J'espère que vous allez bien! Un chapitre pour vous distraire en ces temps difficiles! Je sais que ça fait un moment mais je trouve cette partie de l'histoire plus difficile à écrire du coup je cale un peu mais je persévère ;) J'espère que cela vous plaira! N'hésitez pas à partager vos théories!
Ah et je sais que certains me demande de faire un résumé en début de chapitre mais... très très honnêtement, j'ai la flemme? Et ça me prendrait tellement de temps... Donc pour résumé je dirais: c'est la cata et Severus a certainement plus d'un cheveux blanc XD
Enjoy & Review
Perhaps that's what all human relationships boil down to: Would you save my life? Or would you take it?
Toni Morrison –Song Of Solomon
Peut-être toutes les relations humaines se résument-elles à cela : Me sauverais-tu la vie ? Ou me la prendrais-tu ?
Toni Morrison – Song Of Solomon
Chapitre 34 : Would You ?
Ils descendirent le chemin qui menait aux portes du domaine dans un silence processionnaire qui évoquait irrépressiblement à Severus un cortège funéraire. Albus ouvrait la marche, son costume moldu bleu nuit recouvert d'étoiles et de demi-lunes argentées tout aussi incongru que l'auraient été ses robes sorcières, Harry suivait l'expression trop lisse pour qu'il ne soit pas en train d'Occluder l'information que le Directeur s'était bien gardée de leur révéler avant de les rejoindre dans le Hall et Severus se tenait à l'arrière, en retrait, la meilleure position pour protéger le reste du groupe, tentant lui aussi de digérer ce qu'Albus venait de leur annoncer.
La nuit était claire au-dessus de leur tête, à peine nuageuse, une nuit idéale pour le cours d'Astronomie où le garçon aurait dû se trouver en ce moment même. Il résista à l'envie de jeter un coup d'œil par-dessus son épaule, de se tourner vers la plus haute des tours où les cinquièmes années ne tarderaient probablement pas à les repérer bien que leurs télescopes aient théoriquement dû être pointés vers le ciel…
Dumbledore avait-il seulement envie de garder cette excursion secrète ? Severus ne le pensait pas. Si tel avait été le cas, ils auraient quitté le domaine par une entrée dérobée. Non… Il voulait que les gens sachent qu'Harry Potter était impliqué. Pour le moral des troupes ? Peut-être.
Lorsqu'ils atteignirent finalement le portail, Harry ralentit la cadence jusqu'à marcher à côté de lui, jouant nerveusement avec le sceau des Prince qu'il avait tenu à garder à son doigt. Albus lui avait jeté un regard désapprobateur lorsqu'il l'avait aperçu mais avait miraculeusement tenu sa langue.
« On ne va pas aller au cimetière, hein ? » demanda Harry dans un chuchotement anxieux.
« Je transplannerai un peu plus loin. » promit-il. « Néanmoins, il serait peut-être mieux que tu accompagnes le Professeur Dumbledore. Nul doute qu'il a une meilleure connaissance de Little Hangleton que moi et pourra apparaitre dans un endroit… neutre. »
Little Hangleton.
Le nom ne lui avait pas évoqué grand-chose jusqu'à ce qu'Harry ne cesse de respirer… Ensuite, il avait compris. Le cimetière dans lequel ils avaient combattu le Seigneur des Ténèbres, le même cimetière où Harry avait été pris en otage et où il avait vu Cédric Diggory mourir…
« Les Gaunt ? » s'était enquit le garçon et Albus avait hoché la tête.
Severus avait décidé qu'il était nécessaire qu'il mette la main sur les souvenirs que le Directeur avait montré à Harry. Son élève lui avait tout rapporté en détails, bien entendu, et il en avait vu des bribes par Legilimencie mais le souvenir d'un souvenir n'était jamais aussi clair que l'original et s'il voulait prendre Albus de vitesse à la course aux horcruxes, il allait lui falloir tous les avantages possibles.
« Je maintiens qu'il est dangereux pour vous de nous suivre. » intervint le Directeur.
Son inquiétude n'était pas feinte, Severus le savait, pourtant il ne put s'empêcher de ressentir une pointe de rancœur.
« Visiblement, les Détraqueurs se sont lassés de m'attendre. » rétorqua-t-il.
Le temps relativement agréable était une preuve suffisante de cet état de fait.
Albus le dévisagea, une main sur l'imposant portail. « Vous savez tout comme moi qu'il y a bien pire que quelques Détraqueurs là dehors. Quitter le domaine est dangereux pour vous, Severus. Le Square Grimmaurd est une chose, là dehors je ne peux garantir votre sécurité. »
« Ne vous préoccupez pas de ma sécurité. » siffla-t-il. « Je suis encore capable de me défendre. »
Sa jambe le faisait souffrir ce soir là mais elle n'était pas trop raide et il pensait pouvoir se battre si nécessaire.
« Êtes-vous capable de défendre Harry ? » répliqua Albus avec une politesse froide. « Si Tom détecte votre Marque et déduit que vous avez quitté Poudlard… S'il envoie un escadron de Mangemorts après vous… Ne pensez-vous pas que c'est votre fils que vous mettrez en danger ? »
Harry se tenait en retrait, les bras croisés devant son torse, les observant l'un et l'autre tour à tour, apparemment indécis.
