Update : 21/10/2014~ Il fait un froid de canard


Punaise j'ai bien cru que je n'arriverai jamais à écrire ce putain de chapitre. Mais bon, le voilà, il est là. Désolé d'avance si il est naze.

Cette histoire approche de la fin. Il reste 2 ou 3 chapitres, ça dépendra de mon inspiration et de ma motivation.

J'espère qu'il reste encore 2 ou 3 âmes égarées pour lire ça. Si oui, sachez que je vous aime de tout mon petit coeur d'auteur incompris. Si non, tant pis, je rigole bien en lisant ça toute seule dans mon coin (je me fais rire toute seule, un problème ?).

Btw, merci pour toutes les mise en followagisation ma gueule, ça fait chaud au coeur.

Sur ce, bonne dégustation (oui parce que bon vu la longueur ridicule de ce chapitre, c'est plus un échantillon qu'autre chose)


Chapitre 10 : Expecto patronum whore

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« Le mouton sur le flanc dans la pré agonise et broute encore. »

Louis Ferdinand Céline – Voyage au bout de la nuit

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1

Curieusement, au moment où son âme franchit le voile, Théodore eût la sensation de tomber. Exactement comme s'il avait mis le pied dans un trou sans fond. Et plus il tombait, plus il était aspiré inexorablement, plus son corps le faisait souffrir. Il regarda ses mains et se rendit compte qu'elles se couvraient de rides, avant de se décharner pour ne lui laisser que la peau sur les os. Il aurait voulu hurler mais il était incapable d'accomplir la moindre action. Il n'était plus que douleur. La moindre parcelle de ce qui restait de lui le faisait atrocement souffrir. Si quelqu'un lui avait jeté un doloris, la souffrance n'aurait sans doute pas été moindre. Lorsque ses pieds touchèrent enfin le sol, Théodore songea qu'il devait être mort.

Cela n'était pas le cas.

Comme si tout ceci n'avait été qu'un rêve, Théodore était simplement à nouveau lui-même. Seul son souffle erratique témoignait de ce qu'il venait juste de vivre, et s'il n'avait pas été réputé pour avoir la tête bien ancrée sur les épaules, le jeune sorcier aurait pensé devenir fou. Peut-être était-ce le cas ? Toute cette histoire n'avait de toute façon aucun sens.

Il se redressa péniblement. Autour de lui, tout n'était que brume. Théodore avait cru qu'en levant les yeux ou en se retournant, il verrait le voile d'où il était venu, mais il n'y avait rien. Rien qu'une vaste étendue de brume blanche et cotonneuse. Sa gorge se noua. Dans le lointain il entendait des chants qu'il s'était pourtant préparé à entendre. Pas si bien que ça visiblement, vue l'émotion qui le submergeait.

C'est juste une putain d'illusion, songea-t-il avant de commencer à marcher. Rien de tout cela n'est réel.

-Azra, tenta-t-il d'une faible voix, de peur de réveiller de quelconques créatures qui seraient tapis dans la brume.

Seul le silence oppressant de l'endroit lui répondit.

Voilà donc où vont les morts. Là où il n'y a rien que le vide. Et les souvenirs.

Il avança tout droit pendant un long moment sans que le paysage change d'un seul détail, ce qui lui donna la vague impression de faire du surplace. Mais les chants, eux, devenaient de plus en plus clairs, comme s'il s'enfonçait de plus en plus dans ces landes de souvenirs douloureux.

Théodore ne put s'empêcher de songer à Azra et à ce qu'elle avait dût ressentir lorsqu'elle s'était retrouvée là sans pouvoir revenir en arrière. Si seule.

Soudain, Théodore sentit distinctement quelque chose lui frôler l'épaule droite.

Son sang se glaça.

Il y avait quelque chose sous la brume.

Il se retourna pour tenter de distinguer quelque chose, mais tout semblait parfaitement calme.

Fuck fuck fuck, fut à peu près ce que Théodore parvint à réunir comme pensées concrètes. Puis il tenta de se rassurer en songeant qu'après tout son corps était encore là-bas, près de Blaise et des autres, et que donc il ne risquait rien. Du moins presque rien, tant qu'il parvenait à faire le chemin du retour.

