Récolte amère

James Potter avait très bien vieilli, c'était la première pensée de Lily Evans.

Quinze années avaient passé et elle était désormais libre. Quand la fin de sa peine avait été annoncée, on l'avait transférée dans les cellules médicalisées de St Mangouste pour un bilan complet. Elle avait été surprise d'une telle procédure et ce fut une infirmière qui lui avait expliqué que ça avait mis en place pour éviter les récidives et qu'elle devrait remercier lord Prince de leur avoir mis le nez dessus.

Après quinze jours, elle avait enfin troqué sa tenue de prisonnière pour des vêtements normaux à peu près à sa taille. Les gardiens lui avaient alors signifié qu'elle avait plusieurs documents à signer et elle avait été conduite dans un bureau.

Bureau occupé par James Potter mais également par deux inconnus.

-Mademoiselle Evans, bonjour, salua la sorcière. Je suis Dorcas Meadows, juriste du département de la justice. Voici Kingsley Shacklebolt, adjoint du chef du bureau des aurors, et je ne vous présente pas lord James Potter.

-Lord ? croassa Lily

-Mon père s'est retiré il y a six ans, répondit simplement James.

-Je suis ici pour vous signifier les modalités de votre condamnation qui prennent effet dès votre sortie de prison, reprit Dorcas en consultant son dossier. Tous les postes et métiers en lien avec le gouvernement vous seront désormais automatiquement refusés. Comme il vous a été annoncé lors de votre procès, vous devrez vous acquitter d'une amende de cinq mille galions pour le viol de James Potter ici présent. Une partie de la somme peut être prélevée dès maintenant de votre coffre à votre demande mais si ce n'est pas le cas, vous avez trois mois pour décider avec le département de la justice et Gringotts des modalités de paiement avant que nous décidions nous-même de ces mesures. Comme toute sorcière et tout sorcier condamné, votre baguette va être ensorcelée pour détecter tous les sorts dépassant un certain seuil pour une période de cinq ans. Dépassez-le et vous retournerez immédiatement en prison. A titre informatif, sachez qu'un article a paru dans les journaux il y a quelques jours qui a annoncé votre libération prochaine ainsi que les circonstances de votre condamnation. Vous n'êtes donc pas très appréciée en dehors de ces murs. Veuillez signer ici que vous avez bien compris.

D'un geste malhabile, Lily relut attentivement les modalités de sa condamnation après sa peine d'emprisonnement et signa. Le document brilla avant de se dupliquer et de disparaître.

-Bien, fit Dorcas. Passons maintenant à ce qui concerne directement les Potter. Outre l'amende que vous aurez à payer, vous aurez interdiction d'approcher de James Potter et de sa famille à moins de deux kilomètres. Vous avez interdiction de chercher à les voir volontairement, encore moins de leur nuire.

-Et mon fils ? demanda Lily

-Aux yeux de la loi et de la Magie, vous n'avez pas de fils, rectifia durement Dorcas. Attenter ouvertement à sa vie pendant la grossesse a été considéré comme une circonstance aggravante devant la justice qui a accepté la demande de James Potter de vous retirer tout droit légal comme magique sur son fils.

Lily eut un mouvement d'humeur.

-Je vous prie de garder vos commentaires pour vous, déclara fermement Kingsley. Je suis peut-être là pour certifier que la procédure a bien été respectée mais si vous vous en prenez à d'autres, je n'aurais aucun scrupule à vous maîtriser et à témoigner contre vous pour agression, ce qui vous garantira au minimum cinq années supplémentaires en prison car ce ne serait pas la première fois que vous vous en prendrez à James Potter.

Lily pinça les lèvres, vaincue.

-Je veux avoir le droit de voir mon fils, insista Lily.

-Vous n'avez le droit à rien du tout, répliqua Dorcas. Aux yeux de la loi et de la Magie, vous n'avez pas d'enfants. Et si vous en avez un plus tard, sachez que le département de l'Enfance gardera un œil vigilant sur vous à cause de vos antécédents.

-Vous n'avez pas … protesta Lily.

