Résumé :
2025. Voldemort est au pouvoir et fait régner le chaos et la terreur. Les
enfants Weasley, Chang et Malefoy ont entre leurs mains la seule chance de
faire changer les choses : retourner 25 ans auparavant et empêcher
l'évènement tragique qui a conduit le monde à sa perdition.
Note de l'auteur : Woa ! 'Note de l'auteur'. C'est que ça devient sérieux !! Mais assez plaisanté, je suis heureuse de vous présenter ma première fic !! Bon, j'ai déjà griffonné quelques trucs, mais jamais rien d'assez sérieux pour le mettre sur cette page (sauf la fic que j'ai traduite, mais ça, c'était pas de moi...). Mais je sens que celle là est sérieuse alors... J'espère juste avoir assez de courage pour aller jusqu'au bout. Mais pour l'instant je suis motivée... Et je le serais sûrement encore plus si je recevais quelques reviews. Comme tout le monde quoi. Avant de commencer, j'aimerais tout même remercier Alohomora, qui m'a aidé à me repérer sur le site ! C'est que, mine de rien, c'est assez dur de se repérer !! Surtout quand on a un ordi lent et qui plante tout le temps... Donc voilà, je crois pas avoir grand chose de plus à rajouter, même si j'aime bien parler et que j'aimerais vous en rajouter des tonnes encore, mais je risque de dire n'importe quoi (d'ailleurs ça commence...) alors je vais vous laisser lire tranquillement et bousiller votre forfait internet ! J'espère juste que vous aimerez ma fic !
J'oubliais le traditionnel DISCLAIMER obligatoire-dont-on-peut-pas-se- défaire. TOUS CES PERSONNAGES NE M'APPARTIENNENT PAS !! Voilà, je crois que c'est clair, et en plus c'est même pas vrai. Un joli petit nombre des personnages que vous allez voir (ou lire.) sont de mon cru (d'abord !) : je cite Nora, Sam, Léa, Jane, Philip, Larry et Tomas Weasley, Malika Malefoy, Daniel Baker, Laura Warton, et je m'arrête là parce qu'il faut laisser un peu de suspense quand même (même si c'est juste des noms et que ça vous avancera pas à grand chose.). Où j'en étais déjà. Oui, je disais donc que Harry Potter et toute la clic appartenait à J.K. Rowling (qui ne le sait pas ?) que je respecte et que je respecterai toujours (tant qu'elle tue personne et qu'elle se bouge à sortir son 5ème tome), et pour finir je ne perçois évidemment pas d'argent. Quoi que si vous voulez m'envoyer un chèque au fond c'est pas de refus, je pourrais toujours m'acheter des carambars. Mais je tchatche et j'oublie que vous êtes là pour lire ma fic (j'espère) et pas mes commentaires débiles. Je me répète : Bonne lecture ! (je crois que je vous embêterai plus cette fois)
Chapitre I : Le chaos
Malika finissait de ranger ses livres dans les cartons lorsque son père toqua discrètement à la porte.
_ Tu t'en sors ? Demanda-t-il en souriant, espérant que cela suffirait à lui remonter le moral.
La jeune fille hocha la tête à l'affirmative. Son père se faisait suffisamment de souci pour elle, ce n'était donc pas la peine d'empirer les choses.
_ Bien. J'espère qu'on sera prêt pour prendre la route demain matin. Tu penses que tu auras fini ?
_ Il me reste encore quelques petites choses à ranger et je serai prête.
Draco sourit, et sans ajouter un mot de plus, quitta la pièce. Dès que la porte se fut refermée derrière lui, Malika poussa un long soupir. Elle n'avait jamais vraiment eu de conversation plus longue que celle-ci avec son père. Pourtant, elle en savait beaucoup plus que ce qu'il ne voulait bien lui avouer. Elle savait pourquoi elle n'avait jamais pu rencontrer ses grands-parents, Lucius et Narcissia Malefoy, pourquoi son père avait été banni du monde sorcier, pourquoi ils ne recevaient jamais personne à la maison et pourquoi elle-même n'avait pas d'amis. Elle savait aussi pourquoi ils étaient contraints chaque année de déménager, afin d'échapper à la pire menace au monde : celle de Lord Voldemort, le maître du monde sorcier.
Elle glissa le dernier livre dans la boîte et la referma. Sa chambre serait bientôt vide. Ses meubles avaient déjà tous disparus, mis à part son lit, et les dernières affaires qui jonchaient sur le sol prendraient bientôt leur place dans un carton. Elle avait peut-être l'habitude de changer de maison chaque année, mais voir sa chambre se vider de la sorte lui faisait toujours un pincement au c?ur.
Elle ne savait pas encore où se trouvait sa nouvelle maison, et ne le saurait qu'au dernier moment. Draco avait préféré ne pas lui dire, au cas où un quelconque mangemort lui avait fait subir un sortilège de vérité.
Draco avait toujours été très vigilant avec Malika. Il regrettait déjà amèrement ce qui avait taché son passé et sa réputation, il ne voulait pas non plus impliquer sa fille dans toute cette sombre histoire. Mais il ne se faisait pas d'illusion, et il savait que malgré tout ce qu'il pourrait faire pour l'aider, elle souffrait terriblement.
Alors qu'elle s'attaquait à ses tableaux, Malika entendit le claquement d'un bec sur son carreau. Elle ouvrit sans plus attendre sa fenêtre et laissa pénétrer un hibou noir comme la nuit portant le seau de Poudlard. Elle le débarrassa de sa lettre et il repartit aussitôt. Malika n'eut pas besoin d'ouvrir sa lettre pour savoir de quoi elle traiterait. C'était le seul courrier qu'elle recevait. Malgré tout, elle la décacheta et la lue rapidement :
« Mademoiselle Malefoy, Veuillez prendre note que cette année, la rentrée se fera le 1er septembre et que le Poudlard Express partira à 11 heures précises du quai 9¾ de King Cross. Veuillez également vous procurer les fournitures demandées sur la feuille ci-jointe. Par ailleurs, selon les nouvelles directives imposées par le Seigneur des Ténèbres, tous les élèves de cinquièmes années sont invités à se procurer un grimoire de magie noire de niveau 5, et à l'étudier d'ici la rentrée. Cordialement, Severus Rogue »
Malika sentit sa gorge se serrer. Ce n'était pas la première fois que Voldemort imposait de telles choses. Depuis qu'il avait pris le pouvoir, tous les sorciers de ce monde vivaient dans la peur. Seuls les mangemorts fidèles avaient su profiter de l'occasion. Le Seigneur des Ténèbres avait même étendu les limites de son pouvoir jusqu'au monde moldu. Ces-derniers avaient alors pris conscience qu'il existait un autre monde que le leur et avaient été rabaissés au rang d'esclaves auprès des mages noirs. Leur nombre et leurs armes étranges n'avaient pas suffi à contrer cette nouvelle menace. Voldemort et ses fidèles étaient plus forts. Mais le pire selon Malika, c'était de savoir que son père était à l'origine de ce chaos.
Elle secoua la tête pour chasser ses pensées et descendit au rez-de- chaussée. Comme elle s'y attendait, son père était assis sur le seul canapé qui restait dans le vaste salon et lisait un livre. La seule source de lumière provenait du feu de cheminée.
_ Papa ? Demanda-t-elle.
Draco leva tête sur sa fille et referma son livre.
_ Je viens de recevoir la lettre de Poudlard, et... J'aurais besoin d'un livre.
_ Un livre ? Quel genre de livre ?
_ C'est Voldemort. Il demande aux élèves de se procurer un livre de magie noire niveau 5.
En un instant, le visage de Draco s'assombrit.
_ Tu pensais peut-être qu'il m'en restait quelques-uns.
Malika baissa honteusement la tête, et bafouilla un « oui » à peine audible.
_ Et bien non, je les ai tous brûlés. Tu t'en procureras un sur le chemin de Traverse.
La jeune fille hocha la tête et remonta dans sa chambre sans ajouter un mot. Il était inutile d'augmenter la tension qui régnait à présent dans la pièce.
Draco, quant à lui, ne rouvrit par son livre. Il garda les yeux fixés sur le feu tout en se mordillant les doigts. Il était préoccupé par l'avenir de sa fille. Voldemort avait déjà remanié le programme scolaire à sa façon, et ça même Dumbledore n'avait rien pu y faire. Les cours de défense contre les forces du mal avaient été tout bonnement supprimés, pour être remplacés par un apprentissage assidu à la magie noire. Quant aux autres matières, les programmes avaient été modifiés en conséquence. Les enchantements n'étaient plus aussi bons enfants, les révolutions gobelines n'avaient plus leur place dans l'histoire de la magie, où l'on étudiait désormais la vie et les actes des plus terribles mages noirs, et il en était ainsi pour tout le reste. Seul le Quidditch permettait aux élèves de se détendre et d'oublier un peu ces temps si durs, et Dumbledore avait heureusement su garder quelques-uns des professeurs originaux, parmi lesquels Severus Rogue et Minerva McGonagall. Mais à présent Malika allait aussi avoir accès à un livre de magie noire, les plus dangereux. Jusqu'où cela irait-il ? Draco savait que sa fille était responsable, et il l'avait suffisamment mise en garde contre les pratiques des mages noirs. Mais en tant que père, il ne pouvait s'empêcher de se faire du souci. N'avait-il pas lui-même suivi un certain temps les idéaux de Voldemort ?
Non sans mal, il releva sa manche gauche et grimaça. Elle était là, et le serait toujours. Cette marque des ténèbres gravée sur son bras était pour lui comme une punition pour tout le mal qu'il avait fait autour de lui. Elle brûlait plus ou moins intensément jours et nuits. Régulièrement, Voldemort jouait avait lui et le rappelait à l'ordre. Dans ces instants, la douleur devenait si forte que Draco devait se mordre les lèvres jusqu'au sang pour ne pas hurler.
Et pourtant il avait été tellement fier lorsqu'il était devenu mangemort. Il se souvenait encore parfaitement de son excitation devant le Seigneur des Ténèbres, et de la lueur dans ses yeux lorsqu'il lui avait imposé cette marque répugnante.
Draco poussa un cri de rage et remit violemment sa manche en place. La simple évocation de ce souvenir le remplissait de haine. Envers lui-même tout d'abord, mais aussi envers Lucius Malefoy, son père, qui l'avait entraîné avec lui au plus bas. Il n'avait pourtant que 14 ans et s'apprêtait tout juste à entrer en quatrième année. Mais son père lui avait tellement dit de bien du monde des mages noirs, pour lui c'était un monde facile et puissant, qu'il l'avait cru naïvement. La descente aux enfers avait alors commencé. Il lui avait appris à se battre, à exiger le meilleur de lui-même et des autres, et donné le goût du pouvoir. Lorsqu'il s'était enfin aperçu qu'il avait pris le mauvais chemin, il était trop tard, le mal était déjà fait.
Draco consulta furtivement sa montre. Il était déjà minuit passé et il commençait à ressentir les effets de la fatigue. Il monta à l'étage et jeta un coup d'?il dans la chambre de Malika. Elle s'était endormie toute habillée et n'avait pas éteint les bougies. Draco ramassa la liste des fournitures et la parcourut rapidement des yeux. Cela n'eut pour effet que de lui arracher un soupir. Il souffla sur les bougies, ferma la porte, et regagna sa chambre, adjacente à celle de sa fille. Comme tous les soirs, il eut du mal à trouver le sommeil, et comme toutes les nuits, il fut agité de cauchemars.
Le lendemain matin, Malika sa réveilla dès que l'aube pointa à l'horizon. Les étoiles disparaissaient peu à peu, et le bleu de la nuit se teintait de rouge et de jaune. La jeune fille rangea ses dernières affaires dans les caisses, et les téléporta jusque dans l'entrée à l'aide d'un sortilège qu'elle avait appris au cours de sa troisième année. Elle se rendit ensuite dans la cuisine, où Selky, leur elfe de maison, s'affairait déjà à préparer le petit déjeuner.
_ Malika est déjà réveillée ? Demanda-t-il en ouvrant de grands yeux ébahis. Mais Selky n'a pas fini de préparer le petit déjeuner !
Il se mit à courir en tout sens, affolé, pour achever son travail.
_ Calme-toi Selky, dit Malika en souriant. Je peux attendre.
Mais Selky se précipita pour offrir une chaise à sa maîtresse et posa une assiette et des couverts sur la table. Quelques instants plus tard, il déposait des ?ufs brouillés et des tartines dans son assiette.
_ Merci Selky.
Malika entama son petit déjeuner en silence, en essayant d'imaginer à quoi ressemblerait sa nouvelle maison. Son père fit irruption dans la pièce à cet instant là.
_ Bonjour maître ! S'empressa de saluer Selky.
_ Bonjour, répondit Draco.
Il déposa un baiser sur le front de sa fille et s'assit en face d'elle :
_ A quoi penses-tu ? Demanda-t-il tandis que le petit elfe déposait une assiette pleine devant lui.
_ A notre future maison.
_ Tu verras, elle sera aussi grande que celle ci.
_ J'imagine qu'elle est déjà protégée avec une quantité impressionnante de sortilèges.
_ C'est une question de sécurité.
Cette « sécurité » dont il parlait si bien, n'avait pourtant pas pu sauver sa mère... Deux ans auparavant, alors que Malika était déjà rentrée à Poudlard, Voldemort était parvenu à débusquer leur maison. Le hasard avait voulu que Draco soit absent le jour où le drame était advenu. Nelly lisait paisiblement dans le salon lorsque les mages noirs avaient forcé la porte. Elle était seule, ils étaient dix, et ils l'avaient lâchement assassinée. A son retour, Draco s'était effondré en voyant la marque des ténèbres flotter au-dessus de la maison. Le corps de Nelly était resté étendu sur le sol, la face contre terre, les yeux encore ouverts et la bouche légèrement entre-ouverte. Sa baguette était encore dans sa main, signe qu'elle s'était battue. Draco n'avait pas hésité une seconde. Il avait rempli deux valises, pris le corps de Nelly dans ses bras, et avait transplané aussi loin qu'il le pouvait. Malika avait appris la nouvelle le lendemain. Dumbledore avait accepté de recevoir discrètement Draco pour qu'il la lui annonce. Cette perte fut une catastrophe, aussi bien pour Draco que pour Malika. Draco s'était renfermé sur lui-même, ne souriait plus, et vivait dans la seule crainte de voir sa fille disparaître à son tour, et Malika avait tout simplement été privée de l'amour de sa mère.
_ Et pour... L'emplacement, ajouta-t-elle, tu peux m'en dire plus.
_ Je me contenterai de te dire qu'on se rapproche de Londres.
Malika poussa un soupir et avala sa dernière bouchée de tartine avant de quitter la table. Selky s'employa sans attendre à ôter son couvert et commença à le nettoyer. Avant que la jeune fille ne quitte la pièce, Draco l'avertit :
_ Si tu es prête, nous partirons dès que j'aurais fait transplané les derniers meubles.
_ Ma chambre est vide, je n'ai plus rien à faire.
Pour tout commentaire, Draco hocha la tête. Malika en déduit que la conversation était terminée. Elle remonta donc dans sa chambre, sans trop savoir pourquoi puisqu'elle n'avait plus rien a y faire. Elle se contenta donc de s'allonger sur le sol et de savourer avec nostalgie ses derniers instants dans sa maison. Finalement, elle ne voyait pas pourquoi elle était si triste de la quitter, puisqu'elle n'y avait passé que les vacances. Mais c'était le seul endroit où elle s'était sentie bien cette année là. A Poudlard, tout le monde la détestait, y compris les futurs partisans de Voldemort puisqu'ils savaient bien que son père avait quitté ses rangs. Elle ne leur en voulait pas tellement à eux : ils étaient tous particulièrement répugnants à ses yeux et ne désirait absolument pas entamer avec eux de relation amicale. En revanche, elle en voulait énormément à tous ses autres camarades de classe, qui la détestaient pour l'« autre » raison, pour l'erreur que son père avait commise. Jamais elle n'avait rien fait qui aurait pu laisser supposer qu'elle admirait le Seigneur des Ténèbres et ne s'était jamais montrée désagréable envers quiconque. Et pourtant, cela n'empêchait pas les élèves des autres maisons de la regarder avec dégoût. Certains Gryffondors se montraient même particulièrement blessants. Evidemment, le fait que le choixpeau magique l'ait envoyé chez les Serpentards n'avait rien arrangé. Mais c'était dans sa nature : elle était ambitieuse, pleine de volonté et le pouvoir l'attirait, bien qu'elle connaisse parfaitement ses limites. Mais seulement, pour la majorité des élèves de Poudlard, appartenir à la maison Serpentard signifiait forcément que l'on se destinait à une carrière de mangemort. Et être la fille de Draco Malefoy et bien... C'était encore pire que d'être la fille d'un partisan puissant et fidèle de Voldemort. Cette antipathie de la part des élèves lui avait fait détester l'école, plus encore que les leçons qu'on y apprenait et chaque année à la rentrée, lorsque tous partageaient la joie de se retrouver, elle subissait une véritable torture. Les vacances restaient donc le seul moment de l'année où elle se sentait tranquille et aimée. Et pour une fois elle se sentait chez soi. C'était sans doute pour cette raison qu'elle ne désirait surtout pas quitter sa maison.
Elle commençait un peu à somnoler lorsque la voix de son père résonna dans toute la maison :
_ Malika ! On va y aller !
Ces seuls mots la tirèrent de ses rêveries. Elle se leva et contempla une dernière fois sa chambre. Ce n'était plus qu'une pièce vide et froide. Elle soupira et sortit en refermant doucement la porte. Au bas des escaliers, son père leva la tête et sourit :
_ Tout est parti dans notre nouvelle maison. On peut y aller.
Dans le salon, il n'y avait plus rien qui pouvait laisser supposer que quelqu'un avait vécu là toute une année.
_ A qui as-tu vendu ? Demanda Malika.
_ A un couple de vieux sorciers.
_ Et sous quel nom ? Ajouta la jeune fille.
_ Falemoy. J'ai pensé qu'ils ne feraient pas le rapprochement.
_ Peut-être que Voldemort le fera...
_ De toute façon, ce couple n'a aucune chance de découvrir où nous nous rendons. Ils ne représentent pas de grand intérêt pour Voldemort.
_ Si tu le dis...
Ils quittèrent la maison et Draco ferma à clef derrière eux. Une petite brise les accueillit devant la porte d'entrée :
_ Et bien, ça sent la fin de l'été, dit Draco.
Il s'empara du balai et grimpa dessus et Malika monta derrière lui. Il marmonna un sort d'invisibilité et tous deux s'élancèrent dans le ciel. Vue d'en haut, leur maison paraissait plus grande encore qu'elle ne le l'était. Malika se détourna de cette vue et tenta de penser à autre chose. Son père et elle survolèrent de nombreux villages et de grandes plaines à une vitesse vertigineuse. Leur balai, un Tempête 2000, était l'un des plus rapide sur le marché. Pas autant néanmoins que le Tempête 3000. Lorsque enfin ils arrivèrent en vue de Londres, près de deux heures plus tard, Draco pointa quelque chose du doigt :
_ Regarde, dit-il, c'est par-là.
En dessous d'eux, il y avait un petit hameau de villas, dont une se situait un peu plus haut sur une colline, et semblait bien plus grande que les autres.
_ C'est celle là ? Demanda Malika.
_ Oui, c'est la plus grande.
Ils commencèrent leur descente jusqu'à la maison. Plus ils approchaient, plus elle semblait grande. Afin de se cacher des regards (être invisible ne signifiait pas qu'ils devaient manquer d'attention), ils atterrirent derrière la maison. Draco les débarrassa de leur sort d'invisibilité et indiqua à Malika la porte d'entrée. Sur le porche, Draco avait déjà installé une table en bois et quelques chaises, et même des fleurs sur les fenêtres. Cette vue réussit à arracher à Malika un sourire. Cela sembla réchauffer le c?ur de Draco :
_ Ça te plait ?
_ C'est très joli, répondit sincèrement la jeune fille.
_ Je n'ai pas commencé à aménager l'intérieur, mais je me suis dit que ça te plairait qu'on le fasse tous les deux...
Il ouvrit la porte devant elle et la laissa entrer. La maison était immense. L'entrée même était d'une taille impressionnante, et Malika devina qu'il devait en être de même pour toutes les autres pièces.
_ Il y a des meubles un peu partout, s'excusa Draco, mais on devrait arranger ça en quelques jours.
Les meubles étaient en effet disposés un peu n'importe comment, mais Malika n'y fit pas attention. Tout ce qui importait pour elle, c'était la taille de cette pièce, et la hauteur du plafond. Un escalier en bois montait vers le premier étage dont on voyait le couloir puisqu'il n'avait pas de cloison. La rambarde qui la remplaçait était en bois de rose et d'ébène, et le parquet était lui aussi fait de cet alliage. Les murs se déclinaient du blanc à l'ocre, et semblaient comme neufs.
_ Je me suis peut-être trompé, dit Draco. Elle doit être plus grande que l'ancienne.
« Sûrement... » songea Malika.
_ Il y a quatre chambres à l'étage. Tu n'as qu'à choisir la tienne, et tu pourras commencer à monter tes affaires.
_ Je préfère visiter un peu d'abord...
_ Fais comme il te plaira.
Malika se hâta donc de partir à la découverte de toutes les pièces. Elles étaient encore toutes vides, mais elle les trouvait déjà toutes plus belles les unes que les autres. Au rez-de-chaussée, il y avait, outre le grand hall d'entrée qui pouvait parfaitement servir de salle de réception (si seulement ils avaient quelqu'un à recevoir...), il y avait un grand salon avec une cheminée, une pièce moyennement grande où son père avait déjà installé les cartons de livres et qui servirait donc de bibliothèque, une salle à manger, une grande cuisine où Selky s'affairait déjà à ranger les couverts et une pièce toute simple qui deviendrait certainement le bureau de son père. L'étage quant à lui, était composé de quatre chambres et de deux salles de bain, et d'une haute pièce circulaire, visiblement une volière. Malika sourit en songeant que cette pièce était sans aucun doute l'?uvre d'un sorcier, et non d'un moldu. La jeune fille choisit la chambre la mieux exposée, et d'où elle avait une vue sur le petit hameau en contrebas. Lorsqu'elle redescendit, son père commençait déjà à installer quelques meubles dans l'entrée.
_ A ton avis, dit-il en la voyant descendre, je mets ce meuble à côté de la porte d'entrée ou de celle du salon ?
_ Près de l'entrée, répondit immédiatement Malika.
Draco ne discuta pas, toucha le meuble et transplana avec lui jusqu'à l'entrée. Malika hocha la tête, contente du résultat, et aida son père à installer la maison. Son c?ur s'était un peu réchauffé depuis le matin. Elle était avec son père, la seule personne qu'elle aimait, l'été n'était toujours pas terminé, et elle commençait à espérer qu'elle parviendrait peut-être à se reconstruire un peu elle-même dans cette maison...
Nora Weasley poussa un juron et jeta sa baguette magique à travers la pièce. Ron, son père, qui avait choisi cet instant précis pour rentrer dans la pièce, lança à sa fille un regard désolé.
_ Ce sont ces devoirs de vacances, marmonna-t-elle comme pour s'excuser. Hassell nous a donné des dizaines de pages à étudier. Non seulement c'est difficile, mais en plus je n'ai aucune envie d'apprendre ces horreurs.
_ Je comprends Nora, et je suis désolé.
_ Et dire que tu te plaignais de Rogue ! Mais Rogue est une perle à côté de Hassell ! Ce professeur me répugne. Même les autres professeurs le détestent ! Je mettrais ma main à couper que c'est un mangemort. Sinon il n'enseignerait pas la magie noire...
_ J'étais persuadé que Rogue en était un aussi. D'ailleurs il l'a été.
_ Peut-être, mais Hassell ! Ajouta-t-elle avec fureur. Je te jure que quand j'aurai appris le sort d'Avada Kedavra je le tuerai !
_ Ne dis pas ça... Dit-il tristement. Tu serais immédiatement condamnée à mort...
Nora plongea ses yeux dans ceux de son père. Il avait l'air tellement sincère ! Elle ne voulut pas l'inquiéter davantage et ajouta en souriant tristement :
_ Je vais demander à Sam. Studieux comme il est, il a peut-être terminé.