Severus n'avait aucune peine à deviner ce qui se jouait sous le crâne de l'adolescent ou même pourquoi Albus choisissait précisément ce moment pour remettre sa présence en question. Le garçon s'apprêtait à remettre les pieds dans un endroit qui figurait dans tous ses cauchemars – et les siens, depuis le sort de mort qui l'avait touché – et était déjà, si ce n'était effrayé, au tout du moins nerveux. Il n'y avait rien qu'Harry n'aurait fait pour le protéger et Albus jouait là-dessus.
« La solution à ce dilemme est toute trouvée, n'est-elle pas ? » se moqua-t-il, avant que son fils ait pu intervenir. « Laissez Harry à l'école. »
Ils s'affrontèrent du regard un long moment.
Albus se détourna le premier, les yeux pétillants presque d'amusement. « Vous devenez plus buté qu'un Gryffondor avec l'âge, mon garçon. »
« Il a toujours été buté. » grommela Harry entre ses dents.
Cela lui valut un regard noir qu'il fit mine d'ignorer.
« Allons-y. » trancha Severus.
Plus vite, ils partiraient, plus vite ils reviendraient et plus vite Harry serait en sécurité.
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Tonks détestait l'idée d'un subterfuge, d'autant plus qu'avant toute cette histoire de chasse à l'espion, elle s'était beaucoup rapprochée de Nyssa. De fait, ce n'était pas bien compliqué de se forcer à rire aux remarques de la vampire ou de simuler une certaine complicité entre elle.
Le bar que l'Auror avait choisi se situait dans le Londres Moldu, non loin du Chemin de Traverse, aux alentours du Square Grimmaurd. Attablée autour de deux pintes qu'elles n'avaient guère touchées pour des raisons qui leur étaient propre, les deux jeunes femmes parlaient beaucoup pour ne rien dire depuis le début de la soirée.
Elles avaient évoqué des sujets sans conséquences, plaisanté d'anecdotes sur les autres membres de l'Ordre et semblaient tacitement éviter les sujets qui fâchent malgré les quelques discrètes tentatives de Tonks pour en découvrir davantage sur la zone d'ombre de sa vie en Brocéliandre. Sa curiosité n'était pas sans arrière pensée. Elle voulait savoir si les Mangemorts avaient pris l'Ordre de vitesse en recrutant les vampires pour ensuite mieux les infiltrer. Elle voulait mettre la main sur cet espion qui les mettait tous en danger.
À cause de l'état grave de Severus après son échappée belle d'Azkaban et de ce qui se passait dans le monde magique actuellement, elle avait remisé l'enquête sur l'espion au second plan. Il devenait évident, toutefois, que Dumbledore n'était pas capable de déterminer qui les avait vendus et Tonks était anxieuse de résoudre la situation au plus tôt.
Nyssa était la concurrente la plus sérieuse sur leur liste de suspects pour l'instant.
« Tu te fais rare au QG. » remarqua la vampire, l'air de rien. Ses mains jointes agrippaient le verre qu'elle n'avait pas touché et ses yeux verts, plus observateurs qu'ils n'en donnaient l'impression, étudiaient chacun de ses gestes.
Tonks avait l'impression depuis qu'elle avait proposé cette sortie que Nyssa enquêtait sur elle autant que la réciproque était vraie. Parce que Tonks la soupçonnait et qu'elle voulait savoir à quel point ? Ou parce qu'elle soupçonnait Tonks ?
Le climat de méfiance au sein de l'Ordre finirait par causer leur perte. S'ils ne pouvaient pas se faire confiance alors qu'ils mettaient leur vie entre les mains des uns et des autres…
« Je ne peux pas trop te blâmer, cela dit. » continua la vampire quand elle fut trop longue à répondre. « L'attitude de Remus… Personne ne l'approuve. »
Tonks haussa les épaules. « Tout le monde m'a avertie que ça finirait mal quand j'ai commencé à m'intéresser à lui, lui le premier. Je me suis entêtée. »
Nyssa la fixait du regard, guettant elle ne savait trop quoi sur son visage…
« L'amour nous fait faire des choses particulièrement stupides… » murmura la vampire. « Ya-t-il quelqu'un de nouveau dans ta vie ? Tu as l'air plus heureuse ces derniers temps. »
Ce fut la manière dont elle posa la question qui indiqua à Tonks qu'elle connaissait déjà la réponse.
Or les seules personnes qui connaissaient cette réponse avec certitude, outre Dumbledore et McGonagall, étaient les Mangemorts. Et Charlie. Mais elle doutait que Charlie soit allé discuter de sa vie sentimentale avec Nyssandra, ils n'étaient pas particulièrement proches.
