Après de multiples réflexion, je me suis autorisé un épilogue (court) à ma fic.
Il sera de la même trempe que les précédents. Cette fois, c'est vraiment le dernier des derniers !

ATTENTION ! Spoilers de tous les épisodes de la saison 3 !


Épilogue

Pourtant, ton papa, c'était un héros.

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Sherlock observait son ami avec une délicatesse infinie. John s'était endormi dans son éternel canapé, sa fille allongée sur sa poitrine. Elle venait d'avoir six mois, et la petite possédait les mêmes yeux que sa mère. Par contre, elle avait hérité de la même couleur de peau que son père. Sherlock s'en empara, sans réveiller John. Plus tard, le détective savait que la relève allait être assurée par cette petite perle. Dieu qu'il l'aimait. Non pas que Sherlock se soit découvert une fibre paternelle jusque là insoupçonnée, mais cette fillette lui rappelait trop son père.

« Alors, toi ? Dit Sherlock en posant la gamine sur ses genoux. Comment fais-tu pour tout le temps dormir ? »

Sherlock se demanda pourquoi le bébé ne lui répondait pas. Quand était-elle supposée parler ? Cette question sans réponse lui hérissa légèrement le poil, mais à son tour il posa l'enfant tout contre sa poitrine. Le contact chaud apaisa son cœur, et au final, ce manque de réponse était rassurant.

« Je vais te raconter une histoire, murmura Sherlock. Ne réveillons pas ton papa, d'accord ? C'est son histoire, que je veux te raconter, petite princesse. »

Le bébé tourna ses grands yeux vers Sherlock. Ce dernier se pencha un peu, pour présenter une de ses boucles aux petites mains potelées. Elle tira dessus plusieurs fois, avant de se nicher un peu mieux dans son cou. La voix rauque de Sherlock la berça un moment, et John se retourna légèrement dans son fauteuil.

« Nous nous sommes connus il y a quelques années. Ton papa revenait de la guerre, on ne le payait pas vraiment. Pourtant, ton papa, c'était un héros. Si un jour quelqu'un te dit le contraire, je me ferais un plaisir d'aller m'expliquer avec lui. »

La fillette se mit à rire, avant de se mettre à téter son pouce. Elle écoutait avec une très grande attention ce que disait Sherlock, buvant ses paroles comme s'il s'agissait du meilleur lait du monde. La respiration de John se faisait plus forte. Une cicatrice barrait son cou, elle ne s'était jamais effacée après tout ce temps. Le détective chatouilla le menton du bébé, avant de reprendre.

« Ton héros de papa. Et tu sais quoi ? C'est le meilleur Docteur que la Terre ait jamais porté. Et tu sais pourquoi, ma jolie ? Car il ne faisait pas que soigner les virus, les bactéries et les gènes paresseux. Il savait aussi soigner les cœurs. Pas ceux malades, non, ton papa il soigne les cœurs des gens blessés par la vie. »

Sherlock soupira en regardant son ami endormi. Des mois qu'ils s'étaient embrassés. Puis John n'avait pas su renoncer à son mariage. Ce jour là, le détective aurait voulu dire « non ». Il l'avait désiré, mais il ne l'avait pas fait. Ce jour là, Sherlock l'humain avait découvert que la future épouse était enceinte. Il n'aurait jamais pu lutter contre cela. Sherlock aimait trop son docteur pour ainsi détruire son rêve de famille. Il passa ses longs doigts dans les boucles dorées de la petite. Sa vie aurait pu changer grâce à un simple « non ». Mais le mot était resté coincé dans sa gorge. Pire encore, il avait élu témoin.

Un instant, Sherlock avait cru que son ami allait revenir au 221B définitivement. Sa femme lui avait caché tant de choses... Mais il était passé au delà de ça. Pire encore, il avait tué pour préserver la famille naissante. Il ne l'avait pas fait pour sauver Mary. Il l'avait fait pour John.

Les yeux de Sherlock se perdirent dans les prunelles de la petite. Il déposa un baiser sur son front, avant de reprendre son récit.

« Quand nous nous sommes rencontrés, j'ai eu peur. Je lisais en lui comme dans un livre. Tout me plaisait en lui, il allait être le colocataire parfait. Un homme courageux, franc du collier. Un homme bien en fait. Ça je ne l'ai pas réalisé tout de suite. Je le pensais un peu bête au début, tu sais ? Mais non. Prions que tu possèdes son intelligence, petite princesse. »

Sherlock offrit son index à la fillette, qui s'en empara pour s'en servir comme tétine. Le détective eut un sourire, émerveillé par ce qu'il voyait. Bien sûr elle aurait été bien plus futée si Sherlock avait été le père. Il regarda John avec une certaine intensité. Son sommeil était lourd, à quoi pouvait il penser ?