_ Tout comme sa mère... Murmura Ron en souriant.
Elle s'apprêtait à sortir de la pièce, mais son père l'arrêta sur le pas de la porte :
_ Nora, je ne veux pas t'embêter avec ça, mais puisque tu parles de travail, je me demandais où tu en étais de ton apprentissage.
_ Ça avance. J'ai déjà appris un bon nombre de sorts.
Ron hocha la tête et sourit, satisfait de la réponse :
_ Tu progresses vite, je suis fier de toi.
Nora rougit, caractéristique qu'elle avait hérité de son père, et quitta la pièce. Ses parents avaient absolument tenu à ce que son frère jumeau Sam et elle apprennent quelques sorts autres que ceux qu'ils apprenaient en cours de magie noire. Ils envisageaient même de faire d'eux des animagi lorsqu'ils auraient un peu grandi. Clandestinement, bien entendu, le ministère, composé exclusivement des pires mages noirs, n'aurait jamais accepté que des enfants, qui plus est des Weasley, ne fassent cet apprentissage. Mais selon eux, c'était une nécessité. Eux-mêmes étaient devenus animagi dès que la situation avait commencé à se détériorer. Nora les admirait, et les considéraient même comme des modèles, tut comme le reste de la famille Weasley d'ailleurs. Tous ses oncles et tantes, ainsi que ses grands-parents, lui inspiraient le plus grand respect. Certains avaient même perdu la vie en résistant. Parmi eux, Percy, le grand frère de Ron. Il avait enfin réussi à obtenir un poste haut-placé au ministère lorsque Voldemort s'était imposé au pouvoir. Il avait tenté de se battre, mais le Seigneur des Ténèbres l'avait remplacé par l'un de ses fidèles. Percy n'avait pas discuté trop longtemps, sachant que son obstination risquait de le faire tuer, mais il s'était promis de se battre pour ramener l'ordre et la paix. Il l'avait fait et avait rejoint un groupe de résistants, auquel appartenait d'ailleurs toute la famille Weasley, les parents de Nora y comprit. Seulement il avait été tué, comme beaucoup d'autres, lors d'une mission. Nora l'avait à peine connu, mais pourtant elle se sentait proche de lui et admirait sa mort. C'est ainsi qu'elle voulait disparaître, elle aussi, en se battant.
Elle monta à l'étage et toqua à la porte de son frère. Sam était en train de feuilleter un magazine sorcier dans lequel il était question des derniers modèles de balai. Nora jeta un coup d'?il par-dessus son épaule et constata que son frère avait entouré par trois fois le Tempête 3000, dernier-né des balais.
_ Dommage qu'il coûte si cher... Soupira-t-il
_ Tu n'auras qu'à le demander à Noël, si toute la famille se cotise...
Sam haussa les épaules et se tourna enfin vers sa s?ur :
_ Au fait, tu voulais me dire quelque chose ?
_ Juste si tu avais terminé le devoir de Hassell.
Au nom de Hassell, Sam eut une grimace de dégoût :
_ Il y a encore un sort que je ne maîtrise pas, le reste est fait. Pourquoi ?
Nora s'affala sur le lit et soupira :
_ Pour rien en fait, je crois que je ne vais pas faire ses devoirs finalement. A quoi bon ?
_ Tu sais aussi bien que moi que Hassell est un tyran. Même Dumbledore a du mal à le contrôler. Tu sais ce que tu risques si tu ne fais pas ses devoirs.
La jeune fille hocha la tête et ajouta fermement :
_ Je n'ai pas à obéir aux ordres d'un mangemort.
« Si, justement » pensa tristement Sam. Il était habitué aux sautes d'humeur de sa s?ur. Il savait que ça ne durait jamais, et que dans ces moments, il était inutile de la contre-dire. Comme son père. Sam, lui, était plus réfléchi. Même s'il méprisait plus que tout les pratiques des mages noirs, il travaillait consciencieusement et rendait des devoirs bien souvent parfaits : le portrait exact de sa mère, Hermione née Granger. En revanche, malgré leurs caractères très différents, ils étaient presque semblables physiquement. Tous deux avaient hérité des yeux gris de leur mère et des cheveux roux de leur père. La seule différence notable, c'est que Nora les portait longs et la plupart du temps noués, et Sam courts, bien qu'ils aient tendance à s'ébouriffer, comme ceux de sa mère.
_ Fais comme tu veux, dit-il, mais si tu changes d'avis, je peux toujours t'aider.
_ Je ne changerai pas d'avis, répondit Nora en hachant ses mots.
Mais Sam en doutait fort. Pour mettre fin à leur conversation, un hibou d'un noir de jais claqua son bec contre le carreau de la fenêtre. Le jeune sorcier alla lui ouvrir, le déchargea de ses lettres, et le laissa repartir.
_ Lettres de Poudlard ? Demanda Nora avant d'avoir vu l'enveloppe.
Pour toute réponse, Sam tandis à sa s?ur la sienne. Elle ne s'était pas trompée, l'enveloppe portait en effet le seau de Poudlard. Elle s'empressa de la décacheter et la lue attentivement :
« Mademoiselle Weasley, Sachez que cette année la rentrée se fera le 1er septembre, et que le Poudlard Express quittera la gare de King Cross à 11 heures précises. Vous êtes également invités à vous procurer les fournitures demandées sur la liste ci-jointe. Prenez aussi note que tous les élèves de cinquième année sont amenés cette année à étudier un grimoire de magie noire niveau 5 d'ici le début de l'année, selon les nouvelles directives imposées par Lord Voldemort. Par ailleurs, je tiens à vous informer qu'une nouvelle matière sera au programme cette année. Il s'agit de l'option défense contre les forces du mal. Cette matière ayant été interdite par la loi, il est bien entendu formellement interdit de divulguer l'information autour de vous, et il est indispensable de faire preuve d'une discrétion totale, y compris au sein de l'établissement : Certains professeurs pourraient s'y opposer et nous livrer à Voldemort. Bien entendu, seul un certain nombre d'élèves sont invités à participer à cette option, et j'ai l'honneur de vous annoncer que vous faites partie de ceux-là. Tous les élèves n'étant pas au courant de ces nouvelles mesures, je vous répèterais donc de ne pas en parler autour de vous. Avec mes respects, Minerva McGonagall »
Nora leva des yeux ronds sur son frère. Ce-dernier venait lui aussi de finir la lecture de sa lettre.
_ Tu... Toi aussi ? Demanda-t-elle.
_ Je crois oui...
_ Incroyable ! Siffla-t-elle.
Sam acquiesça par un hochement de tête.
_ Dumbledore est incroyable... Je n'en reviens pas qu'il ait pu créer cette nouvelle matière sans éveiller les soupçons de Voldemort !
_ Et qu'il nous ait choisi ! Ajouta Nora enthousiaste.
_ On va enfin apprendre quelque chose d'intéressant...
_ Et qui pourra nous servir. Pour ma part je ne compte pas réutiliser les formules de magie noire !
Ils ne trouvaient pas les mots pour exprimer leur joie. Cela faisait plus de 20 ans que le cours de défense contre les forces du mal avait été supprimé du programme. Nora et Sam avaient toujours envié leurs parents d'avoir eu accès à cette matière dans leur enfance. Pouvoir enfin recevoir ce genre d'éducation était tout simplement une chance incroyable.
Lorsqu'ils mirent Ron et Hermione au courant, leurs visages s'illuminèrent, et ils tinrent à peu près les mêmes paroles que leurs enfants. Mais Hermione, fidèle à elle-même, trouva tout de même dans la lettre de quoi broncher :
_ Un livre de magie noire niveau 5 ? Ces grimoires sont particulièrement dangereux...
Nora reprit la lettre et l'examina en fronçant les sourcils :
_ Je n'avais pas fait attention. J'imagine qu'on n'a pas ce genre de livre à la maison.
_ Non, évidemment, vous vous en achèterez un sur le chemin de Traverse. Vous pourrez toujours l'étudier dans le Poudlard Express, et si ce Hassell trouve quelque chose à redire, il aura affaire à moi.
Les jumeaux échangèrent un regard complice et sourirent. Ce n'était pas l'habitude de leur mère que de lésiner le travail ! Hermione consulta alors l'horloge accrochée au mur et annonça :
_ Bien, je crois qu'il est temps d'y aller, j'espère que vous avez terminé vos valises.
_ Elles sont dans l'entrée, répondit Sam.
_ Tant mieux, on a plus qu'à appeler le Magicobus.
Ron et elle fermèrent les derniers volets, sortirent les valises et quittèrent la maison, les enfants à leur suite. Ron, par mesure de précaution, lança un sort de protection à la maison, de sorte que tout mangemort qui s'en approche soit aussitôt pris d'une envie irrésistible de glace à la fraise, et s'éloigne afin d'en acheter une. Il y avait trop d'informations importantes concernant l'organisme pour lequel travaillaient Ron et Hermione dans la demeure pour se permettre de la laisser sans protection. Mais il n'y avait rien à craindre. Les Weasley vivaient dans un quartier moldu, et il n'y avait aucune chance qu'un mage noir ne passe par ici.
Lorsqu'ils furent dans la rue, ils patientèrent quelques instants et quand elle fut entièrement vide, Hermione fit un geste précis avec sa baguette et aussitôt le Magicobus apparut sous leurs yeux. La porte s'ouvrit et un homme d'une quarantaine d'années, le visage couvert de cicatrices, signe qu'il avait souffert d'acné dans sa jeunesse, en sortit :
_ Bonjour ! Je suis Stan. Bienvenue dans le Magicobus. Faîtes un signe avec votre baguette magique et montez, montez, nous vous emmènerons où vous voudrez.
_ Oui, c'est ça... Murmura Ron en jetant des regards inquiets autour de lui.
Stan les aida à monter leurs valises et toute la famille s'installa au fond du bus. Un vieux sorcier dormait dans un lit tout proche et grogna lorsque la chouette des jumeaux s'agita dans sa cage.
_ Alors, où on vous dépose ?
_ Au Terrier, répondit Ron.
_ Pour vous tous, ça vous coûtera quarante huit mornilles. Ajoutez en quatre chacun, et je vous apporte un jus de citrouille bien frais. Pour cinq de plus, vous...
_ Ça ira, coupa sèchement Ron. C'est une rue pleine de moldus ici, vous devriez démarrer. Ils ont suffisamment peur des sorciers comme ça.
Stan, vexé, repartit et dit à Ern, le conducteur, de démarrer.
_ C'est étonnant que Voldemort n'ait pas mis de mangemort aux commandes du Magicobus, remarqua Sam en regardant Stan s'éloigner.
Nora haussa les épaules :
_ Il faut bien laisser quelques métiers aux sorciers normaux. Les fidèles ont déjà tous les postes importants.
_ C'est juste qu'il doit y avoir un certain nombre de sorciers en cavale qui ont dû faire appel au Magicobus...
_ Ne t'inquiètes pas, intervint Hermione en murmurant. Le chauffeur est un grand froussard et vit sous la menace constante de Voldemort. Il a trop peur de lui déplaire et de se faire tuer, alors il dénonce tous les hors-la- loi qui passent par-là.
Nora jeta un regard de dégoût à Ern :
_ Il agit comme un mangemort finalement.
_ Non, il a peur. Si tu savais combien de sorciers agissent comme lui... Ajouta Hermione dans un soupir.
_ Ce n'est pas comme ça qu'on va se débarrasser de Voldemort...
_ Je ne te le fais pas dire...
Le voyage ne fut pas très long. Lorsque le Magicobus s'arrêta et que Stan annonça le Terrier, la famille Weasley se leva et ramassa ses affaires. Dehors, Nora se frappa la tête et retourna à l'intérieur du bus :
_ Je reviens, j'ai oublié mon pull.
Elle marcha jusqu'au fond du bus et regarda sous son siège. A cet instant, elle sentit une main lui tapoter l'épaule. Elle se retourna vivement et vit que le vieux sorcier qui avait dormi tout le voyage se tenait à présent assis et lui tendait son pull :
_ Merci, dit-elle en souriant.
_ De rien.
Nora s'apprêtait à ressortir, mais le vieux sorcier la rappela :
_ Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, dit-il, mais à votre place, je ne parlerais pas si fort de Voldemort, surtout en présence d'un inconnu.
La jeune fille sentit son coeur faire un bond dans sa poitrine. Le vieil homme dut s'en apercevoir puisqu'il ajouta en riant :
_ Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas adepte de la magie noire ! Ce que je voulais dire, c'est que j'aurais très bien pu en être un. Et si j'avais été particulièrement vicieux et bien...
_ C'est gentil de me prévenir, dit Nora, je ferai attention à l'avenir.
De nature curieuse, elle ne put s'empêcher de demander :
_ Où vous rendez-vous ?
_ A Poudlard.
Elle ouvrit des yeux ronds, mais ne put demander davantage de renseignements car Stan la pria de descendre. Un sorcier venait de faire appel au Magicobus à quelques kilomètres de là. Elle obéit donc à regret et sortit en saluant le vieux sorcier.
_ Ce n'est pas trop tôt ! Dit Sam en la voyant ressortir.
_ Bien, le Terrier est à cent mètres, prenez vos valises et on y va.
De là où ils étaient, ils pouvaient déjà voir la bâtisse de leurs grands parents. Pour Ron, cette maison évoquait beaucoup de souvenirs puisqu'il y avait passé toute son enfance. Lorsque enfin ils parvinrent devant la porte, Molly Weasley vint leur ouvrit et les accueillit à bras grands ouverts :
_ Enfin ! Vous voilà ! Oh ! Et comme les enfants ont grandi !
Elle les embrassa tous et les fit entrer dans la maison. Ça faisait bien longtemps qu'ils n'étaient pas venus, les déplacements étant devenus plus difficiles sous le règne de Voldemort, et l'emploi du temps de Ron et Hermione étant chargé.
_ Les autres ne sont pas encore là ? Demanda Ron.
_ Oh, si ! Ils sont dans le jardin en train de mettre la table. Allez les retrouver, j'ai presque fini de préparer le déjeuner.
Tous quatre rejoignirent donc le reste de la famille dans le jardin. La table était mise, et Fred et George étaient en train de se battre amicalement à coup de sorts un peu loufoques, au plus grand bonheur des plus jeunes.
_ Regardez qui voilà ! S'écria joyeusement Angelika Johnson, la femme de George.
_ La petite famille ! Dit Fred dont la peau commençait à jaunir sous son épaisse couche de poil bleu.
La dernière fois qu'ils s'étaient vus remontait à bien longtemps, et les retrouvailles furent joyeuses. Ils s'abstinrent juste de saluer Fred et George de trop près, tant leur apparence était devenue étrange.
_ C'est normal, dit George, ça fait bien dix minutes qu'on se bombarde de sorts ! On commençait sérieusement à s'inquiéter que vous ne veniez jamais !
Tous éclatèrent de rire.
_ Papa, tu exagères, dit Léa en souriant. Et d'ailleurs, tu devrais t'enlever toutes ces. Rayures et autres... Trucs, ajouta-t-elle en le désignant du doigt.
Léa était une énigme pour toute la famille. D'abord elle ne ressemblait à personne sinon à sa mère de qui elle avait hérité sa peau noire, mais elle était aussi la plus calme et la plus responsable des sept petits-enfants Weasley, alors que son père en était en tout point l'opposé. Elle avait même été nommée préfète chez les Serdaigles. D'ailleurs elle était la seule de la famille à ne pas appartenir à la maison Gryffondor. En entendant sa fille parler de la sorte, George ne put s'empêcher de secouer la tête :
_ J'ai beau tout essayer... Je ne la changerai jamais...
_ Tu devrais plutôt t'en réjouir, remarqua Molly Weasley en amenant les plats sur la table, elle a mieux réussi ses BUSE que toi ! Allez, à table tout le monde !
Toute la famille s'installa autour de la table avec joie et huma les mets qu'avait préparés Molly.
_ Ça a l'air délicieux maman, dit Fred en s'asseyant.
_ Ah, non ! S'écria-t-elle aussitôt, tu ne passes pas à table avec cette apparence ! George et toi me feraient un plaisir de changer tout ça !
Avec un sourire, les jumeaux prononcèrent une formule qui conjurèrent aussitôt tous les sorts qu'ils s'étaient lancés.
_ Bien, annonça alors Molly Weasley. Je vous ai fait un potage de citrouille, suivi de côtelettes d'agneau et de pommes de terre. Et pour le dessert, j'ai fait une petite tarte aux pommes et au miel.
_ Sa spécialité ! Murmura Larry, le fils aîné de Charlie et sa femme Louisa, à l'oreille de Nora.
_ Ma spécialité, ajouta alors Molly, ce qui déclencha un rire discret chez Nora et Larry. Mais servez-vous avant que ça refroidisse !
Chacun se servit d'une cuillère de soupe. Molly Weasley avait l'habitude d'en faire, et c'était toujours un délice. Le reste du repas fut tout aussi bon. Du côté des enfants, les discussions tournaient autour des vacances et de la rentrée toute proche. Tous les professeurs reçurent leur lot d'insultes ! En revanche, du côté des adultes, les conversations étaient plus sérieuses et pour la plupart concernaient l'organisme auquel appartenait toute la famille. Néanmoins, ils laissaient quelques blancs dans leur récit. Sans doute souhaitaient-ils cacher quelques épisodes aux enfants.
Lorsque enfin on passa au dessert, le gâteau fut accueillit avec la plus grande joie. Tout le monde se servit une part particulièrement grosse et la mangea en complimentant Molly. C'est alors qu'il y eut un gros 'pop' et Philip, le jeune fils de Neville et Ginny Londubat qui s'apprêtait à entamer sa scolarité à Poudlard, se transforma instantanément en poussin. Tout le monde explosa de rire, mise à part Molly qui, fidèle à elle-même, jeta un regard foudroyant à George et Fred. Lorsque Philip reprit son apparence normale, quelques secondes plus tard, Fred sortit une carte de sa poche et la tendit au garçon :
_ 'Facétieuses farces et attrapes, Weasley et Cie', à ton service !
_ Désolé, ajouta George, on ne savait pas sur qui tomberait le sort, on n'en a mis que dans une part.
_ Pour avoir moins de chance de tomber sur maman... Murmura Fred un sourire aux lèvres.
_ Fred ! George ! S'indigna Molly. Vous devriez avoir honte ! A votre âge !
Mais Fred et George ne faisait pas le moins du monde attention aux paroles de leur mère. D'ailleurs, maintenant qu'ils avaient crée leur propre boutique de farces et attrapes, cette dernière se montrait même un peu moins agacée par leur comportement. Même Philip, les joues rouges de honte, les félicita pour leur trouvaille :
_ C'est bien trouvé... Mais quand même, vous auriez pu prévenir.
_ Justement non ! C'est la toute la subtilité de notre ?uvre ! Dit George en prenant un ton outré.
Cette petite farce permit aux adultes de taire leurs tristes conversations et de s'intéresser à des choses plus amusantes. Jusqu'à la fin du repas, les discussions tournèrent donc autour de la nouvelle boutique des jumeaux, et de quelques-unes de leurs anecdotes. C'était autrement plus drôle, et Dieu sait combien on avait besoin de rire en ces temps difficiles.
Après le déjeuner, Hermione, Ron, Sam et Nora montèrent leurs affaires à l'étage. Hermione et Ron avaient une chambre pour eux, et Nora et Sam s'installaient avec Léa, Philip et son grand frère Thomas, qui rentrait en deuxième année. Le Terrier était peut-être une grande maison, il était tout de même difficile de tenir à tant de personne. Mais la joie de se retrouver faisait oublier cette petite contrainte ! Les enfants prévoyaient déjà de longues conversations pour le soir !
Lorsqu'ils eurent installé leurs affaires, Sam sortit son magazine de Quidditch et le feuilleta avec tous les garçons présents au Terrier. Tous, sans exception, s'extasièrent devant la photo mouvante du Tempête 3000 :
_ Il paraît qu'il surpasse largement la vitesse du Tempête 2000, dit Larry.
_ Et qu'il remonte automatiquement lorsqu'on est sur le point de toucher le sol, très pratique pour le Quidditch ! Renchérit Bill, l'aîné de la fratrie Weasley, et le seul, avec Fred, à toujours être célibataire
_ Les poursuiveurs et l'attrapeur de l'équipe d'Ecosse s'en sont déjà tous procurés un, informa Larry.
_ Pas étonnant qu'ils soient en tête du championnat ! Dit Arthur.
Nora, qui ne s'intéressait au Quidditch que parce que c'était la seule chose qui la faisait oublier le régime de Voldemort, ne participait pas à la conversation. Elle préférait discuter « entre filles » avec ses cousines Léa et Jane, la fille de Charlie et Louisa et élève de septième année et préfète en chef chez les Gryffondors.
_ Et bien, soupira-t-elle en regardant tour à tour ses deux cousines, on dirait que je suis la seule fille de la famille à ne pas être devenue préfète...
_ Mais non, la rassura Léa. Maman ne l'a jamais été.
Nora sourit au ton de sa remarque :
_ Ne t'inquiète pas, ça ne m'embête pas du tout. Au contraire ça me consterne de voir qu'il y a tant de préfets dans la famille !
Pour tout commentaire à sa remarque, Jane envoya un coussin à la tête de sa cousine, qui éclata de rire.
_ Pour changer de sujet, reprit-elle lorsqu'elle fut calmée. Vous avez reçu vos lettres de Poudlard.
Jane et Léa échangèrent un regard étrange.
_ Oui, répondit tout simplement Léa.
Elle n'en ajouta pas plus, mais Nora sentit bien qu'elle lui cachait quelque chose.
_ Et alors ? Persista-t-elle.
_ Et bien. On a notre liste de fourniture et...
_ C'est tout ?
Léa lança à nouveau un regard à Jane et poursuivit :
_ Pourquoi ? La tienne avait quelque chose de... Spécial ?
_ Peut-être bien...
_ Tu veux dire que toi aussi tu... Enfin McGonagall t'a proposé de...
Jane coupa court à cette conversation qui ne menait à rien et dit tout simplement :
_ Vous allez me rendre folle toutes les deux ! Je crois qu'on à toutes entendu parler des nouveaux cours de défense contre les forces du mal.
Les yeux de Nora et Léa s'illuminèrent :
_ Toi aussi ! S'écrièrent-elles en ch?ur.
_ Chut ! Calma Jane. Je ne pense pas que ça serait bon que les petits soient au courant. Je leur fais confiance, mais ils sont encore petits, ils risquent de répéter ça autour d'eux.
_ Alors comme ça toi aussi tu vas faire partie de ce cours ? Chuchota Léa.
_ Et Sam aussi. Mais je me demande comment on va travailler, on ne nous demande aucun livre.
_ De toute façon, même si on nous en avait demandé un, je me demande où on aurait pu se le procurer ! Ils ont tous été interdits, remarqua Jane.
Nora haussa les épaules :
_ Dumbledore est intelligent. Il aurait pu trouver un moyen.
_ Ne te plains pas, dit Léa. Ça prouve qu'on ne passera pas notre temps le nez dans un livre. On va faire du concret.
Nora ouvrit exagérément les yeux :
_ Mais je rêve ! Léa Weasley ne veut pas passer son temps le nez dans un livre ? Mais dis-moi, ce n'est pas ce que tu fais depuis que tu as appris à lire ?
Léa soupira et foudroya Nora du regard. Jane, qui s'amusait de la situation s'exclama :
_ Je vous le dis, on a dû vous échanger quand vous étiez petites !
Léa et Nora échangèrent un sourire.
_ C'est peut-être vrai... Dit Nora.
Jane ouvrait la bouche pour parler, lorsqu'un cri perçant provenant de la cuisine arrêta net leur conversation :
_ FRED ! GEORGE !! Venez ici immédiatement !!
Les trois jeunes filles se précipitèrent dans la cuisine, intriguées, et éclatèrent de rire à l'instant où elles découvrirent la cause de cette crise d'hystérie de la part de leur grand-mère. Sur le sol, deux poussins piaillaient, et semblaient même très mécontents. Molly, qui trônait au milieu de la pièce était rouge de colère et jetait un regard furibond sur ses deux fils. Eux, en revanche, semblaient s'amuser de la situation.