« Et toi ? » botta-t-elle en touche avant de le regretter aussitôt. Les dernières semaines avaient été si mouvementées, étaient passées si vite qu'elle en avait presque oublié… Elle se rembrunit. « Désolée. Je n'ai pas réfléchi… » Elle grimaça, fixa du regard la mousse qui s'accrochait encore aux côtés de sa pinte, sentant la profonde mais désormais familière tristesse l'envahir… « Je pense beaucoup à Fol'Œil, tu sais. Je ne voulais pas dire… »
« J'y pense aussi. » l'interrompit gentiment Nyssa, un peu tristement aussi peut-être. « Mais lui et moi… C'était fini depuis longtemps. » La vampire prit une longue inspiration dont elle n'avait techniquement pas besoin et la relâcha lentement. « Je regrette le temps qu'on a passé à se déchirer, particulièrement sur la fin mais… » Ses lèvres s'étirèrent en un sourire forcé à la limite de la grimace. « Ça ne veut pas dire que je ne tenais pas à lui, cela dit. Ou que je ne compte pas le venger. »
La voix de la vampire baissa dans un murmure glacial, une promesse de mort brillait dans les yeux verts de la jeune femme et Tonks prit sur elle pour ne pas réagir ouvertement, pour garder un masque neutre sur son visage.
« Cela impliquerait de trouver qui nous espionne. » remarqua-t-elle nonchalamment.
« J'y travaille. » répondit Nyssandra tout aussi tranquillement.
La conversation prenait un tour dangereux. Elle avait espéré la prendre de cours. La plupart des membres de l'Ordre évitait toute mention directe de l'espion et bottait en touche dès qu'il en était question.
L'Auror s'humecta les lèvres et but une gorgée de sa bière à présent tiède pour se donner contenance. « Des pistes ? »
« Une seule. » rétorqua la vampire.
Tonks fronça les sourcils. « Sérieuse ? »
La vampire la jaugea du regard et se leva avec cette grâce fluide que lui aurait enviée n'importe quelle ballerine. « La nuit est belle, autant en profiter. »
Si Nyssa était l'espion et se savait démasquée, la suivre était plus qu'imprudent, c'était suicidaire. Toutefois, tout ce que Tonks avait contre elle pour l'instant, c'étaient des soupçons – ceux de Severus davantage que les siens d'ailleurs – et aucune preuve. Si Nyssandra projetait de l'attirer à l'extérieur pour en finir avec elle… Au moins, auraient-ils définitivement mis un nom sur leur espion. Et elle était de taille à, si ce n'était vaincre Nyssa, tout du moins à l'occuper suffisamment longtemps pour avoir le temps de fuir.
Elle se leva donc – avec beaucoup moins de grâce et de fluidité que la vampire – et feignit un sourire confiant qui, elle le craignait, ne convainquit pas la vampire.
Les rues du Londres Moldu aux alentours du pub n'étaient pas désertes mais elles n'étaient pas bien remplies non plus, l'endroit n'attirait pas autant les touristes que Piccadilly. D'un accord tacite, ou du moins cela fit cet effet à Tonks, elles prirent la direction du Square Grimmaurd.
Elles marchèrent en silence jusqu'à ce que les rues se rétrécissent aux hasard d'un quartier piéton. Tonks était nerveuse. Tous ses sens étaient en alerte. Cela faisait plusieurs minutes qu'elles n'avaient croisé personne et les rues qu'elles arpentaient désormais étaient sombres.
L'air de rien, elle ajusta son bras de manière à pouvoir dégainer sa baguette rapidement.
Son instinct lui hurlait que quelque chose se tramait. L'endroit était trop désert, trop parfait pour un piège…
« Quelqu'un a patiemment tissé une toile d'araignée au sein de l'Ordre. » déclara lentement Nyssa, presque prudemment. « Quelqu'un a cultivé des amitiés à droite, créé des conflits à gauche… Quelqu'un qui manipule tout le monde dans l'ombre… Quelqu'un qui a presque réussi à supplanter l'autorité de Dumbledore… »
Tonks l'observa, oubliant momentanément sa méfiance. La vampire semblait sincère et…
« Il y a des Mangemorts aux deux bouts de cette ruelle. » continua calmement la vampire. « À qui as-tu parlé de notre rendez-vous de ce soir ? »
Un frisson mauvais courut le long de sa colonne vertébrale.
C'était donc bien un piège.
Son premier réflexe fut d'essayer de transplanner mais sans succès. Cela avait été préparé en amont. Les Mangemorts avaient posé des protections anti-transplannage.
« Des tas de gens savent que je suis avec toi. Si je meurs, ils sauront qui est responsable. » cracha-t-elle, en tirant sa baguette. Elle n'était pas assez bête pour se jeter dans la gueule du loup sans prendre de précautions. Charlie et Anthony étaient au courant. Elle l'avait mentionné l'air de rien devant Sirius. Et, bien sûr, il y avait Severus…
Severus qui lui avait ordonné d'être prudente et de ne surtout rien faire d'inconsidéré…
Severus qui avait calmé sa crise d'angoisse cet après-midi là, lorsque Remus avait refusé de se laisser éconduire après la réunion…
Severus qui avait hésité à l'embrasser lorsqu'ils s'étaient séparés au portail de l'école et y avait finalement renoncé par peur d'être surpris par un élève ou un enseignant…
Severus qu'elle ne reverrait peut-être plus si…
Un éclair de surprise passa sur le visage de la vampire. « Tu crois que moi je… »
Elle s'interrompit au milieu de sa phrase pour la pousser violemment en arrière.