« Je l'ai aimé ton papa. Je l'ai aimé de tout mon cœur. Tu sais quoi ? C'est grâce à lui que je me suis rendu compte que tout le monde en avait un. »

Les yeux de Sherlock roulèrent dans leurs orbites. John était venu un matin au 221B, le couffin à la main. Il lui avait demandé d'être le parrain de sa fille, quelques jours après sa naissance. Au début, le détective voulait dire non. Puis il l'avait vue, emmaillotée dans un linge rose. Elle était magnifique. Alors Sherlock avait immédiatement accepté, sans même chercher à négocier quoi que ce soit.

« Nous nous sommes battus ensemble tant de fois. Un jour un méchant Monsieur a menacé ton papa. C'était le pire jour de ma vie. Car j'ai dû lui dire au revoir. Mais tu sais quoi ? Grâce à cette absence, tu as pu voir le jour. »

Sherlock ravala sa salive. Oui, Mary avait pu offrir à John tout ce qu'il ne pouvait pas offrir. Une vérité à la fois laide et magnifique. Le détective s'installa un peu plus confortablement dans le canapé sans âge. Pourquoi il le gardait ? Mystère. Toutes les semaines, il envoyait une enveloppe contenant plusieurs centaines de livres aux deux parents. Il n'avait jamais signé, et il payait grassement son réseau de sans abri pour apporter les dons en toute discrétion. Au moins, John et sa fille ne manqueraient de rien. C'était tout ce qui comptait.

« Je l'ai aimé ton papa, mais il a choisi le bon chemin, petite princesse. Sois en certaine. Quand tu seras en âge de comprendre... Ne le juge pas, d'accord ? Et ta maman... Quoi que l'on te dise sur elle, ne la juge jamais. C'est une femme bien. »

Sherlock jeta un regard à John, toujours endormi. Il tenait son téléphone tout contre son cœur, sans doute dans l'attente d'un appel trop important. Des jours qu'il restait là, assit dans le canapé. Un appel qui ne venait pas. Il aurait tout donné pour que Lestrade l'appelle. Mais rien. Sherlock serra la petite un peu plus, lui proposant à nouveau ses cheveux.

« Nous faisons tous d'horribles choses, dit Sherlock. Mais tu n'es pas tout le monde, d'accord petite princesse ? Un jour je te raconterai toutes les horribles choses que j'ai dû faire dans ma vie. Car c'est à cause de moi que ton papa est comme ça. »

Sherlock soupira en sentant l'odeur de la petite. Une semaine. Cela faisait une semaine que Mary ne donnait plus de nouvelles. Elle était partie sans rien dire, arguant que son travail était chronovore. John et Sherlock savaient parfaitement de quoi il en retournait. Armée d'un pistolet, la jeune mère ne pouvait être arrêtée.

« Ma belle, ma tendre enfant... Un jour, j'en suis certain, tu deviendras une grande détective. La plus douée de toutes. »

Sherlock souleva le bébé en l'air, gazouillant avec elle. La petite était radieuse, et son rire réveilla son père. John s'assit un peu plus dignement dans son fauteuil, tendant les bras pour récupérer sa fille. Le détective refusa aussi sec, préférant profiter encore de ce moment. Il embrassa son front, avant de finalement tendre le bébé à son père, qui la berça dans ses bras pour apaiser ses débuts de pleurs.

« J'ai l'impression d'avoir fait un beau rêve, dit John en pressant son doigt sur le nez de la petite. Le téléphone n'a pas sonné ?

- Rien.

- Quand appelleront-ils ? Je savais que je ne devais pas... »

John soupira, tout en jetant sa tête en arrière. Une semaine que sa femme était partie. Tout au fond de lui, il savait qu'elle ne reviendrait pas. Sherlock avait eu la délicatesse de le lui faire comprendre. Le détective avait été implacable. Mais tellement réaliste. Jamais Mary ne se serait absentée plus de quelques heures. John embrassa la joue de sa fille, avant de la rendre à Sherlock, qui ne demandait que ça.

« Tu es un excellent parrain. Elle t'adore. »

Sherlock laissa la petite lui tirer les cheveux une fois de plus. Il aurait voulu continuer, et raconter l'histoire de son amour pour John. Le détective avait besoin d'en parler. En parler pour mieux comprendre ce qui avait bien pu changer en lui. Mary était portée disparue, il aurait dû s'en réjouir. Il aurait pu avoir John entièrement pour lui. Mais John avait l'air ravagé. Mary était la mère de son enfant. Son épouse. Sa raison de vivre.

« Tu peux rester ici aussi longtemps que tu le voudras, dit Sherlock. J'ai fait venir un petit lit.

- Merci, répondit simplement John.

- Pourquoi as tu refusé que j'enquête pour toi ? Je suis certain que je peux la retrouver. Je vous dois bien cela.

- Non. Elle... Tu sais mieux que quiconque de quoi elle est capable quand quelqu'un se dresse sur son chemin. Elle a de bonnes raisons, j'en suis certain.

- Avouons que confier l'enquête à Lestrade est le meilleur moyen de ne pas la retrouver. »

John eut un petit rire. Sherlock avait raison. Sherlock n'enquêtait que sur la certitude de la mort. Alors quoi ? Que devait-il conclure ? Rien. John ne pouvait pas s'y résoudre. Sa femme devait être en vie, quelque part. Mais où ?