_ Tiens, c'est bizarre, dit Fred, je pensais qu'on n'en avait mis que dans une part.
_ Tu as dû te tromper ! C'est idiot !
_ Qu'est ce qui te fais dire que ce n'est pas toi qui t'es trompé ?
_ ASSEZ ! S'emporta Molly. Vous allez immédiatement me les remettre à l'état normal !
Les jumeaux jetèrent un regard attendri aux deux poussins qui s'agitaient sur le sol :
_ C'est dommage, ils sont tellement mignons...
_ Et puis c'est de leur faute, ils n'avaient qu'à pas être gourmands. Le déjeuner est terminé depuis longtemps.
_ Je me fiche de savoir s'ils sont gourmands ! Ce n'est pas la question ! Et je ne supporte plus que vous fassiez vos petites expériences sur votre famille !
Nora, Léa et Jane riaient discrètement sur le pas de la porte. Les jumeaux poussèrent un long soupir et demandèrent :
_ Depuis quand sont-ils dans cet état ?
_ Environ une minute.
_ Une minute ? S'étonna George. Il va falloir qu'on revoie les ingrédients de notre potion, ça ne devrait pas être si long.
Les deux poussins s'arrêtèrent net de s'agiter, et s'ils avaient été humains, ils seraient sans aucun doute devenus livides.
_ Dommage, on ne pourra pas la mettre dans le commerce pour la rentrée.
Excédée, Molly hurla :
_ REMETTEZ-LES DANS LEUR ETAT NORMAL IMEDIATEMENT !!
_ D'accord, d'accord...
Fred sortit sa baguette de sa poche et prononça la formule qui ramena les deux malheureux poussins à leur état normal. Apparurent alors sous leurs yeux Ron et Ginny, tous deux aussi rouges de colère que leur mère. Dès que leur bouche furent redevenues fonctionnelles, ils déblatérèrent une quantité d'injures qui n'eurent pour effet que d'arracher un sourire aux jumeaux. Ils s'excusèrent rapidement pour la forme et sortirent de la pièce en riant. Les trois filles cachèrent leurs rires aux deux malheureux, mais y allèrent de mon c?ur lorsqu'ils furent hors de vue.
_ Je trouve que c'est dommage que Grand-mère se comporte ainsi avec Fred et George. On a pourtant bien besoin d'eux et de leurs farces en ce moment, soupira Nora.
_ Parles pour toi ! Dit Léa. Notre maison est un vrai champ de bataille et maman s'arrache les cheveux à chaque fois qu'il invente une nouvelle invention.
_ Ça doit sûrement être plus amusant que chez nous ! Avec maman on passe son temps à travailler et lire ! D'ailleurs ça rend papa complètement fou... Mais j'ai cru comprendre que ça a toujours été comme ça.
Elles discutèrent ainsi tout l'après-midi, comme une vraie famille. C'était bon de se revoir et elles avaient mille choses à se raconter. Léa et Jane furent ainsi mises au courant des dernières trouvailles que les jumeaux n'avaient pas osé raconter à table en présence de leur mère, Jane fit le récit de ses vacances dans leur maison de Roumanie, et Nora se contenta de se plaindre comme elle l'avait toujours fait des professeurs et des cours.
En fin d'après-midi, les garçons proposèrent aux filles une partie de Quidditch dans le jardin. Pas vraiment passionnée par ce sport, elles préférèrent suivre le match en tant que spectatrices. Cela suffit à déclencher chez elles beaucoup d'éclats de rire, rien qu'au choix des équipes. Tous se disputaient Fred et George, anciens batteurs de l'équipe de Gryffondor. Finalement, chaque équipe prit l'un des jumeaux, mais lorsque l'on vit celle de Fred prendre la main, on trouva tout de même le moyen de dire que les équipes n'étaient pas équilibrées. D'ailleurs, pour finir, ce fut tout de même celle de George qui remporta la victoire.
Les jours qui suivirent ressemblèrent à celui-ci. L'ambiance chaleureuse qui régnait dans la famille faisait presque oublier tous les soucis de l'extérieur, et même si les adultes discutèrent de temps à autres de leurs obligations, ils paraissaient très loin de tout ça. Fred et George expérimentèrent encore quelques nouveautés, les garçons disputèrent d'autres parties de Quidditch, et les filles discutèrent encore et encore à n'en plus finir. Si bien que les jours filèrent comme l'éclair, et que l'on se retrouva bien vite à la fin des vacances.
Le Chaudron Baveur était absolument complet en cette veille de rentrée. La famille Weasley avait dû s'y prendre plusieurs semaines à l'avance pour réserver une chambre, et en voyant le monde se presser à la porte, ils ne le regrettèrent pas ! Pour loger toute la famille, deux chambres étaient nécessaires. Et encore, c'était uniquement parce que Hermione était la seule adulte à les accompagner ! Après avoir salué Tom, le propriétaire de l'auberge, la petite famille monta à l'étage pour s'installer. Hermione et les trois filles déposèrent leurs affaires dans la plus grande chambre, tandis que Sam et ses deux petits cousins s'installaient dans la pièce voisine. Ils préférèrent ne pas déballer toutes leurs affaires, afin de ne pas être obligés de tout ranger le lendemain, pour le départ du Poudlard Express. Ils se contentèrent donc de poser leurs valises sur leurs lits et ressortirent de l'auberge, leurs listes de fourniture en main.
Le Chemin de Traverse grouillait d'élèves qui, comme eux, faisaient leurs courses de rentrée des classes au dernier moment. Et comme chaque année, Nora repéra une ombre passer sur le visage de sa mère à l'instant où ils posèrent le pas sur la rue. Elle savait très bien ce que cela signifiait. Elle n'avait jamais connu le Chemin de Traverse tel qu'il l'avait été dans le passé, mais sa mère, elle, était à chaque fois blessée de voir à quel point il avait changé.
Ron et Hermione avaient souvent fait à leurs deux enfants la description de la célèbre avenue telle qu'elle avait été. Il y avait alors la boutique de Monsieur Ollivander, qui avait fourni des générations de sorciers en baguettes magiques, des boutiques d'animaux domestiques en tout genre : Chouettes, hiboux, crapauds, chats et autres petites bêtes affectueuses, des magasins de vêtements, des restaurants à l'ambiance joyeuse, et puis des boutiques d'articles aujourd'hui interdits : livres de défense contre les forces du mal, grimoires de formules contre les mages noirs, objets de magie blanche de toutes sortes... On ne comptait plus tous ce qui avait été supprimé du quotidien des sorciers.
Mais à présent, tout avait changé. Monsieur Ollivander n'était plus et son successeur était de toute évidence un fervent admirateur de Lord Voldemort, les chats ou les crapauds étaient devenus plus durs à se procurer, et avaient cédé leur place aux serpents, araignées, et autres reptiles ou bêtes repoussantes. Les hiboux étaient à la rigueur les seuls dont on pouvait encore se pourvoir. Mais ils étaient pour la plupart de nature assez agressive. Les librairies étaient devenues sombres et encombrées de grimoires de magie noire, comme si la réserve de Poudlard, pourtant réputée comme dangereuse, avait transféré tous ses livres ici, à la vue de tous. Seuls quelques anciens, tels que Tom, avaient subsisté et restaient à ce jour les seuls lieux fréquentables du Chemin de Traverse.
Sam jeta un rapide coup d'?il à sa liste et lança :
_ Bien, je vais aller chercher mes livres. Qui m'aime me suive !
_ Les filles, vous devriez aller avec lui, proposa Hermione, moi je m'occupe de Thomas et Philip.
Nora, Léa et Jane acquiescèrent et suivirent Sam vers la librairie. Mais pour se frayer un chemin dans la foule, ils durent jouer des coudes, et c'est essoufflés qu'ils parvinrent à la boutique. Ils constatèrent d'ailleurs avec soulagement que la boutique était presque vide. Quelle chance ! Il valait donc mieux se dépêcher de trouver ses livres, car ça ne durerait pas. Pour gagner du temps, ils se séparèrent et partirent chacun de leur côté à la recherche de leurs livres. La librairie était grande, et il était assez difficile de s'y repérer. Mainte fois d'ailleurs Nora s'était plainte que le libraire ne soit pas capable de faire des efforts de rangement pour la rentrée, et elle grimaçait à l'idée de devoir lui demander de l'aide. N'importe qui aurait été dans son cas : ce libraire était particulièrement vicieux et semblait aussi menaçant que sa boutique.
Après avoir fait le tour du rez-de-chaussée, Nora et Sam montèrent à l'étage dans l'espoir de trouver les manuels de cinquième année. Mais dès qu'ils virent la taille des étagères et la quantité de poussière qui s'amoncelaient sur les livres, ils poussèrent un soupir de désespoir.
_ Mais on en a au moins pour une heure ! Se lamenta Nora.
_ On peut toujours demander de l'aide... Proposa Sam en dernier recours.
_ Ça jamais ! Je t'ai pourtant répété que je déclarais la guerre aux mages noirs ! Pas question que je demande de l'aide à ce type !
_ J'ai compris, calme-toi... On a qu'à se séparer, on finira bien par trouver.
_ D'accord, tu prends à gauche, je prends à droite.
Sans attendre la réponse, Nora s'engagea dans une allée tout aussi sombre que les autres. Tandis qu'elle avançait, elle gardait les yeux rivés sur les titres des livres. Mais il paraissait évident qu'elle ne trouverait pas ce qu'elle cherchait ici. Jamais elle ne dénicherait « Mille et unes potions » entre « Comment développer vos qualités de mage noir » et « Adam Letts, autobiographie d'un mangemort ». Elle poursuivait son chemin, de plus en plus énervée à l'idée qu'il faudrait bien qu'elle demande de l'aide à un moment ou à un autre, lorsqu'elle se cogna violemment à une jeune fille qui se tenait en travers de son chemin. Toutes deux tombèrent, et tous les livres que la jeune fille tenait dans ses bras s'éparpillèrent sur le sol.
_ Mais ça va pas ! S'exclama-t-elle. Tu ne peux pas regarder devant toi !
Nora leva les yeux en se frottant le front, prête à s'excuser, lorsqu'elle reconnut celle qui se tenait dans la même posture en face d'elle. Ces cheveux blonds coupés aux épaules, ces yeux gris menaçants, il n'y avait pas de doutes. Elle était bien l'image de son père. Dès que ces yeux perçants reconnurent Nora, elle prit aussitôt un air agacé :
_ Encore toi ! Soupira-t-elle comme si le fait de revoir Nora était le pire chose qui aurait pu lui arriver.
_ Ne t'inquiète pas Malika, répondit Nora. Je ne suis pas franchement heureuse de te revoir non plus...
Elles se fusillèrent du regard quelques secondes avant de se relever. Si leurs yeux avaient pu lancer des éclairs, elles seraient toutes deux mortes foudroyées dans l'instant. N'importe qui serait passé à cet instant aurait pu sentir à quel point les deux jeunes filles se détestaient.
_ Et bien, poursuivit Nora en jetant un regard dédaigneux aux livres qui s'étaient étalés sur le sol. Tu as de la lecture très saine à ce que je vois.
Aussitôt, Malika s'empara du grimoire de magie noire qu'elle avait laissé tomber et le cacha contre soi :
_ Tu as la mémoire courte la rouquine. Il va falloir que tu t'en procures un toi aussi cette année.
_ Oh, c'est vrai, j'oubliais ! J'imagine que ça a dû te faire un plaisir fou lorsque tu as lu ta liste de fourniture. Un livre de magie noire ! Quel honneur ! Tu vas pouvoir marcher dans les pas de papa.
_ C'est toujours mieux que de marcher dans ceux de ton crétin de père et de ta sang-de-bourbe de mère !
Nora sentit son visage rougir de fureur et son sang bouillir dans ses veines. L'insulte faite à ses parents la remplissait de haine, et si elle ne s'était pas retenue, elle se serait jetée sur Malika et l'aurait étranglée sur-le-champ. Malika eut un rictus et ramassa ses livres.
_ Je me demande ce qui a prit Dumbledore le jour où il t'a admise à Poudlard, mais tu ne seras pas toujours sous sa protection. Et ce jour là...
Nora serra les poings et les dents. Malika, qui ne semblait pas le moins du monde ébranlée par cette remarque, planta son regard dans celui de son ennemie de toujours et lui lança avec un sourire moqueur :
_ Tu es tellement naïve ! Ne joue pas les dures avec moi, tu risques d'y laisser des plumes.
Sur ce, elle tourna les talons et redescendit au rez-de-chaussée. Tout ce que Nora trouva pour calmer ses nerfs fut de lâcher un cri de rage et de donner un violent coup de poing dans la pile de livre la plus proche. Sam, alerté par le bruit, rejoignit sa s?ur :
_ Mais qu'est ce qu'il se passe ici ?
Nora tourna son visage encore rouge vers son frère. Ce dernier ne put s'empêcher de lui lancer une remarque moqueuse :
_ Et bien, tu as vu un mangemort ?
_ Pire que ça.
Sam fronça les sourcils :
_ Mmh... C'est sérieux alors...
_ Malika Malefoy...
Sam eut une grimace de dégoût :
_ Je vois...
_ J'espérais ne la voir que le plus tard possible, c'est manqué... Soupira Nora.
_ Et qu'est ce que faisait cette peste ici ?
_ Elle achetait ses livres, comme tout le monde. Et des livres de magie noire en prime. Ça m'étonne d'ailleurs qu'elle n'en ait pas plutôt emprunté un à son cher père. Il doit en avoir un stock chez lui.
_ Allez, arrêtes de parler de ça et viens avec moi. J'ai trouvé ce qu'on cherchait.
Nora poussa un soupir de soulagement :
_ Enfin ! Je commençais vraiment à avoir peur d'y passer la journée.
Sam sembla hésiter un instant avant de parler, mais finalement il admit dans un sourire :
_ Tu sais, ce n'était pas bien compliqué. J'ai juste demandé de l'aide au libraire !
Nora sourit et frappa amicalement la tête de son frère avant de se rendre avec lui jusqu'à l'étagère des manuels scolaires.
Malika évita de croiser le regard du libraire lorsqu'elle passa à la caisse pour payer ses livres. Elle garda aussi la tête baissée lorsqu'il lui fit l'éloge du grimoire de magie noire qu'elle avait choisi, bien qu'elle eut brûlé d'envie de lui ordonner de se taire. Lorsqu'il lui demanda l'argent, elle fourra son nez dans son porte-monnaie et en ressortit les pièces qu'il fallait pour les lui déposer dans la main. Ceci fait, elle ne prit même pas la peine de dire au revoir et sortit précipitamment de la boutique, tous ces livres dans un sachet en papier marqué du sceau du magasin. Sa rencontre avec Nora Weasley l'avait agacée au plus au point, et elle était à présent partagée entre un sentiment de haine envers cette fille qui ne comprenait rien à rien, et la tristesse. Elle avait fait exprès d'attendre le dernier moment pour faire ses achats de rentrée scolaire car elle savait que c'était le moment où il y avait le plus de monde, et par conséquent celui où elle risquait le moins de rencontrer d'autres élèves de cinquième année. Manque de chance, elle avait été obligée de se cogner à sa pire ennemie dans la première boutique où elle était entrée. Et encore une fois elles s'étaient envoyé une quantité de remarques cinglantes. Elle savait qu'elle n'aurait pas dû dire de telles choses sur Ron et Hermione Weasley, mais Nora l'avait cherché. Et puis c'était une Serpentard, c'était dans sa nature. Pourtant, parfois, elle se demandait si le choixpeau magique n'aurait pas mieux fait de l'envoyer chez les Gryffondors. Elle se souvenait encore parfaitement du jour où elle l'avait posé sur sa tête, et des réflexions qu'il s'était faites. Il avait lu dans son esprit et s'était posé des tas de questions dont Malika se souvenait encore aujourd'hui. Fallait-il l'envoyer chez les Gryffondors ou chez les Serpentards. La jeune fille avait alors songé qu'où qu'elle puisse aller, elle ne se sentirait jamais à sa place. Peut-être que le choixpeau magique avait alors commis une des seules erreurs de sa carrière de choixpeau en prononçant à voix claire et haute le nom de Serpentard. Personne n'avait applaudi, comme pour les autres élèves, sinon les professeurs et quelques premières années qui n'étaient pas encore au courant de ce que son père avait fait. Elle était allée s'asseoir à l'une des places vide de la table des Serpentards et avait senti le regard pesant de tous les élèves présents se poser sur elle. Encore aujourd'hui, il arrivait qu'elle doive endurer cette humiliation lorsqu'elle errait seule dans les couloirs, où qu'elle lisait tranquillement dans la salle commune. Elle ne s'y était jamais habituée.
Aussitôt qu'elle fut sortie du magasin, elle se hâta donc de se mélanger à la foule, là où on ferait le moins attention à elle, et chercha un restaurant où il y avait le moins d'élèves possibles afin de pouvoir déjeuner tranquillement. Elle en trouva finalement un, au bout de la rue, où il n'y avait pratiquement personne. Elle comprit d'ailleurs pourquoi lorsqu'on lui apporta le plat qu'elle avait commandé, une espèce de bouillie grisâtre et infâme qui aurait dû être un plat de pâtes. Elle se força malgré tout à avaler quelques bouchées, mais en laissa plus de la moitié afin de ne pas risquer d'être malade.
Autant dire qu'elle eut vite fait d'en finir avec son repas. N'ayant rien d'autre à faire, elle resta, seule, assise à sa table en sirotant un verre d'eau et en regardant passer les gens. Ils avaient l'air pour la plupart heureux, et étaient pour la plupart des familles composées d'enfants plus ou moins jeunes et de parents, les bras chargés de livres. Malika sentit sa gorge se nouer devant le spectacle de ces familles heureuses et parfaites. Elle n'avait pas eu cette chance là, elle.
Ce matin là, Malika était venu sur le Chemin de Traverse en utilisant le moyen de transport qu'elle détestait le plus : la poudre de cheminette. Son père l'avait longuement serrée dans ses bras avant qu'elle ne s'engouffre dans le feu de cheminée du salon et lui avait répété maintes et maintes fois de faire bien attention à elle, et d'éviter de se faire trop repérer sur le Chemin de Traverse. Malika avait alors senti qu'il s'en voulait énormément de ne pas pouvoir l'accompagner. Pourtant elle n'était pas fâchée, car elle savait très bien que si quelqu'un l'avait reconnu, il signait son arrêt de mort, et celui de sa fille avec. Seule, Malika ne risquait pas grand chose. Mis à part les élèves de Poudlard, personne ne savait qui elle était en réalité.
Au bout d'un moment, voyant qu'elle ne commandait plus rien, un serveur vint à elle pour lui demander de quitter la table. Malika ne chercha pas à négocier, même si elle aurait bien volontiers lancé un regard noir à ce serveur. A la place, elle se leva tranquillement, prit son sac et marcha jusqu'à l'autre extrémité du Chemin de Traverse, vers le Chaudron Baveur où elle avait déjà déposé ses affaires.
Sam et Nora avaient retrouvé leurs cousins à la terrasse d'un nouveau restaurant sur le Chemin de Traverse. Pour une fois, il ne s'agissait pas d'une auberge sombre dirigée par un vieux couple de mages noirs, mais bien d'un restaurant à l'ambiance jeune et branchée, et aucun des clients assis autour des tables ne paraissait appartenir aux rangs de Voldemort. Pour la plupart, il s'agissait d'ailleurs de famille de sorciers et d'élèves de Poudlard. Tandis qu'ils attendaient leurs plats, les Weasley comparaient leurs livres. Philip semblait déjà passionné par son livre de potion, chose qui fit rire Hermione aux éclats :
_ Si tu savais ce que nous pensions de la potion quand nous étions encore à Poudlard !
C'était peut-être l'une des seules choses qui s'étaient améliorées depuis le début du règne de Voldemort. Selon Ron et Hermione, les cours de potions étaient ceux qu'ils détestaient le plus durant leur scolarité. Aujourd'hui, les jumeaux excellaient dans cette matière !
_ Ça a l'air intéressant, dit Philip sans détourner son regard de son livre. Il y a même une potion qui peut modifier la voix.
_ Ne t'emballe pas ! S'exclama Jane, tu ne feras pas cette potion avant ta troisième année.
Philip parut déçu, mais cela ne dura pas bien longtemps, car quelques minutes plus tard seulement, il s'extasiait devant une nouvelle potion.
Ils commençaient à se plaindre du temps que mettaient leurs plats à arriver, lorsque les jumeaux sentirent une main amicale leur frapper l'épaule. Ils se retournèrent vivement, et tombèrent nez à nez avec leur meilleur ami, Daniel Baker, le fils de Cho Chang, la célèbre attrapeuse de l'équipe de Quidditch d'Angleterre.
_ Dan ! S'écrièrent-ils en choeur.
Ils s'écartèrent l'un de l'autre afin que Daniel puisse s'installer entre eux deux.
_ Bonjour à tous ! Dit-il joyeusement en s'adressant à toute la table.
_ Bonjour Daniel, répondit Hermione. Comment vas-tu ?
_ Très bien, je vous remercie.
_ Et ta mère ? S'empressa de demander Sam, j'ai lu dans la Gazette du Sorcier que l'Angleterre avait gagné face à l'Ecosse.
_ 195 à 80 en 49 minutes de jeu, précisa Dan. Il fallait voir ça !
Les jumeaux s'extasièrent devant leur ami :
_ Quelle chance ! S'exclama Sam. Une mère joueuse de Quidditch...
_ D'ailleurs on a reçu ta lettre d'Ecosse, ajouta Nora.
_ Oui, j'aurais bien aimé être avec vous au Terrier mais...
_ Ne t'excuses pas ! Coupa Sam immédiatement. Au moins tu as voyagé un peu ces vacances.
Daniel approuva et se mit à faire le récit de ses vacances en Ecosse. La raison première de ce voyage avait bien entendu été le match de Cho, mais ça avait aussi été l'occasion de découvrir un peu le pays. Selon Dan, mis à part la nourriture, il n'y avait rien à redire. C'était un pays magnifique :
_ Je regrette juste de ne pas avoir pu voir le monstre du Loch Ness. Mais il se cachait lorsque j'y étais. Je crois qu'il avait pris froid.
Quelques minutes plus tard, les plats arrivèrent enfin sur la table. Daniel, qui avait déjà mangé, se contenta de rester là pour discuter avec ses deux amis. Nora avait commandé un carré d'agneau, et en fit l'éloge de la première à la dernière bouchée !
_ Je ne sais pas ce que vous avez pris, dit-elle, mais pour rien au monde je n'échangerais avec vous !
Elle en donna tout de même un morceau à Philip qui louchait sur son assiette depuis le moment où il avait quitté les cuisines !
C'était une journée ensoleillée et joyeuse. Les familles autour d'eux se retrouvaient et échangeaient leurs souvenirs de vacances. Eux-mêmes ne laissaient pas à un seul blanc dans leurs discussions et parvenait toujours à glisser un éclat de rire dans chaque conversation. Ils étaient heureux à l'idée de retrouver leurs amis, et de pouvoir profiter d'une aussi belle journée en cette veille de rentrée. Pour l'heure, rien ne pouvait gâcher cette journée. Rien.
Et pourtant... Si seulement ils avaient su...
Nora allait se remettre à discuter avec Dan lorsqu'elle s'arrêta brusquement et fixa son regard sur sa mère. Le trouble qu'elle lut alors sur son visage la remplit d'effroi. Elle tenait sa fourchette à quelques centimètres de sa bouche, et semblait avoir brutalement stoppé son geste. Ses lèvres frémissaient légèrement, ses joues avaient blanchi et son visage reflétait un sentiment de peur que Nora n'avait encore jamais vu chez elle. Quant à ses yeux, ils fixaient quelque chose qui se trouvait alors derrière le dos de la jeune fille. Cette dernière suivit son regard et aperçut alors la cause de tant d'effroi. Son dos frissonna. Un peu plus loin, un groupe de six ou sept sorciers vêtus de couleurs sombres et le visage entièrement camouflé dans l'ombre de leur grand chapeau noir avançait à vive allure. Et tandis qu'ils marchaient, ils bousculaient tous ceux qui avaient eu le malheur de se trouver sur leur chemin. Mais le pire, c'était sans doute la créature qui se dressait au milieu du groupe. Plus grande que les autres, elle était enveloppée d'un drap noir et ne laissait transparaître aucun trait de son visage. Et pourtant, elle était reconnaissable entre mille autres créatures. Un détraqueur. Lorsque le groupe passa à côté du restaurant, tous les clients semblèrent envahis d'une peur immense et submergés par des sentiments atroces. Ce fut aussi le cas pour Nora. En un instant, elle se sentit envahie d'une vague de désespoir et de tristesse qui l'aurait tuée si elle avait duré plus longtemps. Philip, qui n'avait encore jamais vu de détraqueur, sembla terrorisé.