Tonks n'y était pas prête mais ses réflexes prirent le dessus et elle ne chercha pas à se retenir, elle roula au sol et s'accroupit, baguette levée et pointée sur Nyssa…
À temps pour voir la vampire esquiver un deuxième trait vert qui fusait sur elle.
Pourquoi les Mangemorts attaquaient-ils l'une des leurs ?
Pour donner le change ?
Elle n'eut pas le loisir d'étudier la question plus avant. Quatre silhouettes drapées de robes sombres et aux masques polis sortirent de l'ombre…
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Si le temps était finalement devenu clément à Poudlard, ce n'était pas le cas dans l'arrière pays où se situait Little Hangleton.
La brève désorientation du transplanage passée, Harry ne lâcha pas immédiatement le bras de Severus, quêtant sa chaleur. Le ciel était chargé de nuages qui masquaient les étoiles et, s'il ne pleuvait pas encore à torrents, la fine bruine qui se glissait dans le col de sa veste était bien plus insidieuse et le laissa gelé jusqu'aux os en l'espace de quelques secondes.
« Impervius. » marmonna le Professeur deux fois d'affilé.
« Merci. » répondit Harry en essuyant son visage. L'eau glissait désormais sur eux sans les mouiller. Il étudia discrètement l'homme du coin de l'œil, sachant qu'il aurait droit à un sermon s'il se faisait surprendre à le surveiller mais incapable de s'empêcher de s'inquiéter. Severus était toujours amoindri, davantage qu'il ne voulait l'admettre.
Son attention dévia toutefois rapidement vers le grand manoir qui trônait sur une colline au-dessus du village, les surplombant de toute sa grandeur passée. Harry sentit son estomac se nouer alors que le souvenir de Frank le jardinier se rappelait à lui. C'était là que l'homme était mort, là qu'Harry l'avait regardé mourir… Automatiquement, son regard dévia vers le cimetière, facilement reconnaissable car, lui-aussi, situé sur une colline surplombant le village…
Même de loin et malgré l'obscurité, il pouvait deviner les silhouettes des croix à moitié détruites par le temps, les tombes abandonnées et, surtout… La masse plus sombre au loin… Était-ce la statue des Jedusort ?
Tue l'autre…
Cédric…
Lily qui hurlait sous le coup d'un Endoloris…
James qui tenait son bras cassé contre son torse, sifflant de douleur…
Remus qui se ruait sur un Mangemort…
Sirius qui tentait de sauver Bellatrix en dépit de tout…
Le Professeur Prince qui engageait Voldemort pour le distraire…
Sev et le révolver…
L'Avada qui l'avait cueilli au plexus et le souffle qui s'était bloqué dans sa gorge…
« Harry. » La voix ferme de Severus le fit ciller et les fantômes du passé cessèrent de danser devant ses yeux. La main du Professeur lui pressa l'épaule. « Tout va bien. »
Pour l'instant, souffla une voix dans son esprit. Cet endroit ne lui avait jamais réussi.
Au prix d'un gros effort, il s'arracha à sa contemplation et indiqua d'un hochement de tête qu'il était prêt à continuer.
Dumbledore se tenait un peu plus loin sur le chemin qui menait visiblement au village, feignant d'observer un arbre qui n'avait rien de particulier. Harry lui fut tout de même reconnaissant de lui avoir accordé un semblant d'intimité en prétendant ne pas avoir remarqué son moment de faiblesse.
Le regard pensif que lui jeta le vieux sorcier lorsqu'ils s'avancèrent sur le chemin poussa Harry à se demander s'il regrettait d'avoir tant insisté pour l'emmener, s'il doutait finalement du fait qu'Harry puisse remplir le rôle de héro qu'il voulait le voir endosser.
Le chemin de campagne en terre battue était difficilement praticable, l'obscurité et la pluie rendaient le terrain boueux et traitre. Harry prit soin de demeurer à côté de Severus, ignorant ses regards de plus en plus noir, prêt à le rattraper au moindre signe de chute. Lorsqu'il avait suggéré, avant de quitter les cachots, que le Professeur ferait peut-être mieux d'emporter sa canne, l'homme avait tempêté et rouspété tant et si bien que le garçon avait renoncé à lui faire entendre raison. Il regrettait un peu de ne pas avoir insisté davantage, surtout lorsque Dumbledore bifurqua brusquement sur un sentier étroit et glissant qui s'éloignait du village pour sembler se perdre dans la campagne environnante.
« Êtes-vous sûr de savoir où vous allez ? » s'enquit Severus après plusieurs minutes de marche. « N'y a-t-il pas une meilleure manière d'atteindre cette fameuse ruine ? »
« Le cottage n'était pas si coupé du monde dans les souvenirs de Bob Ogden. » renchérit Harry. Il enfonça les mains dans ses poches pour les réchauffer, regrettant vivement de ne pas avoir emporté ses gants. Songer qu'il avait passé une bonne partie de l'après-midi à lézarder au soleil près du lac semblait inconcevable à présent. Il faisait froid et humide et il désespérait déjà de retrouver sa chambre où il faisait toujours bon et où, le cas échéant, sa couette moelleuse l'attendait.