-Le droit ? termina Dorcas. Comme vous n'aviez pas le droit de violer un héritier pour tomber enceinte de lui et devenir lady de force. Tout acte a ses conséquences et il serait temps que vous les assimiliez.

Lily bouda.

-Bien, fit Dorcas. Nous avons fait le tour. Maintenant, venons-en à la présence de lord Potter. Comme vous devez le comprendre, vous n'aurez plus jamais de contact avec la famille Potter. Aujourd'hui sera donc votre seule possibilité de discuter avec lui.

-Je veux être seule, exigea Lily.

-Si tu as quelque chose à me dire, ce sera avec eux ou tu n'auras rien, intervint James. Contrairement à ce que tu penses, je n'ai pas tout mon temps. Je me doutais que tu aurais des choses à me dire et si c'est le prix à payer pour que tu sortes définitivement de la vie de ma famille, alors j'attendrai mais pas indéfiniment.

La rousse le regarda attentivement pendant quelques instants avant de comprendre qu'il serait inflexible.

-Je suis désolée, commença Lily.

-Et ? demanda James.

-Je voulais qu'on reste ensemble le plus longtemps possible, soupira Lily. L'été avant notre septième année, je me suis aperçue que tu me plaisais beaucoup et j'ai essayé de me rapprocher de toi. Je n'ai pas compris pourquoi tu t'es éloigné de moi après Halloween et je t'ai laissé de l'espace le reste de l'année. Je pense que je m'y suis mal prise en voulant tomber enceinte de toi mais ainsi, on aurait été heureux pour la vie.

James resta silencieux quelques minutes avant de prendre la parole.

-A une époque, je t'aurais cru sans hésiter, déclara doucement James. En fait, toute l'école aurait pu croire à ton explication puisque les élèves t'ont vu te rapprocher de moi pendant les deux premiers mois de l'année avant que je ne sois pris par mes révisions pour les ASPIC. Toute l'école … enfin la majorité de l'école sauf trois élèves. Devine lesquels ne croyaient pas que tu puisses subitement te rendre compte qu'au lieu de me mépriser, tu étais amoureuse de moi ?

-J'étais sincère, assura Lily.

-Pas pour lord Prince, lord Black et son intendant, ricana James. Ils n'ont jamais cru à ton numéro et ils se sont efforcés de contrer dans l'ombre tous tes efforts pour devenir la prochaine lady Potter pour satisfaire tes désirs.

-Comment ça ? fronça des sourcils Lily

-Comment penses-tu que je me sois débarrassé du philtre d'amour dont tu m'abreuvais au début de l'année ? fit James. Lord Prince a transmis de la potion inhibitrice à l'intendant de lord Black qui m'en administrait une dose chaque matin au lever et son intendant a accepté de jouer le bouc émissaire pour détourner ton attention. Et pourquoi crois-tu que subitement, je me sois concentré sur mes ASPIC ? Tous les trois avaient des intérêts à ce que je ne puisse te côtoyer aussi étroitement qu'au début de l'année. Sache également que si Pettigrow a été écarté de ces révisions, c'est parce que j'ai fait en sorte que nos méthodes de travail ne soient plus compatibles avec les siennes.

-Pourquoi ? s'étonna Lily, surprise

-Tout comme toi, il cherchait à connaître mon adresse pour se rendre chez moi par ses propres moyens, répondit James. Or, j'avais beau vous expliquer que sans serment magique puissant de votre part, ce serait impossible, vous insistiez pour savoir, peu importe que ce soit une mesure de sécurité de mon clan. J'ai préféré m'éloigner de lui pour chercher où allait sa fidélité.

Lily ne pouvait s'empêcher de rester bouche bée. Elle avait toujours mis tous les Maraudeurs dans le même sac, incapables de voir ce qui ne les concernait pas, mais elle venait de découvrir que Pettigrow était un véritable imbécile et que James n'était pas un complet idiot.

-Pourquoi Regulus Black t'aurait aidé ? demanda Lily, maussade

-Qui te dit que Regulus est lord Black ? sourit James

-Sirius a été renié … balbutia Lily.

