menthe ! Une légère odeur de brise fraiche aussi… et peut être de terre humide… Tu attendais quelqu'un toi ? C'est peut être un Botruc ! »
Je déteste cette fille. Elle fabule tout un tas de chose grotesque et semble toujours à côté de la plaque. Pourtant il y a ces fois où lorsque vous la croisez, elle relève des petits éléments dérangeant que personne ne remarquerait mais qu'elle a l'air de voir aussi bien que le soleil en plein jour. Des éléments parfois essentiel et qu'on aimerait pouvoir dissimuler.
« Ce soi-disant Botruc n'a en tout cas pas intérêt de t'entendre t'égosiller sur ta chanson dont les paroles sont pour le moins insolite. » Je lance d'un ton cinglant ce qui l'a fait hausser les sourcils. « Ni Londubat d'ailleurs. » Je rajoute moqueur.
Elle comprend parfaitement l'allusion. De toute manière ce n'est pas vraiment un secret d'état. Lovegood et Londubat se sont rapprochés après la fin de la guerre et même si la grande maladresse du brun combiné au côté écervelé de la blonde ont fortement ralenti les choses, ils sont finalement devenu un couple. Et quel couple…
« Il ne devrait pas tarder si j'en déduis son cheminement. J'espère qu'il ne fait pas de favoritisme. »
Je la vois enrouler ses cheveux finement bouclés autour de son doigt tandis qu'elle balaye du regard la pièce à la recherche de je ne sais quoi. Lui aurais-je fais miraculeusement avaler sa langue? L'échange est donc clos alors je me retourne et amorce un premier pas lorsque j'entends :
« Ne tourne pas à gauche en sortant. Fais plutôt le tour pour retourner au dortoir des Serpentards. Neville à ses petites manies et retourne sans arrêt faire une petite inspection devant la grande salle. »
Cette fille est définitivement étrange. Je ne suis pas ce qu'on peut appeler quelqu'un d'aimable et je ne suis même pas cordial envers elle et la voilà qui m'explique, l'air de rien, comment ne pas me faire prendre par son petit ami. Tant que ça m'évite des ennuis, remarque.
Je pars donc sous ses conseils en faisant le tour et regagne la salle commune des Serpentards et bientôt ma chambre.
. . .
Dix heures et quart s'affiche à ma montre alors que je sors du cours d'histoire de la magie. Le prochain cours de la matinée débutera dans une demi-heure, ce qui me laisse largement le temps de me rendre à la volière pour envoyer une lettre à mère, car je sais que cela lui tient à cœur de conserver nos échanges. Et je mentirai si je disais que ça ne m'apportait rien de mon côté. C'est ma mère après tout…
Dans les couloirs les élèves chahutent et se bousculent dans un grand brouhaha. Je déteste devoir subir cette embouteillage humain alors je n'hésite pas à jouer des coudes pour passer à travers la foule. Parfois certain râlent mais la plupart s'écartent en me reconnaissant. Privilège dû au statut de ma famille déchu. Il n'y a que les anciens de ma promotion qui ne font pas plus attention à moi.
En parlant de ceux-là… je me retrouve derrière Granger qui me jette un petit coup d'œil avant de se retourner et de suivre son groupe. Weasley qui l'accompagne suivit de Londubat, me lorgne d'un regard dégoûté, tout le contraire du brun à ses côtés qui ne fait pas grand cas de ma présence et poursuit sa route. Rapidement la tension monte entre nous, presque palpable. Je sens venir la confrontation avec ce foutu rouquin quand finalement Granger l'appelle et le somme de se presser. Je respire à nouveau normalement lorsque je les vois s'éloigner.
C'est alors que je remarque que Potter n'est pas avec eux. N'était-il pas allé en cours ce matin ?
Je m'aperçois à peine que je créais un bouchon puisque je me suis arrêté en plein milieu du passage, la tête pleine de réflexion au sujet du Griffondor. Ce n'est qu'en sentant une main malvenue sur mon épaule que je reprends conscience du lieu où je me trouve. J'agrippe immédiatement cette intruse qui me serre désagréablement et la retire violemment, me tournant à peine vers son possesseur. Je sais de toute évidence qu'elle n'est de toute manière pas amical, au nombre très restreint « d'amis » qu'il me reste aujourd'hui. Celui-ci m'arrache presque ma veste, mécontent d'avoir perdu sa prise sur moi, et me tire dans sa direction. Par automatisme, je glisse ma main sur ma baguette, près à jeter un maléfice.
