Titre : Le Conteur

Genre: je suis pas très sûre…

Pairing: je suis pas très sûre non plus! LOL Normalement RW/DM

Rating: M tardif

Disclaimer: Tous les persos présents dans cet OS sont à JKR exceptés Tom et sa femme, Robert, la libraire et les mioches…

PS: j'ai pris certaines libertés concernant Thorfinn et Laura qui appartiennent eux aussi à JKR.

Note de l'auteure : Après quelques années de pause indispensables, voici la suite de cette fic.

C'est un cadeau pour Ham, un cadeau de Noël 2009... très, très, très en retard J'ai honte! A la base c'est un OS mais finalement ce sera une fic courte. Les personnages principaux apparaissent relativement tardivement...

Note de l'auteure 2 : Pour les prénoms, veuillez prononcer Agnès : Ague Nesse et Loreen : Lorine . Merci.

Pour les lecteurs qui suivraient encore ou attendraient la suite de la fic Trouble Personne que j'écris en collaboration avec ma copine Hamelina, elle arrive...

Finalement la discussion qu'il avait eue avec Kingsley s'était avérée plutôt houleuse mais les deux hommes étaient parvenus à un arrangement plus ou moins satisfaisant. Quant à Blaize, Harry n'avait pas encore décidé si les larmes qu'avait versées son patron l'avaient attendri ou écœuré. En tous cas, Blaize était impatient de revoir son ami.

C'est donc relativement de bonne humeur qu'Harry avait installé toutes les protections possibles à l'intérieur et à l'extérieur du Burrow afin d'assurer la sécurité de Malfoy. Pourtant au fur et à mesure que les heures s'écoulaient, Harry était de plus en plus nerveux, il demeurait insensible aux décorations magnifiques qui pourtant l'émerveillaient chaque année et même les odeurs alléchantes provenant de la cuisine de la matriarche Weasley ne séduisait pas autant ses papilles que d'ordinaire.

Ron balayait la pièce du regard, écoutant d'une oreille distraite les vœux de Noël, proférés à tout va. L'atmosphère chaleureuse et les mines réjouies ne lui laissaient qu'une amère et perturbante sensation de froid intense, il observait la scène de loin, les rires, le fumet des mets savants et délicats, la scène semblait irréelle, et étrangement la seule expression qui lui venait en tête était : chamarré, les couleurs lui sautaient à la gorge comme un renard affamé sur une poule égarée, elle l'éblouissait comme un vulgaire tableau fauviste d'une époque décalée. Il voulait rire lui aussi mais un pénible étau enserrait sa poitrine, un autre Noël…

Ces chorales épuisantes mettaient ses nerfs à rude épreuve et il ne pouvait croire que la soirée n'en était qu'à ses prémices, il aurait à souffrir encore le repas et les cadeaux, il aurait à souffrir la douloureuse cérémonie des parchemins, puis plus de vœux et enfin les cadeaux, un autre accessoire de quidditch, un autre livre ridicule, une autre robe de gala.

Ron inspira profondément, il pouvait le faire, n'est-ce pas ? Juste pour cette fois ? Il pouvait le temps de quelques heures avoir l'air heureux, n'est-ce pas ? Ces lourds cernes ne le trahiraient pas cette fois et peu lui importaient les cris désespérés de la matriarche, il n'avait pas maigri d'un iota !

Il regarda Harry en grande discussion avec Seamus Finnigan, que faisait-il ici d'ailleurs ? Sa mère avait encore distribué des invitations à tout va cette année ! Harry lui semblait curieusement nerveux. Il gigotait sans cesse et Ron devait admettre que ce n'était pas dans ces habitudes, après une énième tape sur l'épaule dont le propriétaire eut la chance de se sortir indemne, ses yeux furent attirés par le délicat tintement des flûtes de champagne sur sa gauche et il n'eut pas le temps de se poser la question que la moitié de la coupe avait déjà été engloutie.

Accaparé par ses sombres pensées et divers subterfuges que son esprit élaborait pour se sortir de son calvaire, allant de la pseudo crise de vomissement _ merci George _ à un évanouissement chronique et irréversible, il n'entendit pas les quelques exclamations étouffées sur le passage de la jeune et jolie Laura Madley dont Molly avait eu vent précédemment et y avait vu la parfaite occasion de caser son dernier héritier mâle.

