Salutation !
Voici donc ma nouvelle version de temps amer, j'espère qu'elle vous plaira !
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Merci à Darkkline d'avoir patiemment relus tout mes chapitres pour en corrigés les maladresses. Ma chère relectrice, laisse moi te dire que tu envoie très sérieusement du patté !
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Chapitre 1. La requête du fils
Musique d'ambiance suggérée: Mille anne passe sunt – Corvus Corax
-... Et c'est ainsi que la Forêt Noire est devenu Eryn LasGalen, Terre des elfes sylvain... Acheva l'elfe blond à la chevelure parsemée de nattes en se resservant une coupe de vin.
Devant lui, une humaine blonde à la tenue provocante poussa un sifflement d'admiration et dit :
-C'est rare de voir une personne qui à vécu tous ces événements et qui est encore là pour le raconter ! Et donc, c'est Thranduil, le Grand Roi des Elfes qui dirige cette immense forêt, de la Lorien à l'extrême Est d'Eryn... lega... Legasi...
- LasGalen reprit l'elfe d'un air agacé en portant la coupe à sa bouche.
Son interlocutrice l'horripilait en vérité, et il en venait à se demander ce qu'il faisait là, à lui parler comme si il était à la recherche d'un soupçon de bon esprit dans cette créature. Mais hélas, il s'en souvint trop vite, et vida sa coupe à nouveau. Il congédia la prostituée qui lui tenait lieu de compagnie en lui lançant une pièce de cuivre, braillant l'ordre de disparaître. Ce qu'elle fit en silence, laissant l'elfe seul en tête-à-tête avec sa bouteille d'un vin de qualité.
Il se trouvait à Eryn Rivers, un petit village frontalier où se mêlaient hommes, nains et elfes à la jonction des trois royaumes où le commerce allait bon train, au grand bonheur de chacun des peuples qui échangeaient divers produits d'artisanats en s'enrichissant copieusement au passage. Un jeu auquel tout se prêtaient avec joie, sous le regard déconcerté et méprisant du voyageur.
À vrai dire, tout prospérait en ce monde... Hormis les elfes. Bien que l'étendue de leur royaume fût sans égal, beaucoup continuaient leur exil vers les Rivages Gris, laissant leur terre vide de vie et de la magie des elfes.
Cette constatation chagrinait les elfes d'Eryn LasGalen qui s'attardaient, heureux de voir leur forêt libérée du mal. Ce peuple s'était hâté de reconstruire leurs demeures à la surface de la terre, redonnant splendeur à ce grand royaume, ne faisant qu'un avec leur parent de la Lothlorien. Mais le plus abattu de tous devant ces faits était sans nul doute Thranduil, qui remplit à nouveau sa coupe de vin en se tassant dans son fauteuil de cuir, cachant son visage de la lumière de la taverne de voyageur dans laquelle il se trouvait.
Depuis vingt-cinq ans que la guerre de l'anneau s'était achevée et le mal détruit, le roi était devenu de plus en plus taciturne. Rien ne semblait plus l'émouvoir, et pour la première fois depuis six mille ans de vie, il avait découvert l'ennui... Ennui qui le rendait indifférent à tout ce qui n'était pas son peuple ou son fils. Un fléau qui s'était surajouté à la solitude qui oppressait son esprit depuis la mort de son épouse, et l'avait laissé élever seul leur unique bambin dans un royaume sans cesse harcelé par les forces de Sauron.
Son fils, enfin de retour de quelque voyage avec son ami nain lui avait offert un moment de répit dans ses royales obligations qui pesait d'un poids de plus en plus écrasant sur ses épaules. Saisissant l'occasion, le roi avait enfilé sa tenue de cavalier la plus sobre et était parti sans se retourner. Son but était donc de visiter les villages dont ils avaient accepté la construction à la frontière de son royaume il y a des années, acceptant la requête du seigneur Elassar, roi du Gondor.
Bien que l'agitation de la populace fût méprisée par le seigneur elfe, il cherchait quelque chose dans ce monde qui lui fut étranger. Quelque chose de différent...
Son fils...
Les souvenirs de leur dernier repas lui revenaient.
C'était dans ses appartements qui se trouvaient dans un arbre au tronc si large qu'il fallait dix hommes pour en faire le tour en se tenant la main. C'était de loin l'arbre le plus haut de la forêt, démesuré par rapport au reste de la nature, et permettait au roi d'avoir une vue d'ensemble sur son royaume ainsi que sur le ciel. Les lieux étaient richement décorés, et avec un goût certain, les murs de bois finement marquetés de pierres blanches, les rideaux de soie blanche flottant au vent contrastaient avec l'ébène du sol, mais il était visible qu'une seule personne vivait là, et même le salon réservé aux invités était prévu pour un seul petit nombre.
Dans ce salon, le prince et le roi se faisaient face, chacun dans un fauteuil crapaud de cuir sombre clouté de pointes dorées ouvragé. Malgré le cadre enchanteur, l'ambiance était plutôt froide.
Le roi sirotait une coupe de vin, en écoutant qu'à moitié les récits de voyage de Legolas, les pensées davantage tournées vers le tanin du liquide rubis qui descendait dans sa gorge que sur les paroles de son fils.