_ Qu'est ce qu'il se passe maman ? Demanda Nora la voix tremblante.
Mais Hermione ne répondit pas. Même si le détraqueur s'était à présent éloigné, elle semblait encore ravagée par le souvenir qu'il avait fait ressurgir en elle. Les cris se faisaient encore écho dans sa tête. Les cris d'une personne qu'elle ne connaissait que trop bien. Elle qui avait fini par oublier. Nora l'observa avec compassion, sachant qu'elle ne pourrait rien faire. Elle était intelligente, elle savait très bien ce qui se passait en cet instant dans la tête de sa mère.
_ Saleté de détraqueur ! S'écria Dan lorsqu'il reprit ses esprits. Ils sont complètement fous d'en laisser un circuler en pleine rue !
Il ouvrit son sac sur ses genoux et sortit une tablette de chocolat.
_ Du chocolat que j'avais justement réservé pour Poudlard... Grogna-t-il.
Il découpa sa tablette en morceau et en distribua à toute la table. Aussitôt ils se sentirent mieux. Mais Hermione n'oubliait toujours pas ce qu'elle venait d'entendre.
C'est alors qu'un deuxième événement les fit trembler d'effroi. Un cri perçant venait de s'élever de la foule, un peu plus loin, et les gens commencèrent automatiquement à s'agiter et à chercher à tout prix à s'éloigner en courrant. Cela suffit à tirer Hermione de ses pensées.
_ Maman ! S'écria Nora lorsqu'elle vit sa mère se lever d'un bond.
Hermione regarda Nora droit dans les yeux. Ils reflétaient alors la terreur.
_ Où tu vas ? Demanda-t-elle sans pouvoir contrôler le tremblement de sa voix.
Elle était terrifiée. Autour d'eux la foule de sorciers s'enfuyait, prise de panique, sans même s'apercevoir qu'elle renversait au passage les chaises et les tables encore vides du restaurant.
_ Ecoutez... Commença Hermione en essayant de ne pas laisser transparaître son trouble, je vais voir ce qu'il se passe. Retournez immédiatement au Chaudron Baveur, je vous y retrouve tout à l'heure.
Sam et Nora sentirent alors un frisson parcourir leur corps entier.
_ Non ! S'écrièrent-ils d'une même voix.
Hermione fronça ses sourcils et inspira profondément :
_ S'il vous plait, allez vous mettre à l'abri, et attendez-moi le temps qu'il faudra, ajouta-t-elle fermement.
Les jumeaux surent qu'il n'y avait pas là matière à discuter. Ils regardèrent alors, impuissants, leur mère disparaître dans la foule de sorcier, le c?ur déchiré. Ils seraient restés là, incrédules, si Dan ne les avait pas tirés par la manche :
_ On y va.
Nora hocha la tête, agrippa fermement Philip d'une main, le sac de ses manuels scolaires de l'autre, et suivit les autres dans le sens de la foule. A peine entrée dans le mouvement, elle se sentit propulsée en avant et poussée de toute part par des gens pris de panique. Elle fut balancée de droite à gauche, sans rien pouvoir faire d'autre que d'avancer en courant. Sa main tenait toujours fermement celle de Philip, et elle tentait de le maintenir au maximum contre lui. Il ne fallait surtout pas qu'ils tombent, ni lui, ni elle. Et tandis qu'elle courait, elle jetait autour d'elle des regards inquiets. Mais elle avait déjà perdu les autres membres de sa famille de vue. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'ils arriveraient tous sains et saufs au Chaudron Baveur. Elle se sentit alors envahie d'une vague de terreur lorsqu'elle sentit les doigts de son cousin glisser des siens. Elle tourna la tête et eut tout juste le temps de voir son visage affolé, avant qu'elle ne lâche définitivement sa main et qu'il ne disparaisse derrière elle. Il n'y avait plus rien à faire. Elle tenta bien de faire demi-tour, mais rien n'y fit, elle était toujours poussée dans le même sens, et faillit trébucher. Il n'y avait que quelques mètres entre le restaurant et le Chaudron Baveur. Et pourtant, ces quelques minutes lui parurent durer une éternité.
Malika resta blottie dans le coin du mur et dut faire preuve d'un effort surhumain pour retenir ses larmes. Elle enfouit sa tête dans ses genoux, et tenta d'oublier ses dernières terribles minutes. Le détraqueur était passé si près. Trop près d'elle. Elle s'était alors sentie submergée d'une vague de désespoir et avait eut le sentiment que le sol se dérobait sous ses pieds. Elle était tombée à genoux, terrassée par le pouvoir de la bête. La créature s'était alors retournée. Lentement d'abord, et puis de plus en plus vite. Elle avait légèrement levé la tête. Et Malika avait vu ses yeux*. Des yeux sombres et terrifiants, remplis de tous les malheurs du monde. Elle avait fixé son regard et avait senti ses joues blêmir et son c?ur s'arrêter de battre l'espace de quelques secondes. Il avait deviné qui elle était. Elle sut en cet instant qu'il s'apprêtait à faire demi-tour, qu'il allait s'approcher d'elle, et qu'il allait aspirer la vie hors de son corps. Qu'il allait la tuer. Elle le vit nettement lever son pied, sans lâcher son regard du sien, et en un instant, son sang s'était glacé dans ses veines.
_ Ici !!
Le cri résonnait encore dans sa tête. Le cri qui lui avait sauvé la vie et qui avait pris celle d'un autre. Un des sept mangemorts qui accompagnaient le détraqueur avait levé sa baguette et s'en servait pour désigner un petit groupe de trois ou quatre personnes, assis tranquillement autour d'une table. La créature avait brutalement détourné son regard. Les mangemorts ne s'étaient aperçus de rien. Mais si ça avait été le cas, elle serait sans doute morte à l'heure qu'il est. Le détraqueur s'était alors jeté sur le groupe et avait agrippé un homme, au hasard parmi eux. Malika avait fermé les yeux à cet instant. Le cri qui s'était échappé de la gorge du malheureux avait suffi à la remplir de terreur. C'était un cri inhumain, terrifié... Et elle savait qu'il le poursuivrait jusqu'à la mort. Les gens s'étaient alors affolés autour d'eux. Le reste du groupe avait dû tenter de s'enfuir lui aussi, car Malika avait entendu les mangemorts prononcer la formule fatidique, celle qui leur ôta la vie à tous. Elle n'entendit pas les corps tomber, les gens faisaient trop de bruits. Mais elle savait qu'ils étaient morts. Les mangemorts ne rataient jamais leur coup.
Elle s'était alors levée brusquement, avant d'être happée par la foule, et s'était mise à courir sans même y réfléchir. Il fallait fuir, c'était tout ce que son cerveau lui avait commandé de faire. Fuir ou mourir. Alors elle avait couru, pendant des secondes qui auraient aussi bien pu durer des heures. Elle ne savait même pas comment elle s'était retrouvée là, recroquevillée dans un coin de mur sombre et humide. Elle se souvenait vaguement avoir pris un chemin sur sa droite et s'être engouffrée dans une allée étroite qu'elle ne connaissait pas. Tout ce qu'elle savait, c'est que pour l'heure elle était seule et encore tremblante. La panique devait avoir cessé sur le Chemin de Traverse, car elle n'entendait plus les cris. Elle se releva donc péniblement, frotta ses vêtements pour enlever les saletés qui s'y étaient accrochées, ramassa son sac de livres et commença à marcher, les jambes encore chancelantes.
Elle n'avait aucune idée de l'endroit où elle se trouvait. Elle sortit de la petite allée dans laquelle elle s'était engouffrée et se retrouva sur une longue et large rue totalement vide. Il lui fallut quelques secondes avant de s'apercevoir qu'il s'agissait du Chemin de Traverse. Tout le monde était parti, et visiblement les mangemorts aussi. Elle eut alors un soupir de soulagement et sentit son c?ur reprendre un rythme à peu près normal. Elle reprit alors sa route là où elle l'avait laissée, et regagna au plus vite le Chaudron Baveur.
Nora fut la dernière à parvenir au Chaudron Baveur. Quel ne fut pas son soulagement lorsqu'elle vit sa famille, presque au grand complet réunie près du comptoir ! Philip avait bien un petit bleu au niveau de la joue, mais sans ça tout le monde semblait se porter bien.
_ Nora ! S'écria Sam. On commençait à se faire du souci !
_ Et moins donc ! Philip je suis tellement désolée de t'avoir lâché, tu ne peux pas savoir ! J'ai cru...
_ Ce n'est rien, la coupa le garçon. Je vais bien, j'ai retrouvé le chemin.
Nora sourit et s'affala sur un canapé en soufflant. L'auberge était pleine de monde et les sorciers semblaient discuter entre eux de ce qu'il venait de se produire :
_ Mais qu'est ce qu'il s'est passé ? Demanda-t-elle encore sous le choc.
_ J'ai cru entendre dire que c'était une descente de la milice, répondit Léa.
La jeune fille sentit son estomac se serrer. Elle savait ce que cela signifiait. Lorsque les opposants de Voldemort étaient repérés, ils n'avaient plus aucune chance de s'en sortir. C'était probablement ce qui était arrivé.
_ Et maman ? Demanda-t-elle alors.
Sam grimaça et répondit tout simplement :
_ Elle n'est pas encore arrivée...
Nora ferma les yeux et se surprit à murmurer une courte prière.
_ Elle ne nous a pas dit combien de temps elle mettrait, ajouta Sam avec une note d'espoir dans la voix. Il faut sans doute attendre encore un peu.
Alors ils attendirent. Et plus les minutes s'écoulèrent, plus les jumeaux sentaient que quelque chose avait mal tourné. Nora se mordillait les doigts, le c?ur battant la chamade, tandis que Sam tournait en rond dans la pièce qui se vidait un peu du flot de sorciers. Savoir qu'ils étaient totalement impuissants les remplissaient de rage, et ils sentaient bien qu'ils ne pourraient pas rester inactifs bien longtemps. Nora était prête à se lever pour partir à sa recherche, mais Jane la fit se rasseoir immédiatement. Ça ne servait à rien, et Hermione avait bien appuyé sur le fait qu'ils devaient l'attendre là le temps nécessaire. Mais il s'était passé quelque chose, il n'y avait aucun doute. Elle aurait dû être revenue...
La porte d'entrée de l'auberge s'ouvrit soudain, et laissa entrer deux hommes. A leur vue, ils poussèrent tous un soupir de soulagement : Au moins il n'était plus seuls.
_ Sam ! Nora !
Les jumeaux se précipitèrent dans les bras de leur père, qui leur demanda sans attendre des explications sur ce qui s'était passé. Quant à Charlie, il poussa un soupir de soulagement lorsqu'il vit Jane saine et sauve, ainsi que tous ses cousins.
_ Où est Hermione ? Demanda-t-il alors.
Mais ils secouèrent la tête : ils n'en savaient rien.
_ Elle a voulu aller voir ce qu'il se passait, dit Sam. Elle nous a juste dit d'attendre là...
_ Ça fait trop longtemps qu'elle est partie... Ajouta Nora
Ron et Charlie échangèrent un regard inquiet et lourd de sens.
_ C'est bien elle ça... Grommela Ron.
Ils échangea un regard furtif avec son aîné. Cela sembla suffire à ce qu'ils se comprennent. De ce regard, Nora ne perçut que l'inquiétude grandissante dans leurs yeux.
_ Sam, dit gravement Ron. J'aimerais que tu viennes avec nous pour nous indiquer le chemin.
Nora se leva vivement et s'exclama :
_ Je viens aussi.
_ Non, toi tu restes avec Jane et Léa et vous attendez ici ensemble. Vos oncles et tantes risquent d'arriver à tout moment, et il faut que vous vous occupiez des petits.
Le visage de la jeune fille se décomposa, mais Ron était suffisamment soucieux pour le moment, et il fit mine de ne pas s'en apercevoir, et il sortit avec Charlie et Sam sans un mot de plus. Sam, avant de sortir, adressa un regard d'excuse à sa s?ur, et suivit son père sur le Chemin de Traverse. Il se remplissait peu à peu de sorciers, comme si rien ne s'était jamais passé. Mais c'était un spectacle quotidien à présent, et il était fort probable que l'on ne reparle plus jamais de cette histoire.
Lorsqu'ils parvinrent au lieu du drame, Ron et Charlie s'aperçurent qu'ils n'avaient en réalité nullement besoin de l'aide de Sam. Trois mangemorts montaient la garde en jetant autour d'eux des regards suspicieux, et un quatrième d'un grade visiblement élevé venait de les rejoindre. Ron sentit son c?ur faire un bond dans sa poitrine. Il demanda discrètement à Charlie et Sam de le laisser agir, et se dirigea seul vers l'un des mangemorts. Il sortit sa baguette et fit apparaître une plume et un parchemin.
_ Excusez-moi, lança-t-il pour attirer son attention.
Mais le mage noir tourna à peine la tête, signe qu'il se fichait éperdument de ce que Ron avait à lui dire.
_ C'est pour la Gazette du Sorcier, ajouta Ron fermement.
Le mangemort tourna la tête et poussa un profond soupir :
_ Qu'y a-t-il ? Demanda-t-il d'une voix rauque et désagréable.
_ Ronald Grant, journaliste pour la Gazette du Sorcier. Je suis chargé de vous poser quelques questions.
_ Il ne s'est rien passé d'intéressant ici. Dégagez !
_ Ce n'est pourtant pas ce qu'on m'a dit. On m'a parlé de huit morts.
Le mage noir eut un rire narquois et corrigea avec dédain :
_ Huit morts vous dîtes ? Et bien, si on pouvait éliminer cette vermine de rebelle à ce rythme là, on en aurait déjà fini.
Ron serra les dents si fort qu'il crut qu'elles allaient imploser. Mais il avait l'habitude de se cacher, et il ne montra rien de ses sentiments. Il refoula immédiatement ses sombres pensées, et plissa les yeux devant sa feuille :
_ Vraiment ? Dit-il l'air étonné. J'ai sans doute été mal informé. Alors dîtes moi, avez-vous éliminé une certaine Hermione Wisley ? Je ne suis plus sûr de mes informations...
_ Hermione Weasley en réalité, reprit le mangemort avec cette même suffisance.
Ron sentit son sang se glacer dans ses veines et son c?ur s'arrêter l'espace d'un instant. Ce n'était pas possible... Il avait mal entendu...
_ Vous... Vous voulez dire que... Que Hermione Weasley est donc l'une des coupables... Poursuivit-il les yeux fixés sur son papier.
Mais sa voix tremblait, et ses yeux le piquaient. Il ne pourrait pas cacher son jeu très longtemps. Son monde entier venait de s'écrouler...
_ Coupable, il n'y a aucun doute. Elle sera sans doute confrontée au Veritaserum. Cette pauvre folle a voulu aider les siens. C'est bien la particularité des rebelles...
Ron releva précipitamment la tête et sentit son c?ur se réchauffer en un instant :
_ Vous voulez dire qu'elle n'est pas morte ?
Le mage noir eut un air surpris, mais il commençait à se plaire au jeu.
_ Pas pour le moment en tout cas. Mais est ce que c'est bien nécessaire de l'écrire dans votre journal ?
_ Non, bien sûr ! Assura Ron avec un peu trop d'assurance. C'est juste pour... Donner l'exemple.
_ Et bien, écrivez qu'il est inutile de se mesurer au Seigneur des Ténèbres. Lui, au moins, il sait faire respecter l'ordre et le calme dans ce monde.
_ Oui... Bien sûr... Mais, cette Weasley. Sera-t-elle jugée dans les jours prochains et... Que risque-t-elle en réalité.
Le mage noir haussa les épaules et répondit :
_ Elle risque la même chose que les autres. Un détraqueur s'occupera certainement d'elle lorsqu'elle aura avoué à quel organisme elle appartient. Les siens seront bientôt jugés eux aussi, ne vous faîtes pas de soucis. Mais est ce que cette femme est tout ce qui vous intéresse ?
Ron blêmit. Il fallait qu'il se calme à tout prix. Le mangemort se doutait déjà de quelque chose, et il était la seule chance de sauver Hermione. Mais ses mains tremblaient et ses lèvres frémissaient.
_ Non, bien sûr. Mais... Où est-elle à l'heure qu'il est ?
Le mage noir fronça les sourcils. Ron en avait trop dit, et il commençait à s'impatienter.
_ Ecoutez, si vous n'avez rien d'autre à demander, vous pouvez circuler.
Ron hocha la tête négativement, balbutia un merci rapide et partit le plus précipitamment possible. Il avait suffisamment fait d'erreurs pour l'instant. C'était inutile d'en rajouter.
Mais déjà il ne pensait plus à rien. L'air qui lui balayait le visage n'avait plus aucun sens, ses pieds martelaient le sol sans qu'il ne le sentit, ses yeux ne s'accrochaient plus à rien. Pour lui, la vie venait de s'arrêter.
Hermione allait mourir.
Sam et Nora n'avaient jamais vu leur père pleurer auparavant. Ils l'avaient déjà vu profondément blessé par la mort d'un proche, mais jamais aussi perdu et abattu qu'il ne l'était en cet instant. Eux aussi avaient versé des larmes. Des larmes qui formaient un curieux mélange de tristesse et de peur. Mais ils n'étaient après tout que des enfants.
Les plus jeunes étaient tous couchés, même si aucun d'entre eux n'était encore endormi, malgré l'heure tardive. Charlie et Ron, rejoints par le reste de la famille, étaient assis autour d'une table basse à l'entrée du Chaudron Baveur. Ils n'avaient pas voulu montrer aux enfants les signes de leur détresse. Ils étaient encore jeunes et pleins d'espoir, et bien que tristes, ils ne se doutaient pas encore de l'importance des faits. Mais les adultes, eux, savaient que tout était perdu. Ginny, pourtant elle-même déboussolée, épaulait Ron, qui avait encore les yeux rougis d'avoir tant pleuré. Ils tenteraient quelque chose bien sûr, n'importe quoi qui puisse sauver Hermione. Mais ils ne savaient que trop bien qu'elle était déjà placée sous étroite surveillance, et que dans les jours prochains elle serait contrainte de tous les dénoncer.
Bill prit sa tête entre ses mains, Louisa se mordilla les doigts, les larmes au bord des yeux, et Arthur poussa un profond soupir. Tous en cet instant avaient en commun le même regard grave qui assombrissait leurs traits.
_ Il faut partir... Annonça gravement Molly.
Elle venait de prononcer les mots qui tourmentaient leurs esprits à tous, y compris celui de Ron, qui pourtant avait le plus grand mal à concevoir cette idée. Personne ne hocha la tête ni ne prononça le moindre mot. Mais le silence pesant qui régnait dans la pièce était lourd de sens.
_ J'emmène les enfants à King Cross demain, proposa Ginny.
Le reste du groupe hocha la tête sans pour autant sortir de ses pensées.
_ C'est au moins à Poudlard qu'ils seront le plus en sécurité, ajouta-t- elle.
_ Il ne faut pas qu'ils se doutent de ce qu'il se passe, dit Fred. Ils se font suffisamment de soucis pour Hermione, je pense qu'il est inutile d'en rajouter.
Tous approuvèrent. C'était bien la première fois qu'ils voyaient Fred aussi sérieux.
_ Ils sont intelligents, ils ont déjà compris.
Tous les regards convergèrent vers Ron, qui n'avait pas encore ouvert la bouche jusqu'alors. Ils ne trouvèrent rien à répondre à cette remarque. Sans doute parce qu'il avait raison.
Nora, qui n'avait pas réussi à trouver le sommeil, suivait la scène depuis le début, assise dans les escaliers. Elle ne pleurait pas, mais son silence était sans doute encore pire. Elle ne pouvait pas concevoir que sa mère allait mourir, et qu'elle risquait la même chose dans les jours prochains. C'était juste un mauvais rêve. Hermione allait bientôt la réveiller pour qu'ils aillent prendre le Poudlard Express. Mais elle avait beau attendre ce moment, il n'arrivait pas. Elle entendit alors les pleurs de son père lui parvenir aux oreilles. Son coeur se déchira dans sa poitrine. Elle était tout simplement incapable de supporter ça. Abattue, elle remonta les escaliers et se cacha sous sa couette, comme si cela pouvait suffire à échapper à la dure réalité des choses. Elle espérait que le sommeil serait le seul remède contre sa peine, mais elle se trompait. Sa nuit fut agitée de cauchemars.
- Fin du premier chapitre -
* J'espère qu'au moins les détraqueurs ont des yeux... C'est que ça fait un bail que j'ai pas lu HP alors je perds un peu la mémoire... Enfin, faîtes comme s'ils avaient des yeux, et si ça vous dérange, je vous embête (pour rester polie bien sûr...)
Note de fin de chapitre :
Et voilà, j'en ai fini avec ce premier chapitre. Il m'a fallu très exactement un mois pour l'écrire, donc je me répète, le prochain risque d'être long à venir. En plus vous devez bien comprendre que je suis pas mal occupée en ce moment : les cours, les contrôles, le boulot et tout ça. Je préfèrerais faire passer ma fic en premier, mais je crois que c'est pas trop possible. Je m'excuse donc d'avance pour mon futur retard !! Mais pour me faire pardonner, j'essaierai (j'ai dit j'essaierai) tout de même de faire des chapitres qui font un peu plus de trois pages et demi... Par contre je promets pas de les faire aussi longs que celui là. Sauf si j'ai de l'inspiration, bien sûr (logique...)
Sans ça, et bien... J'espère tout simplement que mon début de fic vous a plu. En tout cas, moi j'ai pris du plaisir à l'écrire alors... J'ai déjà quelques idées quant à la suite, j'espère que ça m'aidera à aller vite pour écrire ! Et bien sûr, j'attends vos reviews, histoire de m'encourager à aller ENCORE plus vite !
Pour finir, je tiens à m'excuser très très fort !! Ce chapitre étant assez long, ça me saoulait un peu d'avoir à utiliser le correcteur orthographique, surtout qu'il a un peu tendance à s'arrêter à tous les mots, et j'ai pas que ça à faire. Donc... Je m'excuse pour toutes les fautes que vous avez, j'en suis sûr croisées. Mais je vous assure que c'est de l'inattention totale parce que d'habitude je ne fais pas de fautes. C'est que je suis plus concentrée sur mon histoire. Vous n'avez qu'à vous dire que le temps gagné à pas corriger les fautes servira à écrire la suite de cette fic (mais peut-être que vous avez pas aimé et qu'en fait la suite vous vous en foutez...) !
Autre chose... Je me suis pas relue (pas bien). Donc en plus des fautes d'orthographe, y doit y avoir quelques imperfections. Mais bon, je suis ni Zola, ni Maupassant, ni Balzac, ni... (mais je vais pas citer tous les auteurs que je connais) alors j'espère que vous me pardonnerez mes petites phrases un peu bancales !!
Pour le prochain chapitre... ... ... Mmh... Bonne question... Je pense que ça se passera encore à l'époque de Nora, Sam et toute la clic. Je vais faire rentrer tout ce beau monde à Poudlard, vous présenter un peu tous les cours et les profs (en fait pour l'instant, à part les anciens et Hassell je sais pas trop à quoi ils vont ressembler...), faire rentrer un personnage bien connu dans le monde d'HP... Mais je m'arrête là, vous avez qu'à lire la suite pour savoir ce qu'il va se passer.
Et puis dans le chapitre trois (je pense...) on va passer au vif du sujet : Le retour dans le passé ! Mais j'avoue que j'ai pas trop hâte d'y être. Ça me plait bien de décrire le monde du futur (un peu déprimant mais bon...) !!