Elle avançait vers lui à présent, sa sublime robe noir étincelant sous la lumière aveuglante, le tissu fendu jusqu'à mi-cuisse faisait sensation auprès de tous les mâles de la pièce suivant le mouvement de ses longues jambes avec un intérêt non dissimulé. Seul Ron restait impassible au roulement langoureux de ses hanches et son esprit travaillait furieusement à une bonne excuse pour se débarrasser de l'importune qui fonçait droit vers lui.

- Salut Ron !

- Bonsoir Laura.

Il pensa vaguement à ignorer la jeune fille mais le regard de la matriarche braqué sur lui et lui hurlant littéralement « n'oublie-pas-tes-manières-Ronald-Weasley » l'en dissuada avec une rapidité fulgurante.

Ron se retrouvait donc dans le charmant salon du Burrow, concurrençant largement celui du Père Noël, discourant de l'absence totale de déférence de la part des journalistes envers le personnel gravitant autour des célèbres joueurs de quidditch avec cette fille qu'il ne connaissait que bibliquement lorsque la porte de la petite maison s'ouvrit derrière lui. Totalement absorbé par la fascinante conversation, Ron ne remarqua pas que Harry retenait à présent sa respiration de même que la moitié des convives, il ne remarqua pas non plus que lui et Laura étaient désormais les seuls à parler, de même que le fait que les sorts fusèrent d'un coup dans la pièce lui fut totalement étranger. Il entendit vaguement la voix de Harry couiner quelques choses derrière lui et les sorts cessèrent et les conversations reprirent plus animées et les verres s'entrechoquèrent de plus belle.

Il avait finalement opté pour la pseudo crise de vomissement intempestive lorsqu'il entendit une voix claire et forte, trainante et arrogante, dédaigneuse et méprisante :

- Tiens, tiens, Weasle, j'aurais dû m'en douter !

Son verre lui glissa des mains sans qu'il n'y put rien faire alors qu'il lui semblait que tout son sang s'était solidifié en un épais bloc de glace engourdissant ses muscles, il se retourna et la pièce se figea, digne héritière des plus brillantes natures mortes, le temps s'arrêta sans prévenir, les particules de lumières en suspension s'immobilisèrent comme sous l'effet d'un sort.

Ron sentait son cœur battre furieusement dans ses tempes, lui assourdissant l'oreille malmenant son souffle qu'il peinait à trouver dans la chaleur du salon.

Soudain plus rien ne comptait que cette prison de Noël à l'étrange pouvoir hypnotique, cette curieuse scène cristallisée dans l'air, captive de cette maison, ode perverse à l'utopie, il semblait que tous retenaient leur souffle mais personne ne sut dire pourquoi, l'intensité de la scène, des regards volait au Barbu la vedette car le bleu rencontra la glace pour s'apercevoir qu'elle était bien trop proche.

Harry ne quittait pas des yeux son ami prêt à bondir dans le cas où il tenterait d'égorger le jeune homme. Et ce qu'il vit dans les yeux de son ami le bouleversa alors qu'il entendit Hermione, hypnotisée, souffler :

- … son âme…

Harry voyait des étoiles, celles dans les yeux de Ron qui n'avaient jamais autant brillé, il voyait de la confusion, de l'incrédulité, de la surprise, de la fascination mais surtout de la frayeur, de la stupeur, de l'angoisse, de la crainte, du trouble, de l'affolement, il voyait Ron lutter férocement contre lui-même, s'admonestant pour ne pas y croire, parce que croire c'était mal, croire faisait mal, et pourtant Draco Malfoy se tenait à quelques centimètres à peine de lui, plus pâle, plus blond, plus beau qu'il ne l'avait jamais été. Mais Ron ne voulait toujours pas croire.

Harry observa son ami lever la main avec tant d'émotions diverses dans ses grands yeux bleus qu'il se tint prêt ne sachant ce que projetait de faire le gryffindor. Tout ce qu'il savait c'était que Ron avait repris vie comme un feu immense et crépitant embrasant des brindilles d'herbe sèches lorsqu'on remue les braises.

Il approcha sa main doucement à la hauteur de sa joue, dans un geste si lent que la main semblait inexplicablement figée elle aussi mais il ne le toucha pas parce qu'on ne touche pas une chimère n'est-ce pas ?