Il accéléra le pas, en ayant toujours cette désagréable impression de ne pas avancer. La brume autour de lui semblait presque vivante tant elle était épaisse. Il plissa les yeux pour apercevoir quelque chose lorsque soudain une pensée terrifiante le frappa : et si chaque individu se retrouvait à un endroit différent une fois le voile traversé ? Et s'il était seul ici ? Condamné à entendre la berceuse de sa mère pour l'éternité. Seul. Sans jamais pouvoir à nouveau se tenir confortablement dans la chaleur de ses bras aimants.

Un sentiment de désespoir lui forma une boule dans la gorge et Théodore souhaita être réellement mort, ou du moins, ne plus rien éprouver. Un souffle glacé dans sa nuque le fit frissonner. Ca n'était pas le souffle du vent, il n'y avait ici pas la moindre brise. C'était une respiration. Une respiration lente et glacée.

Théodore ferma lentement les paupières.

Bordel de merde des détraqueurs, songea-t-il avec un calme dont il ne se serait pas cru capable quelques secondes auparavant.

A cette seconde, il aurait tout donné pour un bon rail de coke dont Blaise avait le secret.

Une main décharnée se posa sur son épaule et le sorcier voulu vomir. A la place, il se contenta de se dégager et de continuer à avancer en tentant tant bien que mal de ne pas penser à combien il serait doux et facile d'abandonner. Combien il serait merveilleux de juste se coucher dans cet épais brouillard et de laisser les détraqueurs faire leur travail. Après tout, ici, il n'était qu'une âme. Pour eux cela devait sans doute équivaloir à un bon gros hamburger. Ils se jetteraient sur lui et le mangerait goulument et lui, enfin, il ne ressentirait plus rien. Enfin il serait en paix. Peut-être que cela ne serait même pas douloureux.

Dans un ultime éclair de lucidité, le sorcier tenta de rassembler ses souvenirs pour retrouver la formule permettant de jeter un patronus. Il n'avait jamais réellement essayé ce sortilège, mais après tout, dans les histoires, c'est toujours au moment où le héros risquait le plus gros qu'il parvenait miraculeusement à faire quelque chose de particulièrement complexe. Etait-il seulement un héros ?

-Expecto patronum, tenta-t-il d'une faible voix en tenant fermement sa baguette magique.

Il se souvenait vaguement qu'au moment de jeter le sort, il fallait penser à quelque chose d'heureux. Un souvenir assez puissant pour faire fuir le désespoir. Théodore essaya de visualiser sa mère, avec sa longue chevelure cascadant dans son dos, ses mains si blanches, ses lèvres rosés. Ses yeux sans vie fixant le vide.

Théodore tomba à genoux sur le sol humide et poisseux. Il n'avait plus la force de réfléchir. Il n'avait plus la force d'avancer. Il n'avait plus la force d'écouter la voix de sa mère lui chanter les paroles de son enfance, tout en sachant qu'il ne pourrait jamais l'atteindre. Qu'il ne pourrait jamais la revoir.

Il sentait que les détraqueurs étaient de plus en plus nombreux.

Il les sentait se rapprocher de lui par vague.

Pense à autre chose putain, trouve un souvenir, s'ordonna-t-il mentalement. Quelque chose d'inaltéré. Quelque chose de pur.

Sans qu'il sache vraiment pourquoi, c'est la vision de Blaise, dans son costume moldu ridicule, qui s'imposa à lui. Blaise debout devant sa porte. Blaise nu dans sa cuisine, son corps collé contre le sien.

Théodore se roula en boule sur le sol et ferma les yeux aussi fort qu'il pouvait. Il aurait voulu être avec Blaise à cet instant. Blaise aurait trouvé quelque chose de stupidement insensé à faire pour repousser les détraqueurs.

Théodore songea qu'il devrait tenter la formule à nouveau mais il son corps ne semblait pas vouloir obéir à ses ordres.


2

Le souffle glacé contre son oreille s'interrompit brusquement et cela arracha un gémissement de souffrance à Théodore. Puis l'air sembla se réchauffer petit à petit et un immense chien lumineux se dressa devant lui, haletant. Il le fixa pendant un trop long moment pour être honnête.