Enfin, pour finir.
READ AND REVIEW !!
- Moâ -
Note de l'auteur : Woa ! 'Note de l'auteur'. C'est que ça devient sérieux !! Mais assez plaisanté, je suis heureuse de vous présenter ma première fic !! Bon, j'ai déjà griffonné quelques trucs, mais jamais rien d'assez sérieux pour le mettre sur cette page (sauf la fic que j'ai traduite, mais ça, c'était pas de moi...). Mais je sens que celle là est sérieuse alors... J'espère juste avoir assez de courage pour aller jusqu'au bout. Mais pour l'instant je suis motivée... Et je le serais sûrement encore plus si je recevais quelques reviews. Comme tout le monde quoi. Avant de commencer, j'aimerais tout même remercier Alohomora, qui m'a aidé à me repérer sur le site ! C'est que, mine de rien, c'est assez dur de se repérer !! Surtout quand on a un ordi lent et qui plante tout le temps... Donc voilà, je crois pas avoir grand chose de plus à rajouter, même si j'aime bien parler et que j'aimerais vous en rajouter des tonnes encore, mais je risque de dire n'importe quoi (d'ailleurs ça commence...) alors je vais vous laisser lire tranquillement et bousiller votre forfait internet ! J'espère juste que vous aimerez ma fic !
J'oubliais le traditionnel DISCLAIMER obligatoire-dont-on-peut-pas-se- défaire. TOUS CES PERSONNAGES NE M'APPARTIENNENT PAS !! Voilà, je crois que c'est clair, et en plus c'est même pas vrai. Un joli petit nombre des personnages que vous allez voir (ou lire.) sont de mon cru (d'abord !) : je cite Nora, Sam, Léa, Jane, Philip, Larry et Tomas Weasley, Malika Malefoy, Daniel Baker, Laura Warton, et je m'arrête là parce qu'il faut laisser un peu de suspense quand même (même si c'est juste des noms et que ça vous avancera pas à grand chose.). Où j'en étais déjà. Oui, je disais donc que Harry Potter et toute la clic appartenait à J.K. Rowling (qui ne le sait pas ?) que je respecte et que je respecterai toujours (tant qu'elle tue personne et qu'elle se bouge à sortir son 5ème tome), et pour finir je ne perçois évidemment pas d'argent. Quoi que si vous voulez m'envoyer un chèque au fond c'est pas de refus, je pourrais toujours m'acheter des carambars. Mais je tchatche et j'oublie que vous êtes là pour lire ma fic (j'espère) et pas mes commentaires débiles. Je me répète : Bonne lecture ! (je crois que je vous embêterai plus cette fois)
Chapitre I : Le chaos
Malika finissait de ranger ses livres dans les cartons lorsque son père toqua discrètement à la porte.
_ Tu t'en sors ? Demanda-t-il en souriant, espérant que cela suffirait à lui remonter le moral.
La jeune fille hocha la tête à l'affirmative. Son père se faisait suffisamment de souci pour elle, ce n'était donc pas la peine d'empirer les choses.
_ Bien. J'espère qu'on sera prêt pour prendre la route demain matin. Tu penses que tu auras fini ?
_ Il me reste encore quelques petites choses à ranger et je serai prête.
Draco sourit, et sans ajouter un mot de plus, quitta la pièce. Dès que la porte se fut refermée derrière lui, Malika poussa un long soupir. Elle n'avait jamais vraiment eu de conversation plus longue que celle-ci avec son père. Pourtant, elle en savait beaucoup plus que ce qu'il ne voulait bien lui avouer. Elle savait pourquoi elle n'avait jamais pu rencontrer ses grands-parents, Lucius et Narcissia Malefoy, pourquoi son père avait été banni du monde sorcier, pourquoi ils ne recevaient jamais personne à la maison et pourquoi elle-même n'avait pas d'amis. Elle savait aussi pourquoi ils étaient contraints chaque année de déménager, afin d'échapper à la pire menace au monde : celle de Lord Voldemort, le maître du monde sorcier.
Elle glissa le dernier livre dans la boîte et la referma. Sa chambre serait bientôt vide. Ses meubles avaient déjà tous disparus, mis à part son lit, et les dernières affaires qui jonchaient sur le sol prendraient bientôt leur place dans un carton. Elle avait peut-être l'habitude de changer de maison chaque année, mais voir sa chambre se vider de la sorte lui faisait toujours un pincement au c?ur.
Elle ne savait pas encore où se trouvait sa nouvelle maison, et ne le saurait qu'au dernier moment. Draco avait préféré ne pas lui dire, au cas où un quelconque mangemort lui avait fait subir un sortilège de vérité.
Draco avait toujours été très vigilant avec Malika. Il regrettait déjà amèrement ce qui avait taché son passé et sa réputation, il ne voulait pas non plus impliquer sa fille dans toute cette sombre histoire. Mais il ne se faisait pas d'illusion, et il savait que malgré tout ce qu'il pourrait faire pour l'aider, elle souffrait terriblement.
Alors qu'elle s'attaquait à ses tableaux, Malika entendit le claquement d'un bec sur son carreau. Elle ouvrit sans plus attendre sa fenêtre et laissa pénétrer un hibou noir comme la nuit portant le seau de Poudlard. Elle le débarrassa de sa lettre et il repartit aussitôt. Malika n'eut pas besoin d'ouvrir sa lettre pour savoir de quoi elle traiterait. C'était le seul courrier qu'elle recevait. Malgré tout, elle la décacheta et la lue rapidement :
« Mademoiselle Malefoy, Veuillez prendre note que cette année, la rentrée se fera le 1er septembre et que le Poudlard Express partira à 11 heures précises du quai 9¾ de King Cross. Veuillez également vous procurer les fournitures demandées sur la feuille ci-jointe. Par ailleurs, selon les nouvelles directives imposées par le Seigneur des Ténèbres, tous les élèves de cinquièmes années sont invités à se procurer un grimoire de magie noire de niveau 5, et à l'étudier d'ici la rentrée. Cordialement, Severus Rogue »
Malika sentit sa gorge se serrer. Ce n'était pas la première fois que Voldemort imposait de telles choses. Depuis qu'il avait pris le pouvoir, tous les sorciers de ce monde vivaient dans la peur. Seuls les mangemorts fidèles avaient su profiter de l'occasion. Le Seigneur des Ténèbres avait même étendu les limites de son pouvoir jusqu'au monde moldu. Ces-derniers avaient alors pris conscience qu'il existait un autre monde que le leur et avaient été rabaissés au rang d'esclaves auprès des mages noirs. Leur nombre et leurs armes étranges n'avaient pas suffi à contrer cette nouvelle menace. Voldemort et ses fidèles étaient plus forts. Mais le pire selon Malika, c'était de savoir que son père était à l'origine de ce chaos.
Elle secoua la tête pour chasser ses pensées et descendit au rez-de- chaussée. Comme elle s'y attendait, son père était assis sur le seul canapé qui restait dans le vaste salon et lisait un livre. La seule source de lumière provenait du feu de cheminée.
_ Papa ? Demanda-t-elle.
Draco leva tête sur sa fille et referma son livre.
_ Je viens de recevoir la lettre de Poudlard, et... J'aurais besoin d'un livre.
_ Un livre ? Quel genre de livre ?
_ C'est Voldemort. Il demande aux élèves de se procurer un livre de magie noire niveau 5.
En un instant, le visage de Draco s'assombrit.
_ Tu pensais peut-être qu'il m'en restait quelques-uns.
Malika baissa honteusement la tête, et bafouilla un « oui » à peine audible.
_ Et bien non, je les ai tous brûlés. Tu t'en procureras un sur le chemin de Traverse.
La jeune fille hocha la tête et remonta dans sa chambre sans ajouter un mot. Il était inutile d'augmenter la tension qui régnait à présent dans la pièce.
Draco, quant à lui, ne rouvrit par son livre. Il garda les yeux fixés sur le feu tout en se mordillant les doigts. Il était préoccupé par l'avenir de sa fille. Voldemort avait déjà remanié le programme scolaire à sa façon, et ça même Dumbledore n'avait rien pu y faire. Les cours de défense contre les forces du mal avaient été tout bonnement supprimés, pour être remplacés par un apprentissage assidu à la magie noire. Quant aux autres matières, les programmes avaient été modifiés en conséquence. Les enchantements n'étaient plus aussi bons enfants, les révolutions gobelines n'avaient plus leur place dans l'histoire de la magie, où l'on étudiait désormais la vie et les actes des plus terribles mages noirs, et il en était ainsi pour tout le reste. Seul le Quidditch permettait aux élèves de se détendre et d'oublier un peu ces temps si durs, et Dumbledore avait heureusement su garder quelques-uns des professeurs originaux, parmi lesquels Severus Rogue et Minerva McGonagall. Mais à présent Malika allait aussi avoir accès à un livre de magie noire, les plus dangereux. Jusqu'où cela irait-il ? Draco savait que sa fille était responsable, et il l'avait suffisamment mise en garde contre les pratiques des mages noirs. Mais en tant que père, il ne pouvait s'empêcher de se faire du souci. N'avait-il pas lui-même suivi un certain temps les idéaux de Voldemort ?
Non sans mal, il releva sa manche gauche et grimaça. Elle était là, et le serait toujours. Cette marque des ténèbres gravée sur son bras était pour lui comme une punition pour tout le mal qu'il avait fait autour de lui. Elle brûlait plus ou moins intensément jours et nuits. Régulièrement, Voldemort jouait avait lui et le rappelait à l'ordre. Dans ces instants, la douleur devenait si forte que Draco devait se mordre les lèvres jusqu'au sang pour ne pas hurler.
Et pourtant il avait été tellement fier lorsqu'il était devenu mangemort. Il se souvenait encore parfaitement de son excitation devant le Seigneur des Ténèbres, et de la lueur dans ses yeux lorsqu'il lui avait imposé cette marque répugnante.
Draco poussa un cri de rage et remit violemment sa manche en place. La simple évocation de ce souvenir le remplissait de haine. Envers lui-même tout d'abord, mais aussi envers Lucius Malefoy, son père, qui l'avait entraîné avec lui au plus bas. Il n'avait pourtant que 14 ans et s'apprêtait tout juste à entrer en quatrième année. Mais son père lui avait tellement dit de bien du monde des mages noirs, pour lui c'était un monde facile et puissant, qu'il l'avait cru naïvement. La descente aux enfers avait alors commencé. Il lui avait appris à se battre, à exiger le meilleur de lui-même et des autres, et donné le goût du pouvoir. Lorsqu'il s'était enfin aperçu qu'il avait pris le mauvais chemin, il était trop tard, le mal était déjà fait.
Draco consulta furtivement sa montre. Il était déjà minuit passé et il commençait à ressentir les effets de la fatigue. Il monta à l'étage et jeta un coup d'?il dans la chambre de Malika. Elle s'était endormie toute habillée et n'avait pas éteint les bougies. Draco ramassa la liste des fournitures et la parcourut rapidement des yeux. Cela n'eut pour effet que de lui arracher un soupir. Il souffla sur les bougies, ferma la porte, et regagna sa chambre, adjacente à celle de sa fille. Comme tous les soirs, il eut du mal à trouver le sommeil, et comme toutes les nuits, il fut agité de cauchemars.
Le lendemain matin, Malika sa réveilla dès que l'aube pointa à l'horizon. Les étoiles disparaissaient peu à peu, et le bleu de la nuit se teintait de rouge et de jaune. La jeune fille rangea ses dernières affaires dans les caisses, et les téléporta jusque dans l'entrée à l'aide d'un sortilège qu'elle avait appris au cours de sa troisième année. Elle se rendit ensuite dans la cuisine, où Selky, leur elfe de maison, s'affairait déjà à préparer le petit déjeuner.
_ Malika est déjà réveillée ? Demanda-t-il en ouvrant de grands yeux ébahis. Mais Selky n'a pas fini de préparer le petit déjeuner !
Il se mit à courir en tout sens, affolé, pour achever son travail.
_ Calme-toi Selky, dit Malika en souriant. Je peux attendre.
Mais Selky se précipita pour offrir une chaise à sa maîtresse et posa une assiette et des couverts sur la table. Quelques instants plus tard, il déposait des ?ufs brouillés et des tartines dans son assiette.
_ Merci Selky.
Malika entama son petit déjeuner en silence, en essayant d'imaginer à quoi ressemblerait sa nouvelle maison. Son père fit irruption dans la pièce à cet instant là.
_ Bonjour maître ! S'empressa de saluer Selky.
_ Bonjour, répondit Draco.
Il déposa un baiser sur le front de sa fille et s'assit en face d'elle :
_ A quoi penses-tu ? Demanda-t-il tandis que le petit elfe déposait une assiette pleine devant lui.
_ A notre future maison.
_ Tu verras, elle sera aussi grande que celle ci.
_ J'imagine qu'elle est déjà protégée avec une quantité impressionnante de sortilèges.
_ C'est une question de sécurité.
Cette « sécurité » dont il parlait si bien, n'avait pourtant pas pu sauver sa mère... Deux ans auparavant, alors que Malika était déjà rentrée à Poudlard, Voldemort était parvenu à débusquer leur maison. Le hasard avait voulu que Draco soit absent le jour où le drame était advenu. Nelly lisait paisiblement dans le salon lorsque les mages noirs avaient forcé la porte. Elle était seule, ils étaient dix, et ils l'avaient lâchement assassinée. A son retour, Draco s'était effondré en voyant la marque des ténèbres flotter au-dessus de la maison. Le corps de Nelly était resté étendu sur le sol, la face contre terre, les yeux encore ouverts et la bouche légèrement entre-ouverte. Sa baguette était encore dans sa main, signe qu'elle s'était battue. Draco n'avait pas hésité une seconde. Il avait rempli deux valises, pris le corps de Nelly dans ses bras, et avait transplané aussi loin qu'il le pouvait. Malika avait appris la nouvelle le lendemain. Dumbledore avait accepté de recevoir discrètement Draco pour qu'il la lui annonce. Cette perte fut une catastrophe, aussi bien pour Draco que pour Malika. Draco s'était renfermé sur lui-même, ne souriait plus, et vivait dans la seule crainte de voir sa fille disparaître à son tour, et Malika avait tout simplement été privée de l'amour de sa mère.
_ Et pour... L'emplacement, ajouta-t-elle, tu peux m'en dire plus.
_ Je me contenterai de te dire qu'on se rapproche de Londres.
Malika poussa un soupir et avala sa dernière bouchée de tartine avant de quitter la table. Selky s'employa sans attendre à ôter son couvert et commença à le nettoyer. Avant que la jeune fille ne quitte la pièce, Draco l'avertit :
_ Si tu es prête, nous partirons dès que j'aurais fait transplané les derniers meubles.
_ Ma chambre est vide, je n'ai plus rien à faire.
Pour tout commentaire, Draco hocha la tête. Malika en déduit que la conversation était terminée. Elle remonta donc dans sa chambre, sans trop savoir pourquoi puisqu'elle n'avait plus rien a y faire. Elle se contenta donc de s'allonger sur le sol et de savourer avec nostalgie ses derniers instants dans sa maison. Finalement, elle ne voyait pas pourquoi elle était si triste de la quitter, puisqu'elle n'y avait passé que les vacances. Mais c'était le seul endroit où elle s'était sentie bien cette année là. A Poudlard, tout le monde la détestait, y compris les futurs partisans de Voldemort puisqu'ils savaient bien que son père avait quitté ses rangs. Elle ne leur en voulait pas tellement à eux : ils étaient tous particulièrement répugnants à ses yeux et ne désirait absolument pas entamer avec eux de relation amicale. En revanche, elle en voulait énormément à tous ses autres camarades de classe, qui la détestaient pour l'« autre » raison, pour l'erreur que son père avait commise. Jamais elle n'avait rien fait qui aurait pu laisser supposer qu'elle admirait le Seigneur des Ténèbres et ne s'était jamais montrée désagréable envers quiconque. Et pourtant, cela n'empêchait pas les élèves des autres maisons de la regarder avec dégoût. Certains Gryffondors se montraient même particulièrement blessants. Evidemment, le fait que le choixpeau magique l'ait envoyé chez les Serpentards n'avait rien arrangé. Mais c'était dans sa nature : elle était ambitieuse, pleine de volonté et le pouvoir l'attirait, bien qu'elle connaisse parfaitement ses limites. Mais seulement, pour la majorité des élèves de Poudlard, appartenir à la maison Serpentard signifiait forcément que l'on se destinait à une carrière de mangemort. Et être la fille de Draco Malefoy et bien... C'était encore pire que d'être la fille d'un partisan puissant et fidèle de Voldemort. Cette antipathie de la part des élèves lui avait fait détester l'école, plus encore que les leçons qu'on y apprenait et chaque année à la rentrée, lorsque tous partageaient la joie de se retrouver, elle subissait une véritable torture. Les vacances restaient donc le seul moment de l'année où elle se sentait tranquille et aimée. Et pour une fois elle se sentait chez soi. C'était sans doute pour cette raison qu'elle ne désirait surtout pas quitter sa maison.
Elle commençait un peu à somnoler lorsque la voix de son père résonna dans toute la maison :
_ Malika ! On va y aller !
Ces seuls mots la tirèrent de ses rêveries. Elle se leva et contempla une dernière fois sa chambre. Ce n'était plus qu'une pièce vide et froide. Elle soupira et sortit en refermant doucement la porte. Au bas des escaliers, son père leva la tête et sourit :
_ Tout est parti dans notre nouvelle maison. On peut y aller.
Dans le salon, il n'y avait plus rien qui pouvait laisser supposer que quelqu'un avait vécu là toute une année.
_ A qui as-tu vendu ? Demanda Malika.
_ A un couple de vieux sorciers.
_ Et sous quel nom ? Ajouta la jeune fille.
_ Falemoy. J'ai pensé qu'ils ne feraient pas le rapprochement.
_ Peut-être que Voldemort le fera...
_ De toute façon, ce couple n'a aucune chance de découvrir où nous nous rendons. Ils ne représentent pas de grand intérêt pour Voldemort.
_ Si tu le dis...
Ils quittèrent la maison et Draco ferma à clef derrière eux. Une petite brise les accueillit devant la porte d'entrée :
_ Et bien, ça sent la fin de l'été, dit Draco.
Il s'empara du balai et grimpa dessus et Malika monta derrière lui. Il marmonna un sort d'invisibilité et tous deux s'élancèrent dans le ciel. Vue d'en haut, leur maison paraissait plus grande encore qu'elle ne le l'était. Malika se détourna de cette vue et tenta de penser à autre chose. Son père et elle survolèrent de nombreux villages et de grandes plaines à une vitesse vertigineuse. Leur balai, un Tempête 2000, était l'un des plus rapide sur le marché. Pas autant néanmoins que le Tempête 3000. Lorsque enfin ils arrivèrent en vue de Londres, près de deux heures plus tard, Draco pointa quelque chose du doigt :
_ Regarde, dit-il, c'est par-là.
En dessous d'eux, il y avait un petit hameau de villas, dont une se situait un peu plus haut sur une colline, et semblait bien plus grande que les autres.
_ C'est celle là ? Demanda Malika.
_ Oui, c'est la plus grande.
Ils commencèrent leur descente jusqu'à la maison. Plus ils approchaient, plus elle semblait grande. Afin de se cacher des regards (être invisible ne signifiait pas qu'ils devaient manquer d'attention), ils atterrirent derrière la maison. Draco les débarrassa de leur sort d'invisibilité et indiqua à Malika la porte d'entrée. Sur le porche, Draco avait déjà installé une table en bois et quelques chaises, et même des fleurs sur les fenêtres. Cette vue réussit à arracher à Malika un sourire. Cela sembla réchauffer le c?ur de Draco :
_ Ça te plait ?
_ C'est très joli, répondit sincèrement la jeune fille.
_ Je n'ai pas commencé à aménager l'intérieur, mais je me suis dit que ça te plairait qu'on le fasse tous les deux...
Il ouvrit la porte devant elle et la laissa entrer. La maison était immense. L'entrée même était d'une taille impressionnante, et Malika devina qu'il devait en être de même pour toutes les autres pièces.
_ Il y a des meubles un peu partout, s'excusa Draco, mais on devrait arranger ça en quelques jours.
Les meubles étaient en effet disposés un peu n'importe comment, mais Malika n'y fit pas attention. Tout ce qui importait pour elle, c'était la taille de cette pièce, et la hauteur du plafond. Un escalier en bois montait vers le premier étage dont on voyait le couloir puisqu'il n'avait pas de cloison. La rambarde qui la remplaçait était en bois de rose et d'ébène, et le parquet était lui aussi fait de cet alliage. Les murs se déclinaient du blanc à l'ocre, et semblaient comme neufs.
_ Je me suis peut-être trompé, dit Draco. Elle doit être plus grande que l'ancienne.
« Sûrement... » songea Malika.
_ Il y a quatre chambres à l'étage. Tu n'as qu'à choisir la tienne, et tu pourras commencer à monter tes affaires.
_ Je préfère visiter un peu d'abord...
_ Fais comme il te plaira.
Malika se hâta donc de partir à la découverte de toutes les pièces. Elles étaient encore toutes vides, mais elle les trouvait déjà toutes plus belles les unes que les autres. Au rez-de-chaussée, il y avait, outre le grand hall d'entrée qui pouvait parfaitement servir de salle de réception (si seulement ils avaient quelqu'un à recevoir...), il y avait un grand salon avec une cheminée, une pièce moyennement grande où son père avait déjà installé les cartons de livres et qui servirait donc de bibliothèque, une salle à manger, une grande cuisine où Selky s'affairait déjà à ranger les couverts et une pièce toute simple qui deviendrait certainement le bureau de son père. L'étage quant à lui, était composé de quatre chambres et de deux salles de bain, et d'une haute pièce circulaire, visiblement une volière. Malika sourit en songeant que cette pièce était sans aucun doute l'?uvre d'un sorcier, et non d'un moldu. La jeune fille choisit la chambre la mieux exposée, et d'où elle avait une vue sur le petit hameau en contrebas. Lorsqu'elle redescendit, son père commençait déjà à installer quelques meubles dans l'entrée.
_ A ton avis, dit-il en la voyant descendre, je mets ce meuble à côté de la porte d'entrée ou de celle du salon ?
_ Près de l'entrée, répondit immédiatement Malika.
Draco ne discuta pas, toucha le meuble et transplana avec lui jusqu'à l'entrée. Malika hocha la tête, contente du résultat, et aida son père à installer la maison. Son c?ur s'était un peu réchauffé depuis le matin. Elle était avec son père, la seule personne qu'elle aimait, l'été n'était toujours pas terminé, et elle commençait à espérer qu'elle parviendrait peut-être à se reconstruire un peu elle-même dans cette maison...
Nora Weasley poussa un juron et jeta sa baguette magique à travers la pièce. Ron, son père, qui avait choisi cet instant précis pour rentrer dans la pièce, lança à sa fille un regard désolé.
_ Ce sont ces devoirs de vacances, marmonna-t-elle comme pour s'excuser. Hassell nous a donné des dizaines de pages à étudier. Non seulement c'est difficile, mais en plus je n'ai aucune envie d'apprendre ces horreurs.
_ Je comprends Nora, et je suis désolé.
_ Et dire que tu te plaignais de Rogue ! Mais Rogue est une perle à côté de Hassell ! Ce professeur me répugne. Même les autres professeurs le détestent ! Je mettrais ma main à couper que c'est un mangemort. Sinon il n'enseignerait pas la magie noire...
_ J'étais persuadé que Rogue en était un aussi. D'ailleurs il l'a été.
_ Peut-être, mais Hassell ! Ajouta-t-elle avec fureur. Je te jure que quand j'aurai appris le sort d'Avada Kedavra je le tuerai !
_ Ne dis pas ça... Dit-il tristement. Tu serais immédiatement condamnée à mort...
Nora plongea ses yeux dans ceux de son père. Il avait l'air tellement sincère ! Elle ne voulut pas l'inquiéter davantage et ajouta en souriant tristement :
_ Je vais demander à Sam. Studieux comme il est, il a peut-être terminé.
_ Tout comme sa mère... Murmura Ron en souriant.
