Chapitre 1 : Les réveils du professeur :

Severus Snape venait de se réveiller, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il n'était pas de très bonne humeur. En même temps, jamais quiconque n'avait pu se vanter d'avoir vu Snape de bonne humeur. Il avait passé une bonne partie de la nuit à corriger les devoirs de potions de Gryffondors incapables d'aligner deux mots cohérents. De plus, il avait cours en première heure avec les 7èmes années des deux maisons rivales, perspective qui ne l'enchantait pas.

Il se leva péniblement puis s'habilla. Il sortit ensuite des cachots et se dirigea vers la Grande Salle. Perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas les regards amusés et étonnés que les élèves lui jetaient. Il s'assit à sa place habituelle, entre le professeur Mc Gonnagal et le professeur Dumbledore, et se plongea dans la lecture d'un article de la Gazette du sorcier. Il fut interrompu par un toussotement discret.

« Professeur vous… » Dit Albus Dumbledore, un grand sourire affiché sur le visage.

« Monsieur le directeur, vous ne voyez pas que je suis occupé ? »

« Mais professeur vous… » Répondit quand même le vieil homme.

« Suffit, Albus, vous savez que le petit déjeuneur est un moment sacré pour moi. Maintenant laissez-moi tranquille ! ». Il est vrai qu'il était de notoriété publique que le professeur de potions n'était pas du matin et peu de gens osaient lui adresser la parole avant midi. En fait, pratiquement personne n'osait lui adresser la parole, et ce à n'importe quelle heure de la journée.

« Bien, puisque c'est comme ça ! » Lui répondit le directeur, vexé.

« Décidément, tout le monde a décidé de me faire chier aujourd'hui. » Se dit Severus. Il se leva brusquement et décida d'aller finir son repas dans ses quartiers. Il cala le journal sous son coude et se dirigea vers les grandes portes. C'est alors qu'il se rendit compte que quelque chose clochait. Tous les élèves avaient les yeux rivés sur lui, le contemplant avec un regard étonné. Tous, non… L'imbécile de Potter, lui, arborait un rictus amusé.

« Qu'est-ce que le morveux a encore fait » Se demanda le professeur. Sentant venir quelque chose, il se tourna vers les miroirs accrochés aux murs.

« POTTER ! Je vais vous tuer. » Hurla-t'il. Et pour cause, ses cheveux, qui le matin même étaient d'un noir profond étaient à présent colorés d'une immonde teinte rose flash, qui ne lui seyait absolument pas.

« Un problème, monsieur ? A propos, j'adore votre nouvelle couleur. Vous vous êtes enfin décidé à aller chez le coiffeur ? » Dit le Survivant avec un air narquois. Toute la Grande Salle éclata de rire, augmentant la rage de l'enseignant.

« Dans mon bureau, immédiatement ! »

Il agrippa le jeune Gryffondor par l'épaule et le traina sans ménagement jusqu'aux sous-sols. Il ouvrit la porte de son bureau et poussa son élève à l'intérieur de la pièce.

« Asseyez-vous là. Si vous osez bouger ne serais-ce que votre petit orteil, je vous tue » Cria le maitre des potions.

Il se dirigea vers la réserve et prit un petit flacon de potion translucide. Il retourna ensuite à côté du jeune homme.

« Potter, buvez-ça » Ordonna-t'il.

« Qu'est-ce que c'est ? » Lui répondit l'Elu.

« Du Veritaserum, autrement dit du sérum de vérité. Vu vos aptitudes inexistantes dans ma matière, je vous rappelle que comme son nom l'indique lorsque l'on boit cette potion, on est contraint à dire la vérité. » Expliqua son professeur.

« Je ne boirais pas ce truc. » Dit Harry, l'air buté.

« Oh mais, vous n'avez pas le choix. » Affirma le plus âgé, l'air menaçant. Tentant d'échapper à son sort, le Survivant bondit de sa chaise et se précipita vers la porte du bureau, mais il fut aussitôt intercepté et écrasé sur le sol par le professeur Snape qui l'avait mis à terre dans un plaquage digne d'un joueur de rugby de classe internationale.

C'est dans cette position plutôt équivoque que le directeur les découvrit. Albus Dumbledore, l'homme qui avait vaincu Grindelwald, l'homme qui avait créé l'ordre du Phénix, l'homme qui ne s'étonnait plus de rien, resta pourtant bouche bée devant la vision qui s'offrait à lui. Harry Potter, Celui-Qui-Avait-Botté-Les-Fesses-Du-Seigneur-Des Ténèbres-Et-Deux-Fois-En-Plus était plaqué au sol par Severus Snape, le professeur le plus austère de Poudlard, leurs visages éloignés l'un de l'autre d'une dizaine de centimètres à peine.

« Je crois que je dérange… » Marmonna le directeur, les joues rosies.

Les deux hommes qui n'avaient pas entendu le directeur entrer se relevèrent précipitamment. Ils avaient le visage cramoisi. Heureusement pour eux, la mode sorcière était aux vêtements amples car elle permettait de cacher leurs bas-ventres en feu.

« Non mais qu'est-ce qui m'as pris ! Pourquoi est-ce que je ne me suis pas relevé plus vite ? Et surtout, pourquoi Harry me fait cet effet-là. Je n'ai quand même pas dit Harry. Potter, pas Harry, Potter. Aaargh, il faut absolument que j'aille faire un tour à Londres pour trouver de quoi me changer les idées, parce que là ça ne va vraiment pas bien. » Se dit Snape.

Le jeune garçon quant à lui était absolument ravi des évènements qui venaient de se dérouler. Non seulement il avait enfin pu toucher son professeur mais en plus, il s'était carrément retrouvé sous lui. Cela faisait plus de six mois qu'il multipliait les bêtises dans l'espoir d'attirer l'attention de son aîné, et ce de n'importe quelle manière que ce soit. En effet, au fil des mois il s'était peu à peu rendu compte de son attirance envers le professeur de potions. Tout lui plaisait chez lui, mais avant tout, c'était la seule personne de son entourage qui ne l'avait jamais avantagé à cause de sa célébrité. Malgré la chute du Seigneur des Ténèbres, jamais Snape n'avait changé d'attitude à son égard. Il était resté fidèle à lui-même. Froid, méprisant et sarcastique. Mais Harry devait reconnaitre que c'était comme ça qu'il l'aimait.

« Monsieur le directeur, ce n'est pas ce que vous croyez » Bafouilla celui-ci, plissant sa robe. « J'ai simplement empêché Potter de s'échapper »

« Oui, oui, c'est ça » Répondit le vieil homme, les yeux pétillant. « Bon, et bien je vais vous laisser. Harry, rendez-vous ce soir à 19h dans mon bureau. ». Puis il sortit de la pièce.

Le Gryffondor grimaça car dans sa chute, il s'était légèrement entaillé le genou.

« Navré de vous avoir écrasé, Potter » Marmonna le Serpentard.

L'Elu regarda son professeur bouche bée. C'était la première fois qu'il le voyait s'excuser. Il sourit, malicieux, et dit :

« Ne soyez pas désolé, monsieur, j'ai bien aimé quand vous étiez sur moi ». Et c'est sur ces paroles qu'il s'enfuit en courant, laissant son aîné estomaqué derrière-lui.

Et c'est ainsi que commença la journée la plus étrange que le professeur Snape ai jamais vécu.