Est-ce qu'il avait réellement réussi à créer un patronus corporel ? Du premier coup ?

Petit à petit Théodore reprenait ses esprits, et il constata avec effroi qu'il avait failli y passer lorsqu'un grand homme entre deux âges, à la chevelure noire et à la barbe mal rasée vint caresser la tête du chien.

Il eut un rire dépourvu d'humour, ressemblant curieusement à un aboiement et tendit la main à Théodore pour l'aider à se relever.

-Personnes pendant si longtemps, et voilà deux nouveaux coups sur coups. On peut savoir ce qui t'amène si loin de chez toi ?

Au moment de parler, Théodore cru qu'il allait vomir. Mais il parvint finalement à articuler difficilement :

-Je suis exactement ?

L'homme haussa les épaules.

-Tu es passé à travers le voile n'est-ce pas ?

-Est-ce que c'est l'au-delà ? Je… Je suis mort n'est-ce pas ?

L'homme aboya de rire, puis lui fit signe de le suivre.

-Fichons le camp. Ces conneries de détraqueurs sont encore plus hargneux ici que sur terre.

-Pourquoi est-ce qu'il y'a des détraqueurs à l'intérieur du voile ?

L'homme haussa à nouveau les épaules et Théodore songea que peut-être, en réalité, il n'en savait pas plus que lui.

-C'est votre patronus ? demanda-t-il en désignant le chien lumineux, pour essayer d'engager la conversation.

L'homme rit à nouveau.

-Un patronus ? Sérieusement ? La magie n'a pas d'effet ici. Impossible de créer un patronus (il jeta un regard affectueux au chien et lui tapota le sommet de la tête) mais Patmol a cet effet sur les détraqueurs.

-C'est votre chien ? Vous avez traversé le voile avec votre chien ?

-Est-ce que tu me prends pour un pur crétin ? Non. Patmol est une partie de moi.

Théodore haussa les épaules, désabusé. Il n'avait jamais rencontré quelqu'un d'aussi bizarre que ce mec, pourtant, il avait rencontré Kione et Sanguini.

-Pourquoi êtes-vous ici vous ?

-Tu poses trop de questions gamin, et si tu te posais deux secondes pour y réfléchir, peut-être que tu trouverais les réponses tout seul. Je vais t'amener au roi.

-Au roi ?

-Le roi d'au-delà du voile.

-Il y'a un roi ici ?

-Tu pensais quand même pas que t'allais débarquer en pleine campagne et trouver trois tondus et un pelé ? Ca fait des siècles que le voile est un passage, des siècles que des âmes sont condamnées à rester coincées ici. Il a bien fallu que quelqu'un songe à organiser cette société.

-Vous êtes nombreux ici ?

L'homme haussa à nouveau les épaules et Théodore jugea qu'il en avait marre de cette non-réponse alors il marcha silencieusement pendant un moment. Il en profita pour observer le paysage autour de lui, en admettant que ces vastes étendues cotonneuses puissent être qualifiées de paysage. Il n'y avait, semblait-il, strictement rien sur des kilomètres à la ronde. La brume épaisse lui donnait l'impression d'évoluer dans un rêve étrange. Il jeta un regard en biais à l'homme qui l'accompagnait. Il étant grand, légèrement musclé, et sa chevelure sombre lui tombait mollement sur les épaules. Il avait probablement été beau quelques années auparavant, mais sa mine renfrognée et le peu de soin qu'il accordait à sa présentation avaient effacé toutes traces de cette époque. Sans qu'il sache exactement pourquoi, son visage semblait familier à Théodore, comme celui d'une célébrité ou de quelqu'un qu'il aurait connu des années en arrière, sans plus le revoir. Patmol, l'énorme chien de lumière, jappait autour d'eux, et s'éloignait parfois de quelques mètres en courant comme s'il partait chasser d'invisibles créatures, la brume le transformant alors en un vague point lumineux. Cependant, il revenait vite sur ses pas, comme pour s'assurer que les deux autres le suivaient bien. Sa présence apportait à Théodore un étrange réconfort.

Brusquement, une forme s'éleva au loin dans la brume. Quelque chose qui semblait énorme, même à cette distance. Théodore plissa les yeux pour distinguer quelque chose.