-On ne peut pas renier un héritier pour une raison aussi triviale que ne pas vouloir suivre un sorcier qui mettait le monde à feu et à sang, renifla James. Sirius a récupéré le titre après la mort de Voldemort.

Lily sursauta.

-Il est mort ?! s'écria Lily

-Depuis plus de treize ans, sourit James. Je pense que tu pourras trouver un livre ou deux dessus.

La rousse se plongea dans ses pensées mais James se redressa subitement.

-Je pense avoir répondu à toutes tes questions et si tu en as d'autres, je pense que le monde qui a continué d'évoluer pendant ta peine de prison pourra parfaitement te renseigner, fit James. Je te souhaite bon vent et te conseille fortement de ne plus m'approcher ni ma famille ou sinon, tu vas amèrement le regretter. Adieu, Lily.

-Mais … protesta Lily.

Mais Dorcas se leva à son tour pour ouvrir la porte et appeler un nouvel auror pour escorter Lily Evans hors du ministère.

-Lord Potter, fit Kingsley. Vous avez sciemment omis de mentionner l'identité de lord Prince. Or, il me semble que Severus Prince avait été son ami d'enfance, non ?

-C'est exact, confirma James. Mais Evans a coupé tout lien avec lui quand elle l'a vu lancer un sort qui n'était clairement pas « blanc ». J'aurais aimé être une petite souris quand elle découvrira que le gamin pauvre qui vivait à côté de chez elle est devenu un puissant lord sorcier.

-Vous ne l'aimez pas du tout, constata Dorcas.

-Elle n'a plus aucune importance pour moi, déclara James.

§§§§§

-… tous rassemblés pour honorer les morts à travers les siècles et à travers le monde, qu'importe les raisons, déclara Albus Dumbledore. Le premier soir de Samain, soit le 31 octobre, il y aura une cérémonie d'hommage aux morts sur les rives du lac. Le deuxième soir, soit le 01 novembre, un banquet en hommage à la Nature s'endormant pour l'hiver aura lieu et le troisième soir, soit le 02 novembre, la célébration de Samain sera organisée dans la Grande Salle. Vos aînés comme de nombreux grimoires à la bibliothèque seront présents pour vous expliquer les célébrations de Samain ainsi que les erreurs à ne pas commettre. Merci.

Tandis que la Grande Salle éclatait en conversations à peine chuchotées, Harry Potter, seize ans, haussa des épaules avant d'attaquer son repas.

Le jeune homme était l'attraction de l'école depuis son arrivée. Son père James, lord Potter, avait quitté le pays quand son fils avait à peine deux ans pour se réfugier en Grèce. Là-bas, il avait pu intégrer le Parthénon, l'une des écoles les plus réputées au monde et y avait passé ses BUSE. Leur retour en Grande Bretagne lui avait été expliqué par son rôle d'Héritier Potter : dès ses quinze ans, il aurait dû se faire plus présent dans la sphère politique de leur pays mais James avait tenu à ce qu'il passe ses examens en toute sérénité avant d'affronter leur pays d'origine.

Réparti à Serpentard, Harry Potter avait refusé de perpétuer des rivalités sans fondement et s'était fait des amis dans toutes les maisons : Luna Lovegood chez les Serdaigles, Draco Malfoy et Millicent Bullstrode chez les Serpentards, Neville Longbottom chez les Poufsouffles et Dean Thomas chez les Gryffondors. Parallèlement à ces amitiés, il avait dû faire face à des élèves qui ne l'appréciait pas à cause de son nom ou au contraire, l'appréciait beaucoup trop. L'exemple de Justin Flinch-Fletchey avait figé toute l'école. Le jeune Poufsouffle avait voulu prouver qu'il était meilleur que ce soi-disant héritier sortant d'une obscure école continentale et avait voulu le provoquer en duel. Il avait été surpris que les professeurs acceptent mais encore plus qu'Harry descende dans l'arène et l'y attende. Le jeune sorcier, connu pour ses provocations sans fondement, s'était alors fait proprement laminer par le brun qui lui avait craché au visage qu'il n'était pas là pour amuser la galerie mais pour terminer ses études. Depuis, il était laissé tranquille par toutes les personnes qui avaient à redire sur le nom des Potter. D'un autre côté, en tant qu'Héritier qui ne soit pas ouvertement fiancé, Harry était pourchassé par les jeunes filles à marier et même quelques garçons car il ne s'était pas clairement positionné sur sa sexualité et la palme revenait à Ginevra Weasley. Cependant, cette dernière ne s'était pas attendue à se faire violemment rejeté par la magie du brun la première fois qu'elle avait voulu le draguer. De retour à son passage à l'infirmerie, elle avait alors exigé des explications dans la Grande Salle pour avoir « repoussé aussi durement sa fiancée ».