Ses yeux fixes dans leurs homologues ne vacillaient pas si ce n'est cette lueur brillante qu'il n'avait plus eue depuis longtemps et il resta là immobile, les yeux braqués sur Draco Malfoy, dans ceux de Draco Malfoy. Quand soudain , tous ses rêves le pénétrèrent à grands coups, giflant sa vie, revenant par vague, l'étourdissant, le faisant chanceler, tous ces rêves dont il ne s'était jamais souvenu, il les revoyait à présent, il entendait les paroles réconfortantes de Harry alors qu'il pleurait le Salut d'un être qu'il avait toujours abhorré, une violente nausée s'empara de lui et tout s'accéléra lorsque la totalité des convives l'observèrent se précipiter en courant vers la porte d'entrée qui claqua violemment derrière lui.

Harry se précipita à sa suite alors que le brouhaha médusé des convives reprenait vie un ton plus haut. Des commentaires s'élevaient déjà clairs et forts sur la présence de Draco Malfoy à cette soirée de Noël. Et chacun prenait déjà ses dispositions afin qu'il soit mis hors d'état de nuire. Nuire, peut-être… Un peu ? Harry ne savait plus trop que penser que tout cela, déjà tant de mois qu'il pourchassait l'un des derniers deatheater mais tant d'années qu'il l'avait vécu comme omniprésent, présent lors de ses heures sombres couvertes par la pénombre, camouflées par les limbes d'une conscience enfouie dans un profond sommeil.

Avait-il nuit réellement ? Et cette nouvelle carrière de… conteur pour enfants ? Harry réprima l'envie de se pincer puis de s'admonester pour avoir penser « Malfoy conteur pour enfants ». Nuisait-il vraiment ? Avec ces yeux brillants d'admiration buvant ses paroles, ses minuscules mains agrippant ses longues mains fines et aristocratiques comme pour se sentir « rassurés ». Nuisait-il vraiment dans l'angoisse de la pénombre des songes de son meilleur ami ? Il ne savait plus quoi penser. Et Ron, son ami de toujours, était-il vraiment… ? Le Survivant avait vécu toutes ces années avec l'ébauche de ce blasphème pourtant y mettre enfin des mots restait encore bien trop incongru, indécent, obscène ?

Harry ne vit pas les esprits s'échauffer contre son invité surprise et quelle surprise ! Telle qu'Arthur Weasley dut intervenir afin de restaurer le calme dans la petite maison.

- Mes amis, mes amis, silence je vous prie…

Les conversations animées ne daignèrent pas cesser jusqu'à l'intervention de Molly Weasley qui porta sa baguette à la gorge et éructa un sonore :

- SILENCIO !

L'attention fut définitivement captée par le couple.

- Merci Molly Chérie. Mes amis, je tiens à remercier chacun d'entre vous d'être venus passer la soirée en notre compagnie. Sachez que chacun d'entre vous, poursuivit-il d'un ton grave et le regard balayant l'assistance d'une détermination qu'il ne ressentait pas si aiguisée, a été cordialement et personnellement invités par Molly et moi-même, des personnes de confiance, d'une grande valeur, sur lesquelles nous avons pu compter en des périodes plus sombres de notre histoire, des personnes qui ont pu agir pour le meilleur des intérêts de la communauté sorcière en tant de guerre ou bien en tant de paix. A présent, j'aimerais que nous portions un toast mes amis, à cette soirée de Noël mais également à la fin de cette guerre ! Puissions-nous enfin tous vivre en paix !

Tous levèrent leurs verres et trinquèrent pourtant si le discours d'Arthur avait touché Draco Malfoy, il ne l'avait en fait écouté que d'une oreille distraite.

Lorsqu'Harry franchit la porte d'entrée, il trouva Ron les mains lourdement posées sur ses genoux fléchis aspirant goulument l'air refusant d'irriguer ses poumons, hyperventilant presque.

- Ron ? Tenta timidement Harry. Est-ce que ça va ?

Ron releva brusquement la tête, le visage déformé par la rage. Il agrippa violemment Harry par le col et l'accula contre le mur.

- TOI ! COMMENT AS-TU… POURQUOI TU… ? TU LE DETESTES AUSSI ?!

Les mots, la rage, la frustration, la tristesse, le manque, le désir se bousculaient aux portes de ses lèvres et rien ne semblait pouvoir en franchir la barrière. Il projeta violemment Harry sur le sol et transplana.