-Un château, souffla-t-il.

-Une forteresse, corrigea l'homme.

Le chien de lumière se mit à aboyer joyeusement en courant tout autour d'eux. Théodore se sentait curieusement apaisé. Il n'y avait pas pris garde tout à l'heure mais les funestes chants échappés de son enfance étaient plus faibles désormais. A peine des murmures.

Tandis qu'ils approchaient de l'immense forteresse de pierres grises, qui avait l'air de flotter dans la brume comme par magie, la sonnerie d'un cor, longue et puissante, se fit entendre.

-Les gardes nous ont vu, baragouina l'homme. Vont baisser le pont levis pour nous. Toi tu restes avec moi et tu fais rien de bizarre. Je vais t'amener au roi, répéta-t-il comme si c'était la seule chose qui comptait.

Théodore se demanda, sans oser le formuler à voix haute, si cela faisait longtemps que l'homme vivait ici, et si cela ne l'avait pas rendu un peu fou (ou bien peut-être l'était-il déjà avant de traverser le voile ?).

Un groupe de jeunes filles à la peau doré se tenait à côté de l'entrée, adossées au mur de pierres épaisses, occupées à bavarder. Elles sourirent à Théodore et lui firent des signes de la main en riant.

A l'intérieur de la forteresse diverses personnes de tout âge et toutes origines saluèrent Théodore. A cet instant la peur irrationnelle de croiser le vieux moldu qu'il avait lui-même envoyé là le prit aux tripes, mais il n'avait pas l'air d'être dans les parages.

La lumière grise qui régnait sur les lieux contribuait à rendre l'atmosphère étrange. Comme si quelque chose avait ternit toutes les couleurs. Mais ce qui semblait le plus bizarre, aux yeux du jeune sorcier, c'est cette façon que tout le monde avait d'avoir l'air effroyablement gentil.

J'ai trouvé un passage secret vers le dortoir des Poufsouffles ou quoi ?

-Maitre Théodore, glapit une voix qu'il aurait reconnue entre milles, et qu'il ne pensait plus jamais entendre.

-Azraëlle !

Théodore se demanda comment, quelques minutes auparavant, il avait pu si fort vouloir mourir.

Le minuscule elfe se laissa tomber aux pieds de son maître, d'énormes larmes s'échappant de ses yeux globuleux et ruisselant sur ses joues anguleuses.

-Vous aviez promis de ne pas venir maître, mais vous êtes venu pour Azraëlle. Vous avez mis vos jours en danger pour Azraëlle. Azraëlle n'est pas digne de vous maitre.

Il avait envie de lui dire à quel point elle avait tort et à quel point elle était le plus merveilleux elfe de maison qui soit, mais à la place il se contenta de la serrer tendrement dans ses bras, et l'elfe lui rendit son étreinte en sanglotant, accrochant ses petits doigts griffus dans les cheveux de son maitre.


3

L'homme et le chien de lumière l'entrainèrent dans un dédale de corridors biscornus, Azra trottinant en sanglotant sur leurs talons. Lorsqu'enfin ils semblèrent arrivés à destination, Théodore regarda autour de lui et ne trouva rien d'autre qu'une grande pièce grise et vide. Vide à l'exception d'un siège de pierres grises sur lequel était assis un vieil homme et d'une immense table entourée de chaise à haut dossier. Tout était gris. Comme si personne ne s'était donné la peine d'inventer les couleurs.

-Tu as encore trouvé un nouveau Sirius ?

L'homme grogna quelque chose et le chien de lumière aboya joyeusement.

-Approche mon garçon. Comment t'appelles-tu ?

-Théodore Nott.

Pour une raison inconnue, l'homme qui l'avait accompagné ici, Sirius visiblement, renifla de mépris et cracha par terre. Théodore décida de ne pas y faire attention.

-Je suis Sandor Flacks. Tu peux m'appeler Sandor.

Si le nom sembla étrangement familier au premier abord, lorsqu'il creusa sa mémoire pour tenter de déterminer de qui il s'agissait Théodore cru qu'il allait s'évanouir.

-Vous êtes l'ancien directeur du département des mystères, chuchota-t-il en le fixant avec un mélange d'effroi et d'admiration.

