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Chapitre 1

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_ C'est complètement stupide ! C'est la chose la plus stupide que tu aies jamais faite !

_ Il n'empêche que tu m'as laissé la faire.

Sans cesser de courir, John se tourna vers Sherlock qui le suivait de près, l'invective au bord des lèvres. La pluie battait rageusement autour d'eux, droite et drue, mais c'était à peine s'ils semblaient s'en soucier.

Ils coururent à-travers Marble Arch sans s'arrêter, croisant un noctambule qui se hâtait de rentrer chez lui, et remontèrent le long de Great Cumberland Place. Plié en deux par un point de côté, John fut bientôt contraint de ralentir. Les mains crispées sur ses genoux, il se laissa tomber contre un mur, le souffle erratique.

_ Ça suffit, siffla-t-il entre ses dents serrées. On s'arrête ici. De toute façon, je crois qu'on les a semés.

Les environs étaient vide à cette heure-ci et par ce temps. Quelques fenêtres étaient allumées, mais les trottoirs étaient déserts. La pluie tombait toujours autant, plongeant la rue dans un camaïeu de bleu-gris, leurs vêtements leur collaient à la peau, mais aucun gyrophare ne se montra.

_ Bon sang, jura John, la main pressée sur ses côtes endolories, pourquoi il a fallu que tu insultes le témoin ?

_ Son imbécilité n'avait d'égale que sa cécité, se défendit Sherlock. Il avait tous les éléments sous le nez et c'est à peine s'il les avait remarqués.

_ Tout le monde n'a pas tes fabuleuses capacités d'observations, Sherlock ! Rétorqua furieusement John. A cause de toi, maintenant, non seulement nous avons dû quitter la scène de crime, mais nous n'avons aucun indice !

Ils restèrent immobiles, battus par la pluie, John reprenant lentement son souffle. Ils attendirent l'apparition d'une voiture tricolore couronnée de lumière bleue, mais aucun véhicule ne vint.

Sherlock garda les yeux fixés sur le bout de la rue encore quelques secondes, puis comprit qu'ils étaient tranquilles. John, qui respirait à nouveau normalement, s'approcha de lui.

_ Viens, Sherlock, on rentre. De toute façon, je crois que c'est fichu pour ce soir.

Sherlock se rangea à son opinion. Il hocha la tête, puis, le cou rentré dans les épaules, tous deux s'éloignèrent sous l'averse.

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Ils arrivèrent à Baker Street trempés jusqu'aux os. Sherlock avait relevé le col de son manteau, mais l'effort s'était avéré inutile. Ils entrèrent précipitamment, l'eau gouttant de leurs vêtements et cascadant à leurs pieds. Les lumières chez Mme Hudson étaient éteintes, ils montèrent silencieusement les marches de l'escalier afin de ne pas la réveiller.

John ôta ses chaussures sitôt arrivé dans le salon alors que Sherlock suspendait son trench coat et se dirigeait aussitôt vers la salle de bain. Pendant ce temps, John monta dans sa chambre se dévêtir et passa son peignoir en attendant son tour pour la douche. En espérant que Sherlock n'eût pas pris toute l'eau chaude…

Quand il en ressortit, la bouilloire était déjà allumée. Sherlock était dans son pyjama et sa robe de chambre, penché devant son ordinateur.

_ Encore en train de pirater le dossier de Lestrade ? Devina John.

_ Je n'en reviens pas qu'ils aient pu manquer le tube de rouge à lèvres sur le rebord du lavabo, s'étonna Sherlock. Il était sous leurs yeux, pourtant.

John ouvrit un placard, prenant un sachet de thé qu'il glissa dans son mug, puis versa l'eau frémissante.

_ Peut-être que pour eux, il avait une bonne raison d'être là, proposa-t-il.

_ Quelle femme oublie son rouge à lèvres, John ?

_ C'était peut-être lui qui l'avait gardé ?

Sherlock leva les yeux sur lui, les sourcils froncés par une idée que son cerveau se refusait à envisager.

_ Pourquoi aurait-il fait ça ?

John lui décocha un sourire pour toute réponse et s'assit dans son fauteuil.

_ Parce qu'il existe des gens, des hommes et des femmes, qui aiment garder un souvenir de leurs aventures. J'avais un camarade, en médecine, qui conservait leurs attaches-cheveux. Ça pouvait être un élastique, ou une barrette.

_ Fétichisme ?

John secoua la tête.

_ Pas spécialement. Ni même un compteur. C'était pour lui le signe qu'elles avaient de l'importance.

Sherlock haussa les épaules en retenant une affirmation cinglante, puis retourna à son ordinateur.

_ C'est dommage qu'ils nous aient repérés, regretta-t-il, j'aurais voulu jeter un œil plus approfondi à la salle de bain. J'ai l'impression que c'est là que le plus gros des indices est rassemblé. Ils devraient analyser la baignoire, chercher des traces d'ADN, sonder les canalisations, je suis sûr qu'il y a beaucoup à apprendre des canalisations.

John l'écouta sans dire un mot. Il sirota doucement son thé, bercé par la pluie au dehors qu'un coup de vent envoyait battre contre les fenêtres. Sherlock continuait de lire les nouveaux éléments du dossier, lâchant de temps en temps une observation qui fleurait bon le sarcasme.

Sherlock acheva alors l'envoi de ses notes à Lestrade et John se leva.

_ Je vais me coucher, annonça-t-il. Je suppose que tu voudras refaire un tour sur la scène de crime demain.

_ C'est fort probable, en effet.

_ Bien, à demain, alors.

Et John monta se coucher.

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Note: Me revoilu ! C'est un très court premier chapitre, mais ça ira mieux après, promis ! Update tous les jeudi.

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