Flash-Back

Un silence incrédule envahit la Grande Salle. Depuis quand Ginevra Weasley était fiancée à Harry Potter ?

Ce fut un rire particulièrement sarcastique qui tira les élèves de leur stupeur. Ledit Harry Potter avait finalement explosé de rire.

-Qu'est-ce que la famille Weasley pourrait bien apporter au clan Potter pour réussir à obtenir des fiançailles aussi recherchées ? demanda Harry

D'autres sourires railleurs apparurent sur les visages de certains élèves. Effectivement, la question était légitime.

-Des fiançailles avant la majorité d'un héritier permettent exclusivement la mise en place d'alliances avantageuses pour les deux parties, rappela Harry. Si nous étions promis l'un à l'autre, les seuls gagnants seraient ta famille, clairement pas la mienne.

-Mais … protesta Ginny.

-Tu crois bien qu'une fille que même ma magie rejette ne serait pas une candidate idéale pour le titre de lady Potter, railla Harry.

La Grande Salle éclata de rire. Personne n'avait manqué la veille le vol plané que la rousse avait fait dans le hall de l'école quand elle avait voulu s'accrocher à son bras en hurlant qu'ils étaient fiancés.

-Je suis le meilleur choix pour le clan Potter ! assura Ginny

-Es-tu sûre de vouloir discuter de ces points en public alors que c'est à ton chef de famille d'en discuter avec le mien ? pointa Harry

Ginny rougit. Personne n'ignorait que ce serait un manquement conséquent à l'étiquette sorcière et littéralement une balle tirée dans le pied de la famille Weasley dans le jeu des futures alliances.

-JE choisirai qui sera la prochaine lady Potter, asséna Harry. Et ça ne sera clairement pas une gamine pourri gâtée qui croit qu'elle n'aura qu'à claquer des doigts pour obtenir ce qu'elle veut.

L'élève de sixième année regarda les élèves qui suivaient attentivement l'altercation.

-Les personnes qui sont assez stupides pour ne chercher qu'un futur mari ou une future épouse à Poudlard doivent être prévenues : je ne compte pas me fiancer de sitôt et si je sors avec quelqu'un, il ou elle ne sera pas en lice pour devenir la nouvelle lady Potter.

Le brun se dirigea vers la sortie de la Grande Salle mais il s'arrêta devant les portes.

-Et pour information, il semblerait que la prochaine lady Potter n'aura que très peu de chance d'être rousse, les médicomages se sont accordés à dire que ce serait une conséquence des actes de ma génitrice, lâcha Harry.

Un blanc envahit la Grande Salle. Qui pouvait ignorer à quelles extrémités s'était rendue Lily Evans pour s'introduire dans le clan Potter ?

Fin Flash-Back

Outre les partis à marier, Harry avait dû se confronter aux amitiés intéressées. Après s'être fait cracher dessus parce qu'il était à Serpentard, le brun avait vu le frère de Ginevra Weasley, Ronald, prétendre un beau jour qu'ils étaient les meilleurs amis du monde. Sa langue assassine avait tôt fait de rectifier cette idée fausse et cela lui avait également permis de rappeler à Hermione Granger, qui avait les mêmes buts que Ronald, que le fait qu'elle se croit la meilleure de son année ne lui permettait pas d'affirmer qu'il aurait besoin d'elle pour ses études alors que son niveau était largement supérieur au sien, ou encore à Ernie McMillan qu'il n'avait pas besoin de conseil pour se sociabiliser de la part d'un élève qui était détesté par les autres.