« C'était il y a un certain temps, mon garçon. » répondit Dumbledore avec une pointe d'humour. « Et je crains que V… » Un bref coup d'œil à Severus et Dumbledore parut se reprendre. « Tom n'ait quelque peu influé sur l'environnement. Un peu de courage. Nous y sommes presque. »
Il était compliqué de déchiffrer l'expression du Maître des Potions dans la pénombre, la nuit était sans lune et le sentier s'enfonçait de plus en plus profondément dans ce qu'Harry soupçonnait être une forêt davantage qu'un bois, accentuant plus encore le manque de visibilité. Toutefois, il lui semblait que l'homme se rembrunit aux paroles du directeur.
« Sors tes mains de tes poches. » murmura-t-il. « Et reste près de moi. »
Harry obéit immédiatement, comprenant ce que le Professeur n'avait pas ouvertement dit : il semblait qu'ils étaient les premiers à briser la tranquillité des lieux depuis un certain temps mais cela ne signifiait pas qu'il n'y avait aucun danger.
Comme pour lui donner raison le sentier rétrécit encore davantage, les obligeant à avancer en file indienne. Dumbledore ouvrait la marche et Harry le suivait de près, laissant à Severus la tâche de surveiller leurs arrières. Les arbres étaient plantés proches les uns des autres, de sorte qu'il était pratiquement impossible de distinguer quoi que ce soit à plus d'un mètre et, plus d'une fois, ils durent écarter une branche récalcitrante du passage.
La sensation de claustrophobie était réelle et Harry était si préoccupé par les souvenirs des années qu'il avait passé enfermé dans le placard sous l'escalier qu'il ne se rendit pas immédiatement compte que Dumbledore s'était arrêté. Il butta contre le dos du vieux sorcier et ne dut qu'aux réflexes de Severus de ne pas s'étaler par terre. Il marmonna un mot d'excuse que le directeur balaya d'un geste distrait.
Le sentier s'arrêtait brutalement sur ce qui semblait être un barrage de ronces.
Le buisson semblait épais et s'élevait haut au-dessus de leur tête, atteignant presque la cime des arbres environnantes.
Il n'avait rien de naturel.
Severus fit la grimace.
« Magie noire. » siffla-t-il.
Même sans son œil d'expert, Harry l'aurait reconnu pour ce que c'était. Les épines étaient d'un rouge pourpre alors que le reste était d'un noir de jais. Il n'était pas le meilleur en Botanique mais il s'y connaissait suffisamment pour deviner que cette plante n'était pas naturelle.
« On peut le contourner ? » suggéra-t-il, quêtant le regard de Dumbledore.
Le vieux sorcier était absorbé par son observation et ne lui répondit pas. Harry se tourna vers Severus qui scrutait le mur d'épines d'un air contrarié. Au bout d'un moment, il reporta son regard vers l'adolescent.
« Il y a fort à parier qu'il n'y a pas de brèche. » répondit finalement l'ancien espion.
« Alors quoi ? » demanda-t-il, en fronçant les sourcils. « On… Taille dans le tas ? » Un diffindo bien placé, peut-être ? Le buisson semblait trop épais pour cela et la solution trop simple. « Un sectumsempra ? »
Dumbledore jeta au professeur un coup d'œil réprobateur, preuve qu'il n'était pas aussi inattentif qu'il en avait l'air. Harry refusa de s'émouvoir du fait que le directeur désapprouve les sortilèges que son père lui avait enseigné. Ce n'était pas un sort qu'il jetterait posément au premier venu mais en cas de nécessité… Cela valait mieux qu'un sort de mort.
Et puis… Ce n'était pas vraiment ce Severus qui lui avait appris ce sortilège de toute manière.
« Au mieux, cela n'aurait aucun effet. » expliqua Severus sans prêter grand cas à la désapprobation dont il faisait l'objet. « Au pire, la magie noir réfléchirait tes sorts comme un miroir. »
Frustré, Harry laissa échapper un grognement. « On ne va pas rentrer bredouille, quand même ? On a fait tout ce chemin… »
« Nous n'allons pas rentrer bredouille, en effet. » contra Dumbledore. « Il suffit de trouver la clef… »
Severus soupira. « La clef est évidente. Le Seigneur des Ténèbres n'a jamais été d'une subtilité folle. »
Harry fronça les sourcils et les dévisagea tour à tour. « Quelle clef ? »
« Approche Harry. » demanda doucement le vieux sorcier.
« Absolument pas. » refusa Severus tout net. « Vous ou moi, mais pas lui. »
« Quelle clef ? » insista-t-il, sans faire un seul pas en direction de Dumbledore. Il n'aimait peut-être pas que Severus lui intime des ordres mais ils avaient vécu trop de choses ensemble pour qu'il les discute dans ce genre de situations.
Il faisait aveuglément confiance à l'ancien Mangemort en situation de vie ou de mort. Ils n'en étaient peut-être pas encore là mais, très visiblement, il y avait un danger dont il n'avait pas encore conscience et que l'homme avait détecté.
