Harry Potter et son univers ne m'appartiennent pas, heureusement, JK Rowling a bien plus de talent que je n'en aurai jamais. Non, je ne fais que l'emprunter innocemment.
Sinon vous allez très vite vous rendre compte que quelques détails ont été modifiés pour mieux convenir à ma fic, je m'en excuse d'avance et j'espère que ça ne vous rebutera pas à lire mon histoire.
Bonne lecture.
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Voldemort. Ce nom que peu de sorcier avait osé prononcer de son vivant n'était plus. L'Ordre, la Lumière avait finalement pris le dessus. Mais à quel prix, combien de braves avaient tout sacrifié, combien de familles, de femmes pleuraient le frère, le fils, l'époux qu'elle y avait perdu. Et tous ces orphelins qu'ils laissaient derrière …
Non il n'y avait pas eu de vainqueur dans cette guerre, pas quant au lieu de ressentir de la joie c'était la douleur de la perte qui vous habitait. Pas quand vous n'aviez même plus de larmes pour pleurer, quand manger était devenu impossible du fait des gorges nouées.
Chaque jour qui passait n'était pas plus facile que le précédent non plus. C'était la même journée qui se répétaient, ses longues heures vides de sens qui s'étiraient jusqu'à n'en plus finir.
Et on avait beau lui dire que ça finirait par passer, qu'elle retrouverait un matin l'envie de se lever, de tirer les rideaux et de regarder à nouveau le soleil se refléter sur les marais, le vent jouer avec les roseaux et les fleurs sauvages, elle ne parvenait pas à y croire.
Et aujourd'hui était pire encore que les autres. Aujourd'hui c'était Noël, cette fête de famille, elle qui en avait perdu la majorité. De ses enfants seuls deux avaient survécu, dont l'un qui ne serait plus jamais le même.
Arthur aussi était parti.
Et elle restait là assise sur son fauteuil à bascule dans la semi-pénombre de sa chambre, les cheveux défaits, en chemise de nuit, une couverture faite main posée sur ses genoux, les mains tenant un épais album.
Elle ne pouvait se résoudre à se lever, à allumer le feu, à mettre de l'eau à chauffer pour le thé. Remus, Tonk et le petit Teddy seraient bientôt là. George aussi devait passer, plus tard dans la soirée. Mais elle était hypnotisée par ses doigts blancs et fatigués qui autrefois ne cessaient de s'agiter, autour d'aiguilles à tricoter, vers les casseroles pour le diner, pour gronder ou menacer. Mais ça c'était avant. Quand avant elle avait une famille à élever, à éduquer et surtout à aimer.
Maintenant elle avait juste ce vieil ouvrage, qui contenait son passé. Des photos de familles, les premiers dessins de sa petite Ginny, un bulletin de notes du garçon sage et appliqué qu'avait été Charlie, un des nombreux pense-bêtes d'Arthur qui trainaient toujours partout dans la maison. De son vivant. Il y avait aussi les petits mots d'amour qu'il lui avait écrit voilà si longtemps quand il lui faisait la cours, leur ban de mariage, les certificats de naissance de chacun de leurs enfants. Il y avait toute leur vie, et même leur mort. Elle y avait collé la lettre de condoléance du ministère ainsi que la médaille de l'ordre des sorciers reçue par chacun des siens à titre posthume.
Cet album qui manquait de tomber tellement ses doigts tremblaient entre chaque page qu'elle tournait tandis que les images les unes après les autres s'animaient, les rires de Fred, la voix frêle puis plus mature de Ron, résonnaient dans la pièce les unes après les autres.
Et son esprit s'évada dans ses souvenirs d'un autre temps, un temps où malgré la guerre et les privations, les peurs et les désaccords ils étaient heureux, ils étaient une famille.
Des souvenirs desquels elle ne voulait s'échapper mais au contraire y sombrer, vivre dans ce monde chimérique et enchanté. Pour elle c'était là son monde de paix et non celui gris et sans saveur dans lequel elle se réveillait à l'aube, ne souhaitant qu'une chose : se rendormir immédiatement, fuir ce cauchemar qu'elle revivait jour après jour, sans les siens. Bien sûr il lui restait George et Bill, mais dans le monde de sa tête, de ses songes ils y figuraient aussi, avec les autres et c'était là la différence.
Ses yeux fatigués tombèrent sur une vieille photo, elle ne se rappelait même plus l'avoir mise là. C'était là le premier Noël qu'ils avaient passé ensemble Arthur et elle en tant que mari et femme ... jeunes, heureux, insouciants, avec la vie devant eux … Et les images d'un feu de cheminée tout juste alimenté, un vieux sapin dégarni, le couple de l'appartement du dessus qui s'entredéchirait, lui revint en mémoire comme si c'était hier.
Et lentement elle se leva et avança un pied, puis l'autre, se mouvant doucement, serrant sa chemise de nuit bien trop grande à présent autour de son corps pour ne pas trébucher dessus et se mit à tourner, à virevolter au rythme d'un air qu'elle seule entendait mais qui était pourtant bien réel, seulement à une époque différente, lorsqu'un disque tournait vraiment sur le phonographe et qu'inexorablement Arthur lui marchait sur les pieds ou la menait à contre-pieds. Elle pouvait presque sentir ses mains enserrer sa taille, un sourire désolé illuminer son beau visage s'excusant ainsi du piètre danseur qu'il était.
Elle s'imaginait tout ça tandis que ses paupières se fermèrent, ses pensées s'évadant au loin, très loin. Et qu'elle continuait à danser.
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A suivre, mais je ne sais pas encore quand ^^