Quand il voulait avoir la paix, Harry se réfugiait dans le bureau de Severus Prince. Maître de potions renommé, il avait accepté de s'occuper des classes d'ASPIC, laissant les classes de BUSE à de jeunes maîtres de potions qui devaient valider au moins une année d'enseignement. Malgré le départ de la famille Potter, il avait gardé contact avec eux et il était également l'une des raisons pour laquelle Harry avait accepté de revenir en Grande Bretagne : un ASPIC de potions sous la houlette de Severus Prince serait un honneur et qui sait, il pourrait le convaincre pour un apprentissage.

-Je t'aurais imaginé avec tes amis, fit Severus qui brassait des potions simples pour l'infirmerie.

-Oui mais non, sourit Harry. J'avais besoin de calme.

-Je comprends, sourit Severus. Que puis-je pour toi ?

-Je suis inquiet pour papa, avoua Harry.

Le visage de Severus devint grave. Effectivement, la crainte était là. Depuis la libération de Lily Evans, presque deux ans plus tôt, James Potter était sur le qui-vive. Il avait été même partagé pour revenir en Grande Bretagne mais leurs responsabilités familiales ne lui avaient pas laissé le choix. Sans oublier les souvenirs d'un certain Samain.

-Il est mort, rappela Severus.

-C'est vrai, concéda Harry. Mais papa a failli mourir.

Après qu'Albus Dumbledore leur ait révélé la prophétie, Alice et Franck Longbottom et James Potter avaient décidé de quitter le pays. Le couple avait négocié une mutation outre-Atlantique et s'était octroyé de longues vacances avant de prendre leurs nouveaux postes à la nouvelle année. James avait dû s'organiser avec son père pour la gestion des affaires des Potter mais son départ était prévu courant novembre. Les deux familles avaient voulu rendre hommage à la magie à l'occasion de Samain sur leur terre de naissance avant leur départ. Malheureusement, Voldemort avait décidé de les attaquer à leur rassemblement à Godric's Hollow pour se venger de la perte de ses avantages péniblement acquis ces dernières années. Alice avait amené les deux enfants dans la nurserie transformée en bunker avant que les trois adultes n'affrontent le terroriste. Les renforts étaient arrivés de chaque côté assez rapidement, déclenchant une bataille rangée. Finalement, les sorts d'expulsion conjoints des Longbottom et des Potter avaient permis de vaincre Voldemort qui avait pu être appréhendé grâce à ses graves blessures. Alice, Franck et James avaient également fait un long séjour à l'hôpital pour guérir des conséquences de cette bataille. Grâce au procès qui avait ensuite eu lieu, les mangemorts avaient été arrêtés, jugés et condamnés pour leurs actes. Pour éviter une nouvelle vague de néo mangemorts, Albus avait conseillé à Léandre Urquart, président du Magenmagot, de publier les motivations des mangemorts et les raisons pour lesquelles leur vision du monde était utopique et vouée à l'échec, empêchant ainsi leurs idées de s'implanter dans l'esprit du peuple sorcier.

-C'était le risque à prendre pour que Voldemort soit mis hors d'état de nuire, même s'il n'a pas eu le choix sur le moment, concéda Severus. Nous étions tous sur place et notre plus crainte était que ce monstre parvienne à vous blesser Neville et toi. Sirius, Remus, James, Regulus et moi nous te répèteront la même chose concernant cette soirée : s'il fallait la rejouer, nous ferions exactement la même chose, surtout si cela nous certifiait que tu serais sauf. Ta survie était plus importante que notre éventuelle mort.

Harry hocha la tête.