Elle s'apprêtait à sortir de la pièce, mais son père l'arrêta sur le pas de la porte :
_ Nora, je ne veux pas t'embêter avec ça, mais puisque tu parles de travail, je me demandais où tu en étais de ton apprentissage.
_ Ça avance. J'ai déjà appris un bon nombre de sorts.
Ron hocha la tête et sourit, satisfait de la réponse :
_ Tu progresses vite, je suis fier de toi.
Nora rougit, caractéristique qu'elle avait hérité de son père, et quitta la pièce. Ses parents avaient absolument tenu à ce que son frère jumeau Sam et elle apprennent quelques sorts autres que ceux qu'ils apprenaient en cours de magie noire. Ils envisageaient même de faire d'eux des animagi lorsqu'ils auraient un peu grandi. Clandestinement, bien entendu, le ministère, composé exclusivement des pires mages noirs, n'aurait jamais accepté que des enfants, qui plus est des Weasley, ne fassent cet apprentissage. Mais selon eux, c'était une nécessité. Eux-mêmes étaient devenus animagi dès que la situation avait commencé à se détériorer. Nora les admirait, et les considéraient même comme des modèles, tut comme le reste de la famille Weasley d'ailleurs. Tous ses oncles et tantes, ainsi que ses grands-parents, lui inspiraient le plus grand respect. Certains avaient même perdu la vie en résistant. Parmi eux, Percy, le grand frère de Ron. Il avait enfin réussi à obtenir un poste haut-placé au ministère lorsque Voldemort s'était imposé au pouvoir. Il avait tenté de se battre, mais le Seigneur des Ténèbres l'avait remplacé par l'un de ses fidèles. Percy n'avait pas discuté trop longtemps, sachant que son obstination risquait de le faire tuer, mais il s'était promis de se battre pour ramener l'ordre et la paix. Il l'avait fait et avait rejoint un groupe de résistants, auquel appartenait d'ailleurs toute la famille Weasley, les parents de Nora y comprit. Seulement il avait été tué, comme beaucoup d'autres, lors d'une mission. Nora l'avait à peine connu, mais pourtant elle se sentait proche de lui et admirait sa mort. C'est ainsi qu'elle voulait disparaître, elle aussi, en se battant.
Elle monta à l'étage et toqua à la porte de son frère. Sam était en train de feuilleter un magazine sorcier dans lequel il était question des derniers modèles de balai. Nora jeta un coup d'?il par-dessus son épaule et constata que son frère avait entouré par trois fois le Tempête 3000, dernier-né des balais.
_ Dommage qu'il coûte si cher... Soupira-t-il
_ Tu n'auras qu'à le demander à Noël, si toute la famille se cotise...
Sam haussa les épaules et se tourna enfin vers sa s?ur :
_ Au fait, tu voulais me dire quelque chose ?
_ Juste si tu avais terminé le devoir de Hassell.
Au nom de Hassell, Sam eut une grimace de dégoût :
_ Il y a encore un sort que je ne maîtrise pas, le reste est fait. Pourquoi ?
Nora s'affala sur le lit et soupira :
_ Pour rien en fait, je crois que je ne vais pas faire ses devoirs finalement. A quoi bon ?
_ Tu sais aussi bien que moi que Hassell est un tyran. Même Dumbledore a du mal à le contrôler. Tu sais ce que tu risques si tu ne fais pas ses devoirs.
La jeune fille hocha la tête et ajouta fermement :
_ Je n'ai pas à obéir aux ordres d'un mangemort.
« Si, justement » pensa tristement Sam. Il était habitué aux sautes d'humeur de sa s?ur. Il savait que ça ne durait jamais, et que dans ces moments, il était inutile de la contre-dire. Comme son père. Sam, lui, était plus réfléchi. Même s'il méprisait plus que tout les pratiques des mages noirs, il travaillait consciencieusement et rendait des devoirs bien souvent parfaits : le portrait exact de sa mère, Hermione née Granger. En revanche, malgré leurs caractères très différents, ils étaient presque semblables physiquement. Tous deux avaient hérité des yeux gris de leur mère et des cheveux roux de leur père. La seule différence notable, c'est que Nora les portait longs et la plupart du temps noués, et Sam courts, bien qu'ils aient tendance à s'ébouriffer, comme ceux de sa mère.
_ Fais comme tu veux, dit-il, mais si tu changes d'avis, je peux toujours t'aider.
_ Je ne changerai pas d'avis, répondit Nora en hachant ses mots.
Mais Sam en doutait fort. Pour mettre fin à leur conversation, un hibou d'un noir de jais claqua son bec contre le carreau de la fenêtre. Le jeune sorcier alla lui ouvrir, le déchargea de ses lettres, et le laissa repartir.
_ Lettres de Poudlard ? Demanda Nora avant d'avoir vu l'enveloppe.
Pour toute réponse, Sam tandis à sa s?ur la sienne. Elle ne s'était pas trompée, l'enveloppe portait en effet le seau de Poudlard. Elle s'empressa de la décacheter et la lue attentivement :
« Mademoiselle Weasley, Sachez que cette année la rentrée se fera le 1er septembre, et que le Poudlard Express quittera la gare de King Cross à 11 heures précises. Vous êtes également invités à vous procurer les fournitures demandées sur la liste ci-jointe. Prenez aussi note que tous les élèves de cinquième année sont amenés cette année à étudier un grimoire de magie noire niveau 5 d'ici le début de l'année, selon les nouvelles directives imposées par Lord Voldemort. Par ailleurs, je tiens à vous informer qu'une nouvelle matière sera au programme cette année. Il s'agit de l'option défense contre les forces du mal. Cette matière ayant été interdite par la loi, il est bien entendu formellement interdit de divulguer l'information autour de vous, et il est indispensable de faire preuve d'une discrétion totale, y compris au sein de l'établissement : Certains professeurs pourraient s'y opposer et nous livrer à Voldemort. Bien entendu, seul un certain nombre d'élèves sont invités à participer à cette option, et j'ai l'honneur de vous annoncer que vous faites partie de ceux-là. Tous les élèves n'étant pas au courant de ces nouvelles mesures, je vous répèterais donc de ne pas en parler autour de vous. Avec mes respects, Minerva McGonagall »
Nora leva des yeux ronds sur son frère. Ce-dernier venait lui aussi de finir la lecture de sa lettre.
_ Tu... Toi aussi ? Demanda-t-elle.
_ Je crois oui...
_ Incroyable ! Siffla-t-elle.
Sam acquiesça par un hochement de tête.
_ Dumbledore est incroyable... Je n'en reviens pas qu'il ait pu créer cette nouvelle matière sans éveiller les soupçons de Voldemort !
_ Et qu'il nous ait choisi ! Ajouta Nora enthousiaste.
_ On va enfin apprendre quelque chose d'intéressant...
_ Et qui pourra nous servir. Pour ma part je ne compte pas réutiliser les formules de magie noire !
Ils ne trouvaient pas les mots pour exprimer leur joie. Cela faisait plus de 20 ans que le cours de défense contre les forces du mal avait été supprimé du programme. Nora et Sam avaient toujours envié leurs parents d'avoir eu accès à cette matière dans leur enfance. Pouvoir enfin recevoir ce genre d'éducation était tout simplement une chance incroyable.
Lorsqu'ils mirent Ron et Hermione au courant, leurs visages s'illuminèrent, et ils tinrent à peu près les mêmes paroles que leurs enfants. Mais Hermione, fidèle à elle-même, trouva tout de même dans la lettre de quoi broncher :
_ Un livre de magie noire niveau 5 ? Ces grimoires sont particulièrement dangereux...
Nora reprit la lettre et l'examina en fronçant les sourcils :
_ Je n'avais pas fait attention. J'imagine qu'on n'a pas ce genre de livre à la maison.
_ Non, évidemment, vous vous en achèterez un sur le chemin de Traverse. Vous pourrez toujours l'étudier dans le Poudlard Express, et si ce Hassell trouve quelque chose à redire, il aura affaire à moi.
Les jumeaux échangèrent un regard complice et sourirent. Ce n'était pas l'habitude de leur mère que de lésiner le travail ! Hermione consulta alors l'horloge accrochée au mur et annonça :
_ Bien, je crois qu'il est temps d'y aller, j'espère que vous avez terminé vos valises.
_ Elles sont dans l'entrée, répondit Sam.
_ Tant mieux, on a plus qu'à appeler le Magicobus.
Ron et elle fermèrent les derniers volets, sortirent les valises et quittèrent la maison, les enfants à leur suite. Ron, par mesure de précaution, lança un sort de protection à la maison, de sorte que tout mangemort qui s'en approche soit aussitôt pris d'une envie irrésistible de glace à la fraise, et s'éloigne afin d'en acheter une. Il y avait trop d'informations importantes concernant l'organisme pour lequel travaillaient Ron et Hermione dans la demeure pour se permettre de la laisser sans protection. Mais il n'y avait rien à craindre. Les Weasley vivaient dans un quartier moldu, et il n'y avait aucune chance qu'un mage noir ne passe par ici.
Lorsqu'ils furent dans la rue, ils patientèrent quelques instants et quand elle fut entièrement vide, Hermione fit un geste précis avec sa baguette et aussitôt le Magicobus apparut sous leurs yeux. La porte s'ouvrit et un homme d'une quarantaine d'années, le visage couvert de cicatrices, signe qu'il avait souffert d'acné dans sa jeunesse, en sortit :
_ Bonjour ! Je suis Stan. Bienvenue dans le Magicobus. Faîtes un signe avec votre baguette magique et montez, montez, nous vous emmènerons où vous voudrez.
_ Oui, c'est ça... Murmura Ron en jetant des regards inquiets autour de lui.
Stan les aida à monter leurs valises et toute la famille s'installa au fond du bus. Un vieux sorcier dormait dans un lit tout proche et grogna lorsque la chouette des jumeaux s'agita dans sa cage.
_ Alors, où on vous dépose ?
_ Au Terrier, répondit Ron.
_ Pour vous tous, ça vous coûtera quarante huit mornilles. Ajoutez en quatre chacun, et je vous apporte un jus de citrouille bien frais. Pour cinq de plus, vous...
_ Ça ira, coupa sèchement Ron. C'est une rue pleine de moldus ici, vous devriez démarrer. Ils ont suffisamment peur des sorciers comme ça.
Stan, vexé, repartit et dit à Ern, le conducteur, de démarrer.
_ C'est étonnant que Voldemort n'ait pas mis de mangemort aux commandes du Magicobus, remarqua Sam en regardant Stan s'éloigner.
Nora haussa les épaules :
_ Il faut bien laisser quelques métiers aux sorciers normaux. Les fidèles ont déjà tous les postes importants.
_ C'est juste qu'il doit y avoir un certain nombre de sorciers en cavale qui ont dû faire appel au Magicobus...
_ Ne t'inquiètes pas, intervint Hermione en murmurant. Le chauffeur est un grand froussard et vit sous la menace constante de Voldemort. Il a trop peur de lui déplaire et de se faire tuer, alors il dénonce tous les hors-la- loi qui passent par-là.
Nora jeta un regard de dégoût à Ern :
_ Il agit comme un mangemort finalement.
_ Non, il a peur. Si tu savais combien de sorciers agissent comme lui... Ajouta Hermione dans un soupir.
_ Ce n'est pas comme ça qu'on va se débarrasser de Voldemort...
_ Je ne te le fais pas dire...
Le voyage ne fut pas très long. Lorsque le Magicobus s'arrêta et que Stan annonça le Terrier, la famille Weasley se leva et ramassa ses affaires. Dehors, Nora se frappa la tête et retourna à l'intérieur du bus :
_ Je reviens, j'ai oublié mon pull.
Elle marcha jusqu'au fond du bus et regarda sous son siège. A cet instant, elle sentit une main lui tapoter l'épaule. Elle se retourna vivement et vit que le vieux sorcier qui avait dormi tout le voyage se tenait à présent assis et lui tendait son pull :
_ Merci, dit-elle en souriant.
_ De rien.
Nora s'apprêtait à ressortir, mais le vieux sorcier la rappela :
_ Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, dit-il, mais à votre place, je ne parlerais pas si fort de Voldemort, surtout en présence d'un inconnu.
La jeune fille sentit son coeur faire un bond dans sa poitrine. Le vieil homme dut s'en apercevoir puisqu'il ajouta en riant :
_ Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas adepte de la magie noire ! Ce que je voulais dire, c'est que j'aurais très bien pu en être un. Et si j'avais été particulièrement vicieux et bien...
_ C'est gentil de me prévenir, dit Nora, je ferai attention à l'avenir.
De nature curieuse, elle ne put s'empêcher de demander :
_ Où vous rendez-vous ?
_ A Poudlard.
Elle ouvrit des yeux ronds, mais ne put demander davantage de renseignements car Stan la pria de descendre. Un sorcier venait de faire appel au Magicobus à quelques kilomètres de là. Elle obéit donc à regret et sortit en saluant le vieux sorcier.
_ Ce n'est pas trop tôt ! Dit Sam en la voyant ressortir.
_ Bien, le Terrier est à cent mètres, prenez vos valises et on y va.
De là où ils étaient, ils pouvaient déjà voir la bâtisse de leurs grands parents. Pour Ron, cette maison évoquait beaucoup de souvenirs puisqu'il y avait passé toute son enfance. Lorsque enfin ils parvinrent devant la porte, Molly Weasley vint leur ouvrit et les accueillit à bras grands ouverts :
_ Enfin ! Vous voilà ! Oh ! Et comme les enfants ont grandi !
Elle les embrassa tous et les fit entrer dans la maison. Ça faisait bien longtemps qu'ils n'étaient pas venus, les déplacements étant devenus plus difficiles sous le règne de Voldemort, et l'emploi du temps de Ron et Hermione étant chargé.
_ Les autres ne sont pas encore là ? Demanda Ron.
_ Oh, si ! Ils sont dans le jardin en train de mettre la table. Allez les retrouver, j'ai presque fini de préparer le déjeuner.
Tous quatre rejoignirent donc le reste de la famille dans le jardin. La table était mise, et Fred et George étaient en train de se battre amicalement à coup de sorts un peu loufoques, au plus grand bonheur des plus jeunes.
_ Regardez qui voilà ! S'écria joyeusement Angelika Johnson, la femme de George.
_ La petite famille ! Dit Fred dont la peau commençait à jaunir sous son épaisse couche de poil bleu.
La dernière fois qu'ils s'étaient vus remontait à bien longtemps, et les retrouvailles furent joyeuses. Ils s'abstinrent juste de saluer Fred et George de trop près, tant leur apparence était devenue étrange.
_ C'est normal, dit George, ça fait bien dix minutes qu'on se bombarde de sorts ! On commençait sérieusement à s'inquiéter que vous ne veniez jamais !
Tous éclatèrent de rire.
_ Papa, tu exagères, dit Léa en souriant. Et d'ailleurs, tu devrais t'enlever toutes ces. Rayures et autres... Trucs, ajouta-t-elle en le désignant du doigt.
Léa était une énigme pour toute la famille. D'abord elle ne ressemblait à personne sinon à sa mère de qui elle avait hérité sa peau noire, mais elle était aussi la plus calme et la plus responsable des sept petits-enfants Weasley, alors que son père en était en tout point l'opposé. Elle avait même été nommée préfète chez les Serdaigles. D'ailleurs elle était la seule de la famille à ne pas appartenir à la maison Gryffondor. En entendant sa fille parler de la sorte, George ne put s'empêcher de secouer la tête :
_ J'ai beau tout essayer... Je ne la changerai jamais...
_ Tu devrais plutôt t'en réjouir, remarqua Molly Weasley en amenant les plats sur la table, elle a mieux réussi ses BUSE que toi ! Allez, à table tout le monde !
Toute la famille s'installa autour de la table avec joie et huma les mets qu'avait préparés Molly.
_ Ça a l'air délicieux maman, dit Fred en s'asseyant.
_ Ah, non ! S'écria-t-elle aussitôt, tu ne passes pas à table avec cette apparence ! George et toi me feraient un plaisir de changer tout ça !
Avec un sourire, les jumeaux prononcèrent une formule qui conjurèrent aussitôt tous les sorts qu'ils s'étaient lancés.
_ Bien, annonça alors Molly Weasley. Je vous ai fait un potage de citrouille, suivi de côtelettes d'agneau et de pommes de terre. Et pour le dessert, j'ai fait une petite tarte aux pommes et au miel.
_ Sa spécialité ! Murmura Larry, le fils aîné de Charlie et sa femme Louisa, à l'oreille de Nora.
_ Ma spécialité, ajouta alors Molly, ce qui déclencha un rire discret chez Nora et Larry. Mais servez-vous avant que ça refroidisse !
Chacun se servit d'une cuillère de soupe. Molly Weasley avait l'habitude d'en faire, et c'était toujours un délice. Le reste du repas fut tout aussi bon. Du côté des enfants, les discussions tournaient autour des vacances et de la rentrée toute proche. Tous les professeurs reçurent leur lot d'insultes ! En revanche, du côté des adultes, les conversations étaient plus sérieuses et pour la plupart concernaient l'organisme auquel appartenait toute la famille. Néanmoins, ils laissaient quelques blancs dans leur récit. Sans doute souhaitaient-ils cacher quelques épisodes aux enfants.
Lorsque enfin on passa au dessert, le gâteau fut accueillit avec la plus grande joie. Tout le monde se servit une part particulièrement grosse et la mangea en complimentant Molly. C'est alors qu'il y eut un gros 'pop' et Philip, le jeune fils de Neville et Ginny Londubat qui s'apprêtait à entamer sa scolarité à Poudlard, se transforma instantanément en poussin. Tout le monde explosa de rire, mise à part Molly qui, fidèle à elle-même, jeta un regard foudroyant à George et Fred. Lorsque Philip reprit son apparence normale, quelques secondes plus tard, Fred sortit une carte de sa poche et la tendit au garçon :
_ 'Facétieuses farces et attrapes, Weasley et Cie', à ton service !
_ Désolé, ajouta George, on ne savait pas sur qui tomberait le sort, on n'en a mis que dans une part.
_ Pour avoir moins de chance de tomber sur maman... Murmura Fred un sourire aux lèvres.
_ Fred ! George ! S'indigna Molly. Vous devriez avoir honte ! A votre âge !
Mais Fred et George ne faisait pas le moins du monde attention aux paroles de leur mère. D'ailleurs, maintenant qu'ils avaient crée leur propre boutique de farces et attrapes, cette dernière se montrait même un peu moins agacée par leur comportement. Même Philip, les joues rouges de honte, les félicita pour leur trouvaille :
_ C'est bien trouvé... Mais quand même, vous auriez pu prévenir.
_ Justement non ! C'est la toute la subtilité de notre ?uvre ! Dit George en prenant un ton outré.
Cette petite farce permit aux adultes de taire leurs tristes conversations et de s'intéresser à des choses plus amusantes. Jusqu'à la fin du repas, les discussions tournèrent donc autour de la nouvelle boutique des jumeaux, et de quelques-unes de leurs anecdotes. C'était autrement plus drôle, et Dieu sait combien on avait besoin de rire en ces temps difficiles.
Après le déjeuner, Hermione, Ron, Sam et Nora montèrent leurs affaires à l'étage. Hermione et Ron avaient une chambre pour eux, et Nora et Sam s'installaient avec Léa, Philip et son grand frère Thomas, qui rentrait en deuxième année. Le Terrier était peut-être une grande maison, il était tout de même difficile de tenir à tant de personne. Mais la joie de se retrouver faisait oublier cette petite contrainte ! Les enfants prévoyaient déjà de longues conversations pour le soir !
Lorsqu'ils eurent installé leurs affaires, Sam sortit son magazine de Quidditch et le feuilleta avec tous les garçons présents au Terrier. Tous, sans exception, s'extasièrent devant la photo mouvante du Tempête 3000 :
_ Il paraît qu'il surpasse largement la vitesse du Tempête 2000, dit Larry.
_ Et qu'il remonte automatiquement lorsqu'on est sur le point de toucher le sol, très pratique pour le Quidditch ! Renchérit Bill, l'aîné de la fratrie Weasley, et le seul, avec Fred, à toujours être célibataire
_ Les poursuiveurs et l'attrapeur de l'équipe d'Ecosse s'en sont déjà tous procurés un, informa Larry.
_ Pas étonnant qu'ils soient en tête du championnat ! Dit Arthur.
Nora, qui ne s'intéressait au Quidditch que parce que c'était la seule chose qui la faisait oublier le régime de Voldemort, ne participait pas à la conversation. Elle préférait discuter « entre filles » avec ses cousines Léa et Jane, la fille de Charlie et Louisa et élève de septième année et préfète en chef chez les Gryffondors.
_ Et bien, soupira-t-elle en regardant tour à tour ses deux cousines, on dirait que je suis la seule fille de la famille à ne pas être devenue préfète...
_ Mais non, la rassura Léa. Maman ne l'a jamais été.
Nora sourit au ton de sa remarque :
_ Ne t'inquiète pas, ça ne m'embête pas du tout. Au contraire ça me consterne de voir qu'il y a tant de préfets dans la famille !
Pour tout commentaire à sa remarque, Jane envoya un coussin à la tête de sa cousine, qui éclata de rire.
_ Pour changer de sujet, reprit-elle lorsqu'elle fut calmée. Vous avez reçu vos lettres de Poudlard.
Jane et Léa échangèrent un regard étrange.
_ Oui, répondit tout simplement Léa.
Elle n'en ajouta pas plus, mais Nora sentit bien qu'elle lui cachait quelque chose.
_ Et alors ? Persista-t-elle.
_ Et bien. On a notre liste de fourniture et...
_ C'est tout ?
Léa lança à nouveau un regard à Jane et poursuivit :
_ Pourquoi ? La tienne avait quelque chose de... Spécial ?
_ Peut-être bien...
_ Tu veux dire que toi aussi tu... Enfin McGonagall t'a proposé de...
Jane coupa court à cette conversation qui ne menait à rien et dit tout simplement :
_ Vous allez me rendre folle toutes les deux ! Je crois qu'on à toutes entendu parler des nouveaux cours de défense contre les forces du mal.
Les yeux de Nora et Léa s'illuminèrent :
_ Toi aussi ! S'écrièrent-elles en ch?ur.
_ Chut ! Calma Jane. Je ne pense pas que ça serait bon que les petits soient au courant. Je leur fais confiance, mais ils sont encore petits, ils risquent de répéter ça autour d'eux.
_ Alors comme ça toi aussi tu vas faire partie de ce cours ? Chuchota Léa.
_ Et Sam aussi. Mais je me demande comment on va travailler, on ne nous demande aucun livre.
_ De toute façon, même si on nous en avait demandé un, je me demande où on aurait pu se le procurer ! Ils ont tous été interdits, remarqua Jane.
Nora haussa les épaules :
_ Dumbledore est intelligent. Il aurait pu trouver un moyen.
_ Ne te plains pas, dit Léa. Ça prouve qu'on ne passera pas notre temps le nez dans un livre. On va faire du concret.
Nora ouvrit exagérément les yeux :
_ Mais je rêve ! Léa Weasley ne veut pas passer son temps le nez dans un livre ? Mais dis-moi, ce n'est pas ce que tu fais depuis que tu as appris à lire ?
Léa soupira et foudroya Nora du regard. Jane, qui s'amusait de la situation s'exclama :
_ Je vous le dis, on a dû vous échanger quand vous étiez petites !
Léa et Nora échangèrent un sourire.
_ C'est peut-être vrai... Dit Nora.
Jane ouvrait la bouche pour parler, lorsqu'un cri perçant provenant de la cuisine arrêta net leur conversation :
_ FRED ! GEORGE !! Venez ici immédiatement !!
Les trois jeunes filles se précipitèrent dans la cuisine, intriguées, et éclatèrent de rire à l'instant où elles découvrirent la cause de cette crise d'hystérie de la part de leur grand-mère. Sur le sol, deux poussins piaillaient, et semblaient même très mécontents. Molly, qui trônait au milieu de la pièce était rouge de colère et jetait un regard furibond sur ses deux fils. Eux, en revanche, semblaient s'amuser de la situation.
_ Tiens, c'est bizarre, dit Fred, je pensais qu'on n'en avait mis que dans une part.