« Le sang, Harry. » répondit Dumbledore. « Lorsqu'il est question de magie noire, le sang est presque toujours la réponse. Il y a fort à parier qu'une offrande nous ouvrirait le passage. »
Harry fronça les sourcils. Cela paraissait logique mais… « Pourquoi mon sang ? »
« Ce ne sera pas ton sang. » répliqua Severus d'un ton sec. Il repoussa Harry derrière lui, fit un pas vers le mur de ronce en tirant sa baguette…
« Harry a un lien avec Tom. » intervint rapidement Dumbledore avant que le professeur ait pu faire quoi que ce soit de drastique. « La protection de Lily… »
« Risquerait inutilement de déclencher des alarmes. » coupa Severus tout net.
Le Directeur secoua la tête. « Improbable. La connexion entre eux est si profonde… Son sang pourrait peut-être tromper les protections, leur faire croire qu'il s'agit de Voldemort. Nous rencontrerions moins de résistance. »
Le nom du mage noir fit à Severus l'effet d'un coup de poing, Harry le vit bien. Sa main gauche se contracta, son bras se raidit… Et comme Dumbledore faisait rarement d'erreur, il devina qu'il s'agissait là d'un coup bas mesquin.
Plus inquiétant était la teneur des propos du vieux sorcier.
Harry se redressa légèrement, tous les sens en éveil. Il s'efforça d'assouplir la prise qu'il avait sur sa baguette comme Severus le lui avait enseigné, peu certain de quand exactement il l'avait sortie.
La connexion entre eux est si profonde…
…leur faire croire qu'il s'agit de Voldemort…
Severus paraissait tout aussi alarmé que lui.
Était-il simplement en train de parler du fait que Voldemort s'était servi de son sang pour reprendre une forme corporelle ou bien faisait-il allusion à l'Horcruxe ?
Il sentit son rythme cardiaque s'emballer alors qu'un soupçon atroce s'emparait de lui. Dumbledore avait tant insisté pour qu'il l'accompagne – sans Severus – et les voilà dans un lieu isolé, sans témoins, où personne ne viendrait jamais les chercher…
Était-ce un deuxième Halloween ?
Dumbledore allait-il encore essayer de…
« Il n'y a aucune connexion entre Harry et Voldemort. » cingla l'ancien espion. « Des effets secondaires dus à un rituel de magie du sang que Pettigrow a très certainement raté, comme à son habitude, je vous l'accorde, mais une connexion ? Le terme est disproportionné. Ne soyez pas ridicule, Albus. »
Le ton du Professeur était cassant, moqueur même, mais il s'était déplacé jusqu'à être presque totalement devant Harry et la tension dans ses épaules démentait sa tranquillité d'esprit. Il était prêt à se battre si nécessaire, Harry le voyait bien.
Il était prêt à se battre mais pour tout remis qu'il soit, l'adolescent doutait qu'il ait été suffisamment en forme pour affronter Albus Dumbledore et gagner.
Harry se décala donc légèrement sur la droite, pas pour pouvoir le couvrir en cas de duel mais pour avoir une ligne de tir correcte. S'ils en venaient là, Harry assommerait Severus d'un stupefix et laisserait Dumbledore faire ce qu'il pensait devoir faire. C'était la meilleure manière de protéger le Professeur et puis…
Et puis il avait toujours su que cela finirait comme ça.
Le sceau des Prince pesait lourd à sa main gauche.
Il n'y a pas si longtemps, tu m'as fait jurer de me battre coûte que coûte pour te revenir. Aujourd'hui, je te demande la même promesse. Cesse de penser que tu ne survivras pas à cette guerre, Harry. Bats toi. Jure le moi.
Il avait juré mais il avait menti.
Il croisa le regard bleu de Dumbledore, augmenta par réflexe ses boucliers mentaux… Le vieux sorcier ne tenta même pas une percée. Il n'en avait pas besoin.
Ils s'étaient compris.
Du moins, Harry le pensait.
Dumbledore savait pour l'Horcruxe – bien entendu, qu'il savait – mais la mort ne viendrait pas ce soir là. Pas maintenant. Pas devant Severus. Le Directeur pouvait être calculateur mais il n'était pas suffisamment cruel pour tuer un enfant devant son père.
Le Directeur fronça légèrement les sourcils lorsqu'il reporta son regard sur Severus, l'air à la fois étonné et réprobateur. « C'est bien aux conséquences de ce rituel que je faisais référence, Severus. Détendez-vous, mon garçon. »
Le Maître des Potions ne se détendit pas. Ses yeux noirs ne cessaient de regarder alentours, cherchant une possible échappée…
« Je vais le faire. » déclara Harry, coupant court à la discussion. Severus ouvrit la bouche pour protester mais il le prit de court. « C'est juste une coupure, je survivrai. C'est juste une coupure, hein ? Je ne dois pas me vider de mon sang ? »
Il adressa la question à Dumbledore qui hocha la tête avec un petit sourire amusé.
« Une légère entaille devrait suffire. » acquiesça l'homme.
