Selon l'avis général ils étaient faits l'un pour l'autre, leur rencontre n'était pas le fruit du hasard, elle était écrite dès le départ et cela n'étonna donc personne lorsqu'Arthur lui demanda sa main après leur scolarité.
Mais cela ne voulait pas dire que ces mêmes personnes aient été les plus réceptives lorsque un an plus tard ils se marièrent. Trop tôt murmurèrent-elles à voix basse, se précipiter ainsi n'avait aucun sens, c'était même une absurdité sans nom. Arthur n'était encore que stagiaire auprès d'un préposé aux artefacts moldus et elle apprentie sage-femme à Sainte Mangouste. Impossible dans ses conditions de créer un foyer épanoui, comme si seuls des revenus convenables et une maison avec un enclos, un jardin et des elfes de maison pouvaient apporter le bonheur.
Ils n'avaient pas cru en eux. Et chaque jour Arthur et elle s'efforçaient de leur prouver à quel point ils s'étaient trompés. Ils ne vivaient pas comme des rois loin s'en faut, ils avaient à peine de quoi finir le mois, ils ne sortaient pas au théâtre, n'allaient pas au restaurant ou aux matchs de quiddich, mais chaque soir elle composait un festin avec trois radis, deux pommes de terre et un morceau de lard, chaque soir il lui lisait de la poésie moldue ou lui chantait de vieilles balades écossaises de sa voix de baryton, chaque soir ils riaient des petites anecdotes de la journée qu'ils avaient passé, se retrouvaient autour du feu et discutaient société, littérature, jardinage, politique. Chaque soir ils se retrouvaient et ne se quittaient alors plus. Ils n'avaient peut-être pas d'argent et de grand projet pour la vie mais ils avaient bien plus : ils s'avaient l'un l'autre, ils s'aimaient comme au premier jour et même plus et c'était là la plus belle des richesses.
Et c'est donc tout naturellement qu'ils fêtèrent Noël ensemble, dans un appartement modeste mais propre de l'Allée des Embrumes, aux murs pas plus épais que du papier journal, deux trois bûches mises de côtés pour faire durer le feu de cheminée et ainsi étirer leur soirée, une dinde quelque peu décharnée mise à cuire dans le nouveau poêle en fonte, cadeau de luxe de Cedrella la mère d'Arthur.
Un Noël que beaucoup considèreraient comme misérable mais qui leur paraissaient tellement plus. Un Noël qui à leurs yeux étaient le plus merveilleux qu'ils aient jamais passé. Il n'y aurait peut-être pas beaucoup de cadeaux échangés le lendemain mais ils avaient reçu le plus beau. L'alliance à leur doigt était là pour le leur rappeler même s'ils n'étaient pas près de l'oublier.
Et tandis que les hurlements et les insultes proférés par leur voisin résonnaient autour d'eux ils demeurèrent dans leur bulle infranchissable, ils dansèrent maladroitement, heurtant à plusieurs reprise le peu de meubles qui délimitaient leur petite piste de danse improvisée, ils se marchèrent dessus, rièrent comme des petits fous, sans se quitter un instant des yeux, sans se départir de cette certitude de faire partie de quelque chose de magique.
Ils étaient Arthur et Molly Weasley, et rien n'importait en dehors de ça.
Il était le plus patient des hommes elle était la plus volontaire des femmes. A eux deux ils construiraient le plus beau, le plus heureux des foyers où chanteraient, s'agiteraient et riraient tout une ribambelle d'enfants.
Ils ne faisaient aucun doute dans leur tête que tout cela se réaliserait dans le futur, personne n'était de taille à les en empêcher, pas quand ils étaient tous les deux.
Ils vivraient, continueraient à s'aimer et vieilliraient, ensemble.
Mais c'était là des pensées pour plus tard, pour demain, car aujourd'hui était un jour à part où tout se mettait sur pause, même les peurs et les doutes, les beaux projets et les doux rêves, pour laisser place à la magie qu'était la vie. Qu'était leur vie.
Aujourd'hui c'était Noël et maintenant, maintenant ils dansaient. Et souriaient. Et s'aimaient. Et rien n'importait plus.
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Et maintenant dans cette chambre où régnaient l'obscurité et l'apathie elle dansait. Elle souriait.
Elle l'aimait tellement son Arthur, autant qu'avant, plus encore.
Quelque part seul leur foyer avait été dévasté, leurs rêves balayés, leurs vœux déchirés. Car dans son cœur de femme endeuillée son amour était toujours aussi fort, il côtoyait juste un profond abysse au bord duquel elle s'asseyait de plus en plus souvent et regardait en bas sans n'y rien distinguer.
Elle se demandait à chaque fois s'il l'y attendait, si le temps lui paraissait aussi long, aussi déchirant que pour elle. Cet abysse qui lui paraissait parfait, bien moins froid et implacable que le trou noir qui envahissait son cœur un peu plus chaque jour.
La prendrait-il dans ses bras ? La réchaufferait-il comme il le faisait toujours ou plutôt l'avait toujours fait, la serrant contre sa poitrine et ne voulant plus la lâcher malgré ses protestations ? Chercherait-il à obtenir son pardon pour ne pas avoir tenu la promesse qu'il lui avait faite le jour de leur mariage, se croyant coupable d'une faute qui n'était pas sienne, pour quelque chose qu'il ne maitrisait pas ?
Elle savait qu'elle le découvrirait, tôt ou tard, mais ça ne la consolait pas.
Alors en attendant elle dansait. Et se perdait dans ses souvenirs d'un autre temps. Elle savait que cela inquiétait ses amis et ses derniers garçons encore en vie mais elle n'avait plus la force mentale de ses vingt ans. Elle s'était trop battue, avait trop perdu.
Elle était tout simplement fatiguée.
Particulièrement en cette journée.
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Alors avant tout je ne suis pas du tout satisfaite de mon travail mais n'ayant que très peu l'habitude d'écrire autour des relations amoureuses je ne vois pas comment faire mieux que ça, désolée.
Sinon petit clin d'oeil à Destination Darkness avec un thème qui lui est cher : la danse, même si je n'ai vraiment fait que le survoler ici. D'ailleurs tout cette histoire lui est dédicacée.
Review ?