God help the child

Premier chapitre: Silence is all we dread
Auteur:
Rain
Disclaimer: Shaman King ne m'appartient pas, comme vous vous en doutez.
Soundtrack: The Sound of Silence (Simon and Garfunkel)
Note: Petit projet bizarre qui s'est imposé à mon esprit et a zappé la file d'attente de fics à venir. Pour essayer de contenir le problème j'en ai fait une fic de drabbles, qui devrait rester assez courte de toute façon. Elle est intégralement écrite maintenant, et tient en à peu près cinq-six chapitres.

Silence is all we dread est un vers d'Emily Dickinson; God help the child est le titre d'un roman de Toni Morrison. Dans des genres bien différents, ce sont des autrices (si si, autrices, de autrix) merveilleuses, qui me parlent et qui collent bien à l'ambiance de cette fic.


Tout s'est passé si vite.

Ce ne sont que des enfants. Ils sont tous les deux patauds et braillards, le cœur trop plein de peur pour même l'effleurer. Yoh ne veut pas se battre; quant à l'autre, qui sait ce qu'elle peut bien vouloir? Pas elle, en tout cas.

Ce sont des enfants. Des brindilles. Et il est le feu.

Ni l'un ni l'autre n'est à sa mesure. Il le sait. Ou il pense le savoir.

Pourtant, c'est déjà fini: une lame qui passe entre les épaules, un éclat rouge sur la pierre pâle, et l'obscurité l'avale sans un bruit.


La chose qui la frappe d'abord, c'est le silence.

Personne ne parle. Personne ne bouge.

Quelque part, quelqu'un respire, et respire lourdement, une respiration qui arrache les poumons et qui brûle la gorge, mais elle n'entend rien.

Loin derrière elle, enfin, un bruit. Un corps qui s'effondre. Elle n'a pas besoin de se retourner pour savoir qu'il est sans vie.

Jeanne ferme les yeux et dissipe son Over-Soul. Elle se sent vaciller, un peu; elle n'a presque plus de furyoku, presque plus de force. Elle a failli perdre.

Mais c'est fini. Hao est mort. C'est fini.

La vie d'après commence.


Quelques secondes auparavant, le chaos.

Des flammes d'Hao ravageaient le terrain, montaient à l'assaut des tours d'acier que Jeanne élevait pour s'en protéger. D'immenses chaînes serpentaient vers l'ennemi, louvoyant entre les tours comme autant de dragons implacables.

Par-dessus les crépitements de feu et d'acier, il y avait la voix de Yoh, sans relâche. Cherchant à atteindre le presque-roi, à l'attraper, à le ramener. Yoh n'attaquait pas, ne se défendait pas : il se contentait d'esquiver. Lui aussi avait les poumons brûlés, les oreilles sifflantes. Yoh hurlait, comme le fer, comme le feu.

Soudain ce silence. Rupture de rythme. Cataclysme d'harmonies.


Il n'y a pas le temps de réfléchir. Pas le temps de retrouver le corps. Il a disparu dans les profondeurs de la salle, qui commence maintenant à s'effondrer.

Jeanne regarde les lézardes qui grossissent le long des murs vitreux. Tenter d'entrer dans Mû sans les Paches était une folie d'Hao : maintenant le sol s'effondre sous eux et l'eau tombe en cascade depuis le plafond.

Yoh est près d'elle, silencieux, immobile, froid, comme si c'était lui qui était mort : Jeanne l'attrape, rassemble ses forces et le ramène à la surface.

Tout le monde les y attend, après tout.


Tout s'est passé si vite.

Jeanne entend encore la voix de Marco lui apprenant qu'Hao donnait l'assaut au continent de Mû. Dehors, le ciel était rouge, et l'air avait un goût de cendres.

Maintenant le ciel est d'une couleur sans nom, graisseuse. L'air a un goût de sel, sans qu'on sache bien pourquoi. Les étoiles commencent doucement à s'effacer, et avec elles les Grands Esprits. Mais si les premières reparaissent dès le lendemain, il faudra attendre quelques centaines d'années avant le retour de Ragô.

Ce matin-là, l'aube se lève sur un tournoi sans vainqueur et un monde sans Shaman King.