Les doigts de Severus enserrèrent son bras, le retenant fermement prisonnier à ses côtés. « Je refuse qu'Harry soit à nouveau exposé à de la magie noire. C'est trop dangereux. Prenez mon sang et qu'on en finisse. »
Le Directeur paraissait contrarié mais céda finalement avec un hochement de tête comme si, au fond, ce n'était pas vraiment important qu'Harry soit celui à verser son sang. Le Gryffondor ne comprenait pas réellement pourquoi, alors, ils avaient perdu plus de dix minutes à en débattre mais le Serpentard en lui lui soufflait qu'il s'agissait là d'une simple bataille d'ego. Il s'agissait de savoir qui avait la main haute sur l'autre.
L'espace d'une seconde, Harry eut l'impression d'être de retour dans la salle commune des serpents et d'assister, impuissant, à tous leurs petits jeux de pouvoir.
Il observa Severus approcher sa baguette tremblante de sa paume et l'abattre brusquement. Une entaille suffisamment profonde s'ouvrit presque lentement et le professeur leva le bras, inclinant le poignet d'un geste qui trahissait l'expérience, afin que son sang coule sur le mur de ronces, sans en gaspiller une goutte.
Au début, il ne se passa rien de notable, et puis, un cri suraigu à donner la chair de poule raisonna dans les bois alentour… Harry se vouta instinctivement, rentrant la tête dans ses épaules pour mieux se protéger du son atroce qui lui faisait grincer les dents.
Severus retira sa main juste à temps pour voir les ronces se rétracter avec lenteur, comme si elles étaient douées d'une vie propre et ne s'écartaient qu'à contrecœur. Le terrible cri atteint son apogée avant de s'éteindre et les ronces cessèrent de reculer.
Le silence revenu, après le hurlement atroce, parut d'autant plus lourd.
Tout le corps du garçon était tendu, ses yeux verts balayant les alentours pour trouver l'origine du cri, son estomac était contracté et son instinct de survie lui soufflait de fuir, fuir loin et vite, parce que si la chose qui avait hurlé l'attrapait…
"Curare." murmura Dumbledore.
Harry et l'ancien Mangemort baissèrent les yeux vers la plaie sur la main du professeur juste à temps pour la voir se refermer. Severus le remercia d'un bref hochement de tête et fit un geste en direction du trou dans le mur de ronces, les sourcils légèrement levés. "Après vous."
Le passage n'était pas plus large que le chemin et formait un cercle inégal au milieu du tas de ronces. Il leur faudrait se pencher pour pouvoir passer… Harry n'aimait pas beaucoup cette idée. Il ne pouvait s'ôter de la tête que si les ronces se refermaient sur eux…
"Trop aimable." répondit le vieux sorcier avec un brin d'amusement qui disparut bien vite lorsque les yeux bleus tombèrent sur l'adolescent. "Je vais te demander la plus grande vigilance à partir de maintenant, Harry. Obéis-nous en tout. Si moi ou le Professeur Snape t'ordonnons de fuir..."
"Non." l'interrompit-il, en dépit de tout ce que son instinct lui criait.
"Harry." grinça Severus.
"Non." répéta-t-il fermement. Il croisa le regard noir et le soutint, ignorant royalement l'expression contrariée sur le visage de l'homme. "Je ne m'enfuis pas sans vous. S'il faut se battre, je me bats avec vous."
La contrariété se transforma en agacement puis en une acceptation récalcitrante.
"Je ne sais ce que le loup et ton parrain t'ont mis dans la tête ces derniers mois mais je te prierais de te rappeler ce que je t'ai enseigné." cingla Severus. "Pas de bravoure inutile. Utilise ta tête et ton instinct. Suis mes instructions à la lettre."
Harry se retint à grand peine de lever les yeux au ciel. S'il ne lui avait pas seriné cinquante fois le même refrain en soixante-quinze… "Je sais."
Visiblement, Severus avait, lui aussi, le plus grand mal à ne pas lever les yeux au ciel.
"C'est ce que tu dis toujours et, pourtant, tu termines toujours à l'infirmerie." rétorqua l'homme, pince-sans-rire. "Reste près de moi quoi qu'il se passe. Albus?"
"Allons-y." répondit le vieux sorcier avant de se courber en deux pour traverser le mur de ronces avec une détermination teintée d'impatience. Ou d'excitation, c'était dur à dire.
Il y avait une étincelle presque frénétique dans les yeux bleus du Directeur qu'Harry n'était pas certain d'avoir jamais vu auparavant.
Sur un geste de Severus, Harry le suivit. Il retint sa respiration, tenta de ne pas imaginer que les ronces allaient se refermer sur lui pour sûr et le transpercer… Il agrippa sa baguette plus fermement, tous les sens aux aguets…
Au final, traverser le mur de ronces fut aussi simple que de faire deux pas.
Le mur ne se referma pas sur lui et rien ne l'attaqua dès qu'il fut arrivé de l'autre côté.
Il n'y avait pas de monstres ou de pièges invisibles… Juste un chemin qui serpentait jusqu'à un cottage qu'Harry reconnut pour l'avoir aperçu dans la pensine de Dumbledore. C'était dur de le déterminer avec certitude étant donné le ciel nuageux et la fine bruine qui continuait de ruisseler impitoyablement sur eux mais Harry pensait que la petite maison était en ruine.