Harry soupira, il avait espéré une autre réaction. En fait, non. C'était exactement ce à quoi il s'attendait depuis qu'il avait entrepris cette quête désespérée de sérénité pour son ami.

Il resta là, le front enfoui entre ses mains, tous les doutes qu'il avait tus jusqu'à présent refaisant cruellement surface sur la pertinence de ce fallacieux présent de Noël, le fessier douloureux, s'admonestant pour ne pas avoir pris les précautions d'usage en évoquant la possibilité de la présence de Malfoy à cette fête avant de se traiter de crétin parce que la réaction n'aurait été que plus virulente, lorsque la porte d'entrée fit à nouveau son office.

- Tu as enfin réalisé quelle est ta place Potter, dans la fan…

- La ferme Malfoy ! Coupa-t-il presque machinalement.

Malfoy sortit une cigarette et l'alluma, s'adossa au mur de la petite maison avec nonchalance avant que son regard ne parcoure les alentours.

- Alors Potter, on a perdu son toutou ?

Un sourire ironique se dessina sur les lèvres fines de son rival.

Harry se leva d'un bond et saisit violemment Malfoy à la gorge.

- Encore un mot Malfoy et tu te retrouveras bien plus proches de tes parents que tu ne l'as jamais été, je te le garantis ! Tenta-t-il d'articuler en serrant les dents.

Harry lâcha Malfoy aussi brusquement qu'il l'avait saisi et poussa un soupir résigné.

Malfoy se racla la gorge en tirant sur sa cigarette.

- C'était quoi l'acte 2 Potter ?

Harry émit un ricanement sans joie.

- Depuis quand les conteurs pour enfants fument comme des pompiers Malfoy ?

- Pour ta gouverne Potter, c'est la première depuis bien longtemps et répond à ma question ! Exigea-t-il péremptoire.

- Ne pose pas de question dont tu n'es pas certain de vouloir la réponse Malfoy. Avertit Harry dangereusement.

-Il me semblait que le but de poser des questions était d'obtenir des réponses.

Le ton méprisant de Malfoy irritait Harry au plus au point et il devait faire des efforts surhumains pour contrôler son poing qui ne demandait qu'à s'abattre sur la mâchoire de l'importun.

- Ca suffit Malfoy ! Tout ça n'est qu'un jeu pour toi ! Tu te comportes toujours comme un sale petit con arrogant et prétentieux !

- Un jeu Potter ? Siffla-t-il entre ses dents, je t'ai suivi de mon plein grès dans cette proposition dont tu ne m'as absolument rien révélé ! Je risque ma peau ce soir pour ta putain de soirée de Noël alors que je ne sais pas ce que je suis supposé y faire ni même si tu tiendras parole en ne m'envoyant pas à Azkaban Potter ! Alors dis-moi qui s'amuse le plus ici, hein ?!

Avec curiosité, Malfoy observa Harry pousser un soupir dépité, les épaules basses, il avait décidé de ne pas riposter, il avait décidé de laisser Malfoy gagner cette joute mais l'héritier ne l'entendait pas de cette oreille. Il s'apprêta à riposter de nouveau mais le Survivant se décida enfin.

Avec un profond soupir, il commença prudemment.

- C'était couru d'avance.

Malfoy émit un son agacé, il ne comprenait rien et Potter ne lui facilitait pas la tâche, pas qu'il ait envie de comprendre de toute manière pourtant sa curiosité était piquée au vif depuis le jour où Potter lui avait proposé cet étrange marché.

Harry reprit :

- Il y a deux ans, j'ai engagé un détective privé, le meilleur, pour te retrouver.

Et l'inattendu se produisit : Draco Malfoy riait aux éclats ! Un son clair et très agréable devait admettre Harry, un son qu'il n'avait jamais entendu et qui le foutait en rogne !

- Qu'est-ce qui te fait rire Malfoy ?! Attaqua-t-il à deux doigts de lui sauter à la gorge.

Malfoy reprit contenance avant de s'expliquer :

- Franchement Potter, avoue que c'est pathétique, des aurors d'élite qui engagent un détective privé pour faire leur boulot ! C'est pire que ce je pensais !

- Ca n'a rien avoir avec ce que tu peux penser Malfoy ! Crois-le ou non, le but n'était pas de te faire croupir à Azkaban comme tu le mérites !