_ Tu as dû te tromper ! C'est idiot !
_ Qu'est ce qui te fais dire que ce n'est pas toi qui t'es trompé ?
_ ASSEZ ! S'emporta Molly. Vous allez immédiatement me les remettre à l'état normal !
Les jumeaux jetèrent un regard attendri aux deux poussins qui s'agitaient sur le sol :
_ C'est dommage, ils sont tellement mignons...
_ Et puis c'est de leur faute, ils n'avaient qu'à pas être gourmands. Le déjeuner est terminé depuis longtemps.
_ Je me fiche de savoir s'ils sont gourmands ! Ce n'est pas la question ! Et je ne supporte plus que vous fassiez vos petites expériences sur votre famille !
Nora, Léa et Jane riaient discrètement sur le pas de la porte. Les jumeaux poussèrent un long soupir et demandèrent :
_ Depuis quand sont-ils dans cet état ?
_ Environ une minute.
_ Une minute ? S'étonna George. Il va falloir qu'on revoie les ingrédients de notre potion, ça ne devrait pas être si long.
Les deux poussins s'arrêtèrent net de s'agiter, et s'ils avaient été humains, ils seraient sans aucun doute devenus livides.
_ Dommage, on ne pourra pas la mettre dans le commerce pour la rentrée.
Excédée, Molly hurla :
_ REMETTEZ-LES DANS LEUR ETAT NORMAL IMEDIATEMENT !!
_ D'accord, d'accord...
Fred sortit sa baguette de sa poche et prononça la formule qui ramena les deux malheureux poussins à leur état normal. Apparurent alors sous leurs yeux Ron et Ginny, tous deux aussi rouges de colère que leur mère. Dès que leur bouche furent redevenues fonctionnelles, ils déblatérèrent une quantité d'injures qui n'eurent pour effet que d'arracher un sourire aux jumeaux. Ils s'excusèrent rapidement pour la forme et sortirent de la pièce en riant. Les trois filles cachèrent leurs rires aux deux malheureux, mais y allèrent de mon c?ur lorsqu'ils furent hors de vue.
_ Je trouve que c'est dommage que Grand-mère se comporte ainsi avec Fred et George. On a pourtant bien besoin d'eux et de leurs farces en ce moment, soupira Nora.
_ Parles pour toi ! Dit Léa. Notre maison est un vrai champ de bataille et maman s'arrache les cheveux à chaque fois qu'il invente une nouvelle invention.
_ Ça doit sûrement être plus amusant que chez nous ! Avec maman on passe son temps à travailler et lire ! D'ailleurs ça rend papa complètement fou... Mais j'ai cru comprendre que ça a toujours été comme ça.
Elles discutèrent ainsi tout l'après-midi, comme une vraie famille. C'était bon de se revoir et elles avaient mille choses à se raconter. Léa et Jane furent ainsi mises au courant des dernières trouvailles que les jumeaux n'avaient pas osé raconter à table en présence de leur mère, Jane fit le récit de ses vacances dans leur maison de Roumanie, et Nora se contenta de se plaindre comme elle l'avait toujours fait des professeurs et des cours.
En fin d'après-midi, les garçons proposèrent aux filles une partie de Quidditch dans le jardin. Pas vraiment passionnée par ce sport, elles préférèrent suivre le match en tant que spectatrices. Cela suffit à déclencher chez elles beaucoup d'éclats de rire, rien qu'au choix des équipes. Tous se disputaient Fred et George, anciens batteurs de l'équipe de Gryffondor. Finalement, chaque équipe prit l'un des jumeaux, mais lorsque l'on vit celle de Fred prendre la main, on trouva tout de même le moyen de dire que les équipes n'étaient pas équilibrées. D'ailleurs, pour finir, ce fut tout de même celle de George qui remporta la victoire.
Les jours qui suivirent ressemblèrent à celui-ci. L'ambiance chaleureuse qui régnait dans la famille faisait presque oublier tous les soucis de l'extérieur, et même si les adultes discutèrent de temps à autres de leurs obligations, ils paraissaient très loin de tout ça. Fred et George expérimentèrent encore quelques nouveautés, les garçons disputèrent d'autres parties de Quidditch, et les filles discutèrent encore et encore à n'en plus finir. Si bien que les jours filèrent comme l'éclair, et que l'on se retrouva bien vite à la fin des vacances.
Le Chaudron Baveur était absolument complet en cette veille de rentrée. La famille Weasley avait dû s'y prendre plusieurs semaines à l'avance pour réserver une chambre, et en voyant le monde se presser à la porte, ils ne le regrettèrent pas ! Pour loger toute la famille, deux chambres étaient nécessaires. Et encore, c'était uniquement parce que Hermione était la seule adulte à les accompagner ! Après avoir salué Tom, le propriétaire de l'auberge, la petite famille monta à l'étage pour s'installer. Hermione et les trois filles déposèrent leurs affaires dans la plus grande chambre, tandis que Sam et ses deux petits cousins s'installaient dans la pièce voisine. Ils préférèrent ne pas déballer toutes leurs affaires, afin de ne pas être obligés de tout ranger le lendemain, pour le départ du Poudlard Express. Ils se contentèrent donc de poser leurs valises sur leurs lits et ressortirent de l'auberge, leurs listes de fourniture en main.
Le Chemin de Traverse grouillait d'élèves qui, comme eux, faisaient leurs courses de rentrée des classes au dernier moment. Et comme chaque année, Nora repéra une ombre passer sur le visage de sa mère à l'instant où ils posèrent le pas sur la rue. Elle savait très bien ce que cela signifiait. Elle n'avait jamais connu le Chemin de Traverse tel qu'il l'avait été dans le passé, mais sa mère, elle, était à chaque fois blessée de voir à quel point il avait changé.
Ron et Hermione avaient souvent fait à leurs deux enfants la description de la célèbre avenue telle qu'elle avait été. Il y avait alors la boutique de Monsieur Ollivander, qui avait fourni des générations de sorciers en baguettes magiques, des boutiques d'animaux domestiques en tout genre : Chouettes, hiboux, crapauds, chats et autres petites bêtes affectueuses, des magasins de vêtements, des restaurants à l'ambiance joyeuse, et puis des boutiques d'articles aujourd'hui interdits : livres de défense contre les forces du mal, grimoires de formules contre les mages noirs, objets de magie blanche de toutes sortes... On ne comptait plus tous ce qui avait été supprimé du quotidien des sorciers.
Mais à présent, tout avait changé. Monsieur Ollivander n'était plus et son successeur était de toute évidence un fervent admirateur de Lord Voldemort, les chats ou les crapauds étaient devenus plus durs à se procurer, et avaient cédé leur place aux serpents, araignées, et autres reptiles ou bêtes repoussantes. Les hiboux étaient à la rigueur les seuls dont on pouvait encore se pourvoir. Mais ils étaient pour la plupart de nature assez agressive. Les librairies étaient devenues sombres et encombrées de grimoires de magie noire, comme si la réserve de Poudlard, pourtant réputée comme dangereuse, avait transféré tous ses livres ici, à la vue de tous. Seuls quelques anciens, tels que Tom, avaient subsisté et restaient à ce jour les seuls lieux fréquentables du Chemin de Traverse.
Sam jeta un rapide coup d'?il à sa liste et lança :
_ Bien, je vais aller chercher mes livres. Qui m'aime me suive !
_ Les filles, vous devriez aller avec lui, proposa Hermione, moi je m'occupe de Thomas et Philip.
Nora, Léa et Jane acquiescèrent et suivirent Sam vers la librairie. Mais pour se frayer un chemin dans la foule, ils durent jouer des coudes, et c'est essoufflés qu'ils parvinrent à la boutique. Ils constatèrent d'ailleurs avec soulagement que la boutique était presque vide. Quelle chance ! Il valait donc mieux se dépêcher de trouver ses livres, car ça ne durerait pas. Pour gagner du temps, ils se séparèrent et partirent chacun de leur côté à la recherche de leurs livres. La librairie était grande, et il était assez difficile de s'y repérer. Mainte fois d'ailleurs Nora s'était plainte que le libraire ne soit pas capable de faire des efforts de rangement pour la rentrée, et elle grimaçait à l'idée de devoir lui demander de l'aide. N'importe qui aurait été dans son cas : ce libraire était particulièrement vicieux et semblait aussi menaçant que sa boutique.
Après avoir fait le tour du rez-de-chaussée, Nora et Sam montèrent à l'étage dans l'espoir de trouver les manuels de cinquième année. Mais dès qu'ils virent la taille des étagères et la quantité de poussière qui s'amoncelaient sur les livres, ils poussèrent un soupir de désespoir.
_ Mais on en a au moins pour une heure ! Se lamenta Nora.
_ On peut toujours demander de l'aide... Proposa Sam en dernier recours.
_ Ça jamais ! Je t'ai pourtant répété que je déclarais la guerre aux mages noirs ! Pas question que je demande de l'aide à ce type !
_ J'ai compris, calme-toi... On a qu'à se séparer, on finira bien par trouver.
_ D'accord, tu prends à gauche, je prends à droite.
Sans attendre la réponse, Nora s'engagea dans une allée tout aussi sombre que les autres. Tandis qu'elle avançait, elle gardait les yeux rivés sur les titres des livres. Mais il paraissait évident qu'elle ne trouverait pas ce qu'elle cherchait ici. Jamais elle ne dénicherait « Mille et unes potions » entre « Comment développer vos qualités de mage noir » et « Adam Letts, autobiographie d'un mangemort ». Elle poursuivait son chemin, de plus en plus énervée à l'idée qu'il faudrait bien qu'elle demande de l'aide à un moment ou à un autre, lorsqu'elle se cogna violemment à une jeune fille qui se tenait en travers de son chemin. Toutes deux tombèrent, et tous les livres que la jeune fille tenait dans ses bras s'éparpillèrent sur le sol.
_ Mais ça va pas ! S'exclama-t-elle. Tu ne peux pas regarder devant toi !
Nora leva les yeux en se frottant le front, prête à s'excuser, lorsqu'elle reconnut celle qui se tenait dans la même posture en face d'elle. Ces cheveux blonds coupés aux épaules, ces yeux gris menaçants, il n'y avait pas de doutes. Elle était bien l'image de son père. Dès que ces yeux perçants reconnurent Nora, elle prit aussitôt un air agacé :
_ Encore toi ! Soupira-t-elle comme si le fait de revoir Nora était le pire chose qui aurait pu lui arriver.
_ Ne t'inquiète pas Malika, répondit Nora. Je ne suis pas franchement heureuse de te revoir non plus...
Elles se fusillèrent du regard quelques secondes avant de se relever. Si leurs yeux avaient pu lancer des éclairs, elles seraient toutes deux mortes foudroyées dans l'instant. N'importe qui serait passé à cet instant aurait pu sentir à quel point les deux jeunes filles se détestaient.
_ Et bien, poursuivit Nora en jetant un regard dédaigneux aux livres qui s'étaient étalés sur le sol. Tu as de la lecture très saine à ce que je vois.
Aussitôt, Malika s'empara du grimoire de magie noire qu'elle avait laissé tomber et le cacha contre soi :
_ Tu as la mémoire courte la rouquine. Il va falloir que tu t'en procures un toi aussi cette année.
_ Oh, c'est vrai, j'oubliais ! J'imagine que ça a dû te faire un plaisir fou lorsque tu as lu ta liste de fourniture. Un livre de magie noire ! Quel honneur ! Tu vas pouvoir marcher dans les pas de papa.
_ C'est toujours mieux que de marcher dans ceux de ton crétin de père et de ta sang-de-bourbe de mère !
Nora sentit son visage rougir de fureur et son sang bouillir dans ses veines. L'insulte faite à ses parents la remplissait de haine, et si elle ne s'était pas retenue, elle se serait jetée sur Malika et l'aurait étranglée sur-le-champ. Malika eut un rictus et ramassa ses livres.
_ Je me demande ce qui a prit Dumbledore le jour où il t'a admise à Poudlard, mais tu ne seras pas toujours sous sa protection. Et ce jour là...
Nora serra les poings et les dents. Malika, qui ne semblait pas le moins du monde ébranlée par cette remarque, planta son regard dans celui de son ennemie de toujours et lui lança avec un sourire moqueur :
_ Tu es tellement naïve ! Ne joue pas les dures avec moi, tu risques d'y laisser des plumes.
Sur ce, elle tourna les talons et redescendit au rez-de-chaussée. Tout ce que Nora trouva pour calmer ses nerfs fut de lâcher un cri de rage et de donner un violent coup de poing dans la pile de livre la plus proche. Sam, alerté par le bruit, rejoignit sa s?ur :
_ Mais qu'est ce qu'il se passe ici ?
Nora tourna son visage encore rouge vers son frère. Ce dernier ne put s'empêcher de lui lancer une remarque moqueuse :
_ Et bien, tu as vu un mangemort ?
_ Pire que ça.
Sam fronça les sourcils :
_ Mmh... C'est sérieux alors...
_ Malika Malefoy...
Sam eut une grimace de dégoût :
_ Je vois...
_ J'espérais ne la voir que le plus tard possible, c'est manqué... Soupira Nora.
_ Et qu'est ce que faisait cette peste ici ?
_ Elle achetait ses livres, comme tout le monde. Et des livres de magie noire en prime. Ça m'étonne d'ailleurs qu'elle n'en ait pas plutôt emprunté un à son cher père. Il doit en avoir un stock chez lui.
_ Allez, arrêtes de parler de ça et viens avec moi. J'ai trouvé ce qu'on cherchait.
Nora poussa un soupir de soulagement :
_ Enfin ! Je commençais vraiment à avoir peur d'y passer la journée.
Sam sembla hésiter un instant avant de parler, mais finalement il admit dans un sourire :
_ Tu sais, ce n'était pas bien compliqué. J'ai juste demandé de l'aide au libraire !
Nora sourit et frappa amicalement la tête de son frère avant de se rendre avec lui jusqu'à l'étagère des manuels scolaires.
Malika évita de croiser le regard du libraire lorsqu'elle passa à la caisse pour payer ses livres. Elle garda aussi la tête baissée lorsqu'il lui fit l'éloge du grimoire de magie noire qu'elle avait choisi, bien qu'elle eut brûlé d'envie de lui ordonner de se taire. Lorsqu'il lui demanda l'argent, elle fourra son nez dans son porte-monnaie et en ressortit les pièces qu'il fallait pour les lui déposer dans la main. Ceci fait, elle ne prit même pas la peine de dire au revoir et sortit précipitamment de la boutique, tous ces livres dans un sachet en papier marqué du sceau du magasin. Sa rencontre avec Nora Weasley l'avait agacée au plus au point, et elle était à présent partagée entre un sentiment de haine envers cette fille qui ne comprenait rien à rien, et la tristesse. Elle avait fait exprès d'attendre le dernier moment pour faire ses achats de rentrée scolaire car elle savait que c'était le moment où il y avait le plus de monde, et par conséquent celui où elle risquait le moins de rencontrer d'autres élèves de cinquième année. Manque de chance, elle avait été obligée de se cogner à sa pire ennemie dans la première boutique où elle était entrée. Et encore une fois elles s'étaient envoyé une quantité de remarques cinglantes. Elle savait qu'elle n'aurait pas dû dire de telles choses sur Ron et Hermione Weasley, mais Nora l'avait cherché. Et puis c'était une Serpentard, c'était dans sa nature. Pourtant, parfois, elle se demandait si le choixpeau magique n'aurait pas mieux fait de l'envoyer chez les Gryffondors. Elle se souvenait encore parfaitement du jour où elle l'avait posé sur sa tête, et des réflexions qu'il s'était faites. Il avait lu dans son esprit et s'était posé des tas de questions dont Malika se souvenait encore aujourd'hui. Fallait-il l'envoyer chez les Gryffondors ou chez les Serpentards. La jeune fille avait alors songé qu'où qu'elle puisse aller, elle ne se sentirait jamais à sa place. Peut-être que le choixpeau magique avait alors commis une des seules erreurs de sa carrière de choixpeau en prononçant à voix claire et haute le nom de Serpentard. Personne n'avait applaudi, comme pour les autres élèves, sinon les professeurs et quelques premières années qui n'étaient pas encore au courant de ce que son père avait fait. Elle était allée s'asseoir à l'une des places vide de la table des Serpentards et avait senti le regard pesant de tous les élèves présents se poser sur elle. Encore aujourd'hui, il arrivait qu'elle doive endurer cette humiliation lorsqu'elle errait seule dans les couloirs, où qu'elle lisait tranquillement dans la salle commune. Elle ne s'y était jamais habituée.
Aussitôt qu'elle fut sortie du magasin, elle se hâta donc de se mélanger à la foule, là où on ferait le moins attention à elle, et chercha un restaurant où il y avait le moins d'élèves possibles afin de pouvoir déjeuner tranquillement. Elle en trouva finalement un, au bout de la rue, où il n'y avait pratiquement personne. Elle comprit d'ailleurs pourquoi lorsqu'on lui apporta le plat qu'elle avait commandé, une espèce de bouillie grisâtre et infâme qui aurait dû être un plat de pâtes. Elle se força malgré tout à avaler quelques bouchées, mais en laissa plus de la moitié afin de ne pas risquer d'être malade.
Autant dire qu'elle eut vite fait d'en finir avec son repas. N'ayant rien d'autre à faire, elle resta, seule, assise à sa table en sirotant un verre d'eau et en regardant passer les gens. Ils avaient l'air pour la plupart heureux, et étaient pour la plupart des familles composées d'enfants plus ou moins jeunes et de parents, les bras chargés de livres. Malika sentit sa gorge se nouer devant le spectacle de ces familles heureuses et parfaites. Elle n'avait pas eu cette chance là, elle.
Ce matin là, Malika était venu sur le Chemin de Traverse en utilisant le moyen de transport qu'elle détestait le plus : la poudre de cheminette. Son père l'avait longuement serrée dans ses bras avant qu'elle ne s'engouffre dans le feu de cheminée du salon et lui avait répété maintes et maintes fois de faire bien attention à elle, et d'éviter de se faire trop repérer sur le Chemin de Traverse. Malika avait alors senti qu'il s'en voulait énormément de ne pas pouvoir l'accompagner. Pourtant elle n'était pas fâchée, car elle savait très bien que si quelqu'un l'avait reconnu, il signait son arrêt de mort, et celui de sa fille avec. Seule, Malika ne risquait pas grand chose. Mis à part les élèves de Poudlard, personne ne savait qui elle était en réalité.
Au bout d'un moment, voyant qu'elle ne commandait plus rien, un serveur vint à elle pour lui demander de quitter la table. Malika ne chercha pas à négocier, même si elle aurait bien volontiers lancé un regard noir à ce serveur. A la place, elle se leva tranquillement, prit son sac et marcha jusqu'à l'autre extrémité du Chemin de Traverse, vers le Chaudron Baveur où elle avait déjà déposé ses affaires.
Sam et Nora avaient retrouvé leurs cousins à la terrasse d'un nouveau restaurant sur le Chemin de Traverse. Pour une fois, il ne s'agissait pas d'une auberge sombre dirigée par un vieux couple de mages noirs, mais bien d'un restaurant à l'ambiance jeune et branchée, et aucun des clients assis autour des tables ne paraissait appartenir aux rangs de Voldemort. Pour la plupart, il s'agissait d'ailleurs de famille de sorciers et d'élèves de Poudlard. Tandis qu'ils attendaient leurs plats, les Weasley comparaient leurs livres. Philip semblait déjà passionné par son livre de potion, chose qui fit rire Hermione aux éclats :
_ Si tu savais ce que nous pensions de la potion quand nous étions encore à Poudlard !
C'était peut-être l'une des seules choses qui s'étaient améliorées depuis le début du règne de Voldemort. Selon Ron et Hermione, les cours de potions étaient ceux qu'ils détestaient le plus durant leur scolarité. Aujourd'hui, les jumeaux excellaient dans cette matière !
_ Ça a l'air intéressant, dit Philip sans détourner son regard de son livre. Il y a même une potion qui peut modifier la voix.
_ Ne t'emballe pas ! S'exclama Jane, tu ne feras pas cette potion avant ta troisième année.
Philip parut déçu, mais cela ne dura pas bien longtemps, car quelques minutes plus tard seulement, il s'extasiait devant une nouvelle potion.
Ils commençaient à se plaindre du temps que mettaient leurs plats à arriver, lorsque les jumeaux sentirent une main amicale leur frapper l'épaule. Ils se retournèrent vivement, et tombèrent nez à nez avec leur meilleur ami, Daniel Baker, le fils de Cho Chang, la célèbre attrapeuse de l'équipe de Quidditch d'Angleterre.
_ Dan ! S'écrièrent-ils en choeur.
Ils s'écartèrent l'un de l'autre afin que Daniel puisse s'installer entre eux deux.
_ Bonjour à tous ! Dit-il joyeusement en s'adressant à toute la table.
_ Bonjour Daniel, répondit Hermione. Comment vas-tu ?
_ Très bien, je vous remercie.
_ Et ta mère ? S'empressa de demander Sam, j'ai lu dans la Gazette du Sorcier que l'Angleterre avait gagné face à l'Ecosse.
_ 195 à 80 en 49 minutes de jeu, précisa Dan. Il fallait voir ça !
Les jumeaux s'extasièrent devant leur ami :
_ Quelle chance ! S'exclama Sam. Une mère joueuse de Quidditch...
_ D'ailleurs on a reçu ta lettre d'Ecosse, ajouta Nora.
_ Oui, j'aurais bien aimé être avec vous au Terrier mais...
_ Ne t'excuses pas ! Coupa Sam immédiatement. Au moins tu as voyagé un peu ces vacances.
Daniel approuva et se mit à faire le récit de ses vacances en Ecosse. La raison première de ce voyage avait bien entendu été le match de Cho, mais ça avait aussi été l'occasion de découvrir un peu le pays. Selon Dan, mis à part la nourriture, il n'y avait rien à redire. C'était un pays magnifique :
_ Je regrette juste de ne pas avoir pu voir le monstre du Loch Ness. Mais il se cachait lorsque j'y étais. Je crois qu'il avait pris froid.
Quelques minutes plus tard, les plats arrivèrent enfin sur la table. Daniel, qui avait déjà mangé, se contenta de rester là pour discuter avec ses deux amis. Nora avait commandé un carré d'agneau, et en fit l'éloge de la première à la dernière bouchée !
_ Je ne sais pas ce que vous avez pris, dit-elle, mais pour rien au monde je n'échangerais avec vous !
Elle en donna tout de même un morceau à Philip qui louchait sur son assiette depuis le moment où il avait quitté les cuisines !
C'était une journée ensoleillée et joyeuse. Les familles autour d'eux se retrouvaient et échangeaient leurs souvenirs de vacances. Eux-mêmes ne laissaient pas à un seul blanc dans leurs discussions et parvenait toujours à glisser un éclat de rire dans chaque conversation. Ils étaient heureux à l'idée de retrouver leurs amis, et de pouvoir profiter d'une aussi belle journée en cette veille de rentrée. Pour l'heure, rien ne pouvait gâcher cette journée. Rien.
Et pourtant... Si seulement ils avaient su...
Nora allait se remettre à discuter avec Dan lorsqu'elle s'arrêta brusquement et fixa son regard sur sa mère. Le trouble qu'elle lut alors sur son visage la remplit d'effroi. Elle tenait sa fourchette à quelques centimètres de sa bouche, et semblait avoir brutalement stoppé son geste. Ses lèvres frémissaient légèrement, ses joues avaient blanchi et son visage reflétait un sentiment de peur que Nora n'avait encore jamais vu chez elle. Quant à ses yeux, ils fixaient quelque chose qui se trouvait alors derrière le dos de la jeune fille. Cette dernière suivit son regard et aperçut alors la cause de tant d'effroi. Son dos frissonna. Un peu plus loin, un groupe de six ou sept sorciers vêtus de couleurs sombres et le visage entièrement camouflé dans l'ombre de leur grand chapeau noir avançait à vive allure. Et tandis qu'ils marchaient, ils bousculaient tous ceux qui avaient eu le malheur de se trouver sur leur chemin. Mais le pire, c'était sans doute la créature qui se dressait au milieu du groupe. Plus grande que les autres, elle était enveloppée d'un drap noir et ne laissait transparaître aucun trait de son visage. Et pourtant, elle était reconnaissable entre mille autres créatures. Un détraqueur. Lorsque le groupe passa à côté du restaurant, tous les clients semblèrent envahis d'une peur immense et submergés par des sentiments atroces. Ce fut aussi le cas pour Nora. En un instant, elle se sentit envahie d'une vague de désespoir et de tristesse qui l'aurait tuée si elle avait duré plus longtemps. Philip, qui n'avait encore jamais vu de détraqueur, sembla terrorisé.