« Si j'étais toi Malfoy, à ta place, je ne ferai pas ça »
« Finnegan, quelle surprise… ils t'ont finalement laissé sortir de ta chambre?
« Ce qui n'est toujours pas le cas de ta mère. Et puis il fallait bien que je sorte et retrouve la petite enflure qui m'a infligé ça » Explique-t-il en pointant son front du pouce.
Il n'y a bien sûr plus rien d'inscrit dessus, mais forcément l'instigateur de tout cela, lui, saurait ce qu'il s'y trouvait avant. Je tente donc de ne pas sourire.
« Ah oui, ça me revient. J'ai entendu cette histoire ! Tu es donc cet abruti qui s'est pris une porte en plein visage. Lorsqu'ils s'ennuient, les gens sont vraiment prêts à n'importe quoi pour faire parler d'eux. »
Je ne vois pas le coup partir, mais je sens indéniablement sa force s'abattre sur moi. Il m'a frappé à l'estomac. Mon souffle se coupe et mon corps se pli en deux sous l'impact. Ça fait un mal atroce. Je ne peux m'empêcher de tousser, cherchant à chaque fois un peu plus d'air.
« Ne joue pas au plus con avec moi Malfoy. Je sais que tu es mêlé de près ou de loin à ce qu'il m'est arrivé pendant l'exercice. »
Effectivement j'ai été con. Les élèves autour de nous, ne semblent pas s'apercevoir de ce qu'il se produit sous leurs yeux, trop agglutiner les uns sur les autres et presser d'arriver à temps à leur cours. Je suis donc en très mauvaise posture avec ce bâtard d'irlandais. Et même si par chance quelqu'un se rendait compte de la situation, il ne viendrait sûrement pas m'aider. Personne d'ailleurs.
J'arrive à me redresser tant bien que mal mais suis déséquilibrer par notre brusque rapprochement quand il tire sur ma cravate, à présent défaite. Une haine sans précédent monte en moi. Une haine contre ma vulnérabilité, contre MacGonagal qui me contraint à ne pas me défendre, contre l'irlandais, cette vermine, que je pourrais étaler devant moi, contre mes amis qui ne sont plus avec moi, contre ma vie bouleversée par la guerre, contre mon père endoctriné puis décédé et ma mère enfermée, contre-vous savez-qui qui n'aurait jamais dû exister et ce vieux fou qui n'aurait jamais dû laisser cet être monstrueux autant s'élever, contre quiconque croiserait mon regard. Je porte ma haine au monde entier et c'est elle qui guide mes mains jusqu'au cou de Finnegan dont le visage n'est plus tout à fait distinct tant la colère qui m'inonde obstrue sur le reste.
Ma force est bien réelle, il le découvre enfin et s'oblige à me lâcher pour tenter de repousser mes mains dont l'étau forme déjà une marque sur son cou. Heureusement pour lui un groupe de Poufssoufle nous bouscule, tel des buffles, nous séparant ainsi de force. L'un des garçons du fameux troupeau prend la peine de s'arrêter mais ne semble pas comprendre la situation.
« Eh les mecs ! Commence-t-il par nous hélé. Faut pas rester dans le pass… » Il s'arrête brusquement, sa mine bienveillante déconfite. Peut-être vient-il seulement de comprendre…
« Hum… j-je… voulais pas déranger. »
C'est ça. Barre-toi, la queue entre les jambes, comme un rat.
Si lui ne nous arrête pas, le professeur Flitwick, par contre, ne fermera pas les yeux face à cet incident. Sans que nous l'ayons remarqué, Finnegan ou moi, il s'est frayé un chemin jusqu'à nous rejoindre et taper dans le tibia de l'irlandais pour qu'enfin l'un de nous deux daigne lui prêter attention.
« En bas, imbéciles !
«Professeur Flitwick ?!
« Messieurs, j'ose croire que vous n'étiez pas en train de faire ce que je pense avoir vu…
« Je… je ne sais pas ce que vous… Finnegan bégaye et rougis ce qui le rend ridicule.
« Hm ?
« J'aidais Malfoy à se relever après l'avoir malencontreusement bousculer.
« Malfoy ? Répète-t-il soupsounneux.