- Ce n'est pas ce que j'ai entendu dire Potter, ton toutou était particulièrement agressif dans la recherche des derniers deatheaters.

Harry émit un petit sourire sans joie.

- Pas avec tous, Malfoy. Depuis la fin de la guerre, tu sais ce fameux jour où on vous a sortis des flammes toi et Crabbe…

Malfoy grinça des dents.

- Tu veux une médaille Potter ?! Attaqua-t-il.

- Non, j'en ai déjà une Malfoy et crois moi c'était pour bien plus qu'avoir sauvé tes fesses ! Rétorqua le Survivant avec morgue.

Malfoy serra les poings.

- Bref, reprit Harry, depuis ce jour là, Ron n'est plus le même.

- Qui l'est encore Potter ? demanda le blond sans hargne cette fois.

- Tu la veux l'histoire ou tu continues de me les briser ?

- Je ne te connaissais pas si vulgaire Potter !

- Et c'est entièrement à toi que je le dois ! Crois-moi toute cette histoire est loin de m'enchanter et si ce n'était pas pour Ron, tu croupirais déjà en prison !

Draco conserva le silence alors qu'il ne voyait décidément pas ce qu'il pouvait bien avoir à jouer dans toute cette histoire.

-Bref, donc Ron a complètement changé après la guerre. Il est devenu… il soupira, il était si plein de vie, comme un enfant et Noël était de loin sa fête préférée.

Draco sortit une autre cigarette tout en pensant qu'il aurait droit qu'il le veuille ou non à la biographie officielle du meilleur ami du héros, il en avait déjà la nausée, et une étrange sensation au creux de l'estomac qu'il n'identifiait que comme une profonde répulsion.

- Il est devenu taciturne, triste, agressif parfois…

Malfoy observait Potter, il avait l'air complètement immergé dans ses souvenirs qu'il semblait à peine comprendre mais qui le bouleversaient, il avait les yeux bien trop brillants dans la pénombre.

- Obsédé par la traque des derniers deatheater, surtout la tienne Malfoy !

Harry glissa son regard sur Malfoy.

- Tu m'en files une ? Demanda-t-il en hochant la tête en direction de la cigarette qui se consumait entre les doigts de Malfoy.

Malfoy faillit répondre vertement mais lui tendit le paquet à la place, un incendio plus tard, le Sauveur était en route vers le royaume d'Hadès.

Malfoy se souvenait des brèves rencontres qu'il avait pu avoir avec les aurors à ses trousses et de tout ce que ses informateurs avaient pu lui transmettre sur Weasley, un enragé, voilà comme ils le décrivaient.

- Et puis quelques temps plus tard, les rêves ont commencé, poursuivit-il, pas des rêves, corrigea-t-il pour lui-même, des cauchemars, où il revivait sans cesse ce jour là Malfoy.

- Quel jour ? Risqua l'intéressé.

- Celui où on vous a sortis de la salle sur demande en flamme.

Il vit le Survivant réfléchir quelques secondes.

- A bien y réfléchir c'est à peu près à la même période qu'il a commencé à coucher avec n'importe qui. Murmura-t-il pour lui-même.

- Voyez-vous ça, ricana Malfoy avec mépris, Weasle, le tombeur de ces dames, les choses ont bien changé !

Harry renifla avec dédain.

- Ce qui a changé Malfoy, c'est que toutes les nuits il fait le même rêve, les mêmes scènes, à la différence près qu'il me supplie toutes les nuits de te sauver.

Il expira longuement la fumée tout en évitant soigneusement de regarder Malfoy, il n'avait pas envie de savoir finalement.

Malfoy resta stoïque. Son visage ne laissait rien paraître et Harry commença sérieusement à penser qu'il s'était probablement donné tout ce mal pour rien, si ce n'est que Ron pourrait enfin faire son deuil lorsque Malfoy aurait pris soin de le détruire en l'humiliant bien entendu – Malfoy oblige.

- Qu'est-ce que tu veux dire Potter ? Demanda Malfoy comme s'il demandait de lui résumer la météo.

- Je veux dire que je n'ai pas envie de savoir pourquoi mon meilleur ami rêve d'un criminel tous les soirs…

Malfoy serra les poings jusqu'à ce que ses jointures deviennent blanches.