_ Qu'est ce qu'il se passe maman ? Demanda Nora la voix tremblante.
Mais Hermione ne répondit pas. Même si le détraqueur s'était à présent éloigné, elle semblait encore ravagée par le souvenir qu'il avait fait ressurgir en elle. Les cris se faisaient encore écho dans sa tête. Les cris d'une personne qu'elle ne connaissait que trop bien. Elle qui avait fini par oublier. Nora l'observa avec compassion, sachant qu'elle ne pourrait rien faire. Elle était intelligente, elle savait très bien ce qui se passait en cet instant dans la tête de sa mère.
_ Saleté de détraqueur ! S'écria Dan lorsqu'il reprit ses esprits. Ils sont complètement fous d'en laisser un circuler en pleine rue !
Il ouvrit son sac sur ses genoux et sortit une tablette de chocolat.
_ Du chocolat que j'avais justement réservé pour Poudlard... Grogna-t-il.
Il découpa sa tablette en morceau et en distribua à toute la table. Aussitôt ils se sentirent mieux. Mais Hermione n'oubliait toujours pas ce qu'elle venait d'entendre.
C'est alors qu'un deuxième événement les fit trembler d'effroi. Un cri perçant venait de s'élever de la foule, un peu plus loin, et les gens commencèrent automatiquement à s'agiter et à chercher à tout prix à s'éloigner en courrant. Cela suffit à tirer Hermione de ses pensées.
_ Maman ! S'écria Nora lorsqu'elle vit sa mère se lever d'un bond.
Hermione regarda Nora droit dans les yeux. Ils reflétaient alors la terreur.
_ Où tu vas ? Demanda-t-elle sans pouvoir contrôler le tremblement de sa voix.
Elle était terrifiée. Autour d'eux la foule de sorciers s'enfuyait, prise de panique, sans même s'apercevoir qu'elle renversait au passage les chaises et les tables encore vides du restaurant.
_ Ecoutez... Commença Hermione en essayant de ne pas laisser transparaître son trouble, je vais voir ce qu'il se passe. Retournez immédiatement au Chaudron Baveur, je vous y retrouve tout à l'heure.
Sam et Nora sentirent alors un frisson parcourir leur corps entier.
_ Non ! S'écrièrent-ils d'une même voix.
Hermione fronça ses sourcils et inspira profondément :
_ S'il vous plait, allez vous mettre à l'abri, et attendez-moi le temps qu'il faudra, ajouta-t-elle fermement.
Les jumeaux surent qu'il n'y avait pas là matière à discuter. Ils regardèrent alors, impuissants, leur mère disparaître dans la foule de sorcier, le c?ur déchiré. Ils seraient restés là, incrédules, si Dan ne les avait pas tirés par la manche :
_ On y va.
Nora hocha la tête, agrippa fermement Philip d'une main, le sac de ses manuels scolaires de l'autre, et suivit les autres dans le sens de la foule. A peine entrée dans le mouvement, elle se sentit propulsée en avant et poussée de toute part par des gens pris de panique. Elle fut balancée de droite à gauche, sans rien pouvoir faire d'autre que d'avancer en courant. Sa main tenait toujours fermement celle de Philip, et elle tentait de le maintenir au maximum contre lui. Il ne fallait surtout pas qu'ils tombent, ni lui, ni elle. Et tandis qu'elle courait, elle jetait autour d'elle des regards inquiets. Mais elle avait déjà perdu les autres membres de sa famille de vue. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'ils arriveraient tous sains et saufs au Chaudron Baveur. Elle se sentit alors envahie d'une vague de terreur lorsqu'elle sentit les doigts de son cousin glisser des siens. Elle tourna la tête et eut tout juste le temps de voir son visage affolé, avant qu'elle ne lâche définitivement sa main et qu'il ne disparaisse derrière elle. Il n'y avait plus rien à faire. Elle tenta bien de faire demi-tour, mais rien n'y fit, elle était toujours poussée dans le même sens, et faillit trébucher. Il n'y avait que quelques mètres entre le restaurant et le Chaudron Baveur. Et pourtant, ces quelques minutes lui parurent durer une éternité.
Malika resta blottie dans le coin du mur et dut faire preuve d'un effort surhumain pour retenir ses larmes. Elle enfouit sa tête dans ses genoux, et tenta d'oublier ses dernières terribles minutes. Le détraqueur était passé si près. Trop près d'elle. Elle s'était alors sentie submergée d'une vague de désespoir et avait eut le sentiment que le sol se dérobait sous ses pieds. Elle était tombée à genoux, terrassée par le pouvoir de la bête. La créature s'était alors retournée. Lentement d'abord, et puis de plus en plus vite. Elle avait légèrement levé la tête. Et Malika avait vu ses yeux*. Des yeux sombres et terrifiants, remplis de tous les malheurs du monde. Elle avait fixé son regard et avait senti ses joues blêmir et son c?ur s'arrêter de battre l'espace de quelques secondes. Il avait deviné qui elle était. Elle sut en cet instant qu'il s'apprêtait à faire demi-tour, qu'il allait s'approcher d'elle, et qu'il allait aspirer la vie hors de son corps. Qu'il allait la tuer. Elle le vit nettement lever son pied, sans lâcher son regard du sien, et en un instant, son sang s'était glacé dans ses veines.
_ Ici !!
Le cri résonnait encore dans sa tête. Le cri qui lui avait sauvé la vie et qui avait pris celle d'un autre. Un des sept mangemorts qui accompagnaient le détraqueur avait levé sa baguette et s'en servait pour désigner un petit groupe de trois ou quatre personnes, assis tranquillement autour d'une table. La créature avait brutalement détourné son regard. Les mangemorts ne s'étaient aperçus de rien. Mais si ça avait été le cas, elle serait sans doute morte à l'heure qu'il est. Le détraqueur s'était alors jeté sur le groupe et avait agrippé un homme, au hasard parmi eux. Malika avait fermé les yeux à cet instant. Le cri qui s'était échappé de la gorge du malheureux avait suffi à la remplir de terreur. C'était un cri inhumain, terrifié... Et elle savait qu'il le poursuivrait jusqu'à la mort. Les gens s'étaient alors affolés autour d'eux. Le reste du groupe avait dû tenter de s'enfuir lui aussi, car Malika avait entendu les mangemorts prononcer la formule fatidique, celle qui leur ôta la vie à tous. Elle n'entendit pas les corps tomber, les gens faisaient trop de bruits. Mais elle savait qu'ils étaient morts. Les mangemorts ne rataient jamais leur coup.
Elle s'était alors levée brusquement, avant d'être happée par la foule, et s'était mise à courir sans même y réfléchir. Il fallait fuir, c'était tout ce que son cerveau lui avait commandé de faire. Fuir ou mourir. Alors elle avait couru, pendant des secondes qui auraient aussi bien pu durer des heures. Elle ne savait même pas comment elle s'était retrouvée là, recroquevillée dans un coin de mur sombre et humide. Elle se souvenait vaguement avoir pris un chemin sur sa droite et s'être engouffrée dans une allée étroite qu'elle ne connaissait pas. Tout ce qu'elle savait, c'est que pour l'heure elle était seule et encore tremblante. La panique devait avoir cessé sur le Chemin de Traverse, car elle n'entendait plus les cris. Elle se releva donc péniblement, frotta ses vêtements pour enlever les saletés qui s'y étaient accrochées, ramassa son sac de livres et commença à marcher, les jambes encore chancelantes.
Elle n'avait aucune idée de l'endroit où elle se trouvait. Elle sortit de la petite allée dans laquelle elle s'était engouffrée et se retrouva sur une longue et large rue totalement vide. Il lui fallut quelques secondes avant de s'apercevoir qu'il s'agissait du Chemin de Traverse. Tout le monde était parti, et visiblement les mangemorts aussi. Elle eut alors un soupir de soulagement et sentit son c?ur reprendre un rythme à peu près normal. Elle reprit alors sa route là où elle l'avait laissée, et regagna au plus vite le Chaudron Baveur.
Nora fut la dernière à parvenir au Chaudron Baveur. Quel ne fut pas son soulagement lorsqu'elle vit sa famille, presque au grand complet réunie près du comptoir ! Philip avait bien un petit bleu au niveau de la joue, mais sans ça tout le monde semblait se porter bien.
_ Nora ! S'écria Sam. On commençait à se faire du souci !
_ Et moins donc ! Philip je suis tellement désolée de t'avoir lâché, tu ne peux pas savoir ! J'ai cru...
_ Ce n'est rien, la coupa le garçon. Je vais bien, j'ai retrouvé le chemin.
Nora sourit et s'affala sur un canapé en soufflant. L'auberge était pleine de monde et les sorciers semblaient discuter entre eux de ce qu'il venait de se produire :
_ Mais qu'est ce qu'il s'est passé ? Demanda-t-elle encore sous le choc.
_ J'ai cru entendre dire que c'était une descente de la milice, répondit Léa.
La jeune fille sentit son estomac se serrer. Elle savait ce que cela signifiait. Lorsque les opposants de Voldemort étaient repérés, ils n'avaient plus aucune chance de s'en sortir. C'était probablement ce qui était arrivé.
_ Et maman ? Demanda-t-elle alors.
Sam grimaça et répondit tout simplement :
_ Elle n'est pas encore arrivée...
Nora ferma les yeux et se surprit à murmurer une courte prière.
_ Elle ne nous a pas dit combien de temps elle mettrait, ajouta Sam avec une note d'espoir dans la voix. Il faut sans doute attendre encore un peu.
Alors ils attendirent. Et plus les minutes s'écoulèrent, plus les jumeaux sentaient que quelque chose avait mal tourné. Nora se mordillait les doigts, le c?ur battant la chamade, tandis que Sam tournait en rond dans la pièce qui se vidait un peu du flot de sorciers. Savoir qu'ils étaient totalement impuissants les remplissaient de rage, et ils sentaient bien qu'ils ne pourraient pas rester inactifs bien longtemps. Nora était prête à se lever pour partir à sa recherche, mais Jane la fit se rasseoir immédiatement. Ça ne servait à rien, et Hermione avait bien appuyé sur le fait qu'ils devaient l'attendre là le temps nécessaire. Mais il s'était passé quelque chose, il n'y avait aucun doute. Elle aurait dû être revenue...
La porte d'entrée de l'auberge s'ouvrit soudain, et laissa entrer deux hommes. A leur vue, ils poussèrent tous un soupir de soulagement : Au moins il n'était plus seuls.
_ Sam ! Nora !
Les jumeaux se précipitèrent dans les bras de leur père, qui leur demanda sans attendre des explications sur ce qui s'était passé. Quant à Charlie, il poussa un soupir de soulagement lorsqu'il vit Jane saine et sauve, ainsi que tous ses cousins.
_ Où est Hermione ? Demanda-t-il alors.
Mais ils secouèrent la tête : ils n'en savaient rien.
_ Elle a voulu aller voir ce qu'il se passait, dit Sam. Elle nous a juste dit d'attendre là...
_ Ça fait trop longtemps qu'elle est partie... Ajouta Nora
Ron et Charlie échangèrent un regard inquiet et lourd de sens.
_ C'est bien elle ça... Grommela Ron.
Ils échangea un regard furtif avec son aîné. Cela sembla suffire à ce qu'ils se comprennent. De ce regard, Nora ne perçut que l'inquiétude grandissante dans leurs yeux.
_ Sam, dit gravement Ron. J'aimerais que tu viennes avec nous pour nous indiquer le chemin.
Nora se leva vivement et s'exclama :
_ Je viens aussi.
_ Non, toi tu restes avec Jane et Léa et vous attendez ici ensemble. Vos oncles et tantes risquent d'arriver à tout moment, et il faut que vous vous occupiez des petits.
Le visage de la jeune fille se décomposa, mais Ron était suffisamment soucieux pour le moment, et il fit mine de ne pas s'en apercevoir, et il sortit avec Charlie et Sam sans un mot de plus. Sam, avant de sortir, adressa un regard d'excuse à sa s?ur, et suivit son père sur le Chemin de Traverse. Il se remplissait peu à peu de sorciers, comme si rien ne s'était jamais passé. Mais c'était un spectacle quotidien à présent, et il était fort probable que l'on ne reparle plus jamais de cette histoire.
Lorsqu'ils parvinrent au lieu du drame, Ron et Charlie s'aperçurent qu'ils n'avaient en réalité nullement besoin de l'aide de Sam. Trois mangemorts montaient la garde en jetant autour d'eux des regards suspicieux, et un quatrième d'un grade visiblement élevé venait de les rejoindre. Ron sentit son c?ur faire un bond dans sa poitrine. Il demanda discrètement à Charlie et Sam de le laisser agir, et se dirigea seul vers l'un des mangemorts. Il sortit sa baguette et fit apparaître une plume et un parchemin.
_ Excusez-moi, lança-t-il pour attirer son attention.
Mais le mage noir tourna à peine la tête, signe qu'il se fichait éperdument de ce que Ron avait à lui dire.
_ C'est pour la Gazette du Sorcier, ajouta Ron fermement.
Le mangemort tourna la tête et poussa un profond soupir :
_ Qu'y a-t-il ? Demanda-t-il d'une voix rauque et désagréable.
_ Ronald Grant, journaliste pour la Gazette du Sorcier. Je suis chargé de vous poser quelques questions.
_ Il ne s'est rien passé d'intéressant ici. Dégagez !
_ Ce n'est pourtant pas ce qu'on m'a dit. On m'a parlé de huit morts.
Le mage noir eut un rire narquois et corrigea avec dédain :
_ Huit morts vous dîtes ? Et bien, si on pouvait éliminer cette vermine de rebelle à ce rythme là, on en aurait déjà fini.
Ron serra les dents si fort qu'il crut qu'elles allaient imploser. Mais il avait l'habitude de se cacher, et il ne montra rien de ses sentiments. Il refoula immédiatement ses sombres pensées, et plissa les yeux devant sa feuille :
_ Vraiment ? Dit-il l'air étonné. J'ai sans doute été mal informé. Alors dîtes moi, avez-vous éliminé une certaine Hermione Wisley ? Je ne suis plus sûr de mes informations...
_ Hermione Weasley en réalité, reprit le mangemort avec cette même suffisance.
Ron sentit son sang se glacer dans ses veines et son c?ur s'arrêter l'espace d'un instant. Ce n'était pas possible... Il avait mal entendu...
_ Vous... Vous voulez dire que... Que Hermione Weasley est donc l'une des coupables... Poursuivit-il les yeux fixés sur son papier.
Mais sa voix tremblait, et ses yeux le piquaient. Il ne pourrait pas cacher son jeu très longtemps. Son monde entier venait de s'écrouler...
_ Coupable, il n'y a aucun doute. Elle sera sans doute confrontée au Veritaserum. Cette pauvre folle a voulu aider les siens. C'est bien la particularité des rebelles...
Ron releva précipitamment la tête et sentit son c?ur se réchauffer en un instant :
_ Vous voulez dire qu'elle n'est pas morte ?
Le mage noir eut un air surpris, mais il commençait à se plaire au jeu.
_ Pas pour le moment en tout cas. Mais est ce que c'est bien nécessaire de l'écrire dans votre journal ?
_ Non, bien sûr ! Assura Ron avec un peu trop d'assurance. C'est juste pour... Donner l'exemple.
_ Et bien, écrivez qu'il est inutile de se mesurer au Seigneur des Ténèbres. Lui, au moins, il sait faire respecter l'ordre et le calme dans ce monde.
_ Oui... Bien sûr... Mais, cette Weasley. Sera-t-elle jugée dans les jours prochains et... Que risque-t-elle en réalité.
Le mage noir haussa les épaules et répondit :
_ Elle risque la même chose que les autres. Un détraqueur s'occupera certainement d'elle lorsqu'elle aura avoué à quel organisme elle appartient. Les siens seront bientôt jugés eux aussi, ne vous faîtes pas de soucis. Mais est ce que cette femme est tout ce qui vous intéresse ?
Ron blêmit. Il fallait qu'il se calme à tout prix. Le mangemort se doutait déjà de quelque chose, et il était la seule chance de sauver Hermione. Mais ses mains tremblaient et ses lèvres frémissaient.
_ Non, bien sûr. Mais... Où est-elle à l'heure qu'il est ?
Le mage noir fronça les sourcils. Ron en avait trop dit, et il commençait à s'impatienter.
_ Ecoutez, si vous n'avez rien d'autre à demander, vous pouvez circuler.
Ron hocha la tête négativement, balbutia un merci rapide et partit le plus précipitamment possible. Il avait suffisamment fait d'erreurs pour l'instant. C'était inutile d'en rajouter.
Mais déjà il ne pensait plus à rien. L'air qui lui balayait le visage n'avait plus aucun sens, ses pieds martelaient le sol sans qu'il ne le sentit, ses yeux ne s'accrochaient plus à rien. Pour lui, la vie venait de s'arrêter.
Hermione allait mourir.
Sam et Nora n'avaient jamais vu leur père pleurer auparavant. Ils l'avaient déjà vu profondément blessé par la mort d'un proche, mais jamais aussi perdu et abattu qu'il ne l'était en cet instant. Eux aussi avaient versé des larmes. Des larmes qui formaient un curieux mélange de tristesse et de peur. Mais ils n'étaient après tout que des enfants.
Les plus jeunes étaient tous couchés, même si aucun d'entre eux n'était encore endormi, malgré l'heure tardive. Charlie et Ron, rejoints par le reste de la famille, étaient assis autour d'une table basse à l'entrée du Chaudron Baveur. Ils n'avaient pas voulu montrer aux enfants les signes de leur détresse. Ils étaient encore jeunes et pleins d'espoir, et bien que tristes, ils ne se doutaient pas encore de l'importance des faits. Mais les adultes, eux, savaient que tout était perdu. Ginny, pourtant elle-même déboussolée, épaulait Ron, qui avait encore les yeux rougis d'avoir tant pleuré. Ils tenteraient quelque chose bien sûr, n'importe quoi qui puisse sauver Hermione. Mais ils ne savaient que trop bien qu'elle était déjà placée sous étroite surveillance, et que dans les jours prochains elle serait contrainte de tous les dénoncer.
Bill prit sa tête entre ses mains, Louisa se mordilla les doigts, les larmes au bord des yeux, et Arthur poussa un profond soupir. Tous en cet instant avaient en commun le même regard grave qui assombrissait leurs traits.
_ Il faut partir... Annonça gravement Molly.
Elle venait de prononcer les mots qui tourmentaient leurs esprits à tous, y compris celui de Ron, qui pourtant avait le plus grand mal à concevoir cette idée. Personne ne hocha la tête ni ne prononça le moindre mot. Mais le silence pesant qui régnait dans la pièce était lourd de sens.
_ J'emmène les enfants à King Cross demain, proposa Ginny.
Le reste du groupe hocha la tête sans pour autant sortir de ses pensées.
_ C'est au moins à Poudlard qu'ils seront le plus en sécurité, ajouta-t- elle.
_ Il ne faut pas qu'ils se doutent de ce qu'il se passe, dit Fred. Ils se font suffisamment de soucis pour Hermione, je pense qu'il est inutile d'en rajouter.
Tous approuvèrent. C'était bien la première fois qu'ils voyaient Fred aussi sérieux.
_ Ils sont intelligents, ils ont déjà compris.
Tous les regards convergèrent vers Ron, qui n'avait pas encore ouvert la bouche jusqu'alors. Ils ne trouvèrent rien à répondre à cette remarque. Sans doute parce qu'il avait raison.
Nora, qui n'avait pas réussi à trouver le sommeil, suivait la scène depuis le début, assise dans les escaliers. Elle ne pleurait pas, mais son silence était sans doute encore pire. Elle ne pouvait pas concevoir que sa mère allait mourir, et qu'elle risquait la même chose dans les jours prochains. C'était juste un mauvais rêve. Hermione allait bientôt la réveiller pour qu'ils aillent prendre le Poudlard Express. Mais elle avait beau attendre ce moment, il n'arrivait pas. Elle entendit alors les pleurs de son père lui parvenir aux oreilles. Son coeur se déchira dans sa poitrine. Elle était tout simplement incapable de supporter ça. Abattue, elle remonta les escaliers et se cacha sous sa couette, comme si cela pouvait suffire à échapper à la dure réalité des choses. Elle espérait que le sommeil serait le seul remède contre sa peine, mais elle se trompait. Sa nuit fut agitée de cauchemars.
- Fin du premier chapitre -
* J'espère qu'au moins les détraqueurs ont des yeux... C'est que ça fait un bail que j'ai pas lu HP alors je perds un peu la mémoire... Enfin, faîtes comme s'ils avaient des yeux, et si ça vous dérange, je vous embête (pour rester polie bien sûr...)
Note de fin de chapitre :
Et voilà, j'en ai fini avec ce premier chapitre. Il m'a fallu très exactement un mois pour l'écrire, donc je me répète, le prochain risque d'être long à venir. En plus vous devez bien comprendre que je suis pas mal occupée en ce moment : les cours, les contrôles, le boulot et tout ça. Je préfèrerais faire passer ma fic en premier, mais je crois que c'est pas trop possible. Je m'excuse donc d'avance pour mon futur retard !! Mais pour me faire pardonner, j'essaierai (j'ai dit j'essaierai) tout de même de faire des chapitres qui font un peu plus de trois pages et demi... Par contre je promets pas de les faire aussi longs que celui là. Sauf si j'ai de l'inspiration, bien sûr (logique...)
Sans ça, et bien... J'espère tout simplement que mon début de fic vous a plu. En tout cas, moi j'ai pris du plaisir à l'écrire alors... J'ai déjà quelques idées quant à la suite, j'espère que ça m'aidera à aller vite pour écrire ! Et bien sûr, j'attends vos reviews, histoire de m'encourager à aller ENCORE plus vite !
Pour finir, je tiens à m'excuser très très fort !! Ce chapitre étant assez long, ça me saoulait un peu d'avoir à utiliser le correcteur orthographique, surtout qu'il a un peu tendance à s'arrêter à tous les mots, et j'ai pas que ça à faire. Donc... Je m'excuse pour toutes les fautes que vous avez, j'en suis sûr croisées. Mais je vous assure que c'est de l'inattention totale parce que d'habitude je ne fais pas de fautes. C'est que je suis plus concentrée sur mon histoire. Vous n'avez qu'à vous dire que le temps gagné à pas corriger les fautes servira à écrire la suite de cette fic (mais peut-être que vous avez pas aimé et qu'en fait la suite vous vous en foutez...) !
Autre chose... Je me suis pas relue (pas bien). Donc en plus des fautes d'orthographe, y doit y avoir quelques imperfections. Mais bon, je suis ni Zola, ni Maupassant, ni Balzac, ni... (mais je vais pas citer tous les auteurs que je connais) alors j'espère que vous me pardonnerez mes petites phrases un peu bancales !!
Pour le prochain chapitre... ... ... Mmh... Bonne question... Je pense que ça se passera encore à l'époque de Nora, Sam et toute la clic. Je vais faire rentrer tout ce beau monde à Poudlard, vous présenter un peu tous les cours et les profs (en fait pour l'instant, à part les anciens et Hassell je sais pas trop à quoi ils vont ressembler...), faire rentrer un personnage bien connu dans le monde d'HP... Mais je m'arrête là, vous avez qu'à lire la suite pour savoir ce qu'il va se passer.
Et puis dans le chapitre trois (je pense...) on va passer au vif du sujet : Le retour dans le passé ! Mais j'avoue que j'ai pas trop hâte d'y être. Ça me plait bien de décrire le monde du futur (un peu déprimant mais bon...) !!
Enfin, pour finir.
READ AND REVIEW !!
- Moâ -