-Un connaisseur ? Ricana-t-il. C'était effectivement le cas… Dans une autre vie. Maintenant je suis plus connu sous le surnom de roi d'au-delà du voile.

-Joli montée hiérarchique, railla Théodore.

Contre toute attente, Sandor lui adressa un clin d'œil. Il avait l'air plus commode en vrai que dans son imagination. Il s'était figuré qu'il serait un vieil homme aigri et rabougri, il avait l'air d'être parfaitement le contraire.

-Et toi, qui es-tu là-bas ? Comment se fait-il que tu aies connaissance de mon existence ?

Alors Théodore raconta toute l'histoire. Son histoire. Il parla de Blaise et de la chasse aux fantômes, il parla du vieux moldu et des vampires, de l'extraction corporelle. Il raconta tout (en omettant volontairement les moments qui ne concernaient que Blaise et lui). Au fur et à mesure du récit, le visage de Sandor se fit soucieux.

-Comment te sens-tu ? demanda le vieil homme lorsque Théodore eut finit son histoire.

Il haussa les épaules.

-Normal.

-Pas nauséeux ? Maussade ? Malade ?

Nouveau haussement d'épaules.

-Depuis quelques mois, si. Mais je suppose que c'est normal. Je ne dors plus très bien. Enfin. Je ne suis pas ici pour parler de ma santé.

-Tu devrais pourtant. Tu es un Langue-de-Plombs Théodore Nott.

-Et alors ?

-Tu as prêté serment. Un serment ne peut être rompu impunément. C'est de l'ancienne magie.

Théodore le dévisageait sans comprendre.

-Je n'ai pas trahi mes vœux, balbutia-t-il à mi-voix.

-Tu veux dire que tu n'as pas parlé des secrets du Département ? Que tu n'y as pas introduit d'étrangers ? Que tu n'as pas cherché à acquérir la connaissance pour toi-même ?

Les yeux de Théodore s'écarquillèrent à mesure que le vieil homme parlait.

-Mais je… Je n'ai jamais voulu… Je veux dire… Je n'avais pas de mauvaises intentions.

-Peu importe tes intentions. Les faits sont là. Tu as prêté serment, puis tu l'as trahi. Tu n'y survivras pas longtemps. Crois-moi.

-Mais non ! C'est impossible !

Les pensées de Théodore se bousculaient dans sa tête. Il songea d'abord à Blaise qui l'attendait, puis à Azra qu'il venait de retrouver et qu'il devait ramener avec lui, puis à sa maison, à Londres, à l'automne, à l'air frais, à toutes ces choses qu'il ne pouvait définitivement pas quitter.

-Qui es-tu pour dire ce qui est possible ou non Théodore Nott ?

Il se mordit la lèvre. Il avait toujours mis les symptômes sur le compte du Voile de la Mort, pensant qu'il aspirait petit à petit sa vie, mais il était loin de la vérité. Plus il avait avancé dans cette quête, plus son serment le lui avait fait payer. Il était en train de crever et il embrassait encore le couteau qui lui coupait la gorge. Il devait être fou. Ou inconscient.

-Qu'est-ce que je vais faire ? demanda-t-il d'une voix qui semblait venir directement de son enfance.

La toute petite voix d'un garçon qui vient de perdre la seule personne sur la Terre l'aimant réellement. Et les chants, qui s'étaient tus depuis qu'il était entré dans le château, s'intensifièrent à nouveau, resserrant autour de son cœur un étau glacé.

Le vieil homme haussa les épaules.

-Comme tous les autres avant toi : tu continueras.

Théodore ne savait pas trop ce que voulait dire cette réponse mais il n'avait pas envie de demander. Cependant cela éveilla en lui une autre interrogation :

-Où vont les gens une fois qu'ils meurent ? Est-ce qu'ils arrivent tous ici ?

L'homme qui l'avait accompagné, Sirius, aboya à nouveau de ce rire étrange.

-Moi aussi j'y ai cru une fraction de seconde lorsque j'ai débarqué. Je me suis dit que je venais de mourir et que je reverrai surement enfin James et Lily. Mais nous ne sommes pas morts gamin. Pas vraiment. Nous sommes juste coincés ici. Eternellement. Avec tous ceux qui ont traversé.