- … que je ne veux pas penser que s'il n'a pas eu de relation stable et épanouie c'est à cause de ses putains de rêves auxquels je ne comprends rien ! Et surtout, j'en ai ma claque de le voir se détruire à petit feu et essayer de survivre au lieu de profiter de la vie comme il en avait l'habitude ! Je ne l'ai pas vu sourire depuis des années et le seul dénominateur commun à tout ça Malfoy, c'est toi et toujours toi, que je le veuille ou non. Et crois-moi je ne le veux pas ! Et tu veux savoir ce qui me rend malade?

Malfoy esquissa un geste théâtral de la main pour inciter le Survivant à poursuivre.

- Ce qui me rend malade c'est que la première fois que je l'ai vraiment vu s'animer depuis des années c'était il y a un quart d'heure quand il a posé les yeux sur toi. Alors tu vois Malfoy, je ne sais plus quoi penser.

Malfoy scruta la pénombre si longtemps en silence qu'Harry pensa qu'il ne lui répondrait pas – attendait-il réellement une réponse de toute façon ?

- Il semblerait, intervint finalement Malfoy, que la guerre ait grillé les derniers neurones de weasle, voilà tout. Conclut Malfoy avec arrogance.

Il n'eut pas le temps de voir le poing d'Harry s'abattre sur lui comme il en crevait d'envie depuis si longtemps avant que son postérieur d'héritier ne heurte violemment le sol. Il aurait la joue bien bleue demain matin.

-Tu me débectes Malfoy ! cracha-t-il.

Harry avait cru que si Mafoy ne partageait pas les sentiments de son ami - de ça il en était quasi sûr - il aurait pu au moins les respecter voire compatir mais il s'était complètement fourvoyé. Malfoy n'avait jamais été capable de compassion. Il franchit rageusement la porte d'entrée et laissa Malfoy se relever seul.

Un sifflement pseudo admiratif retentit derrière lui.

- Je n'ai pas droit à quinze minutes réglementaires entre les rounds ? Demanda-t-il massant sa joue tuméfiée.

- Tu as juste le temps que je me décide entre t'amocher l'autre joue ou te prendre dans mes bras.

Pour la première fois de la soirée, Draco afficha un vrai sourire.

- Mais je te préviens qu'en tant que chef de la brigade des aurors d'élite chargée de capturer les derniers deatheaters, je vais devoir t'amocher l'autre joue.

Draco se redressa et vint se planter droit comme un i devant son ancien ami. Il tendit l'autre joue et ferma les yeux puis se sentit happé dans une étreinte forte et rassurante.

- Putain Draco, je pourrais me faire virer pour ça !

- Je t'ai proposé de frapper, Zabini, tu as fait ton choix !

- Qu'est-ce qu'il t'est arrivé Dray ?

Malfoy crevait d'envie de reprendre une cigarette.

- Je ne peux pas te dire Blaize, j'ai juste…

Il soupira de lassitude, car oui, il était épuisé, lassé de fuir, un jour un pays depuis tant d'année qu'il avait le sentiment d'être complètement déraciné de ne plus appartenir à nulle part et il avait le mal du pays. Il aurait voulu pouvoir enfin se poser, s'établir, se rendre au travail en pestant chaque matin, après une douche, un bon petit déjeuner et quelques exploits sexuels pourquoi pas… il avait juste fui, chercher à se racheter avec tous ces enfants dont il ne se souvenait même plus des visages aujourd'hui.

- Tu es venu pour Weasley ?

Malfoy tourna si vite la tête que Blaize pu entendre les os de son cou craquer de là où il se trouvait.

- Potter a une fissure dans le chaudron je crois.

- Je ne crois pas Dray… je pense en revanche qu'il était temps…

- Temps de quoi ?

- Que tu reviennes chez toi. Eluda-t-il .

Il sortit un morceau de parchemin et une plume de sa robe de sorcier, griffonna quelques mots et le tendit à Draco.

- Tiens, c'est son adresse.

Malfoy scruta longuement la main tendue devant lui avant de prendre ce morceau de parchemin.

- Vous me donnez l'adresse personnelle de l'un de vos agents, chef Zabini, mais vous êtes bon pour Azkaban ! Plaisanta pauvrement Draco.

- On échangera nos desserts alors…

Etrangement, la boutade le fit beaucoup moins rire.

- Et qu'est-ce que je vais faire Blaize ?