-De toutes les façons, les élèves sont autorisés à quitter Poudlard pendant les célébrations magiques si les familles les organisent, rappela Severus. Il ne te reste que quelques jours pour faire la demande. Je ne doute pas une seule seconde que ton père serait ravi de te revoir plus tôt.

-Si je rentre, est-ce que vous serez là ? demanda Harry

-Nous ne manquerons ça pour rien au monde, assura Severus.

-Est-ce que nous aurons la chance de voir Kalinka ou même Delilah ? taquina Harry

Severus leva les yeux au ciel. Respectivement la compagne de Regulus depuis dix ans et la sienne depuis sept, les deux sorcières n'avaient jamais suivi les célébrations magiques avec la famille formée par James Potter, Sirius et Regulus Black, Remus Lupin, Severus Prince et Narcissa et Lucius Malfoy, préférant les passer dans leurs familles respectives. Mis à part Lucinda Black, la fille de Regulus âgée huit ans, et Johan Prince, quatre ans, qui restaient avec leurs mères, Draco Malfoy, seize ans comme lui, Théodore Lupin, quinze ans et Deneb et Anya Black, douze ans, les jumeaux de Sirius, et lui se retrouvaient avec joie.

-Tu verras, taquina Severus. Vas-y, tu ne vas pas rester avec un ronchon comme moi.

-Merci de m'avoir écouté, fit Harry.

-C'est mon rôle d'oncle, tu ne crois pas ? sourit Severus

§§§§§

Harry, Draco et Teddy se promenaient dans les rues de Londres. Comme ils avaient pu quitter Poudlard pour célébrer Samain, ils avaient obtenu de leurs parents un après-midi de libre dans le monde moldu pour ne pas gêner les adultes dans les préparatifs. Ils auraient bien aimé emmener Denab et Anya avec eux mais leurs parents avaient refusé, les jugeant trop jeunes pour avoir un contrôle optimal sur leur magie.

Le Parthénon exigeant une solide connaissance sur le monde moldu, Harry était l'un des seuls enfants de la famille à pouvoir circuler sans problème parmi les moldus, Teddy le second puisque son père avait travaillé plusieurs années dans un librairie moldue – bien plus souple pour s'adapter aux contraintes liées à son conditions de loup garou – avant de devenir l'intendant du clan Black. Les deux adolescents y trainaient donc dès qu'ils le pouvaient leurs « cousins » pour le plaisir d'observer leurs réactions. Les plus drôles restaient celles de Draco qui vivait dans un environnement exclusivement sorcier.

A l'heure du goûter, ils s'installèrent dans le salon de thé d'Harrod's et se commandèrent une sélection de pâtisseries pour les dévorer avec du chocolat chaud.

-Harry ?

Le brun se redressa mais se referma aussitôt tout comme Teddy, qui s'empressa de lancer discrètement un message d'urgence à son père, et Draco qui posa une main calme sur le bras de son ami.

Les trois adolescents ne pouvaient pas faire semblant de ne pas reconnaître Lily Evans. Cela faisait deux ans qu'elle avait quitté Azkaban et qu'elle avait disparu de l'esprit des sorciers britanniques. Pour autant, James, Sirius et Remus redoutaient qu'elle viole les conditions de sa libération et tente de prendre contact avec Harry, hypothèse confortée par Severus, le mieux placé pour définir les réactions possibles de la rousse.

-Est-ce à moi que vous parlez ? fit froidement Harry

Le brun n'allait clairement pas lui faciliter les choses.

-Tu ressembles tellement à ton père, fit Lily d'une voix douce.

-On me le dit souvent, déclara Harry. Qui êtes-vous ?

-Je suis ta mère, Lily, sourit la rousse.

Draco dut se mordre la langue pour ne pas répondre vertement à cette … il n'avait même pas de mots pour qualifier Lily Evans.

-Je n'ai pas de mère, asséna sèchement Harry.

Lily eut presque un mouvement de recul. C'était une affirmation définitive.

-Je suis celle qui t'a mis au monde, assura Lily.

-Alors vous êtes ma génitrice, pas ma mère, corrigea Harry. Une mère fait partie de la vie de son enfant. Ce n'est pas votre cas, il me semble.