-Où est ce qu'on est exactement ?

-Qui sait… Derrière le Voile de la Mort, celui qui fut tissé avec le fil du Destin de la Mort elle-même. Là où elle ne peut nous voir ni nous trouver. Là où il n'y a rien sur des kilomètres, ni au Nord, ni au Sud, ni à l'Est ni à l'Ouest. Là où le soleil ne se lève jamais mais où la nuit ne tombe pas.

-Où vont les morts alors ?

Le roi d'au-delà du voile se racla la gorge, et Théodore tourna vers lui de grands yeux désespérés.

-Les morts vont simplement là où les vivants ne peuvent les atteindre mon garçon. Ils continuent et ne reviennent jamais. Personne ne sait.

-Et personne ne saura, coupa Sirius hargneusement. Du moins pas ici.

-Qu'est-ce que vous voulez dire ?

-Tu es long à la détente. Est-ce que ton mangemort de père ne t'a rien appris Nott (il cracha à nouveau pas terre et Théodore lui offrit une grimace de dégoût) ? Je veux dire qu'ici, on ne meurt pas. Jamais.

Les yeux de Théodore se mirent à briller d'une dangereuse lueur d'espoir. S'il avait eu envie pendant une fraction de seconde de demander à Sirius de quel droit parlait-il de son près avec autant de mépris, cette pensée avait été balayée si vite qu'elle semblait presque n'avoir jamais existée.

-On vit éternellement ? demanda-t-il d'une voix tremblante.

-Si on peut appeler ça vivre, railla Sirius. La mort n'est pas le pire des sorts. Tuer quelqu'un n'est pas la pire chose que tu puisses lui faire. Tout le monde meurt. La mort, c'est la continuité normale de la vie. Etre ici… Etre ici c'est juste une grossière erreur. Cet endroit ne devrait pas exister.

Théodore, nauséeux, tenta de rassembler ses esprits.

-Je dois ramener Azra avec moi, marmonna-t-il. Il aurait aimé poser plus de questions à cet étrange personnage qu'était le roi, ainsi qu'à Sirius, mais les choses étaient floues dans son esprit. Rien ne s'imbriquait correctement. Rien de tout cela n'avait de sens. Et il avait la sensation que le temps lui manquait.

Sirius lui offrit un sourire narquois :

-Il y'a quelque chose que tu n'as pas compris dans « on ne retourne pas en arrière » ? Le voile est un passage à sens unique. Tu n'amèneras cette elfe nulle part, et crois-moi tu ne repartiras pas non plus.

Théodore crache sur le sol.

-Tu peux te les foutre tes conseils. Je suis venue pour la chercher (il pointa Azra du doigt) je ne repartirai pas sans elle.

Sirius soupira, comme si toute cette discussion l'ennuyait profondément.

Le roi, Sandor, se racla la gorge avant de demander d'une voix intriguée :

-Cette petite technique dont tu nous as parlé, l'extraction corporelle… comment peux-tu savoir qu'elle te permettra de traverser le voile en sens inverse ?

-Je n'en sais rien, admit Théodore. Je n'en ai pas la moindre idée. Mais c'était la seule façon de retrouver Azraelle. Je devais essayer.

L'elfe, qui avait pourtant réussi à se calmer quelques minutes plus tôt, se remit à sangloter violement, agitée de soubresaut.

-Maitre Théodore, murmurait-elle en se balançant d'avant en arrière, un long filet de morve coulant de son nez crochu.

Théodore lui jeta un regard emplit de pitié. Azra avait toujours été un peu étrange, mais elle était la seule à avoir été présente quoiqu'il arrive. L'abandonner n'était pas une option.

Comme s'il sentait que quelque chose d'important était en train de se passer, Patmol vint s'assoir près de Théodore et frotta le haut de sa tête contre sa main. Sirius étouffa un grognement.

-Quand je pense que ce chien pathétique est une partie de moi, marmonna-t-il en imaginant sans doute que personne ne l'avait entendu (ou bien peut-être faisait-il exprès de prononcer ce genre de phrase assez fort pour mettre tout le monde mal à l'aise).