« Précisément professeur. Ce n'était ni de cœur, ni de joie, vous pensez bien, mais c'est vrai.
« Un mot à ce sujet, monsieur Mafloy ? »
« Non, j'imagine que non. Finnegan rejoignez votre salle de cours, j'ai encore un mot à adresser à monsieur Malfoy. »
Le petit homme soupire, il semble complètement ennuyé mais alors que je continue de l'observer, je vois son visage changer graduellement jusqu'à ce que plus aucun trait aimable ne transparaisse dessus. Comme transformé, le mépris et le dégoût qu'il me porte sûrement, sont alors déchiffrables sur ses traits. Il plie son index et l'agite vers lui de façon à ce que je me mette à sa hauteur. Ce que je fais, méfiant. Il doit vouloir me dire quelque chose qu'il ne souhaite pas qu'on entende d'une quelconque manière.
« Ecoute moi bien, sale petite raclure. Aucun autre incident de ce type ne doit se reproduire. Que tu sois victime d'altercation violente ou non m'importe peu. Je n'ai pas mis fin à celle-ci pour ta misérable personne. Même si l'idée que tu te fasses exclure en réjouirait plus d'un. Seulement certain on fait des sacrifices pour que la paix soit instaurée à nouveau entre ces murs et la paix commence par toi. Malheureusement, il y a des personnes qui pensent que le meilleur finit toujours par ressortir des uns et des autres, même chez ceux de la pire espèce. C'est pourquoi ta présence, qui nous est infligée, est tolérée. Si tu venais à être mis dehors par cette école, nous serions obligés de mettre un terme à la maison Serpentard. Tu n'es pas sans savoir qu'il y a également d'autres élèves de ta maison qui sont victimes de brimades. Fort heureusement, nous arrivons encore à garder le contrôle sur l'ensemble des élèves pour que ça n'aille pas plus loin. Mais si toi, le maillon unique de cette chaine venait à disparaître, que se passerait-il ? »
« Les élèves de Serpentard aurait davantage peur de se faire exclure à leur tour et si ça venait à arriver, il n'aurait plus la protection de l'école. »
« Exactement. La peur étant un carburant puissant, ils deviendraient ingérables. Fils et filles de mangemort pour la plupart, les parents d'élèves nous presseraient pour tous les retirer de l'école. Ce que nous ne pouvons pas faire car vous n'êtes pas tous coupable de vous êtres joins à Voldemort. Le ministère de la magie s'en mêlerait et puisque cette affaire ne concernerait que la maison Serpentard, pourquoi ne pas la radier complètement ? »
« Vous ne pouvez pas… radiez un patrimoine magique tel que la maison Serpentard. »
« Bien sûr que non, et heureusement ! Par contre c'est une autre histoire pour le ministère qui mettra tout en œuvre pour éliminer toute menace définitivement. Après les pertes de l'année dernière causer par la trahison d'élèves au sein même de leur propre école, l'opinion général de la société n'a fait que décliner en défaveur du nom Serpentard. Salazar de son temps n'était déjà pas réputé pour ses bienfaits.»
« Comment oser-vous… nous n'avions pas le choix ! »
« Nous avons toujours le choix monsieur Malfoy. Ce sont les conséquences de ces choix que nous n'envisageons pas toujours. »
« Auriez-vous tenu le même discours si c'est sur la tempe de vos proches sur qui était pointé SA baguette, professeur ?! Il est facile de choisir lorsque ça n'a d'incidence que sur votre vie ! Cependant, quand est-il lorsque vos actions décident du sort de celles des autres, hein ?! »
« La discussion est close monsieur Malfoy. Retournez en cours. »
Je le regarde alors partir dans le sens opposé au mien. Je me sens tout à coup vidé et démuni. Qu'étais-je venu faire là ?
Ah, mère…
Je me rends donc machinalement à la volière en me remémorant les quelques mots que je lui adresse dans ma lettre.
Chère mère,
Rassurez-vous. Rien ne change, ici, dans les murs de Poudlard.
La brise du matin est chaque jour de plus en fraiche et le paysage est recouvert de blanc comme à chaque hiver. Je porte écharpe et bonnet imbibé de votre parfum. Jasmin et rose.
Je souhaiterai pouvoir vous enserrer dans mes bras mais jusqu'à ce que mon vœu soit exaucé, j'espère vous savoir rétabli dans les semaines à venir.