« Sherlock... Si tu savais quelque chose, tu me le dirais ?

- Veux tu que je te le dise ?

- Non. »

Sherlock berça un peu plus rapidement la petite fille. John observa la scène avec une certaine tendresse. L'espace d'un instant, il regretta d'avoir jeté la clé USB dans le feu. Il aurait voulu tout connaître de sa femme. Savoir où elle était. Sherlock devina aisément les pensées de son ami.

« Je vais coucher la petite princesse, dit Sherlock en se relevant. Tu as besoin de quelque chose ?

- Un verre quelconque.

- Un grand verre de thé froid, alors. Je reviens. »

Le détective allongea la petite dans son lit d'enfant. Il l'avait installé dans l'ancienne chambre de John. Il l'avait décorée à sa manière, c'est à dire avec des flacons remplis de liquides plus douteux les uns que les autres. Sherlock déposa un baiser sur son front, avant de reprendre ses confidences. La petite était définitivement une excellente oreille.

« Ton papa, je l'ai aimé comme jamais. C'est la seule fois que j'ai pu aimer quelqu'un. Tu te rends compte ? Et pourtant... J'ai été très méchant pour assurer son bonheur. J'ai tué le pire salaud que j'ai jamais croisé. Oh ne me regarde pas comme ça, petite princesse. Tu sauras bien vite ce qu'est un salaud. Ton parrain en est un, souffla Sherlock pour lui même. Mon propre frère m'a condamné à mort pour cela. »

Sherlock eut une pensée pour Mycroft. Il l'avait envoyé dans une mission suicide, sans la moindre émotion apparente. Mais il avait raison. Sherlock était un meurtrier, un meurtrier libre. John s'était tenu face à lui, avant que l'avion ne l'emporte.

« Je voulais encore lui dire, lui dire combien je l'aimais. Je savais que je ne le verrai plus jamais, si j'embarquais. Je lui ai dit que je devais lui avouer quelque chose. Je voulais lui dire que malgré toutes les épreuves, malgré son mariage heureux, et consommé, je n'avais jamais cessé de l'aimer. Je voulais lui dire que je ne désirais que son bonheur. C'était tout ce que je voulais. Mais tu sais quoi ? J'ai été le plus idiot des hommes, murmura Sherlock. J'allais lui dire adieu, sans même lui dire à quel point il avait été important pour moi. »

Sherlock pressa ses longs doigts contre ses yeux. Il avait accepté la mort, sans subterfuge cette fois. Le détective allait mourir en mission, sans faire de vague. Mais son ennemi était revenu. Son ennemi lui avait sauvé la vie sans le savoir.

« J'aurais voulu lui dire, à ton papa, à quel point il allait me manquer là bas. J'aurais voulu lui avouer à quel point... A quel point ma vie était devenue formidable grâce à lui. Ton papa il soigne les cœurs, et le miens, il a su l'ouvrir. »

Le détective se pencha sur les barreaux du lit, pour jouer avec les pieds nus de la petite. Elle se mit à rire, plus franchement cette fois. Dieu qu'il l'aimait, cette petite chose insignifiante. Un tout petit bout de femme, aux yeux trop bleus.

« J'aurais voulu lui dire que je ne regrettais rien. Que je l'aimais. Toujours. Encore. Je l'ai toujours aimé ton papa. Mais je ne lui ai plus jamais dit. Je ne voulais pas lui dire. J'ai vu dans son regard qu'il attendait que je lui dise à nouveau. Mais je n'ai pas pu. »

Sherlock se mit à rire nerveusement, et la petite continua de se trémousser dans sa couverture. Elle avait les lèvres et les joues rondes de son père.

« Tu sais ce que je lui ai dit ? Quel idiot j'ai été ce jour là ?

- Sherlock est un nom de fille. »

Sherlok se retourna brusquement. John observait la scène avec une attention étrange. Une larme roulait sur sa joue, il tenait son téléphone à la main, l'écran était encore allumé. Il se mordit la lèvre, avant de s'avancer vers le lit pour prendre sa fille dans ses bras. John la serra tendrement dans ses bras, avant de fondre définitivement en larmes. Il se laissa glisser au sol, la petite contre son torse.

Le détective s'agenouilla à son tour, enlaçant le docteur et sa fille. Emilia Harriet Sherlock Watson.

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Cet ultime chapitre vous a plu ? N'hésitez pas à me laisser une Review. Franchement, je les adore toutes !

Note : la "mort" de ce personnage clé n'est pas une fantaisie. Après avoir lu plus ou moins toutes les nouvelles de ce cher Holmes, eh bien... Il se passe plus ou moins la même chose. Je vous invite à les lire d'ailleurs, si ce n'est pas déjà fait, vous en saurez plus. Elles sont disponibles gratuitement et légalement.

Si vous souhaitez me retrouver, rendez vous sur mon autre fic : le Cambrioleur du 221B
"Tu ferais un excellent cambrioleur, grommela John. Je reste ici."