Quand il eut fini, il demanda en fixant ses prunelles d'un bleu de glace sur son interlocuteur :
« Et combien de temps encore, délaisseras-tu ton peuple pour courir les mines avec ce nain ? ».
Son ton était dur, plus qu'il ne l'aurait voulu. Mais le roi réprimait cette conduite depuis un quart de siècle, et sa patience commençait à se tarir.-Père... Je ne voulais pas vous peiner...
-Alors cesse de te déshonorer avec le pair de ceux que tu traitais autrefois sans une once de compassion ! Ta quête pour la destruction de l'Unique a fait de toi un être faible...Le prince se leva brusquement et tourna le dos à son père pour contempler le crépuscule descendant sur la forêt, laissant apparaître les premières étoiles dans le ciel. Il brûlait depuis un moment de parler à son père. Il ne l'avait pas remarqué pendant longtemps, mais le roi avait changé. Tauriel avait commencé à lui ouvrir les yeux en le forçant à voir le danger que représentait l'indifférence pour son peuple comme pour le monde qui les entourait.
Dans un premier temps le roi semblait avoir tiré les leçons de sa mésaventure avec la compagnie de Thorin, et avait cessé d'ignorer le reste du monde, bien que ce ne soit uniquement dans un but politique et protecteur, car il ne se cachait pas de l'indifférence que lui procurait le devenir des autres peuples d'arda.
Malgré les occasions qui s'offraient à lui, le roi se bornait à ne fréquenter que son peuple, et ce de moins en moins. Quelque chose semblait le détruire de l'intérieur, et le monde qui l'entourait semblait avoir un goût de cendre.-J'ai créé des liens avec mes compagnons, et ils me sont chers... Je te propose quelque chose : Je m'occuperai du royaume, selon ton souhait, pendant que tu prendras le temps de parcourir le royaume, et de voir les villages qui ont fleuri sur nos frontières.-Je n'ai cure de ces villages... Ils n'ont rien qui puisse m'intéresser... Ils fourmillent dans leurs courtes vies pathétiques sans la moindre cohérence dans leurs actes.-Tu n'en sais rien! Jamais en vingt ans, tu n'as dénié les visiter ! Accepte le voyage, et je prendrai mes responsabilités de prince... Si ce n'est pour t'accorder du répit, pourquoi cesserais-je de voyager avec Gimli ?
Thranduil parcourût donc les villages frontaliers pendant presque un mois à la recherche d'une chose qui soit digne de son intérêt, en vain. Il avait fait route seul et dans l'anonymat, au début vaguement amusé des hommes qui, ignorant son identité, lui confiaient leurs peurs du Grand Roi des Elfes réputé sans pitié, mais ce jeu l'avait vite lassé.
Demain, il rentrerait bredouille, mais avant, il tenait à voir le marché aux esclaves qui avait lieu à l'aube. L'esclavagisme était bien sûr interdit et condamné par tous les royaumes libres de ce monde, mais il avait eu vent de l'emplacement d'un de ces marchés clandestins. Le sort des esclaves humains et nains qui devaient y être vendus l'indifférait au plus haut point, et il avait décidé de s'y rendre comme l'on visite une curiosité locale.
Par devoir, il avait révélé le lieu dans une lettre au Roi Elessar qui s'était porté garant de ne pas laisser de tel événement se produire près des royaumes sylvestres. Et cela sous peine que le Grand Roi des elfes ne mette le feu à chaque village soupçonné de ce type de trafic, et les esclavagistes pendus sans aucune forme de procès. C'était d'ailleurs non sans répugnance qu'Aragorn avait accepté les termes du contrat, en priant que jamais pareille situation ne se présente jamais, car peu enclin à prendre la vie de ses sujets.
Après avoir regagné avec difficulté sa luxueuse chambre en titubant dans les ruelles devenues boueuses par la pluie diluvienne qui tombait sur la ville ,il lança sa cape détrempé ainsi que tout ce qui l'encombrait sur le sol, et se resservit une nouvelle coupe de vin.
La pièce était dans un capharnaüm sans nom, témoignant que le roi n'avait sans doute pas été plus soigneux avec ces atouts des derniers jours.
Les hommes qu'il avait rencontrés étaient des interlocuteurs épouvantables, et son besoin de pouvoir se confier librement lui brûlait la gorge. Il tenta d'éteindre cet incendie avec une nouvelle coupe de vin, mais la carafe entière ne suffit pas.
À qui pourrait-il parler ? Aux elfes, au risque de perdre le respect qu'il leur inspirait ? Aux hommes de ces villages, pour la plupart analphabètes ? Aux prostituées ?
Il rit seul, d'un rire empreint de désespoir, et lança sa carafe contre un mur.
L'elfe tituba jusqu'à son lit, autant sous l'effet de l'alcool que par cette sensation de solitude, qu'il ne connaissait trop bien, et sombra dans un sommeil sans rêve. Dormir, c'était son objectif, dormir pour que l'éternité passe plus vite.
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Fin de chapitre
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Vos impressions ? ^^