Votre fils, Drago Malfoy
Ps : Harry Potter est venu s'enquérir de ma situation, ce qui devrait vous faire joliment sourire.
Quel que soit le sujet, je ne peux l'aborder avec elle dans mes lettres. La mémoire de ma mère lui joue des tours, hélas. Comme si le temps était remonté pour elle. Ou bien croit-elle qu'en s'illusionnant de mensonges, sa vie se modifiera comme elle l'entend. Son magnifique petit garçon la tenant par la main et son mari droit et à l'allure fier lui proposant son bras.
En ce moment, plus que tout, j'aimerai redevenir ce petit garçon pleurnichard et venir me blottir contre elle pour sentir sa douche chaleur m'envelopper.
« Maman… »
Seul dans l'escalier, je souffle ce mot qui pourtant résonne à mes oreilles comme s'il n'avait pas été prononcé par mes lèvres. Surpris et presque avec espoir, je me presse de monter deux par deux les marches en pierre en ne sachant que trop bien celui que je souhaite voir tout en haut. Une fois au sommet je reconnais sans mal sa silhouette appuyer sur le rebord d'une fenêtre ouverte. Il ne se retourne pas à mon arrivée. Apparemment il est trop absorbé dans ses pensées pour m'avoir entendu alors je profite de cet instant pour le détaillé.
Un fin halo de lumière illumine un instant son visage qui semble extrêmement triste. Pourtant je le trouve beau, le regard perdu dans le vague, ses cheveux en bataille qui volent parfois au gré du vent et sa façon qu'il a d'incliner la tête vers l'avant en pleine réflexion.
« Potter ? » Je l'appelle doucement.
Immédiatement la magie du moment se rompt lorsqu'il reconnait ma voix. J'observe les indices physiques de son corps qui me laissent comprendre qu'il ne s'attendait pas à être interrompu. Ses épaules ont légèrement tressauté de surprise puis peu à peu se sont crispé. Néanmoins il ne bouge pas. Seule sa tête se tourne d'un cran sur le côté, ce qui lui permet peut être d'apercevoir mon ombre, qui grimpe jusqu'à ses pied grâce à la luminosité de l'endroit.
« Potter » Je tente une seconde fois avec plus d'entêtement.
« Qu'est-ce que tu veux ? » Sa voix est très basse et c'est à peine si je l'entends.
Malheureusement, de toi, bien trop de choses.
« Tu pourrais te retourner pour commencer.» Je ne peux m'empêcher d'être un brun sarcastique, même si bien sûr plus aucune méchanceté ne se cache derrière mes mots parfois mordant à son égard. L'habitude… et surtout mon seul moyen de me donner de l'intérêt à ses yeux.
Il ne bronche pas et me fait entièrement face, mais lorsque je découvre son visage, ma gorge se noue et mon regard n'arrive à soutenir le sien baigné de larmes. Il pleure. Non pas à chaude larme, juste quelques perles salées qui dévalent lentement ses joues en formant un sillon sur leur passage.
Malgré moi, cette image me renvoi à mon cauchemar de ce matin. Une envie irrépressible de vomir me prend alors je plaque une main contre ma bouche en espérant pouvoir me contenir. Harry, lui, ne comprend pas cette soudaine réaction et doit sans nul doute se méprendre. D'un geste rageur, il essuie ses yeux rougit.
« Tu me trouve pathétique à ce point-là ? »
J'aimerais pouvoir lui répondre que, non, je ne le trouve pas pathétique. Bien au contraire. Sa fragilité me touche, me brise de l'intérieur, elle me rappelle le monstre que je suis à son contacte et à quel point j'aimerais qu'il ait besoin de moi autant que moi de lui. J'aimerais pouvoir lui exprimer mon souhait d'être le héros rien qu'une fois, ici, avec lui, pour lui, mais mes lèvres maintenues pincées restent closes, elles contiennent tant bien que mal la bile qui s'est frayé un passage jusqu'à ma bouche.
« Tu es vraiment horrible Malfoy »
Et tu ne sais pas encore à quel point.
Mon être tout entier est répugnant et rien ne pourra le châtier. L'expier. Le vice est trop encré en moi à présent.
Alors je le laisse s'éloigner de moi en regrettant de ne pas avoir la force, ni même le droit de le retenir.