Théodore gratta les oreilles de Patmol en souriant en coin. Ce chien l'apaisait, mais il ne parvenait pas à éliminer la sensation d'angoisse qui le prenait aux tripes : il était temps pour lui de vérifier ses théories. L'instant de vérité avait sonné.

Alea Jacta Est, songea-t-il.

Et si, quelques temps auparavant, il avait eu l'impression que cette histoire allait beaucoup trop loin, à cet instant, il se sentait comme un aventurier s'apprêtant à découvrir l'existence d'une nouvelle forme de vie. Son cœur battait anormalement vite. Il avait des fourmis dans les jambes.

Sans trop savoir pour quelle raison, il attrapa le bras maigre d'Azraelle. Il lui semblait que le chemin du retour devrait s'effectuer de cette façon. Comme un transplanage de son âme dans son corps. Il ferma les yeux et inspira plusieurs fois profondément.

Azraelle avait arrêté de pleurer.

-Peut-être nous reverrons nous, souffla-t-il à l'intention des autres personnes présentes dans la pièce.

Pour toute réponse, Sirius ricana. Le roi d'au-delà du voile, lui, ne prononça pas un mot. Théodore imagina qu'il devait l'observer de ses grands yeux curieux. Il allait assister à une expérience unique.

Théodore visualisa mentalement son corps étendu sur le sol de pierres de la salle de la Mort du Département des Mystères. Il visualisa Kione, Sanguini, Angelius, et Blaise autour de lui. Il se demanda vaguement si tout se passait bien pour eux. Il l'espérait de tout son cœur car, si quoi que ce soit avait eu lieu, il ne pourrait peut-être plus jamais revenir en arrière. Il n'avait aucune idée de combien de temps s'était écoulé de l'autre côté du voile. 1 minute, 1 heure, 1 journée.. ? Il lui semblait avoir passé longtemps ici, mais la notion de temps n'était peut-être pas la même.

Théodore s'efforça de rassembler ses esprits. Il avait besoin de concentration.

C'est juste exactement comme un premier transplanage, songea-t-il, rien de plus.

Il serra un peu plus fort le bras d'Azraelle de façon à être sure de ne pas perdre le contact, et visualisa son corps avec plus de détails. Au bout de quelques secondes qui parurent des heures, une sensation familière de fourmillement lui parcouru le corps. Il ferma les paupières de toutes ses forces. Une fois, il avait eu le malheur de les garder ouvertes alors qu'il réintégrait son corps : il n'avait jamais autant vomi. Si il pouvait s'épargner ce désastre une seconde fois… Mais il savait pertinemment que s'il ouvrait les yeux, il verrait le décor gris de ce monde étrange devenir flou petit à petit, comme lorsque l'on ouvre les yeux sous l'eau.

Il imagina que derrière lui jouait un rif de rock'n roll, alors qu'il sentait son âme quitter ce monde pour retourner dans l'autre. Toutes les sensations disparaissaient petit à petit.

Ca marche, pensa-t-il. Bordel de merde ca marche. Je suis un putain de Dieu vivant.

Il entendit Patmol hurler à la mort au loin mais ce son semblait tellement lointain qu'il n'y pretta pas attention.

-Maitre Théodore !

Oui Azra, on rentre à la maison, aurait-il voulu répondre. Je te ramène chez nous. Plus jamais tu n'auras à vivre des choses aussi horribles. Promis. Plus jamais. Je suis là maintenant.

Mais il était impossible de parler lorsqu'on faisait ce genre d'expérience. Alors Théodore se contenta de sourire.

Il mourait d'envie de voir la gueule que ferait Blaise en constatant que son plan avait réussi.


Terminus tout le monde descend.

Bon je suis assez curieuse de savoir ce que vous avez pensé de ce chapitre bizarre (oui Nick-quasi-sans-tête, c'est à toi que je parle, donc tu réchauffes tes pattes de fantôme et tu écris ta review... nan mais je vous jure les fantômes de nos jours...) alors n'hésitez pas à me faire part de vos impressions.

Trailer Durden du chapitre 11 : "Je crois en la mort, la destruction, le chaos et la cupidité" American History X. BAM. (En effet, ça ne veut rien dire du tout, merci de le faire remarquer Kevin.)

A bientot pour de nouvelles aventures,

Sam