Cette phrase résonnerait longtemps dans les oreilles du chef de la brigade des aurors d'élite. Malfoy n'était plus ce petit con arrogant et prétentieux qu'il n'avait jamais cessé d'être même dans ses contes pour enfants. A présent, il était fragile, craintif, perdu. Il avait grandi, muri, il devenait l'homme qui, bien que terrifié à l'idée d'affronter les conséquences de ses actes, n'avait plus vraiment le choix s'il comptait enfin mener la vie qu'il avait toujours désirée et laisser derrière lui cette guerre meurtrière pour reconstruire un avenir plus serein, le sien.

Blaize Zabini soupira.

- Ce que tu as toujours voulu faire Dray…

Malfoy émit un ricanement dédaigneux.

- Il va falloir être plus précis Zabini !

- Il va falloir que tu arrêtes de fuir Malfoy ! Rétorqua Blaize avec morgue.

Et c'est bien ce pourquoi il avait accepté la proposition de Potter, n'est-ce pas ? Le jour où il avait accepté cet étrange marché était également le jour où il avait indirectement accepté son sort quel qu'il fut.

Quant à Weasley, il avait peur de comprendre, peur de réaliser pourquoi il semblait se réveiller toutes les nuits dans cette pièce en flamme. Il avait toujours exécré cette famille bien inférieure à la sienne toutefois le récit des épisodes tragiques de leurs jeunes années avait eu le mérite de présenter Weasley 6e du nom sous un jour nouveau.

Weasley avait démontré une étonnante bravoure, une force de caractère, un courage sans égal, une loyauté sans faille. Draco n'avait jamais pu en dire autant de ses deux gorilles.

Il était prêt à admettre que Weasley n'était pas un lâche mais c'était tout ce qu'il pouvait encaisser pour le moment.

Ses yeux étaient irrémédiablement attirés par la pénombre ce soir. Il aurait aimé pouvoir s'y glisser, s'y fondre, y être dissous comme un nuage vaporeux.

- Dray…

Il tira une dernière fois sur sa cigarette et projeta le mégot dans la nuit comme s'il attendait qu'elle s'embrase et qu'elle éclaire la route – sa route.

- Dray, Weasley est mon meilleur élément - bien meilleur que Potter je dois l'avouer – quand il s'agit de traquer les deatheaters. Et surtout, Weasley est amoureux de toi.

- LA FERME ! LA FERME tu m'entends ?!

Sans qu'il n'eut le temps de le voir venir, Malfoy saisit violemment le col de son ami et l'accula sans ménagement sur le mur de la bicoque – qu'il crut entendre gémir de douleur.

Cette affirmation le rendait beaucoup plus nerveux qu'il ne le voulait et il ne comprenait pas cette pulsion de rage qu'il sentait grouiller en lui comme un million d'insectes lui dévorant les entrailles.

Il regarda son ami, des larmes de rage fermement contenues par le rideau de ses yeux. Puis il éclata d'un rire qui n'avait rien d'aristocratique, c'était un rire froid, aigu, douloureux, hystérique.

Comment pouvait-il ?

Blaize attendit patiemment que son ami se calme, il ne pouvait se résoudre à le gifler après tout ce par quoi il avait dû passer pour être là ce soir.

Draco agrippait toujours fermement le col de Blaize lorsque finalement après ce qui sembla être des heures, il posa précautionneusement son front contre l'épaule de son ami.

- Si tu les avais vus Blaize… murmura-t-il.

- Qui ? chuchota Blaize à son tour. Il craignait de briser l'instant s'il haussait la voix plus qu'un chuchotement.

- Les enfants muggles, émerveillés par mes « contes » mais ce n'était pas des contes Blaize, Il nous a fait vivre l'enfer !

- Va le voir Dray, vous avez peut-être plus à vous dire que tu ne le crois…

- Et après quoi : on va s'envoyer en l'air sur la table du salon ?

- Il faudra qu'il soit sous imperius pour ça et encore Potter m'a dit qu'il s'entrainait à y résister !

Sans plus un mot, il transplana.

Il ne savait que penser des sentiments de Weasley à son égard. Il ne l'avait pas revu depuis tellement d'année mais il ressentait au plus profond de son être que Weasley était loin d'être la priorité dans sa vie à cet instant. Il ne combattit pourtant pas ce besoin de voir le Weasley en question, par curiosité…

Merci d'avoir lu jusque là...