Le bois s'arrêtait au mur de ronces mais la campagne environnante n'était pas beaucoup plus rassurante que la forêt qu'ils venaient de traverser.
Quelque chose clochait…
Il y avait comme une vibration dans l'air, quelque chose de…
Severus émit un claquement de langue dès qu'il les eut rejoints, laissant son regard balayer les alentours avec une appréhension évidente.
"L'endroit est saturé de magie noire." grommela-t-il.
Harry ne se détendit pas mais fut heureux de pouvoir mettre un terme précis sur cette sensation de malaise qui l'avait pris aux tripes. Il avait la chair de poule et il était dur de se souvenir de pourquoi exactement il était si important de continuer. Tout son corps lui hurlait de tourner les talons et s'enfuir.
« Albus ? » insista Severus. « Comment souhaitez-vous procéder ? »
Le Directeur n'écoutait pas.
Ou, s'il écoutait, il ignora le Professeur et s'élança d'un pas étonnamment agile sur le chemin de terre battue.
Harry le suivit sans y réfléchir à deux fois, presque forcé de courir pour le rattraper. Il jeta un coup d'œil à Severus par-dessus son épaule, peu étonné de voir que l'homme était contrarié.
« Bien sûr. » marmonna Severus. « Fonçons dans le tas comme une bande de Gryffondors sans cervelle. »
L'adolescent ne chercha même pas à réprimer un sourire amusé mais détourna la tête pour que le Professeur ne l'aperçoive pas.
La sensation désagréable se fit plus oppressante à mesure qu'ils approchaient du cottage. Le vent se durcit, sifflant dans les branches des arbres au loin, donnant presque l'impression que… Harry frissonna.
Il lui semblait entendre des voix dans le lointain, murmurant son nom.
C'était le vent, se dit-il fermement, juste le vent.
Il y avait un trou béant dans le toit du cottage, la porte d'entrée était à moitié dégondée et pendait, rouillée, barrant sans grande efficacité le chemin, des briques s'étaient cassées sur le devant de la façade, laissant des ouvertures aléatoires dans le mur…
« Ça a l'air abandonné… » hésita Harry. Murmurer n'était pas un choix conscient. Il avait l'impression que moins il dérangerait les lieux, plus il aurait de chances de survivre.
« Le sort de repousse est extrêmement puissant. » commenta Severus, à peine plus fort.
La mâchoire de l'homme était contractée et Harry fut rassuré de voir qu'il n'était pas le seul à combattre une réaction épidermique. Dumbledore, par contre, paraissait à peine affecté. Il dégagea la porte d'un coup brusque de sa baguette faisant grincer Severus avec réprobation.
« Albus. » siffla le Professeur. « Peut-être… »
Dumbledore avait déjà pénétré dans le cottage.
« C'est moi ou il est bizarre ? » grimaça Harry.
« Non. » répondit Severus, ajustant sa prise sur sa baguette. « Non, ce n'est pas toi. Ne t'éloigne pas de moi. »
Harry dut se faire violence pour approcher du porche. Passer le seuil fut un combat. Son corps refusait purement et simplement de lui obéir. Son cerveau lui hurlait qu'il allait mourir s'il pénétrait à l'intérieur, qu'il n'était pas le bienvenu ici, qu'il devait s'enfuir et vite, que…
« Le sort de repousse influe sur ton esprit. » expliqua Severus. « Occlude. »
Occluder aida légèrement, suffisamment pour qu'il se convainque d'entrer.
Si possible, la sensation d'être un intrus était encore pire à l'intérieur. L'entrée s'ouvrait sur un petit couloir sombre et Harry sursauta en apercevant une silhouette qui se détachait des ténèbres, n'identifiant Dumbledore qu'avec une seconde de retard. Le vieux sorcier paraissait enfin peiner à combattre le sort de repousse sur ce qu'Harry savait être le seuil de la cuisine.
Sa main libre fermée en un poing, ses ongles s'enfonçant dans sa chair, il se força à avancer. Ses pieds trainaient malgré lui, son corps lui livrant une bataille sans merci, soulevant des nuages de poussière à chaque pas.
Il avait presque rattrapé Dumbledore lorsque celui parut finalement reprendre le contrôle de lui-même et se propulsa pratiquement dans la cuisine.
Derrière lui, Severus laissa échapper un grondement mécontent. « Albus ! »
Harry sentit la main de l'ancien espion s'abattre sur son épaule et se servir de lui pour mieux se lancer en avant. Sans doute que l'homme devait, lui aussi, lutter pour avancer. C'était étrange, presque comme si l'endroit avait une gravité qui lui était propre. Comme… avancer dans du chewing-gum.
Il atteignit le seuil et fut presque écrasé par le poids du sort. Il s'effondra contre le chambranle de la porte, remarquant à peine le trou dans le toit ou la lumière naturelle qui en émanait, éclairant d'un faible halo une partie de la table de la cuisine au bois vermoulu. Et au centre de ce halo…
La bague des Gaunt.
Dumbledore tendait déjà la main avec une expression de convoitise sur le visage qui lui glaça le sang.
« Albus ! » s'écria à nouveau Severus.
Mais trop tard…