-Je ne pouvais pas, répondit Lily.

-A cause des crimes que vous avez commis, je suis au courant, balaya Harry. Je suis également au courant que vous n'êtes pas censé m'approcher à moins de deux kilomètres. Avez-vous quelque chose à me dire ou dois-je user des droits que me confère l'ordonnance d'éloignement ?

-Il s'agit d'un malentendu entre ton père et moi, assura Lily. Mais cela ne nous empêche pas de mieux nous connaître, non ? J'ai appris de mes fautes et je tiens à être une bonne mère pour toi.

-Vous considérez un viol comme un malentendu ? fit Harry en haussant un sourcil, incrédule. Ne vous fatiguez pas, j'ai eu le récit de tout ce que vous avez fait pour vous retrouver en prison, y compris votre déclaration dans le cercle de vérité du bal de Lugnasad.

Les trois adolescents la virent serrer les dents. Jeune ne voulait pas dire complètement stupide et visiblement, elle en était persuadée.

-Tu ne sais pas de quoi tu parles, fit Lily.

-Vous ne savez rien de mes connaissances puisque vous avez fait en sorte d'être exclue de ma vie, rappela Harry. Au cas où vous l'auriez oublié, je ne suis plus votre fils comme vous n'êtes plus ma mère et encore moins ma génitrice. Même si j'acceptais de nouer une relation avec vous, nous n'aurez aucune influence sur le clan Potter par mon biais. Ou même retrouver un rôle de premier plan dans la politique en tant que mère de l'héritier Potter.

-Je pense qu'Harry a tout dit, intervint une voix.

Lily se retourna brusquement et tomba dans un regard d'abysse.

-Severus, souffla Lily.

-Lord Prince pour toi, rectifia Severus.

Si c'était possible, la rousse blêmit à en devenir translucide.

-Comment … ? balbutia Lily

-Ma mère n'a jamais caché être sang pur mais elle refusait qu'on apprenne qu'elle était une héritière Prince, même si tu étais ma meilleure amie à une époque, expliqua brièvement Severus. Et avant que ton esprit n'imagine un plan aussi vicieux que celui que tu as élaboré pour Potter, sache que je suis heureux en ménage et de ma vie de famille et que même si elle venait à disparaître, jamais je n'envisagerai de te faire entrer dans ma vie, même pour un instant.

Lily le fusilla du regard.

-Tu ne sais pas ce que tu manques, siffla Lily.

-A part une garce qui ne cherche que l'argent et le pouvoir et incapable de voir quand elle a tort ? railla Severus. Si, désolé de te l'apprendre. Maintenant, pars avant que je n'informe qui de droit que tu as contacté Harry.

Lily le regarda droit dans les yeux et comprit que Severus était très sérieux. Elle tourna donc des talons et se fondit dans la foule. Severus attendit qu'elle passe les portes du salon pour prendre place à son tour.

-Merci d'avoir lancé l'alerte aussi rapidement, fit Severus vers Teddy. Elle va sûrement retenter sa chance mais elle est étroitement surveillée de l'autre côté. Il ne serait pas compliqué de la suivre ici aussi.

-Tu veux qu'on rentre ? demanda Draco

-Non, terminez votre journée, répondit Severus. Pour vos prochaines escapades, je pense qu'il vaudrait mieux changer de pays, au moins jusqu'à ce que vous ayez terminé vos études. Mais nous en discuterons en famille.

Severus jeta un regard aux alentours avant de laisser les adolescents à leur journée.

-Tu penses qu'on entendra encore parler d'elle ? demanda Teddy

-Peu importe, haussa des épaules Harry. Elle n'est rien pour moi et j'ai déjà fait mon deuil d'être orphelin de mère. Elle peut faire ce qu'elle veut, tout ce qu'elle récoltera, c'est un aller simple pour Azkaban. Si elle ne se fait pas massacrer en état de légitime défense, au moins par papa. Je compte l'oublier et vous devriez en faire de même. Lily Evans n'est plus rien.

Fin